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je me livrerai trouvera utilement sa place, en tête du Catalogue des plantes composant notre Jardin Botanique.

Get historique a pour objet de rappeler à la population de Versailles, des faits ignorés ou oubliés, de fixer l'attention sur l'état actuel des choses, et de laisser des matériaux tels que j'aurais désiré en trouver pour m'aider à compléter tout ce que j'aurais voulu dire sur le sujet qui m'occupe.

J'ai cru que, tout en s'occupant des choses, il convenait d'y rattacher le nom des hommes qui se sont rendus utiles, suivant les services qu'ils ont rendus à la science, à la culture et à l'art. Ces noms rappellent des hommes qui méritent d'être connus de la postérité, et s'il en est dont la vie simple et ignorée paraît ne rien pouvoir pour l'avenir, en qualité d'hommes spéciaux attachés à un ordre de choses qui, comme tout autre, font époque, l'histoire doit leur assigner leur place. D'ailleurs ce ne sont pas toujours les hommes brillants qui rendent les services les plus durables; il en est qui, plus obscurs, utilisent non moins avantageusement une vie laborieuse et active, dont les résultats profitent d'une manière ou d'une autre, au bonheur de l'humanité.

J'aurais réuni difficilement tous les renseignements qui m'étaient nécessaires, sans l'obligeance empressée de mon vénérable maître et vénérable ami, M. l'abbé Caron, qui, dans plusieurs de ses utiles publications, s'est occupé d'une manière plus ou moins directe du sujet que je traite et qui m'a en outre donné des détails qu'il ne m'eût pas été facile de trouver. Outre les souvenirs de M. Caron, ceux de MM. Lemoine et Duval, qui ont vécu avec des hommes dont les travaux ont contribué à l'entretien ou à la conservation des choses qui ont été l'objet de mes recherches tout en y concourant eux-même, m'ont aussi été très utiles. J'ai pu trouver encore dans quelques anciens annuaires du département, dans de vieux cicérones de Versailles, et dans les Mémoires de la Société royale d'Agriculture de Seine-et-Oise, des renseignements dont j'ai tiré parti.

Après l'historique des jardins de Versailles, je place l'histoire du jardin de Botanique actuel, et je donne le plan de ce jardin, plan à l'aide duquel on pourra facilement comprendre l'ordre adopté pour la disposition des végétaux qui le composent. J'ai ajouté à ce plan celui d'une serre telle que je la conçois et dont on ne sera, sans doute, pas privé long-temps.

J'ai cru utile de faire précéder ce Catalogue du programme du cours professé publiquement : à l'aide de ce programme on pourra avoir une idée exacte de l'ensemble de la science, que l'on étudiera alors avec plus d'intérêt et de fruit.

J'ai aussi ajouté, à la suite du programme, le Réglement du Jardin, approuvé par l'administration municipale, afin que chacun puisse mieux se pénétrer de

l'utilité de ce jardin, et afin que personne n'ignore les mesures administratives qui le régissent.

Pour atténuer l'aridité d'une sèche nomenclature et afin de rendre service à un plus grand nombre de personnes, j'ai donné les caractères de chaque famille à l'aide desquels l'étude sur place, devient plus facile et plus profitable. Ce Catalogue, indispensable pour étudier dans le Jardin, peut aussi servir à la classification des herbiers.

Je n'ai pas eu la prétention de faire un ouvrage en rédigeant le Catalogue que je livre au public studieux ; j'ai seulement cherché à rendre le Jardin plus utile en publiant la nomenclature des plantes qui le composent et en exposant la classification que j'ai suivie. J'ai aussi désiré payer une dette sacrée à mes prédécesseurs, qui ont fait effort de savoir et de zèle pour former à Versailles, des cultures qui concourent à la diffusion des lumières.

La partie historique laisse sans doute beaucoup à désirer sous quelques rapports; la difficulté de réunir tous les documents dont j'avais besoin, fera probablement remarquer des lacunes qu'il ne m'a pas été possible de remplir. Toutefois, en groupant et en coordonnant les matériaux qui m'ont été fournis, je crois avoir droit à l'indulgence des personnes qui sont plus éclairées que moi sur les faits. J'ai rempli la tâche que je m'étais proposée, celle de rappeler qu'à Versailles comme ailleurs, ont vécu des savants modestes et laborieux qui ont fait le bien par amour et par dévouement.

