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son sceau, où l'on a écrit ce que Pon a voulu.

AN. 1400. Il ne s'eft jamais mis en peine des querelles & des guerres qui affligent PAllemagne & les autres terres de fempire, ce qui a produit les pillages, les incendies & les vols, qui font que perfonne n'eft en fûreté ni fur terre, ni fur mer: clercs, laïques, laboureurs, marchands, tous font également expofés; les églifes & les monasteres sont ruinés. Enfin il a fait mourir & quelquefois de fa main des évêques, des prêtres & d'autres perfonnes confacrées à Dieu, ou diftinguées par leur mérite, dont quelques-uns ont été noyés ou brûlés: ce font tous des faits notoires.

Après donc Pavoir exhorté plufieurs fois, & communiqué Paffaire au faint fiége, après l'avoir cité & contumacé dans les formes: Nous Jean, archevêque de Mayence, au nom de tous les électeurs, privons de Pempire par cette fentence ledit feigneur Venceslas, comme inutile, négligent, dissipateur & indigne; & nous dénonçons à tous les princes, grands, chevaliers, villes, provinces & fujets du faint empire, qu'ils font libres de tout hommage & ferment prêté à fa perfonne; les requerant & admoneftant de ne lui obéir, ni lui rendre aucun devoir, comme roi des Romains. Cette fentence fut prononcée au château de Lonstein fur le Rein, le vendredi vingtiéme d'Août 1400.

1395.

L'archevêque de Mayence dont elle porte le nom, Thrit. Chr. Span. étoit Jean de Naffau, frere d'Adolfe, qui rempliffoit & Hirfang. an. ce grand fiége vingt ans auparavant. Conrad de Vinfperg, fon fucceffeur, mourut au mois d'Octobre 1395. & le chapitre élut tout d'une voix un chanoine de fon corps; fçavoir, Godefroi, d'entre les comtes de Liningen, homme fage, prudent, fçavant & digne de cette

place, au jugement de tout le monde. Mais Jean de AN. 1401. Naffau, petit homme fin & rufe, qui étoit aussi membre du chapitre, fit agir fi puiffamment auprès du pape Boniface, qu'il caffa Pélection de Godefroi, toute canonique qu'elle étoit, & pourvut Jean de Nassau de Parchevêché de Mayence. Quelques-uns difoient qu'il lui en avoit coûté foixante-dix mille florins. Il tint le fiége de Mayence vingt-quatre ans.

1d. Hirfang. an.

Après la dépofition de Venceslas, les trois archevêques électeurs, Jean de Mayence, Verner de Treves, Gobel. c. 70. P. & Frideric de Cologne, demeurerent à Lonstein,

1400.

214.

nonobftant Pabsence du duc de Saxe & du marquis de Brandebourg, ils élurent pour empereur Rupert ou Robert, comte Palatin du Rein & duc de Baviere, qui étoit préfent; c'étoit au mois de Septembre. De Lonftein iss descendirent à Cologne par le Rein, & Parchevêque Frideric y sacra & couronna roi de Germanie, ce Robert de Baviere dans fon église métropolitaine le jour de l'Epiphanie, fixiéme de Janvier 1401. L'élection auroit dû fe faire à Francfort, & le couronnement à Aix-la-Chapelle: mais ces deux villes tenoient encore pour Venceflas. Mais Pun & Pautre parti reconnoifsoit pape de Rome Boniface, avec lequel Robert prenoit Rain. 1401. n. des mefures pour paffer en Italie & le faire couronner, ce que Venceslas n'avoit pas fait.

2. 3. &c.

XXXVI.

niface IX.

le

fe

Sur la fin de cette année 1401. treiziéme du pontiAvarice de Bo- ficat de Boniface, c'est-à-dire, le vingt-deuxième de Gobel. c. 87. Décembre, il révoqua aussi toutes les graces expectatives qu'il avoit accordées, même celles qui portoient la clause Anteferri, ou de préférence, fi elles n'avoient pas encore eu leur effet. Il caffa toutes les unions de paroiffes ou d'autres bénéfices faites par lui ou fon prédé

ceffeur

ceffeur immédiat, fi elles avoient été faites fans grande néceffité. Il révoqua toutes les indulgences plénieres accordées fous la forme du jubilé, ou du voyage au faint fepulcre. Il caffa les difpenfes qu'il avoit données à des freres d'ordres Mandians, pour tenir des bénéfices même à charge d'ames: mais toutes ces caffations & révocations n'etoient qu'un prétexte pour accorder de nouvelles graces, & attirer de Pargent..

AN. 1401.

XXXVII.

terre.

Valing. p. 364

Dès le commencement de cette année, c'est-à-dire, XXX VI Lo après PEpiphanie, le roi Henry tint un parlement à lards en AngleLondres, où fut fait un ftatut contre les Lollards ou Wicléfiftes › portant que par tout où on les trouveroit foutenant leur mauvaise doctrine, on les prendroit & on les livreroit à l'évêque diocéfain: que s'ils demeuroient opiniâtres à défendre leurs opinions, ils feroient dégradés & livrés au bras féculier. Cette loi fut exécutée en la perfonne d'un prêtre qui fut brûlé publiquement à Smithfield. La crainte des jugemens obligeoit les Lollards à enfeigner en cachete; & voici les articles qu'ils enfeignoient”, comme on le découvrit p. 366. Pannée. fuivante..

