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après son abjuration, vous le citerez à comparoître AN. 1346. devant nous dans quatre mois. La lettre est du dernier de Juillet 1346. mais il étoit difficile de faire exécuter une telle citation, & voilà Pinconvénient des miffions fi éloignées. Le pape fut encore averti que les inquifiteurs du même Ordre des freres Mineurs étoient fort négligens à poursuivre les Fraticelles qui fe trouvoient dans leurs provinces: de quoi on ne doit point s'étonner, puifqu'ils étoient de leur Ordre.

XXXV.

l'inquifiteur à Florence.

J. Vill. xII. c. 57.

A Florence étoit inquifiteur de Pierre l'Aquila du mêPlaintes contre me Ordre des freres Mineurs, homme fuperbe & pécunieux, qui par le défir du gain, s'étoit chargé de la Vading. 1346. procuration du cardinal Pierre Gomès de Barros, Efpagnol, pour le recouvrement de douze mille florins d'or dûs au cardinal par la compagnie des Acciaïoli qui avoit fait banqueroute. L'inquifiteur ayant été mis en poffeffion de quelques biens de la compagnie par la régence de la république, & ayant pris une caution fuffifante, fit prendre par trois appariteurs Silvestre Baroncelli, un des intéressez à la compagnie, comme il sortoit du palais. Cette action fit du bruit dans la place, on retira le prifonnier des mains des appariteurs, à qui les prieurs de la ville firent couper les mains, & les bannirent pour dix ans. L'inquifiteur indigné, & craignant pour lui-même fe retira à Siene, excommunia les prieurs & le capitaine de Florence, qu'il laiffa interdits, fi dans fix jours on ne lui rendoit Silveftre prifon

nier.

Les Florentins appellerent au pape de l'excommunication & de l'interdit ; & envoyerent à Avignon fix ambassadeurs avec un findic pour la république. Il portoit cinq mille florins comptant pour payer au cardinal

de

1

de la

part

des Acciaioli, & s'obligeoit au nom de la AN. 1346. république à payer en certains termes les fept mille reftans. De plus ce findic portoit les preuves par écrit des concuffions de Pinquifiteur; & il fe trouvoit, difoiton, qu'en deux ans il avoit exigé plus de fept mille florins de divers citoyens fous prétexte d'héréfie : & toutefois Jean Villani témoigne à cette occafion que jamais il n'y eut moins d'hérétiques à Florence : mais ajoute-t'il, pour tirer de l'argent de la plus petite parole proférée contre Dieu, ou d'avoir dit que Pufure n'étoit pas péché mortel, Pinquifiteur condamnoit le coupable à une groffe fomme, felon qu'il étoit riche. Les ambaffadeurs furent bien reçus du pape & des cardinaux, & propoferent en confiftoire public les reproches contre Pinquifiteur, qu'ils convainquirent de mauvaise foi & de concuffion, & obtinrent fufpenfion pour un temps des cenfures qu'il avoit portées.

A cette occafion les Florentins firent un décret, comme on avoit fait à Perouse, en Espagne & ailleurs, portant qu'aucun inquifiteur ne pût fe mêler d'autre chofe que de fon office, ni condamner aucun particulier en peine pécuniaire, mais au feu, s'il fe trouvoit hérétique. On ôta à l'inquisiteur la prifon que Florence lui avoit donnée, & on lui ordonna de mettre dans les prifons publiques avec les autres ceux qu'il feroit pren dre à Pavenir. Il fut ordonné de plus, que le podesta, le capitaine, ni aucun magiftrat ne donnât ni appariteur, ni permiffion de faire prendre aucun citoyen à la requête de l'inquifiteur ou de l'évêque, fans per ́miffion des prieurs, pour ôter les occafions de fcandales, & de querelles. Que Pinquifiteur ne pourroit avoir plus de fix familiers, portant des armes offenfi

Tome XX.

I

ves, ni donner à un plus grand nombre la permiffion AN. 1346. d'en porter: que les familiers de l'évêque de Florence feroient réduits à douze, & ceux de l'évêque de Fiéfole à fix. C'est que l'état de Florence comprend auffi ce diocèfe. Or Pinquifiteur Pierre de l'Aquila avoit permis le port d'armes à plus de deux cens cinquante citoyens ce qui lui valoit par an mille florins d'or ou plus; & c'étoit un moyen aux évêques de fe faire des

J. Vill. XII. c. 4.2.

amis.

