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inftruit de vos priviléges. C'est qu'on craignoit que ce AN. 1392. docteur peu complaifant pour la cour, ne dît des chofes défagréables au roi & à fes miniftres, touchant Porigine de Pautorité royale fur le clergé. Le roi leur fit une douce réprimande fur la ceffation des leçons, & leur ordonna de les continuer, ce qu'ils promirent; & se retirerent fort fatisfaits.

Froiff. 4. vol. c. 38.43.

LXII. Chartreux em

nion.

Le voyage auquel le roi fe préparoit, étoit pour faire la guerre au duc de Bretagne, qui protégeoit Pierre de Craon, après que celui-ci avoit voulu affaffiner à Paris le connétable de Cliffon. Le roi étant forti du Mans & marchant par un jour très-chaud, tomba en frénéfie, perdit connoiffance, & poursuivoit Pépée à la main fon propre frere & tous ceux qu'il rencontroit. Cette maladie eut des intervalles, mais il n'en revint jamais bien; & ses trois oncles les ducs de Bourgogne, de Berry & de Bourbon, reprirent le gouvernement de Pétat.

Vers la fête de Noël deux Chartreux apporterent au ployés pour l'u- roi Charles une lettre du pape Boniface, pour l'exhorter à concourir à la fin du schisme. C'étoient peut-être ces mêmes Chartreux qui étoient allés à Rome folliciter fexemption de leur ordre, & qui Pobtinrent en effet, comme il paroît par la bulle de Boniface, où il dit: On Bullar. to. 1. nous a présenté de votre part une fupplique, contenant qu'encore que votre ordre foit depuis long-temps réputé exempt de la jurisdiction des Ordinaires, & foumis immédiatement au faint fiége, toutefois quelques-uns vous inquiétent & veulent vous tirer à leur tribunal, vous détournant ainfi de la contemplation & du repos de votre Inftitut. C'est pourquoi vous nous avez fait supplier de vous exempter de nouveau, afin d'ôter tout

Bonif. conft. 3.

AN. 1392.

56.

prétexte de vous molester à l'avenir: ce que nous avons accordé de notre grace spéciale. Nous avons vû en fon temps que les Chartreux dans leur origine ne préten-, Sup. liv. xxvII. doient aucune exemption, & qu'ils regardoient Pévêde Grenoble comme leur abbé. Ainfi leur premier titre d'exemption eft cette bulle de Boniface IX. datée du feizième de Mars 1391.

que

La lettre du même pape au roi eft du fecond jour Spicil. to. 6. p. d'Avril de Pannée suivante, & porte en fubftance: Nous 54 fçavons que vous gémissez du fchifme qui déchire Péglise depuis fi long-temps, & de la négligence des princes qui devroient s'appliquer à rétablir funion. Vous avez d'ailleurs tous les avantages néceffaires pour un fi grand deffein: Pantiquité de votre maifon, les exemples de vos ancêtres, & les fervices qu'ils ont rendus à féglife, vos qualités perfonnelles, Pefprit, le courage, la force du corps, la jeuneffe, la maturité du jugement, les richeffes, la réputation. C'eft pourquoi nous vous exhortons & vous conjurons par la miféricorde de J. C. d'entreprendre promptement la cause de Dieu, & de la poursuivre conftamment : mais le roi étoit bien changé, quand les deux Chartreux apporterent cette

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lettre.

puni.

LXIII. Faux évêque

P. 325.

Cependant on fit juftice à Utrecht d'un impofteur qui avoit long-temps paffé pour évêque. Il fe nommoit Jacques de Juliers; & étant frere Mineur, il fit croire, M. Chr. Belg. -moyennant une fauffe bulle, qu'il étoit évêque ; & Florent alors évêque d'Utrecht, le prit pour fon fuffragant. En cette qualité il fit des prêtres, donna presque tous les Ordres, fit des dédicaces d'églifes & toutes les autres fonctions épifcopales. Enfin la fauffeté de sa bulle fut découverte, ce qui fut caufe que plusieurs de ceux

qui avoient reçu de lui la prêtrise ou d'autres ordres faAN. 1392. crés, fe marierent & demeurerent en Pétat laïque : d'autres mieux conseillés fe firent ordonner de nouveau par de vrais évêques, du confentement de celui d'Utrecht, qui en vertu d'une commiffion du pape, affembla à Utrecht sept autres évêques; & ayant fait prendre le faussaire, le dégrada folemnellement en place publique le jour de faint Jerôme, trentiéme de Septembre 1392. puis le livra au juge féculier; fçavoir, au scultet & aux échevins de la ville, qui le condamnerent à la chaudiere, c'est-à-dire, à être plongé peu à peu dans Peau boüillante. Mais en confidération des ordres facrés qu'il avoit reçûs & de ce qu'il étoit frere Mineur, ils le retirerent auffi-tôt de la chaudiere, & lui firent couper la tête. L'évêque Florent permit de Penterrer au cimetiere des freres Prêcheurs.

