Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& diffamatoires. Défense à Jean Hus de prêcher, jusAN. 1413. qu'à ce qu'il ait fon abfolution de cour de Rome. L'évêque d'Olmuts presenta ce conseil aux barons du royaume & au fenat de Prague: ce que Jean Hus & les fiens ayant appris, ils drefferent auffi des articles en forme de confeil, dont voici la substance: Qu'on obP. 38. ferve le réglement du conseil du roi entre Parchevêque Svincon de bonne mémoire d'une part, & le recteur, les docteurs & maître Jean Hus d'autre part. Que Jean Hus fe présente à Passemblee du clergé, où quiconque voudra, puiffe lui reprocher une erreur ou une héréfie, fous peine du talion, s'il ne la prouve pas. Si perfonne ne veut fe rendre partie, que le roi fasse publier dans toutes les villes & à tous les curés dans leurs paroiffes, que maître Jean Hus eft prêt de rendre compte de fa foi; & que fi quelqu'un a quelque erreur à lui reprocher, il s'infcrive par fon nom en la chancellerie de Parchevêché, afin que les deux parties foient aüies publiquement. Si perfonne ne fe prefente, ceux qui ont publié en cour de Rome qu'il y a plusieurs hérétiques en Boheme, feront tenus de prouver qui font ces hérétiques, finon ils feront punis. Que Fon envoye aux docteurs en théologie & en droit canon, & aux chapitres de chanoines, fçavoir, s'ils connoiffent quelque hérétique: s'ils difent que non, qu'ils le déclarent par un acte autentique. Enfuite que le roi & Parchevêque défendent fous certaines peines de taxer perfonne d'héréfie ou d'erreur, s'il ne veut le prouver. Que le roi envoye en cour de Rome aux dépens du clergé une ambaffade, pour purger le royaume des calomnies dont on la voulu diffamer. Enfin qu'on n'observe point Pinterdit jetté fur les églifes, où Jean Hus fe trouveroit

préfent. Ce confeil de Jean Hus eft daté du jour de fainte Dorothée fixiéme Février 1413.

[ocr errors]

AN. 1413.

J. Cochl. p. 34.

L'évêque d'Olmuts Penvoya auffi-tôt à Jean, évêque de Litomiffels, ville depuis ruinée par les Huffites, & dont l'évêché a été fupprimé. L'évêque Jean étoit un homme grave & d'experience, qui rendit fa réponse le dixième du même mois de Février. En voici la fubftance: Elire un vicechancelier de Puniverfité de Prague, qui recherche les fautes des docteurs & des étudians, & qui les corrige. Empêcher abfolument Jean Hus de prêcher, puifque fes fermons font la fource de toute la divifion, & Péloigner de Péglise de Bethleem. Exécuter les fentences du pape contre lui & fes complices. Condamner les livres en langue vulgaire qu'ils ont répandus pour infecter les laïques de leurs erreurs. Ces traductions en langue vulgaire, c'est-à-dire, en p. 38. Sclavon, n'étoient feulement de Pécriture fainte, mais encore des livres de Wiclef, principalement ceux qui attaquoient le pape & le clergé ; & tout ce que Jean Hus difoit fur ce fujet, étoit pour les fectateurs Pévangile tout pur.

pas

[ocr errors]

de

LIII. Ladiflas maître

Rome.

Th. Niem. c. 35.

S. Ant. tit. 2.

Au commencement du mois de May le roi Ladiflas s'approcha de Rome avec une grande armée, fous prétexte d'y maintenir la paix pendant que le pape Jean iroit au concile. Le pape fe doutant que le roi vouloit c. 6. furprendre Rome, la fit garder comme il put par les gens de fa cour & par les Romains: mais ils haïffoient le pape à caufe de fes grandes exactions, & plufieurs étoient d'intelligence avec Ladiflas. Ainfi Rome fut fi mal gardée, que les troupes du roi y entrerent par un trou fait à la muraille la nuit du huitiéme de Juin. Le pape Jean s'enfuit à la hâte dès le matin avec la plûFfff ij

part des cardinaux, & fa cour le fuivit. Après s'être AN. 1413. arrêté en divers lieux, il fe retira à Florence, & y demeura jufqu'au commencement de Novembre. Flo

p. 257.

rence étoit alors divifée par de grandes factions; les Leonard. Aret. uns étoient pour le pape, les autres pour Ladillas: c'est pourquoi le pape ne fut pas logé dans la ville, mais dehors à une maifon de l'évêque; fa cour toutefois fut reçûe en dedans.

LIV.

pour le concile.

Le roi Ladiflas s'étoit rendu maître non-feulement Conftance choifi de Rome, mais de toutes les autres villes, jusqu'aux terres de Sienne & de Florence. C'eft pourquoi le pape Jean voyant qu'il ne lui pouvoit résister, s'adressa à l'empereur Sigifmond, & après avoir négocié avec lui par lettres, il lui envoya deux cardinaux pour régler

le

temps,

le lieu & la maniere d'affembler un concile

général; car le pape & l'empereur voyoient bien que c'étoit l'unique remede aux maux de l'églife. Le pape Jean avoit fait confidence de fes intentions fur ce fujet à Leonard d'Arezzo, fon fécretaire, qui raconte ainsi la chofe.

