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CHAP. XXI. confeffer. Alors elles produifent; comme elles fe l'imaginent, des actes de Contrition; c'est-à-dire, qu'elles ont alors de la douleur, de la haine, & du reg et de ce qu'elles ont toujours aimé & aimeront encore; qu'elles font dans la volonté & la réfolution de ne plus faire ce qu'elles ont toujours fait; & ce qu'incontinent après elles continueront de faire. Cette dévotion eft plûtôt un jeu, qu'un éxercice sérieux de Pénitence. Cette prétendue Contrition qui ne dure qu'un moment, & qui ne produit aucun fruit, eft une illufion; on ne connoit la fincérité des difpofitions du cœur, que par les fruits & les éfets. On ne doit point croire que Dieu ne change la volonté, que pour des momens; ni que l'amour & la haine vers le même objet, la douleur & le plaisir, se falfent place fi aisément dans un cœur. Il faut cependant prendre garde de ne pas trop éfraïer les ames qui aiment fincerement Dieu, & qui one un véritable défir de le fervir, par la crainte de faire des Confeffions nulles & facriléges. Car il n'eft guére poffible, que ces perfonnes n'aient

quelque douleur de leurs fautes vé- CHAP. XXI. nielles, & quelque défir de s'en corriger; & d'ailleurs pourvû qu'elles aient la Contrition de quelques-uns des péchés véniels qu'elles confeffent, le défaut de Contrition à l'égard des autres, ne rendroit

nulle.

pas

l'Abfolution

D. Comment doit-on fe conduire envers des perfonnes qui vivent fort chrétiennement & qui fe confeffent fouvent, & en qui souvent on ne trouve point de fautes certaines, ou en qui on ne trouve que des fautes très-légeres; eft-il à propos de leur donner toujours l'Abfolution?

R. Il paroît alors plus à propos de ne leur donner qu'une fimple Bénédiction, en difant: Mifereatur tui &c, Indulgentiam, abfolutionem,&c. & de réferver l'Abfolution pour les fautes dont un Confeffeur verra qu'elles ont un défir plus éfectif de s'abftenir, & les envoier ainfi communier. Il ne semble pas néanmoins à propos de les avertir, qu'on n'a point jugé néceffaire de leur donner l'Abfolution, de crainte qu'elles ne négli gent ces fautes, comme fi elles n'éFoient de nulle conséquence, & qu'el

CMAR, XXI. les ne conçoivent quelque fentiment

de vanité.

D. Quel's motifs peut-on propofer aux fidéles, pour les exciter à détefter les péchés véniels?

R. On peut leur propofer quelques unes des vérités fuivantes. 10, Le moindre péché véniel ofenfe un Dieu infiniment grand & infiniment bon, qui nous a comblé de toute forte de bien, malgré notre indignité & nos infidélités. 2°. Par le péché véniel, nous préferons en quelque forte le fini à Finfini, la créature au Créateur, notre volonté injufte & déréglée à la volonté de Dieu infiniment jufte & fainte; un plaifir ou un inrerêt de néant, à un dégré à une gloire & d'une félicité éternelle , que nous aurions pû aquérir par notre fidélité. 3. La moindre ofenfe commife contre Dieu, eft un plus grand. mal, que tous les maux temporels que peuvent endurer les créatures. 4°. Les péchés véniels ont contribué à la mort de Jefus Chrift; puifqu'i eft mort pour les expier & pour les détruire; & qu'on n'obtient le don d'aucun péché, foit mortel, foi véniel, que par la vertu de fon fang

par

& de fa mort. 5o. Le peu de cas CHAP. XXE que nous faifons du péché véniel, & notre négligence à nous en corriger, & à nous en purifier par les bonnes œuvres, nous mettent, felon les faints Peres, dans un état très-dangereux, & défigurent notre ame, & la difpofent à la mort, en afoiblif fant en nous l'amour de Dieu, en fortifiant notre amour propre & nos mauvaifes inclinations, en éloignant de nous les graces & les faveurs fpéciales de Dieu, fans tefquelles enfin on tombe dans le péché mortel. Celui qui fait fi peu de cas de Dieu, mérite bien que Dieu auffi faffe peu d'état de lui. 6°. Le péché véniel qui n'aura pas été expié en ce monde, fera puni en l'autre par les peines du Purgatoire, qui font fans comparaifon plus grandes, que toutes les peines qu'on peut endurer en cette vie.

CHAP.XXII.

CHAPITRE XXII.

Des conditions ou difpofitions dont la
Confeffion facramentelle doit
étre acompagnée.

D.

AVec quelles difpofitions doit

on s'aprocher du tribunal de

la Pénitence?

R. Avec les mêmes difpofitions avec lefquelles on voudroit fe préfenter à l'heure de la mort au tribunal de Jesus-Chrift, regardant le Prêtre comme tenant véritablement fa place.

D. Quelles font les conditions, ou difpofitions, dont la Confeffion facramentelle doit être acompagnée ?

R. On les peut réduire à ces trois, l'humilité, la fincérité, & la prudence. Ce font les difpofitions principales avec lesquelles un Pénitent doit confeffer fes péchés au Prêtre.

D. Pourquoi dites-vous qu'il faut confeffer fes péchés avec humilité?

R. Parce que l'on doit déclarer fes péchés, non avec une certaine indiférence, comme un homme qui raconteroit.

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