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CHAPITRE
XXXI,

Voiez ce que nous avons dit an Chapitre XVIII, touchant la néceffité de la méditation, ou de la confidération; où nous avons montré, que fi on n'acoûtume les pécheurs à méditer, à confidérer,& à réflechir fouvent fur les vérités qui font les plus propres,pour leur faire connoître la grandeur de leurs péchés, & la profondeur de leurs miferes & de leur indignité; tous les remedes & toutes les pratiques extérieures de pénitence qu'on leur preferira, deviendront inutiles, ou leur ferviront peu. (a) » Que les médecins des ames: (dit le favant » Soto) confiderent ce qu'ils font, »lorfqu'ils n'impofent que des Péni»tences extérieures & corporelles, (quoiqu'ils ordonnent auffi des prie«res vocales) & qu'ils n'ordonnent point des confidérations & des réflexions intérieures dans lefquelles fe trouve la vraie piété, qu'ils doi

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(a) Videant ita-1 & nihil de internâ que fpirituales medi- confideratione,ubi veci quid agant, cum ra pietas eft, aut doexterna quædam, & quafi corporalia exercitia tantum injungunt (etfi præcipiant orationes vocales,)

cent, aut admonent, aut præcipiunt infir mis. Petr. de Soto lect. 6. de ratione mes dendi peccatis.

vent enfeigner & recommander aux « perfonnes qui font encore foibles * dans la vie Chrétienne.».'

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CHAPITRE XXXII.

Que les Pénitens doivent toujours conferver le fouvenir de leurs pe chés paffez, & vivre jufqu'à la -mort dans des fentimens de péni

tence.

D.D

Oit-on recommander auxPénitens de conferver route leur vie le fouvenir de leurs péchés paffés ?

R. Oui ; ce fouvenir leur eft néceffaire pour fe maintenir jufqu'à la mort dans les fentimens d'une vive componction, & d'une profonde hu miliation. Quelque pénitence qu'ils aient faite, ils ne peuvent jamais en Frette vie avoir une pleine affurance d'avoir obtenu une entiere remiffion

CHI

de leurs péchés: Perfonne ne fait, Ecclef. ch. 9. dit l'Ecriture, s'il eft digne d'amour v.1. on de haine. Cela eft encore beatcoup plus vrai, fotfqu'on a eu le malheur de comettre beaucoup de fautes mortelles, & qu'on n'en a fait péniKk äij

XXXII;

CHAPITRY tence que d'une maniere fort lâche, comme la font la plupart des Pénitens de nos jours. Cette incertitude du pardon, , que la pénitence même la plus fervente ne fauroit entieremen diffiper, doit entretenir dans leur cœur des fentimens d'une componction & d'une humiliation, qui ne doivent finir qu'avec leur vie.

Le péché mortel mérite une pénitence & une humiliation éternelle. C'eft celle, à laquelle la juftice de Dieu aflujétit les pécheurs dans les Enfers. Si nous ne pouvons pas rendre notre pénitence & notre humiliation éternelle, n'eft-il pas jufte que nous la rendions la plus longue qu'il nous eft poffible, en vivant dans l'efprit de pénitence & dans des fentifuppl. mens d'humiliation, autant qu'il plai2.4. a. 1. ra à Dieu de prolonger notre vie?

V. S. Tho

mas

L'Ecriture nous ordonne de gémir, de nous humilier, & de craindre pour nos péchés paffés, quand nous faurions même qu'ils nous auroient été pardonnés (4)» Ne foiez point Eccli. ch, S., fans crainte de l'ofenfe qui vous "a été remife". Dieu pardonne les péchés à ceux qui fe convertiffent à

(4) De propitiato metu. Eccli. cap. s. pcccato noli effe fine v. s.

XXXII.

lui de tout leur cœur : mais il veut CHAPITRE qu'ils en gémiffent & qu'ils les pleurent, tant qu'ils feront capables de gémir & de pleurer; c'eft-à-dire, pendant qu'ils font en ce monde. Tel eft l'ordre qu'il a établi. Dieu, felon faintChryfoftome, (a)ne nous a rendu capables de trifteffe & de douleur durant cette vie mortelle, qu'afin que nous pleurions toujours nos péchés. La douleur & les larmes ne remedient point à tous nos autres maux; elles ne font pas recouvrer des richeffes perduës; elles ne retirent pas du tombeau un proche parent ou un ami fidele. Dieu, qui ne fait rien d'inutile, ne nous en a rendu capables, qu'afin que nous nous en fervions refpour fuciter notre ame, & pour recouvrer les richeffes de la grace & de la gloire, que le péché nous avoit ravies.

II. Reg. ch.

David étoit affuré du pardon de fon péché, après que Dieu lui eut fait dire par le Prophéte Nathan; (b) Le Seigneur a transféré votre péché: 12. V. 13. cependant il n'a pas ceffé de pleurer fon péché tant qu'il a vécu : il protef

(*) Triftitiam non ob aliud nobis Deus indidit, folum peccatum.

nifi propter

(b) Tranftulit Do

minus peccatum tu
um. 11. Reg. cap. 12.
ข. 13.

СНАРАТАЕ
XXXII.

Pf. 101. V. 6.

te qu'il a toujours fon péché devant les yeux ; (a) "Mon péché m'eft touPf. so. v. s. jours present..(b)& je ferai toujours Pf. 37. V. 19. coupé de la pensée de mon péché". It déclare qu'à force de gémir, fa peau s'eft colée à fes os; & que fa vie & fes années fe confumoient par la douleur & les gémiffemens: (c) A force de gémir & de foupirer, je n'ai plus « Pf. 30. v. 11. que la peau fur mes os..(d) parce que « ma vie fe confumme par la douleur, " & mes années par des gémiffemens. Saint Paul n'étoit-il pas affuré du pardon de fes péchés, après que Dieu A&. ch. 9. eut envoié Ananie lui dire, (e)« Le Seigneur qui vous a aparu dans le « chemin m'a envoié, afin que vous “ voiez, & que vous foiez remplit du «

7.17.

Ibid. ch. 22. duS.Efprit.... (f) Levez-vous, & re

V. 16.

cevez le batême, & lavez vos péchés. “ A-t-il pour cela ceffé de pleurer fes péchés tant qu'il a vécu? Ne s'eft-il pas toujours regardé,même fur la finde fes

(a) Peccatum meum ] bus. Pf. 30. v. 1Ì. contra me eft femper. (e) Dominus mifit b) Cogitabo pro pec- Jefus, qui apparuit cato meo. P. 5o.v.3. tibi invia. Ut videas, (c) A voce gemitus & implearis Spiritu mei adhefit os meum Sancto..(f)Exurge & tarni mex.(d) Defecit | baptizare, & ablue in dolore vita mea, & peccata tua. A8.cap. anni mei in gemiti- | 9. v. 17.

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