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avec une ardeur toujours nouvelle à CHAP. XXI. leur avancement dans la vie & la perfection chrétienne.

D. La Confeffion trop fréquente des péchés véniels ne peut-elle pas

auffi avoir des inconveniens ?

R. Oü, elle en peut avoir. Car 1o. elle eft caufe que plufieurs perfonnes emploient à éxaminer leur confcience, à atendre auprès d'un confeffionnal, ou à parler à un Confeffeur un tems fort confidérable qu'elles pourroient fouvent mieux emploier. 2°. Cela eft caufe que les Confeffeurs manquent fouvent du tems qui leur feroit néceffaire, pour confeffer à loifir les pécheurs & travailler à les convertir; à quoi les Pafteurs doivent principalement faire atention, comme étant plus fpécialement chargés du falut de leurs Paroiffiens. 3. Il eft à craindre que ces Confeffions trop fréquentes, ne donnent lieu à des ataches trop humaines envers un Confefleur. 4°. Plufieurs fe repofent tellement fur ces Confeffions fréquentes de leurs péchés véniels, qu'ils négligent l'oraifon, l'aumône, la mortification, & les autres moiens que tout Chrétien

CHAP. XXI.

doit emploier pour fe délivrer de fes péchés véniels, & fans lefquels la Confeffion des péchés véniels devient inutile ou nuifible.

D. Quel confeil eft-il donc à propos de donner aux perfonnes qui font profeffion de piété ;

R. Tout ce que l'on peut dire en général, c'eft qu'il faut garder un certain milieu, en forte que leurs Confeffions ne foient ni trop fréquentes,

ni trop rares, ni trop diffufes, nitrop précifes. Il y en a qui tirent plus de fruits de la Confeffion fréquente des péchés véniels; il y en a d'autres, qui en tirent d'avantage en s'en confeffant plus rarement. Plufieurs fe tourmentent exceffivement au fujer de la contrition de leurs fautes vénielles, & d'autres au contraire ne travaillent point affez à s'y exciter. Quelques-uns décendent dans un trop grand détail,ne fe donnant aucun repos, s'ils n'ont déclarés toutes ces fautes, même les plus légeres, avec les circonstances, les ocafions, les motifs, la durée, &c. Plufieurs au contraire, ne s'acufent que des péchés plus groffiers, de ceux qui aprochent davantage du péché mortel,

ou

ou de ceux qui font extérieurs, & CHAP. XXI. négligent les autres, furtout ceux qui font purement intérieurs. En tout cela il faut éviter les deux extrémités, & tâcher de garder un certain milieu. D. Entre les péchés véniels, quels font principalement ceux que l'on doit déclarer en Confeffion?

R. 1°. Ce font ceux dont on n'a une plus vive Contrition. 2°. Ce font principalement ceux qui peuvent avoir des fuites plus fâcheufes, & qui difpofent davantage à des chûtes mor telles; comme l'omiffion de la priere, certaines négligences de fes devoirs, la fréquentation de certaines perfonnes, ou de certaines compagnies capables d'éteindre peu à peu la piété, & de précipiter une ame dans un grand découragement & dans des déréglemens confidérables.

D. Quelles font les perfonnes a qui la Confeffion fréquente des péchés véniels eft plus utile?

R. Ce font les perfonnes en qui l'on remarque ces trois difpofitions. 1. Qui s'aprochent du tribunal de la Pénitence avec un grand défir de fe corriger, qui y aportent à chaque fois une grande douleur des péchés

Tome I.

Y

CHAP. XXI. qu'ils confeffent, & qui, après la Confeffion, travaillent avec ardeur à éviter ces péchés.

dévote, part. 11, ch. 19.

D. Qui font ceux qui abusent de la Confeffion des péchés véniels?

R. Ce font ceux, qui n'ont ni une douleur fincere de les avoir commis, ni un véritable défir de s'en corriger. Aiez toujours, dit faint FranIntroduc- çois de Sales, un vrai déplaisir des tion à la ve péchés que vous confesserez, pour petits qu'ils foient, avec une ferme réfolution de vous corriger à l'avenir... Car c'est un abus de fe confeßer de quelque forte de péché, fait mortel, fait véniel, fans vouloir s'en purger, puifque la Confeffion n'eft inftituée que pour cela. Les péchés véniels font la matiere éloignée de ces Confef fions fréquentes dont nous parlons la Contrition de ces mêmes péchés véniels, en eft la matiere prochaine & effentielle, fans laquelle l'Abfo lution ne peut être valide. D'où il fuit néceffairement, que ceux qui s'a prochent fouvent du tribunal de la Pénitence, & qui ne fe confeffent que de ces fortes de péchés véniels, doivent , pour éviter de rendre le Sacrement nul, détefter ces fautes

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vénielles, qui en font la matiere é- CHAP. XXI. loignée, pleurer & gémir de les avoir commifes, & travailler fincerement à les éviter. Or cette pénitence continuelle des péchés véniels, détruit Fatache volontaire qu'on y peut avoir, & empêche ordinairement d'en commettre de propos délibéré. Car ła douleur, la haine & la déteftation de ces péchés, eft incompatible avec Famour & l'afection volontaire pour ces mêmes péchés. D'où il s'enfuit de plus, que pour fe confeffer de ces péchés véniels avec les difpofitions néceffaires, il faut veiller fur foi, obferver ces fautes, les combattre, & n'en commettre, au moins ordinairement, que par fragilité, par inadvertance & par foibleffe. On voit par-

, quel jugement on doit porter de certaines perfonnes dévotes qui fe: confeffent une ou deux fois la femaines, & qui ne laiffent pas de demeurer dans une vie affez oifive; de conferver de l'atache à beaucoup de petites vanités; de médifances, de railleries contraires à la charité, demurmures, d'impatiences, dont jamais elles ne fe repentent & ne veulent fe torriger, qu'au moment qu'il faut s'en

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