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CHAPITRE miracles de fa puiffance, de ceux qui XXXI. persécutent fes dons & fes graces dans les autres : Que les vertus du prochain, bien loin de nous nuire, fupléent à notre pauvreté fpirituelle, & que nous aurons part toutes les bonnes œuvres, par la charité & par la joie que nous en aurons: Qu'il y a quelquefois plus de mérite à aprouver le bien que font les autres, & à en remercier Dieu, que fi on le faifoit foi-même; puifqu'il paroît en cela plus de charité, plus d'humilité, & plus de défintéressement.

20. On obligera le Pénitent à demander à Dieu tant de fois par jour qu'il beniffe le travail de celui qui est l'objet de fon envie, & à le remercier lorfqu'il aura réussi.

3°. On obligera le Pénitent à protester devant Dieu, qu'il défire d'être indiférent à tout, excepté la conformité à fa fainte volonté à lui remettre entierement le fuccès de tout ce qu'il qu'il eft fouvent utile que nous ne réülliffions pas devant les hommes : & on l'obligera à demander fouvent à Dieu, qu'il le faffe entrer dans ces fenti

mens.

entreprendra,reconnoiffant

XXXI.

49. On lui défendra de jamais blâ- CHAPITRE mer ou critiquer ceux à qui il porte envie; de crainte que fous prétexte de zéle, il ne fatisfaffe fa paffion. On l'obligera au contraire à les louer dans les ocasions en tout ce qu'il pourra; à leur rendre service, particulierement dans les chofes où il ne voudroit pas qu'ils réüffiffent.

Pour la Colere.

Si le Pénitent eft fujet à la colere, à la haine, ou à la vengeance. 10. Il faut l'obliger à méditer ou réflechir fouvent fur ces vérités: Que la colere eft indigne d'un homme raifonnable; mais infiniment plus indigne d'un Chrétien, d'un difciple de Jefus-Chrift, qui réduit tout ce qu'il nous a enfeigné, à aprendre de lui la douceur & l'humilité: en difant: Aprenez de moi que je fuis doux & Matth. c. 1 humble de cœur, & vous trouverez le repos de vos ames. Que c'eft une chofe monftrueufe de voir rugir comme un lion, celui qui fait profeffion

رو

(a) Difcitè à me, I venietis requiem aniquia mitis fum, & mabus veftris. Math. humilis corde: & in-cap.11. V, 29.

V. 19

XXXI

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CHAPITRE d'être membre de celui qui s'eft 'affe égorger comme un agneau fan; fe plaindre, & fans ufer de men ces. Que c'eft une horrible injuftice, que des pécheurs dignes de toutes les humiliations, & de tous les tourmens de cette vie & de l'autre, ne puiffent foufrir qu'on choque leur volonté qu'on les humilie, & qu'on leur fasse quelque outrage; pendant qu'un Dieu foufre avec tant de patience, que nous contredifions fes plus faintes volontés & que nous commettions mille outrages contre fon infinie Ma jefté Que tout le mal que nos ennemis nous ont fait ou voulu faire, devroit être pour nous un fujet de joie ; puifque l'Ecriture déclare heureux ceux qui foufrent injuftement. Que c'eft être infensé & cruel envers foimême, que de vouloir du mal à celui qui nous en veut; puifque c'eft vouloir nous damner, parce que notre ennemi fe damne; puifque c'eft devenir meurtrier de notre ame, & précipiter certainement notre corps & notre ame dans un feu éternel. Qu'on ne conçoit point de haine contre un malade, qui dans l'ardeur de la fiévre ou de la phrénefie, nous frape ou nous

CHAPITRY

outrage qu'au contraire on lui por- XXXI. te compaflion; & qu'on atribue tout ce qu'il fait à la violence de fon mal. Et que de même un Chrétien, qui a de la foi, au lieu de concevoir de la haine contre un ennemi qui l'a outragé ou maltraité; devroit lui porter compaffion, n'être touché que du

mal

que cet ennemi commet contre Dieu qu'il ofenfe; & du mal qu'il fe fait a foi-même, en perdant fon ame par cette haine, qui est une maladie mortelle, & une maladie dans laquelle nous pouvons tous tomber, fi Dieu, par une miséricorde fpéciale ne nous en préferve. Qu'aiant tant de fois mérité l'Enfer, Lieu a droit de fe fervir de ce qu'il lui plaira pour nous punir, & pour nous humilier; & que de quelque part, & de quelque maniere que les maux nous arrivent, c'eft Dieu qui -nous les envoie, pour nous faire faire notre enfer en cette vie. Que quand un homme qui ne nous a jamais fait que du mal, feroit par lui même indigne de notre amour; nous le devons aimer pour Dieu, pour Jefus-Chrift, pour notre interêt,pour nous-mêmes, & pour les biens infinis qui nous reviennent de cet amour; fçavoir le par

XXXI.

CHAPITRE don de nos péchés, la délivrance des peines de l'Enfer, & la poffeffion du Roiaume des Cieux: puifque JefusChrift nous déclare fi fouvent, que le pardon de nos péchés eft ataché particulierement à l'amour de nos ennemis; & que quiconque leur refufe fon amour, s'opofe aux miséricordes de Dieu fur lui. Que ce n'eft pas trop demander à des Chrétiens qui font enfans de Dieu, membres de JesusChrift, & héritiers du Roiaume des Cieux, d'éxiger qu'ils aiment leurs ennemis; puifque felon Jesus-Christ, cela fe réduit à demander d'eux qu'ils foient plus vertueux que les Paiens & les Publicains, qui aiment auffi leurs amis; & qu'ainfi celui qui n'aime que -fes amis, doit être mis au rang des Paiens,& non des Chrétiens; & que toute fa bonté eft femblable à celle des ferpens & des viperes, qui ne font point de mal à ceux qui ne les ataquent point. On n'aporte ici tant de raifons diférentes, que parce que les Confeffeurs en ont un befoin conti<nuel.

2o. On ordonnera au Pénitent de fe préparer contre la tentation de la colere, prévoiant les ocafions qui

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