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R. Non. On ne le peut; car cette CHAP. VII. douleur fincere qui forme la Contrition parfaite ou imparfaite, doit être une déteftation & une haine véritable du péché. Or la déteftation & la haine portent à la destruction de ce qu'on détefte, & de ce qu'on haït, & infpire le défir de le détruire fi on peut; de forte que ceux qui n'ont pas une véritable volonté de détruire en eux le péché, peuvent tout au plus avoir de la douleur de la peine du péché, mais non du pé

ché même.

CHAPITRE VII.

De la douleur du péché, & des condidoit avoir cette douleur

tions que

Uelle eft la premiere difpo

Pfition que doit enfermer tou

te Contrition parfaite, ou imparfaite ?

R. C'eft la douleur & la détestation des péchés paffés.

D. Quelles conditions doit avoir cette douleur qui eft effentielle à toute véritable Contrition, même à la

CHAP. VII. Contrition imparfaite, qu'on apelle communément Atrition?

R. La douleur du péché qui eft effentielle à la Contrition, & même à l'Atrition, doit néceffairement avoir ces quatre qualités ou condi tions. Elle doit être intérieure, furnaturelle, générale, & fouveraine; en forte que fi cette douleur manquoit d'une feule de ces quatre con ditions, elle ne feroit plus une véri– table Contrition ou Atrition, ni une difpofition fufifante au Sacrement de

Pénitence.

D. Qu'entendez-vous quand vous dites que la douleur d'avoir ofensé Dieu doit être intérieure ?

R. J'entens qu'il ne ne fufit pas de penfer, ou de dire qu'on eft faché d'avoir ofenfé Dieu; mais qu'il faut que le cœur foit véritablement pénétré de douleur, en quoi plufieurs fe trompent. Car, comme nous l'avons déja dit, la douleur fincere du péché n'eft point une action de l'efprit, mais une action du cœur, ou de la volonté; puifque cette douleur n'eft autre chofe que la haine & la déteftation du péché. Or plufieurs prennent l'idée ou la penfée que leur efprit s'eft

formé de cette haine, & de cette CHAP. VII: déteftation, pour cette haine même & pour cette déteftation ; & croient par exemple avoir fait un véritable acte de Contrition ou d'Atrition; parce qu'en apliquant leur entendement à penfer au péché, ils ont conçû que le péché étoit un grand mal. Mais il arrive fouvent que l'efprit connoît clairement le mal & le condamne, connoît clairement le bien & l'aprouve, fans pour cela que le cœur ou la volonté ait cette haine & cette déteftation du péché, ou cet amour fincere du bien. Video meliora proboque, deteriora fequor. On met Dieu par la pensée de fon efprit au dessus de tous les biens & de toutes les créatures; on met de même le péché par la pensée au-deffus de tous les maux; parce qu'en apliquant un peu fon esprit à ces objets, on connoît clairement que Dieu est un bien qui mérite d'être préferé à toutes chofes, & que le péché eft un mal qui eft plus à craindre que tous les autres maux; & fur cela on s'imagine que dès-lors le cœur aime Dieu par deffus toutes chofes, & le préfere éfectivement à tout, & que la

CHAP. VII. volonté déteste le péché plus que tous les autres maux. On aura de même dans l'efprit l'idée & les motifs de l'humilité, de la douceur, de la patience; & parce que l'efprit aprouve & eftime ces idées & ces motifs, on s'imagine auffi - tôt qu'on a dans le cœur & dans la volonté les vertus d'humilité, de douceur, & de patience; & on s'imagine qu'on produit des actes véritables d'humilité, toutes les fois qu'on aplique fon efprit. à penfer atentivement aux motifs & au prix de l'humilité. Mais fouvent tout cela n'est que dans l'efprit, & non dans le cœur, ni dans la volonté, où il fe trouve fouvent des dif pofitions fort diférentes. Video meLora proboque, deteriora fequor.

D. Qu'entendez-vous quand vous dites que cette douleur d'avoir ofenfé Dieu doit être furnaturelle ?

R. J'entens que la douleur de fes péchés doit venir de la grace de Dieu, & non de quelque motif naturel; car la douleur de celui qui feroit fâché d'avoir ofenfé Dieu à caufe que fon péché lui a fait perdre fon bien, fa fanté, fon honneur, est une douleur toute humaine, toute naturelle,

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Mach, Ca

& ne fauroit être une digne difpofi- CHAP. VII. tion pour recevoir la rémiffion de fes péchés. C'eft ainfi que la pénitence d'Antiochus quoiqu'acompa- 9. gnée de tant & de fi magnifiques promeffes, fut rejetée de Dieu; parce que ce Prince ne déteftoit fes péchés qu'à caufe des maux dont Dieu le puniffoit. Telle eft auffi la douleur de plufieurs perfonnes qui s'aprochent du Tribunal de la Pénitence. Une femme, par exemple, s'acuse avec une douleur amere & avec larmes d'avoir dit des injures à son mari; mais c'eft le fouvenir des mauvais traitemens que fes emportemens lui ont atirés, & non l'ofenfe qu'elle a commife contre Dieu, qui l'atendrit & lui fait verfer des larmes. Une fille pleure en confeffant fa faute; mais c'est la vûë de la honte, de l'infamie, & des embarras où fa chûte l'a jettée, qui lui caufe une douleur fi vive. Les pauvres en confeffant leurs larcins, répandent des larmės, & jettent de profonds foupirs; parce que leur pauvreté & leur mifere qui les ont porté à voler, fe présente en même tems à leur efprit, & que le fentiment de

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