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CHIP. VII. leurs maux & de leurs peines tempo relles leur arrache des foupirs & des larmes.

D. Que faut-il faire pour avoir cette douleur furnaturelle produite par la grace du Saint-Efprit?

R. Il faut la demander à Dieu trèsinftanment & très-fouvent, comme la plus grande grace que Dieu puiffe faire au pécheur.

D. A quoi faut-il donner plus d'aplication, ou à éxaminer fa confcience, pour trouver le nombre de tous fes péchés, ou à demander à Dieu une douleur fincere, & une véritable Contrition?

R. Il faut incomparablement don ner plus d'aplication à demander à Dieu la grace d'une véritable Contrition; car c'est la partie la plus effentielle, & celle qui manque le plus fouvent; en quoi plufieurs fe trompent, qui donnent prefque tout leur tems, & prefque toute leur aplication, à rechercher en détail le nombre & les circonstances de leurs péches.

D. Que devroient donc faire les pécheurs quelques jours avant que de fe confeffer, pour obtenir de la

miséricorde

miséricorde de Dieu cette véritable CHAT. VIII. douleur ?

R. Ils devroient la demander à Dieu par beaucoup de prieres & de gémiffemens, par des aumônes, par quelques pratiques de pénitence, & par une vie plus retirée.

CHAPITRE VIII.

Suite des qualités, ou conditions que doit avoir la douleur du péché.

D.

Q

U'entendez-vous quand vous dites que la douleur d'avoir ofensé Dieu doit être générale & univerfelle ?.

R. J'entens que cette douleur doit. s'étendre fur tous nos péchés, au moins fur tous les péchés mortels : car celui qui détefteroit tous, fes péchés mortels, excepté un feul, pour lequel il conferveroit de l'afection,, n'auroit point une douleur telle que toute Contrition parfaite ou imparte doit nécessairement enfermer."Şa converfion feroit fauffe, parce qu'elle ne feroit pas entiere & de tout le cœur; puifqu'il ne renonceroit pas

Tome I.

D

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CHAP. VIII.

tout péché mortel, & que tout péché mortel sépare l'ame de fon Dieu, la rend ennemie de Dieu, & lui donne la mort.

D. Quels font les péchés dont la douleur & la déteftation manque ordinairement à ceux qui ont commis ces péchés ?

R. Ce font 1. Les péchés que l'on n'a commis que pour éviter quelque grand mal, ou que pour fe procurer quelque établissement confidérable dans le monde. Car la douleur & la déteftation du péché n'eft autre chofe qu'une trifteffe & un répentir d'avo'r mal fait, qui difpofe tellement la volonté d'une perfonne, que s'il étoit dans fon pouvoir de faire revenir le p ffé, & d'empêcher que ce qui a été ne fût pas arrivé, elle endureroit tous les maux, & foufriroit la privation ou la perte de toute forte de biens, plutôt que de commetre les mêmes péchés. Or il est très-dificile & très-rare que ceux qui ont péché pour éviter de grands maux, ou pour fe procurer de grands biens dont ils jouiffent encore, foient dans cette difpofition. Par exemple, ceux qui ont fait un faux ferment

pour éviter quelque grand mal, ne CHAP. VIII. fauroient le repréfenter les ocasions, & les circonstances qui les ont engagés à fe parjurer, qu'ils ne fe fentent dans les mêmes difpofitions où ils étoient pour lors. Un Oficier ou un Gentilhomme qui a préfenté ou acepté un duel pour éviter quelqueinfamie ou la perte de fon emploi, au lieu de détefter ce qu'il a fait, au lieu d'en fentir de la douleur & du repentir; il en a de la joie quand il y penfe, & fe fent difposé à faire les mêmes péchés, fi les mêmes ocafions & les mêmes circonftances fe: préfentoient. Il eft rare qu'une fem-me qui par fon incontinence eft parvenue à une haute fortune, foit vraiement pénétrée de douleur, & d'un fincere repentir de fon crime. Il est rare qu'un Ecléfiaftique fe repente: fincerement d'une fimonie, par le: moien de laquelle il a obtenu un Bé-néfice confidérable dont il jouit. 2°.. On peut mettre au même rang ceux: qui ne fe trouvent plus dans les oc-fions de commetre certains péchés, fans •que leur vertu ou l'horreur du péché les en ait retirés ; par éxemple,, des concubinaires, ou autres perfon-

CHAP. VIII. nes semblables à qui on aura trouvé moien d'obtenir difpenfe pour se marier. Car fi on ne les avoit point mariés, ils ne fe feroient point séparés, mais auroient continué dans ces commerces inceftueux; & s'ils éxaminoient sérieufement les replis de leur ame, ils pourroient remarquer que cette mauvaise volonté demeure Toujours au fond de leur cœur, & que les difpofitions du cœur ne font point changées, quoique leur état & leur condition extérieure foient changés. 3°. Il y a certains péchés qui font comme atachés à certaines conditions, dont il eft rare que ceux qui y font fujets aient une véritable douleur, & dont fouvent on ne fauroit qu'avec beaucoup de peine leur faire comprendre la griéveté & le danger. Par éxemple, le luxe des habits, des emmeublemens, de la table, fi condam

par l'Ecriture & les Peres, est fouvent un péché mortel; parce que pour fournir à ce luxe, on viole plufieurs Commandemens effentiels on retient les gages des ferviteurs & des ouvriers; on ne paie point fes dettes, & on se met en état de ne pouvoir les paier; on fe met hors d'état de

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