Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XXXIII.

fement la vie, le zéle, la ferveur, les CHAPITRE lames, & les œuvres des Pénitens, avant que de les abfoudre. 2°. Qu'on réconciliera plûtôt ceux qui font pénitence avec plus d'ardeur, & plus tard ceux qui la font avec moins de ferveur. 3°. Que ceux qui n'avoient demandé la pénitence, que dans le tems de la maladie, & qui n'avoient: pû donner d'autres preuves de leur converfion, que par leur gémiffemens & par leurs paroles; s'ils revenoient en fanté feroient mis en pénitence, & qu'on n'auroit point égard à l'Abfolution qu'on avoit été obligé de leur acorder, à raifon du dan ger de mort.

Tout cela prouve que les Conciles & les Peres ont crû, qu'on ne doit point juger de la converfion des pécheurs, par les paroles & les protefta tions des Pénitens; mais par les fruits

&

par les œuvres. Les Peres ont même expreffément enfeigné, qu'une des raifons pour lesquelles l'Eglife avoit réglé le tems & les œuvres de pénitence, étoit afin qu'elle pât, par les fruits de pénitence, connoître la fincérité de la Contrition ou de la converfion des pécheurs, dont on ne Tome I. N

CHAPITRE fauroit bien juger par les paroles, XXXIII. ou par d'autres fignes équivalens, (*)

"

» parce que fouvent la douleur qu'une perfonne a conçûë, eft cachée à une » autre, & qu'elle ne fe rend pas vifible par les paroles, ou par quel» autre figne que ce foit: C'est avec raifon que ceux qui président dans l'Eglife, ordonnent des tems de » pénitence".

[ocr errors]

(b)» Il faut que le Juge* qui ne » voit que ce qui paroît au dehors, re»tienne les pécheurs dans la péni

tineat; donec per ma nifeftum pœnitentiæ fru&tum, qui fit pœnitentis affectus intelligat. Tuo Carnotenfis. Epift. 230.

(a) Quia plerum- ¡ fub peccati pœnâ deque dolor alterius cordis ocultus eft alteri,neque in aliorum notitiam per verba, vel quæcumque alia figna procedit; rectè conftituuntur ab iis qui Ecclefiæ præfunt, tempora pœnitentiæ. ce sujet. Voiez encore 3. Auguft. in Enchi-ce que nous avons cité rid. c. 65. de S. Gregoire fur ces (b) Judex (Sacer-paroles: Faites de didos) qui tantum vignes fruits de pênidet in facie, ufque tence.

adeò

delinquentes

Voiez ce que nous avons dit ailleurs fur

* C'eft-à-dire, le Prêtre fait la fonction de Juge dans le Tribunal de la Pénitence.

XXXIII.

tence, jufqu'à ce qu'il connoiffe par CHAPITRE des fruits évidens de pénitence; « quelles font les difpofitions du cœur « du pénitent".

Én éfet, le petit peuple, quelque ignorant qu'il foit, en ce qui regarde la morale, ne jugera jamais qué les pécheurs foient véritablement convertis,s'ils ne donnent point d'autres marques de converfion, que de belles paroles & de belles promeffes, deftituées des fruits & des œuvres de pénitence..

Or ces œuvres par lefquelles less Confeffeurs peuvent juger de la converfion des pécheurs qui s'adreffent: à eux, font la ceffation du péché, le: rétranchement des ocafions, la pratique fidelle des devoirs généraux du Chriftianisme, & des devoirs particuliers de leur état, les réflexions sérieufes fur la grandeur de leurs pé-chés ; l'amour de la priere, de la role de Dieu & de la vie retirée; la: privation de certaines chofes permi fes; la mortification, foit de l'efprit, foit du corps; l'humilité & la docili té à fe laiffer conduire..

pa

Au refte il faut faire de la diférence entre les pécheurs. Car on doit de

XXXIII.

CHAPITRE mander davantage de ceux qui ont commis de plus grands crimes, de ceux qui font tombés dans des péchés qui font d'une plus grande ténacité, & dont il eft plus dificile de fe detacher; comme le font les péchés extérieurs d'impureté; de ceux qui ont croupi plus long-tems dans leurs déréglemens; de ceux qui ont déja trompé l'atente d'un Confeffeur, en violant toutes les promeffes qu'ils lui avoient faites. Voiez ce qu'on a dit ci-devant fur cette matiere.

CINQUIE'ME RE'GLE.

On ne doit point, hors le cas d'une jufte néceffité, donner l'Abfolution à un pécheur, lorfqu'on juge que fa converfion eft douteufe; mais on le peut abfoudre, même avec ce doute, s'il y a une jufte néceffité.

Cette régle a deux parties. La premiere partie, n'eft qu'une conséquence des régles qu'on a établies ci- devant; & on l'a expreffément prouvée en établiffant la feconde régle. Lafeconde partie, eft fondée sur la pratique des Peres, qui donnoient l'Abfolution aux Pécheurs, qui, fe trouvant

XXXIII.

dangereufement malade, recouroient CHAPITRE aux Miniftres de l'Eglife; quoique les Peres aient conftanment enfeigné, que la converfion & le falut de ces fortes de perfonnes, étoient fort douteux. Mais dans cette néceffité; (a) nous donnons bien l'Abfolution, dit faint Auguftin, mais nous ne donnons pas la fureté, ni l'assurance du falut. Un Médecin pécheroit griévement, fi pouvant donner à un malade un remede certain, il lui donnoit un remede douteux ; ou, fi fans néceffité il hazardoit la vie de fon malade, en prévenant le tems auquel le remede pourroit être certainement falutaire. Mais s'il ne peut fecourir ce malade que par des remedes incertains; dans cette fâcheufe néceffité, il doit les lui donner. Car il eft certain que quelque douteux que puiffe être un remede, il faut le donner au malade, plutôt que de le laiffer certainement périr. Il est aisé de faire l'aplication de. ceci aux Confeffeurs, qui font les Médecins des ames; & d'en conclure, que la conduite de ceux qui précipitent indifcretement l'Abfolution,

(a) Pœnitentiam non damus. S. Aug. damus; fecuritatem

« AnteriorContinuar »