Après que les Ambaffadeurs de Florence furent partis d'Avignon, l'affaire ne fut pas finie. Le cardinal de Barros n'étoit pas content de l'accord qu'ils avoient fait avec lui, & il étoit encore aigri par Pinquifiteur qui s'étoit réfugié à Avignon. Le cardinal obtint donc une commiffion du pape pour faire citer en cour de Rome tout de nouveau Pévêque de Florence, & tous les prélats qui n'avoient pas obfervé l'interdit, avec les prieurs

les autres magiftrats de la ville: ce qui y caufa un grand trouble contre Péglise ; & on recommença à faire un findic, & envoyer en cour de Rome. Mais la prin

cipale caufe de cette citation eft que le pape vouloit que Florence révoquât certains articles publiez l'année précédente, contraires aux prétentions du clergé. En effet le quatrième d'Avril 1345. les magiftrats de Florence firent une loi portant entr'autres articles, que tout clerc qui offenferoit un laïque en matiere criminelle, pourroit être puni par le magistrat féculier en fes biens ou en fa perfonne, fans exception de dignité : & que tout clerc ou laïque qui obtiendroit du pape ou d'un légat quelque privilége en fa caufe, ne feroit écouté d'aucun magiftrat: mais que les parens de l'impétrant feroient contraints en leurs biens & en leurs

perfonnes à le faire renoncer au privilége. Telles étoient les loix que le pape vouloit faire révoquer comme préjudiciables à la liberté eccléfiaftique.

AN. 1347.

XXXVI. Univerfité de

priv

Trith. Chr. Hif

an. 1346. 1360. Rain. 1347. n

Le nouveau roi des Romains Charles IV. étoit devenu roi de Boheme par le décès du roi Jean fon pere tué à la bataille de Creci le vingt-fixiéme d'Août 1346. Vita PP.p. 253. & pour illustrer ce royaume, le pape à la priere de Charles, érigea une univerfité dans Prague, qui en eft II. la capitale, ordonnant qu'à l'avenir on Y donneroit des leçons en toutes les facultez ; & que les profeffeurs & les étudians joüiroient de tous les priviléges dont les autres universitez jouïffoient. Le pape ajoûte: Ceux qui y auront étudié, & qui demanderont la licence d'enseigner, & le titre de docteur, feront préfentez à Parchevêque de Prague, qui ayant assemblé les docteurs profeffant actuellement dans la même faculté, examinera le postulant par lui ou par autre, & s'il le trouve capable lui donnera la licence & le titre de docteur. La bulle est du vingt-fixiéme de Janvier 1347. Le roi Charles étoit fçavant pour le temps, & avoit bien étudié en Allemagne & à Paris : il travailla beaucoup à la fondation de fa nouvelle univerfité, & la rendit floriffante pendant cinquante ans.

teaux,

La même année les docteurs de Paris condamnerent les erreurs de Jean Mercœur moine de Pordre de Cifavec défense à tous les bacheliers qui expliquoient le livre des fentences, de les enfeigner fous peine d'être privez de tout honneur de la faculté. Ces erreurs furent réduites à trente-neuf articles, dont les uns font qualifiez erronnez, les autres fufpects dans la foi. En voici quelques-uns qui feront juger des autres. J. C. par fa volonté créée peut avoir voulu quelque

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AN. 1347.

4.

345

8.

11.

XXXVII.

Canonifation

des Saints.

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34.

Rain. 1347.n.

chose qui ne devoit jamais arriver. De quelque manie
re que
Dieu veüille, il veut efficacement qu'il foit ainfi.
Dieu veut qu'un tel péche, & qu'il foit pécheur
& il le veut par sa volonté de bon plaisir. Personne
fa
ne péche en voulant autrement que Dieu ne veut
qu'il veuille. Dieu fait que le mal foit, & que le pé-
ché foit. Celui qui péche, conforme fa volonté à cel-
le de Dieu, & veut comme Dieu veut qu'il veüille.
Voilà les effets des vaines questions & des mauvaises
fubtilitez qui régnoient alors dans les écoles.

Le feizième de Juin 1347. le pape Clement canonisa S. Yves de Tréguier mort quarante-quatre ans aupaSup. liv. xc.n. ravant, fçavoir le dix-neuviéme de Mai 1303. & à cette occafion j'eftime à propos de rapporter la procé-. dure entiére de la canonifation telle qu'elle eft décrite par un officier qui en étoit alors chargé en Cour de Rome. En voici la substance. Le pape ayant appris par le rapport de perfonnes graves que quelqu'un est en réputation de fainteté, & ayant reçu des prieres inftantes & réïtérées pour fa canonifation; propofe l'affaire aux cardinaux, & par leur confeil commet quelques évêques du pays de celui qu'on dit être faint, ou d'autres perfonnes d'autorité, pour informer de sa réputation, de ses miracles & de la dévotion du peuple vers lui. Cette information ne doit être que générale & fur la commune renommée; non fur le détail & la vérité, mais seulement pour voir s'il en faut venir à Pinformation particuliere. Si fur leur rapport le pape le juge à propos; il en commettra l'examen aux mêmes ou à d'autres, qui informeront de la créance, des vertus & des miracles du prétendu faint, fuivant les articles qu'il leur aura envoyez,

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