NOTICE HISTORIQUE

SUR

LES JARDINS DE VERSAILLES

TANT ROYAUX QUE DE PARTICULIERS-AMATEURS OU CULTIVATEURS-COMMERÇANTS, ET SUR LES HOMMES
QUI ONT CONCOURU ET QUI CONCOURENT A LA CRÉATION ET A L'ENTRETIEN DE CES
JARDINS, DEPUIS LEUR ORIGINE JUSQU'A NOS JOURS '.

VERSAILLES, riche en monuments dont la création date d'un règne qui honore la France, ne l'est pas moins en souvenirs de tous genres que l'on ne consulte pas sans intérêt; car, en toutes choses, l'expérience du passé éclaire sur le présent pour préparer l'avenir.

Versailles a été le centre de vastes conceptions; s'il ne reste que des débris glorieux qui témoignent du passé, l'histoire atteste que d'utiles créations, qui sont devenues consistantes dans l'intérêt du pays, ont pris naissance dans nos murs, d'où elles sont sorties pour se fixer là où elles produisent aujourd'hui leur effet.

Si l'industrie, les arts et les lettres ont ici brillé de tout leur éclat, ainsi que l'attestent ces monuments muets d'un passé qui est déjà bien loin de nous, cette cité a aussi eu ses époques scientifiques; et, sans vouloir préciser tout ce qui s'y rattache, je rappellerai ce qui a été fait pour la science botanique et pour l'horticulture, dont je m'occuperai spécialement dans cet Historique.

Notre ville possède, depuis 1799, une belle bibliothèque, et elle jouissait, depuis son origine,

pour ainsi dire, d'une superbe ménagerie, qui était placée dans la ferme à laquelle elle a donné son nom. Cette ménagerie, détruite en 1794, époque à laquelle elle fut transportée à Paris, était peuplée d'une quantité d'animaux rares et précieux, qui y réussissaient parfaitement.

Versailles possédait aussi un cabinet d'histoire naturelle, dont le noyau avait été acquis par le comte d'Artois pour l'instruction de ses fils, les ducs d'Angoulême et de Berry, de M. Fayolle, commissaire de la marine, qui en était le propriétaire, et qui l'avait formé primitivement. Les collections composant ce cabinet devaient être placées à l'hôtel de Séran,, qui fut construit alors rue des Réservoirs cet hôtel fut habité depuis par M. de Saulty, receveur-général du département. Ce cabinet s'accrut d'autres collections, extraites en même temps que la bibliothèque, des propriétés du département, et devint national. Il fut formé en 1796, par MM. Lacroix et Musset, lors de la création du Conservatoire des arts et des sciences. Ce Conser

• M. de Séran était gouverneur des deux princes.

'La grande difficulté de trouver des matériaux pour me faciliter la rédaction de cet Historique, malgré les nombreuses recherches que j'ai dû faire, me met dans le cas de commettre peut-être quelques légères erreurs, pour lesquelles je demande l'indulgence de mes lecteurs. Je recevrai avec une vive reconnaissance la communication des notes qui me seraient adressées relativement à quelques rectifications que l'on reconnaîtrait nécessaire de faire dans ce travail,

vatoire fut changé en un musée spécial de l'École française, par le ministre Bénézech; alors le cabinet d'histoire naturelle reçut une organisation nouvelle, et M. Fayolle, l'un des membres de la commission administrative du Conservatoire, en fut nommé conservateur. On plaça ce cabinet au château, où il occupait neuf pièces formant le rezde-chaussée du côté du nord, ayant entrée par le vestibule de la chapelle, et le public était admis à le visiter. Il fut transporté ensuite au Collége Royal de Versailles, où il est, et où on l'utilise pour l'instruction des élèves : lors de la Restauration, M. le comte d'Artois, depuis Charles X, en fit don à cet établissement.

Outre ces institutions scientifiques, il y avait des jardins superbes, dont nous jouissons encore, qui ont, en tout temps, attiré un grand nombre d'étrangers, et qui sont un des principaux ornements de notre belle cité. Il y a eu dans ces jardins des collections classiques et expérimentales; plusieurs de ces collections étaient consacrées à l'étude des végétaux et à celle des diverses parties de la science qui en découle.

