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XXIV.

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CHAPITRE D. Et-il à propos qu'un Confef feur parle d'abord de Confeffion générale à une perfonne qu'il confefle pour la premiere fois, & qu'il reconnoît avoir toujours vêcu en état de péché?

e

R. Cela ne paroît point à propos, 1. Parce que ces fortes de pécheurs ne font pas encore pour l'ordinaire en état d'écouter un tel avis; foit parce qu'ils s'imaginent qu'il fufic qu'ils aient éxactement confeffé tous fes péchés qu'ils ont commis jufqu'afors, foit parce que la peine qu'ils entrevoient dans une Confeffion géné tale, les rebute & les éfraie. 2o, D'ailleurs ils font ordinairement peu dif posés dès la premiere fois, à faire comme il faut une Confeffion générale; connoiffant encore peu la grićveté de leurs péchés, & étant peu afermis dans la réfolution de changer entierement de vie. Il paroît donc plus à propos, qu'un Directeur s'aplique premierement à leur prefcrire les remedes néceffaires, pour les corriger des péchés qu'ils ont déclarés dans Ieur Confeffion particuliere; & après ce premier amandement, il travaillera à les conduire à un amandement

XXIV.

général, par le moien de la Confef CHAPITRE hion générale. Et quand même ces fortes de pécheurs demanderoient d'eux-mêmes à faire d'abord uneConfeffion générale ; il paroît plus à propos que le Confeffeur leur repréfente, qu'il ne faut point fe preffer dans une afaire qui eft de fi grande importance; qu'il faut auparavant travailler à leur entiere converfion, à détruire leurs mauvaises habitudes, à fortifier la bonne volonté que Dieu leur a infpirée; que c'eft-là le point effentiel à quoi il faur premierement & principalement s'apliquer. Si on leur ordonne d'abord de faire une Confeffion générale, ils s'ocuperont prefque uniquement à rechercher & à déclarer tous les péchés de leur vie, & ne'penferont point à en gémir, à prier, à fe mortifier, & à obtenir de Dieu le don d'une folide converfion. Il eft de plus à craindre, qu'ils ne fe portent avec tant d'ardeur à faire une Confeffion générale, que parce qu'ils s'imaginent qu'auffi-tôt qu'ils l'auront achevée, ils doivent recevoir l'Abfolution; & qu'après l'avoir reçûë ils pourront vivre dans un grand repos, fans avoir plus rien à craindre,

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CHAPITRE & fans être obligés à penfer à leur vie paffée comme fi c'étoit avoir tour fait, que d'avoir déclaré tous leurs péchés à un Prêtre. Si le Prêtre après avoir entendu leur Confeffion géné rale, ne les trouve pas fufifanment difposés, & leur difere l'Abfolution, ils s'impatientent, ils la demandent avec importunité, & fouvent commencent à fe relâcher & à fe négliger.

D.

CHAPITRE XXV.

De l'Examen des Pénitens.

Es Confeffeurs font-ils obligés d'interroger les Pénitens ? R. Il eft certain qu'une grande partie des Pénitens ne connoiffent point leurs fautes foit parce qu'ils font ignorans & trop groffiers, foit parce qu'ils font aveuglés par leurs paffions, par les coûtumes pernicieuses, par les mauvais éxemples, & les fauffes maximes qui régnent dans le monde. Si donc les Confeffeurs n'interrogent ces perfonnes, ils ne penferont point à s'acufer de ces fautes, & moins

encore à s'en corriger. 11 eft de plus CHAP. XXV, certain que la honte empêche plu fieurs de déclarer leurs péchés, fi un

Confeffeur ne les aide en les interrogeant. De tout cela il eft aisé de conclure que les Confeffeurs font obligés de les interroger. Car 10. Le Confef feur étant le Miniftre du Sacrement de Pénitence, il eft obligé en cette qualité de prendre garde, que rien ne manque à la matiere du Sacrement qu'il adminiftre; autrement il expofe le Pénitent, & s'expofe lui-même à profaner ce Sacrement. La Confeffion de tous les péchés mortels faifant donc partie de la matiere néceffaire & effentielle du Sacrement, le Confef. feur eft obligé de faire ce qu'il pourra, afin qu'elle foit entiere de la maniere dont Jefus-Chrift l'a ordonné. 2°. Le Confeffeur étant le difpenfateur du Sang de Jefus-Chrift, il eft obligé d'éxaminer fi ceux à qui il aplique ce Sang, aportent toutes les difpofitions que Jefus-Chrift deman de. 39. Etant établi Médecin des ames, il eft obligé de s'étudier à découvrir leurs maladies, pour travailler à leur guérifon : Or la médecine ne guérit pas les maux qui ne font

CHAP. XXV. point connus. 4°. La qualité de Juge qu'il éxerce en ce Sacrement, l'oblige encore à interroger les Pénitens ; car un Juge qui n'éxamine point sérieusement le fond d'une afaire, dont il eft chargé, & où il s'agit des biens & de la vie d'un homme, péche en ce qu'il s'expofe à prononcer une fentence injufte & pernicieuse.

D. Surquoi un Confeffeur doit-il éxaminer les Pénitens ?

R. Sur toutes les chofes qui font néceffaires pour la digne réception du Sacrement de Pénitence. Or on les peut réduire toutes à ce qu'il faut croire, à ce qu'il faut efpérer, à ce qu'il faut aimer, à ce qu'il faut faire; & à ce qu'il faut omettre en vertu des obligations générales du Chriftianisme, ou en vertu des obligations particulieres de l'état, de la condition, ou de l'emploi où l'on est engagé.

D. Un Confeffeur eft-il obligé d'interroger toutes fortes de perfonnes?

R. Il n'eft obligé d'interroger, que lorsqu'il y a lieu de craindre, que, fans cet éxamen, le Pénitent ne reçoive mal le Sacrement, foit en n'y aportant point les difpofitions requi

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