Tout dépend, me dit-il, du lieu du concile, & je ne veux point être en lieu où l'empereur foit le plus fort. Je donnerai donc à ces légats pour la bienféance des pouvoirs très-amples qu'ils puiffent montrer; mais par un ordre fecret je les reftraindrai à de certains lieux. Et il m'en fit le dénombrement. Il étoit demeuré plufieurs jours dans cette réfolution, quand le temps arriva où les légats devoient partir. Alors ayant fait retirer tout le monde, hors moi feul, il parla long-temps aux légats, les exhortant à se bien acquitter de leur commiffion, dont il leur fit voir l'importance, & louant leur prudence & leur fidélité ; puis il ajoûta :

J'avois réfolu de vous nommer quelques lieux dont vous ne vous départiriez en aucune maniere; mais je change d'avis en ce moment, & je remets le tout à votre prudence. Etil déchira en leur préfence le papier où les lieux étoient écrits, fans leur en nommer aucun. Les légats étant allés vers Sigifmond, choisirent la ville de Conftance qui lui étoit fujette; & quand le pape Jean l'eut appris, il est incroyable combien il en fut affligé. Ge font les paroles de Leonard d'Arezzo.

AN. 1413.

LV.

Mouvemens des

Valfing. p. 574.

En Angleterre le roi Henry IV. mourut le vingtiéme de Mars 1413. après avoir régné treize ans & demi; & Lollards en AnHenry V. fon fils aîné lui fuccéda. En ce temps-là les gleterre, Lollards ou Wiclefiftes afficherent des placards aux Conc. to. XI. p. por- 2323. tes des églises de Londres, portant qu'ils étoient cent mille prêts à s'élever contre tous ceux qui n'étoient pas de leur fecte. Leur chef étoit un gentilhomme nommé Jean Oldcastel, brave guerrier, & aimé du roi pour fa valeur, mais fufpect pour fon attachement à Phéréfie. Thomas d'Arondel, archevêque de Cantorbery, ayant alors fait à Londres une assemblée du clergé, on trouva que ce gentilhomme avoit envoyé des hommes de fa fecte, principalement dans les diocèfes de Londres, de Rocheftre & d'Herford, pour y prêcher malgré les évêques, contre la défenfe du concile provincial; qu'il avoit affifté à leurs fermons, & avoit retenu ceux qui vouloient s'y opposer par les menaces & la crainte de la puiffance féculiere: foutenant, entre autres erreurs, que l'archevêque ni fes fuffragans n'avoient pas eu le pouvoir de faire une telle défense.

L'archevêque de Cantorbery, après avoir attendu long-temps, & employé inutilement l'autorité du roi, fit citer Jean de Oldcaftel à comparoître en perfonne

AN. 1413.

le onzième de Septembre. Le chevalier non-seulement ne comparut point, mais fe fortifia dans le château qu'il habitoit. L'archevêque le déclara contumace, & Pexcommunia, & le cita de nouveau pour le samedi d'après la faint Matthieu, vingt-troifiéme de Septembre. Ce jour l'archevêque tenant fa féance dans le chapitre de faint Paul de Londres, & affifté de deux évêques, Richard de Londres & Henry de Vincheftre, fe fit amener Jean d'Oldcaftel; car il avoit été pris peu auparavant, & mis dans la tour de Londres.

2

Le prélat lui raconta comment il avoit procédé contre lui, offrant honnêtement de l'abfoudre de l'excommunication; mais le chevalier refufa de demander l'abfolution de l'archevêque, & ajoûta qu'il lui liroit volontiers fa profeffion de foi. Et ayant tiré de fon fein un papier dentelé, il le lut & le donna à l'archevêque, qui lui dit: Seigneur Jean, ce papier contient plufieurs. vérités catholiques, mais vous êtes affigné à ce jour pour répondre fur d'autres propofitions qui fentent l'erreur & l'héréfie, & fur lefquelles il faut vous expliquer, fçavoir: Si vous croyez qu'au Sacrement de l'autel après la confécration le pain matériel y demeure ou non. Si vous croyez que le Sacrement de pénitence foit néceffaire. Le chevalier répondit, qu'il ne vouloit point s'expliquer autrement que par ce qui étoit dans fon papier. L'archevêque en ayant compassion, lui dit: Prenez garde que fi vous ne nous répondez clairement, nous pourrons vous dénoncer & vous déclarer hérétique: mais il ne daigna répondre autrement.

Alors l'archevêque lui déclara qu'il faut que tout catholique croye ce que l'églife Romaine a décide, fuivant les autorités de faint Auguftin, de faint Jérôme,

« AnteriorContinuar »