Les jardins d'étude ne sont pas les seuls qui profitent à la société, à l'intelligence et à la science; les jardins marchands, les jardins d'amateurs, les jardins de curieux, les simples jardins d'ornement, atteignent aussi ce but d'une manière moins directe et moins immédiatement efficace, mais non moins avantageuse pour le présent et pour l'avenir.

Aussi, pour être exact narrateur d'un passé que nous ne devons pas laisser oublié, et d'un présent qui nous fuit rapidement, je rappellerai les hommes et les choses qui ont également concouru, dans les spécialités dont je m'occupe, à illustrer notre ville et à lui mériter une place scientifique, ainsi que la politique et les arts lui en ont fait prendre une depuis long-temps, et nous pouvons dire dès son origine.

Les anciennes chroniques et les publications modernes nous font connaître que le Versailles primitif était peu de chose. Un moulin à vent surmontait le point culminant de notre ville actuelle où se trouve ce palais qui est désormais destiné à rappeler à la postérité toutes les gloires de la France. Une nature assez variée faisait alors le charme de ces lieux, qui laissaient cependant à désirer des eaux. Celles-ci furent l'objet de dépenses considérables quand on dut s'occuper d'en obtenir, et les moyens d'obtention furent si admira

blement combinés que l'ensemble du système hydraulique qui fut appliqué et dont nous jouissons encore en partie aujourd'hui, est un des objets qui ont fixé et qui méritent de fixer l'attention des Versaillais et des étrangers.

Sous Louis XIII le palais de Versailles n'était qu'un simple rendez-vous de chasse. Ce rendezvous, construit en 1632, fut bientôt converti en un petit château composé d'un corps-de-logis, de deux ailes terminées par quatre pavillons, ayant pour dépendances un petit parc et une ménagerie. La beauté de l'emplacement séduisit Louis XIV, qui, en 1661, commença à transformer ce lieu en un séjour de luxe, de pompe et de grandeur, où toutes les ressources de l'art furent mises en œuvre pour produire des merveilles, et où se trouvaient réunies des illustrations en tout genre. C'est en 1682 que Louis XIV s'établit avec sa pompeuse cour dans ce palais, et c'est depuis cette époque jusqu'en 1715 que notre ville fut dans toute sa gloire et sa splendeur. Cette année, la cour quitta Versailles, qui devint fort solitaire et triste sous tous les rapports, pour n'y revenir qu'en 1722, lors de la majorité de Louis XV, où elle resta pendant tout le règne de ce roi et pendant celui de l'infortuné Louis XVI, jusqu'au 5 octobre 1789, époque mémorable pour les Versaillais, puisque depuis ce temps cette cité, jadis si animée, devint peut-être la ville de France la moins vivante et la plus abandonnée, chargée du poids des plus beaux souvenirs qui rendaient à nos pères la situation plus pénible

encore.

I. PARCS ET JARDINS ROYAUX.

Parc de Versailles et Parc du grand Trianon.

Le magnifique parc de Versailles, dessiné par Le Nôtre, fut le premier effort de l'art des jardins considéré dans toute la pureté d'un goût exquis fondé sur la convenance des harmonies. Ce genre, tout spécial et remarquable par le grandiose qu'il déploie, est le type du jardin français. Le pare du grand-Trianon, dû au même artiste, fut encore une création de ce temps, ainsi que l'était le superbe parc de Marly, à un myriamètre de Versailles, dont il ne reste que quelques souvenirs et des monceaux de pierres recouverts de ronces et de ces végétaux sauvages qui cachent la nudité d'une ruine trop significative.

