Froiff. 4. c. 113.

114.

Henri Knygt.

Pe 27+3.

p. 2759.

XXXI.

ration contre Bo

niface.

474

a

verfion des Anglois, qui le regarderent comme livré AN. 1399. à la France. On en vint à une guerre ouverte; Jean Valfing. p. 59. de Gand étant mort, Henry fon fils devenu duc de Lancastre, marcha contre le roi Richard qui se rendit à lui, & fut enfermé dans la tour de Londres, où le lundi, jour de faint Michel, vingt-neuviéme de Septembre, il renonça folemnellement au royaume d'Angleterre ; & le lendemain mardi, jour de S. Jerôme, le duc de Lancaftre fut reconnu roi fous le nom de Henry IV. & couronné le lundi treiziéme d'Octobre. A Rome Nicolas Colonne, furnommé de Palestrine, Autre confpi- avec Jean Colonne fon frere & quelques autres citoyens. Boniface, Romains, confpirerent contre le pape pour Th. Niem. II. lui ôter la feigneurie temporelle de Rome. Une nuit donc au mois de Janvier de l'an 1400. ils entrerent feRain. 1400. n. cretement par la porte du Peuple, & s'avancerent jusqu'à la porte du capitole. Ils étoient grand nombre de gens armés à pied & à cheval, & frapperent aux portes de plufieurs citoyens, qu'ils croyoient devoir fe joindre à eux; mais personne ne leur répondit, ce qui leur fit craindre que le pape n'eût été averti de leur entreprise. Ils fe retirerent donc par troupes fans avoir rien fait, & quelques-uns des gens de pied fe cacherent dans les vignes tant dedans que dehors la ville; mais le jour étant venu, les Romains en prirent jufqu'à trente & un, qui furent auffi-tôt pendus; & comme ils n'avoient point de boureau, ils contraignirent un pauvre jeune homme de la troupe de pendre les autres, même fon pere &

c. 17.

fon frere.

Le pape Boniface fit informer de cette violence & de plufieurs autres crimes qu'il imputoit aux Colonnes; & après les procédures ordinaires, il publia contr'eux

un

une grande bulle, où il reprend dès le pontificat de Boniface VIII. c'est-à-dire, depuis un fiècle, les reproches contre cette famille; & après en avoir fait grand dénombrement, il conclut en déclarant les deux freres Nicolas & Jean de Palestrine excommuniés, privés de tous honneurs & de tous biens, avec toutes les claufes que Pon joignoit alors aux cenfures les plus rigoureuses. La bulle eft du quatorziéme de May 1400.

XXXII. Pénitens blancs.

c. 26.

Entre les crimes que Boniface reproche aux Colonnes, il fe plaint que Nicolas étoit venu le trouver en habit blanc avec quelques autres pour le tromper, fous prétexte d'un traité. Or ces habits blancs méritent une attention particuliere. Dès la dixième année du ponti- Th. Niem. II. ficat de Boniface, c'est-à-dire, 1398. quelques impofteurs fortis d'Ecoffe vinrent en Italie, portant des croix de brique où l'on avoit mêlé du sang, & que Pon avoit humectées d'huile, en forte qu'elles paroiffoient fuer dans la chaleur de Pété. Ils difoient qu'un d'entr'eux étoit le prophéte Elie revenu du Paradis, & que le monde alloit périr par un tremblement de terre. Ils exciterent un grand mouvement de dévotion presque dans toute l'Italie & à Rome même, en forte que Pon voyoit par tout des proceffions de gens revêtus de longs habits de toile avec des capuces couvrant le vifage, & ayant feulement des ouvertures pour les yeux, comme font les facs des pénitens blancs dans les provinces mé

ridionales de France.

En ce récit je m'arrête principalement au témoignage de Thierry de Niem, qui étoit en Italie depuis environ trente ans, & avoit ce fpectacle devant les yeux; & je le préfere à faint Antonin de Florence, qui p. n'avoit alors que dix ou douze ans, & à Platine, qui

IX.

Plat. ja. Bonif.

AN. 1400.

S. Ant.

XXXIII. Jubilé de l'an 1409.

n'en parle que fur le rapport de fon pere. Thierry dit donc que prefque tout le peuple, des prêtres même, & jusqu'à des cardinaux, se laifferent entraîner à cette dévotion de porter des habits blancs & de marcher en proceffion, chantant de nouveaux cantiques; ce qu'ils continuoient pendant treize jours de fuite, puis fe retiroient chez eux. Pendant leur marche ils cóuchoient la nuit dans les églifes, les monafteres & les cimetieres, les profanant de leurs ordures, & mangeant les fruits des arbres qui s'y rencontroient. Comme ils couchoient dans les mêmes lieux jeunes & vieux, hommes & femil en arrivoit de grands défordres; & enfin à Aquapendenté, dans l'état eccléfiaftique on arrêta un des imposteurs, qui étant mis à la question, avoüa un crime pour lequel il fut enfuite brûlé; ce que quelquesuns de fes complices ayant appris, ils se retirerent se

mes,

cretement.