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1. Les fept facremens ne font que des fignes morts & n'ont point de valeur dans la forme ufitée par l'églife. 2. La virginité & le célibat ne font point des états approuvés de Dieu, mais il a ordonné le mariage, & c'eft le meilleur. C'est pourquoi ceux qui fe veulent fauver, doivent fe marier, ou du moins être dans la réfolution: de le faire; autrement ils font homicides & empêchent la propagation du genre humain. humain. 3. Si un homme & une femme font d'accord de se marier ensemble, la volonté feule fuffit pour faire un mariage, fans autre foumission à Péglise ; & en vertu de cette doctrine, les

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Lollards avoient quantité de mariages clandeftins. 4. Ils AN. 1401. difoient que l'églife n'étoit que la fynagogue de fatan, c'est pourquoi ils n'y alloient ni pour honorer Dieu, .ni pour recevoir les facremens, principalement celui de Pautel, difant que ce n'étoit qu'une bouchée de pain mort; & le nommoient la tour ou la forteresse de Pantechrift. 5. S'ils ont un enfant nouveau-né, ils ne le feront pas baptifer dans l'églife, parce, difent-ils, que c'est une image de la Trinité qui n'eft point fouillée de péché & qui deviendroit pire, fi elle tomboit entre les mains des prêtres. 6. Nous n'avons ni fête, ni jour plus faint qu'un autre, pas même le dimanche: on a tous les jours une égale liberté de travailler, de boire & de manger. 7. Enfin il n'y a point de purgatoire après cette vie; & pour quelque péché que ce foit, il ne faut point d'autre pénitence, que de le quitter & s'en repentir avec foi.

Un chevalier nommé Louis de Clifford, qui avoit été depuis long-temps protecteur des Lollards, découvrit à Parchevêque de Cantorbery, Thomas d'Arondel, ces propofitions qu'il avoit tenues cachées & enveloppées fous des termes obfcurs. Mais alors il s'en expliqua clairement, pour montrer que c'étoit par fimplicité & par ignorance, & non par malice, qu'il avoit eu communication avec les hérétiques. Il donna auffi à Parchevêque les noms de ceux qui enfeignoient ces erreurs. Elles pafferent alors jufqu'en Boheme: la nouvelle Commencement univerfité de Prague fondée par l'empereur Charles IV. Trith. Chr. Hirf. étoit gouvernée abfolument par les docteurs Allemands, Hift.Colcb. Huff. au grand mécontentement des Bohémiens, naturelleEn. Silv. bift. ment féroces & peu traitables. Ils prierent le roi Vencellas de leur laiffer Pintendance de leurs écoles, à Pex

XXXVIII.

de Jean Hus.

ann. 1402.

lib.

Bob. c.

AN. 1402.

Huff. init.

clufion de ces étrangers. Venceslas irrité contre les Allemands qui Pavoient depofé de lempire, accorda facilement aux Bohémiens ce qu'ils demandoient. Un des plus grands ennemis des Allemands étoit un jeune homme de baffe naissance, mais diftingué par son esprit & fa facilité à parler, nommé Jean Hus, qui fut To. 1. op. J. reçu maître-ès-arts en Puniverfité de Prague Pan 1396. ordonné prêtre en 1400. & établi prédicateur dans Péglife nommée de Bethléem: enfin Pannée fuivante il fut fait doyen. Les Allemands indignés, fe retirerent de Prague peu de temps après au nombre de plus de deux mille, tant docteurs qu'étudians, & pafferent à Leipfic en Mifnie, où ils fonderent une nouvelle univerfité par autorité du pape..

Un noble Bohémien de la maison du Poiffonpourri, Æn.Silv. p. 163. étudiant à Oxford en Angleterre, y trouva les livres de Wiclef, intitulés les Univerfaux réels, où il prit grand plaifir, & en emporta des exemplaires, qui contenoient des traités du droit civil, du droit divin, de Péglife, & diverses questions contre le clergé. Le noble Bohémien apporta tous ces livres en fon pays, comme un précieux trésor, & devint zélé fectateur de Wiclef, dont il prêta les livres aux ennemis des Allemands, & particuliérement à Jean Hus. Un riche Bourgeois de Prague y avoit fondé une église sous le nom de Bethléem, & y avoit donné un revenu fuffifant pour entretenir deux prédicateurs, qui tous les jours inftruifoient le peuple en Bohémien, dialecte de la langue Sclavone: on donna une de ces places à Jean Hus en 1400.

Comme il étoit éloquent & avoit la réputation d'être réglé dans fes mœurs, on Pécoutoit volontiers; & s'en étant apperçu, il avança plufieurs propofitions tirées

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