L'auteur de ces jardins a fait preuve de goût et de talent; il a su procéder avec cet esprit de con

cordance par lequel un ensemble acquiert du caractère et de la majesté. Un jardin français dont la disposition bien comprise se trouve en parfaite harmonie avec celle des bâtiments auxquels il se rapporte, donne du développement et de la grandeur au lieu. Pour le palais de Versailles, dont l'architecture nécessitait des dépendances qui présentassent un caractère analogue, il était conséquent de disposer le terrain environnant et sa plantation dans le même style, afin d'obtenir un ensemble parfait environné de noblesse et de magnificence qui fût digne du séjour des grandeurs royales de l'époque. Il y a eu dans la coordination de cet ensemble une juste appréciation des choses et de leur valeur et un sentiment exquis de l'art, qui décèle de grandes idées et un besoin incessant de la réalisation de pensées qui étaient suggérées par le temps, les hommes et les lieux. On critique ce jardin, ou plutôt le genre, qui comporte sans doute moins de variété que tout autre dans le tracé, dans les plantations, et l'on entend quelquefois dire à des hommes qui ne paraissent manquer ni de jugement ni de goût, qu'il eût été mieux de faire du parc de Versailles et de celui du Grand-Trianon de beaux jardins anglais. Il est incontestable que ces derniers ont toujours plus de grâce, de fraîcheur, de gaîté et de vie que les jardins français dont la froide symétrie détruit l'illusion, où tout s'aligne, et qui laissent d'un point quelconque apercevoir leurs bornes, sans même donner la satisfaction de les deviner ou de les supposer; on accuse enfin ces jardins d'inspirer par leur monotonie la tristesse à ceux qui les par

courent.

On se trompe assurément, et c'est parce qu'on juge de la forme sans penser au fond. En portant un jugement aussi sévère sur une des admirables créations de l'époque, on oublie ou l'on ne comprend pas le sentiment de l'harmonie qui rectifie singulièrement le jugement, tout en le dirigeant. Quelque agréable et délicieux même que soit un jardin anglais, et quelque séduisant que soit ce genre appliqué partout où il convient de le faire, 'il est loin de suffire dans tous les cas. Quelque puissantes que soient les ressources de l'architectedécorateur, elles sont insuffisantes pour donner à un jardin anglais le caractère qui convient à certaines situations exceptionnelles dépendantes des hommes, des choses, du temps, et qui sont subordonnées à une infinité de considérations que les

grands génies seuls peuvent comprendre, calculer, raisonner et atteindre.

Un jardin anglais n'aura certainement jamais les mêmes ressources de grandeur et de pompe quand

il sera exécuté sur un terrain dont les bâtiments desquels il dépend et qui le nécessitent, ont un caractère qui entraîne à leur suite toutes grandes et larges choses. A Versailles il y avait de l'imposant dans la disposition architecturale des bâtiments, les jardins devaient naturellement ne pas s'éloigner du genre de majesté qui est imprimé au palais. Il y aurait un contraste trop dissonant si le parc était un jardin anglais. Et d'ailleurs, en remontant à l'époque de sa création, on comprend que tout se ressentait du même caractère qui se remarque même dans les plus petits détails; il y avait grandeur et harmonie, et le goût était dirigé par la nécessité des grandes choses: les conceptions avaient de l'avenir, de la profondeur, et les idées qui surgissaient étaient vastes, sans manquer de cette portée de fixité, de fécondité et de consistance. Que signifierait le jardin des Tuileries, celui du Luxembourg et même le Squarre du PalaisRoyal, si, au lieu de ces nobles et belles plantations à la française qui décorent dignement ces lieux, on trouvait un séduisant Neuilly, un sauvage Morfontaine, un solitaire Ermenonville ou un gracieux Mouceaux? Que seraient les Champs-Elysées, les promenades de Rheims et tant d'autres promenades publiques, si, au lieu de ces plantations majestueuses qui procurent un délicieux ombrage, on voyait des allées sinueuses, des bouquets épars, des groupes, des arbres isolés, des pelouses qui composent un lieu de promenades semblable à celui de la Ménagerie, compartiment du Jardin du Roi, qui est disposé en jardin anglais. Il est vrai de dire qu'un jardin français, dans un terrain exigu, ou dans un terrain entourant une coquette et simple maison de campagne, serait aussi disgracieux qu'un jardin anglais devant le palais de Versailles. Je dois dire aussi que la vogue des jardins français a eu son temps, et que partout, à l'imitation de ce qui se faisait dans les domaines de la couronne, on créait de ces sortes de jardins que nous retrouvons encore, assez rarement il est vrai, dans quelques anciens enclos. Ce genre a été si propagé alors que, dans toutes les propriétés seigneuriales de l'époque, chez les grands et chez les seigneurs de la cour, il avait la priorité.

Quoique le tracé de ce jardin soit d'une assez dif

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