Cette dévotion populaire ne laissa pas de produire quelques bons effets. Pendant qu'elle dura, c'est-àdire, deux ou trois mois au plus, il y eut des tréves tacites entre les villes ennemies; une infinité d'inimitiés longues & mortelles furent appaifées, les confeffions & les communions furent fréquentes. Les villes où paffoient les pénitens, exerçoient volontiers Phofpitalité envers eux, Entre leurs cantiques, qui étoient en Latin ou en Italien, on remarque la profe Stabat Mater dolorofa, que Pon attribuoit alors à faint Gregoire.

L'approche du Jubilé avoit apparemment excité ce mouvement de dévotion; car les François & les autres peuples de Pobedience d'Avignon comptoient toujours la grande indulgence devoit fe gagner à Rome

que

AN. 1400.

Sup. liv. LXXXIX. 13. liv. xcviii.

n. 69. liv. xc v.

n. 54.
Th. Niem. II.

c. 28.
Libert. Gall. p.

chaque centiéme année, comme Boniface VIII. Pavoit
déclaré en 1300. & ils ne s'arrêtoient point à la réduc-
tion de Clement VI. à cinquante ans ; & encore moins
à celle de trente-trois ans faite par Urbain VI. qu'ils n.
ne reconnoissoient pas pour pape. Les François vinrent
donc à Rome par troupes & en grande multitude pen-
dant toute Pannée 1400. Mais le roi Charles VI. ou fon 462.
confeil craignant les fuites de ce pélerinage, publia
une ordonnance, où il dit: Nos ennemis pourroient
entrer cependant en notre royaume, comme nous sça-
vons qu'ils en ont deffein, & le trouveroient dépourvû
d'hommes & d'argent. D'ailleurs une grande partie du
chemin d'ici à Rome eft fous Pobéiffance du prétendu
pape qui y réfide, & il pourroit s'enrichir de Pargent
que nos fujets y porteroient; ce qui le rendroit plus
difficile à accepter la voye qui a été prife pour Punion
de Péglife: c'eft pourquoi nous défendons à tous nos
fujets d'aller à ce voyage. Voulons que ceux qui font
en chemin fetournent fi-tôt qu'ils auront connoiffance
de cette ordonnance, fous peine aux ecclésiastiques de
faifie de leur temporel, & aux autres de prise de leurs
perfonnes.

Th. Niem.

Il ne laiffa pas d'arriver en Italie un grand nombre de François; mais comme le pape étoit en guerre avec le comte de Fondi, Honorat Gaëtan, fes troupes répan- Rain. 1400. n. duës autour de Rome pillerent les pélerins, & inful- " terent même des femmes nobles. Ceux qui vinrent jufqu'à Rome y apporterent de grandes offrandes; mais la pefte s'y mit la même année, fans que que le pape osât en forțir comme il avoit réfolu, pour prendre Pair pendant Pété. Il demeura donc, craignant de perdre få feigneurie temporelle ; & toutefois il ne tira rien de son

tréfor pour affister les étrangers qui étoient demeurés AN. 1400. malades à Rome.

XXXIV. Voyage de l'em

pereur Manuelen Occident.

P. 44.

Juven. p. 143·

Monftrel. 1. c. 4.
Rain. n. 8.

Cependant Conftantinople étoit toujours bloquée par Bajazet, & fempereur Manuel Paléologue ne fe Calch. lib. 11. fentant pas affez fort pour lui réfifter, prit la réfolution de venir lui-même en Occident chercher du fecours. Labour. liv. 20. Il laiffa donc fon neveu Jean à la garde de Conftantinople & vint à Venife, puis à Milan, où le duc Jean Galéas Visconti le reçut très-bien, & lui donna une bonne escorte de cavalerie & d'infanterie pour le conduire en France. Il y fut reçu avec les honneurs convenables à fa dignité, & arriva à Paris le troifiéme de Juin 1400. mais la maladie du roi fut cause que les princes divifés entr'eux ne lui promirent aucun fecours. Après un long séjour en France Pempereur Manuel passa en Angleterre, où le nouveau roi Henry ne fit pas plus pour lui, étant lui-même encore mal affermi fur fon trône. Ainfi Manuel fut contraint de retourner chez lui fans avoir rien fait.

XXXV. Venceflas dé

pereur.

Urftit. p. 2. p.

180.

13.

Rain. 1400. v.

fa

La même année Venceslas roi de Boheme & empepofé. Rupert em- reur d'Occident, fut déposé de Pempire par fentence des électeurs, qui porte en fubftance: Les princes & les autres états de Pempire ont fouvent averti le roi de Boheme Venceslas, des défordres qui regnent par mauvaise conduite. Il a retranché quelques membres de l'empire, comme Milan & la province de Lombardie, qui produifoient à lempire de grands revenus; & il a pris de Pargent pour créer duc de Milan & comte de Pavie, celui qui n'y étoit que comme miniftre de Pempire. Il a de même aliéné plufieurs villes & plufieurs terres en Allemagne & en Italie. Il a vendu à fes favoris quantité de parchemins blancs scellés de