LXIV.

de l'union.

c. 7.

Les deux Chartreux que le pape Boniface envoya en Suite de l'affaire France étoient Pierre, Lombard de nation, & prieur Labour. XII. de la Chartreuse d'Aft, qui prit pour compagnon Barthelemy, prieur de l'île Gorgone. Le pape vouloit envoyer avec eux un fameux docteur en droit pour foutenir la justice de fa cause; mais Pierre lui représenta que les affaires de religion se devoient traiter plus fimplement & avec moins d'appareil. Les deux religieux vinrent premierement à Avignon, où étoit le duc de Berry, celui de tous les princes de France qui favorisoit le plus le pape Clement. Ils furent allarmés Pun & Pautre de cette députation de Boniface; ils reçurent affez mal les Chartreux, & après avoir refusé plufieurs fois de les entendre, ils les firent enfermer dans la Chartreuse de Villeneuve. Ils proteftoient cependant qu'ils étoient porteurs d'une lettre du pape Boniface au roi,

&

& on ne put la leur ôter ni par menaces, ni par mau

vais traitemens.

Le bruit de leur détention étant venu à Paris, Puniverfité intercéda pour eux auprès du roi, & il écrivit en leur faveur au pape Clement qui n'osa lui résister. Il délivra donc les deux Chartreux, & leur dit en les renvoyant : Affurez le roi que de notre part nous nous employerons férieusement à procurer Punion, quand il nous en devroit coûter non-feulement notre dignité, mais la vie : Pévénement toutefois fit bien voir qu'il ne parloit pas fincérement. Ainfi les Chartreux étant partis de Rome vers le commencement d'Avril, comme on peut juger par la date de la lettre du pape, n'arriverent à Paris vers la fin de Décembre.

que vers

a

Ils furent reçus & écoutés favorablement par le roi & les grands, & on promit de faire réponse à la lettre de Boniface : mais on trouva de la difficulté fur la forme de la réponse. On offenfoit Boniface, fi on ne lui donnoit pas le titre de pape; & fi on le lui donnoit, on offenfoit Clement: il fut réfolu de répondre de vive voix par les mêmes Chartreux que Boniface avoit envoyés. On les chargea de lui dire que le roi louoit fes bons fentimens pour Punion de Péglife, & qu'il étoit prêt d'employer tout fon pouvoir à la procurer. Pour mieux témoigner la bonne volonté du roi, on expédia des lettres à tous les princes d'Italie, les invitant à concourir à Punion de Péglife. Les envoyés furent chargés de ces lettres, & on leur joignit deux autres Chartreux, dont fun étoit le prieur de Paris; & tout ceci fe fit de Pavis de tous les princes, excepté le duc de Berry, toujours favorable au pape Clement.

AN. 1392.

Pour rendre graces à Dieu de ce confentement des Spicil. to. 6. p.

Tome XX.

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AN. 1393.

princes, auquel on ne s'attendoit pas, Puniversité alla en proceffion à faint Martin-des-Champs le jour de la converfion de faint Paul, vingt-cinquiéme de Janvier, 1393. Gui de Monceaux, abbé de faint Denis, y célébra la messe du saint Esprit, & le prieur de Pabbaye, Guillaume Varrant, docteur en théologie, y fit un fermon, où il releva la bonne intention du roi & des feigneurs Punion de Péglife, & exhorta tous les affistans à prier Dieu qu'ils demeuraffent fermes dans cette réfolution; car on craignoit avec raison que le pape Clement ne les en détournất.

pour

Ensuite on publia dans Puniversité que chacun feroit

reçu

à donner un mémoire des moyens qu'il eftimeroit les meilleurs pour parvenir à l'union de Péglife; & que chacun mettroit fon mémoire dans un coffre bien fermé, avec une ouverture en haut comme à un tronc, pofé dans le cloître des Mathurins. On donna pour cet effet un certain temps, & on nomma un nombre de docteurs, montant tous ensemble à cinquante-quatre, pour examiner les mémoires & en faire des extraits. Ces commiffaires trouverent que les moyens propofés pour finir le fchifme fe réduifoient à trois; la ceffion des deux prétendus papes, le compromis, & le concile général; & les commiffaires ayant fait leur rapport dans une assemblée générale de Puniverfité, il fut résolu tout d'une voix que ces trois moyens moyens feroient présentés au roi en forme de lettre, & Nicolas de Clemangis, bachelier en théologie, fut chargé de la compofer.

Cependant les quatre Chartreux envoyés par le roi Charles arriverent à Peroufe où étoit le pape Boniface, auquel ils présenterent les mémoires dont ils étoient chargés, & y ajoûterent de bouche ce qu'ils jugerent

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