premier lit, ce qui cause toujours de grands défordres dans une famille; n'avoir pas foin de leur bien, comme du fien; leur faire injultice.

Les péchés, que les autres Supérieurs temporels on Ecléfiaftiques peuvent commettre à l'égard de leurs inférieurs, font à peu près les mêmes. On ajoutera feulement ici, qu'il faut avoir grand foin d'aprendre aux Maitres & aux Maitreffes l'obligation où ils font, de paier les gages de leurs domestiques avec fidélité; de ne fe point prévaloir de leurs néceffité pour. leur donner trop peu de gages; de les affifter, autant qu'ils le peuvent, dans leurs maladies; & qu'ils doivent méme les récompenser libéralement, proportion de leurs facultés, & à proportion des fervices, que ces domeftiques leur ont rendus.

V. COMMANDEMENT.

à

Dieu par ce précepte nous défend d'ôter la vie au prochain. Or par cet+

te vie il faut entendre & la vie du corps, qu'on lui ravit par l'homicide corporel; & la vie de l'ame, qu'on lui ravit par le scandale, en le portant Qq üj

au péché, qui fait perdre la vie de la grace, ce qui eft un homicide fpirituel. Sous l'homicide corporel on comprend auffi la haine, ou la volonté de nuire à la personne du prochain: s. Jean, 1. Car celui qui hait fon frere, est un Ep.ch.3.v.15 homicide, dit faint Jean. Et comme Dieu ne nous défend pas feulement le mal, mais qu'il nous commande auffi le bien qui eft oposé à ce mal; en nous défendant par le cinquiéme précepte de faire ou de vouloir du mal à la perfonne de notre prochain, il nous commande auffi de l'aimer; c'est-à-dire, de lui fouhaiter du bien, & de lui en faire dans les ocafions, en l'affiftant dans fes befoins fpirituels & corporels ; ce qui fe fait par la pratique des œuvres de miséricorde, & furtout par l'aumône, par la correction fraternelle, & le fuport des défauts du prochain.

Pour ne rien oublier de ce qui regarde ce Commandement, le Confeffeur pourra fuivre cet ordre. Il éxaminera fon Pénitent. 10. Sur le défaut d'amour ou d'afection intérieure pour le prochain. 2°. Sur l'omiffion des œuvres de miséricorde fpirituelles ou corporelles, & principalement fur le

fuport des défauts du prochain, fur l'aumône, & fur la correction fraternelle. 39. Enfuite il l'éxaminera fur la haine & tous les éfets qu'elle produit dans l'efprit, dans la volonté, dans les fens; comme les yeux, les oreilles, la langue, & les mains. 4o. Enfin il l'éxaminera fur le fcandale.

Péchés contre le cinquiéme Com
mandement.

peut

Demeurer dans un état d'indiférence à l'égard du prochain, fe contentant de ne le pas hair. Etre infenfible au bien & au mal, qui lui arriver. Ne l'aimer pas d'un amour Chrétien, c'est-à-dire, par raport Dieu & à Jefus - Chrift; ne l'aimer, que par raport aux liaisons naturelles & temporelles qu'il peut avoir avec nous, ou par raport à notre interêt, à notre plaifir, comme font les Paiens. Penfer peu au grand Commandement que Jefus Chrift nous a fait, de S. Jean ch. 3. nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés lui-même ; c'eft-à-dire de vivre toujours difpofez à tout faire, & à tout foufrir pour le falut éternel du prochain. N'avoir pas foin de

Qq iiij.

V. 16.

demander à Dieu, qu'il nous établiffe dans cette difpofition. Méprifer les autres à caufe de la baffeffe de leur condition, à caufe de leur pauvreté, &c. Ne les eftimer & ne les regarder, que par raport à foi-même & à fon utilité particuliere,comme font fi fou vent les Grands & les Riches du fiécle, qui s'imaginent que les autres ne font au monde que pour eux, qui ne mettent point de diférence entre leurs domeftiques & leurs animaux ; qui ne les ménagent, que quand ils craignent de n'en point trouver d'autres qui les fervent fi bien; & qui les abandonnent, lorfque la maladie ou leur vieilleffe les a mis dans l'impuiffance de leur rendre tous les mêmes fervi

ces.

Suporter avec patience la foibleffe, la rufticité, & les autres défauts du prochain. Refufer de lui donner confeil, de le proteger, de le confoler, de l'affifter de fon induftrie & de fon crédit. L'afliger en même tems qu'on lui rend fervice, en acompagnant fes bienfaits de manieres rebutantes, de reproches, &c.

Négliger l'aumône, la regardant comme une œuvre qui n'est pas d'une

46.

Matth. ch.

fi étroite obligation, fans penfer que Jesus-Chrift envoiera les Réprouvés dans le feu éternel, principalement pour avoir négligé de la faire. Ne pas donner aux pauvres tout fon fuperflu, 25. v. 45. & c'est-à-dire, tout ce qui n'est pas néceffaire pour vivre honnêtement dans fa condition fans luxe & fans cupidité. Ne pas redoubler fes aumônes dans les néceffités extraordinaires, dans les tems de famine, de froid exceffif, &c. Se mettre dans l'impuiffance de faire l'aumône, ou dans l'impuiffance de la faire à proportion de fon bien & des befoins des pauvres ; parce qu'on confume une grande partie de son bien au jeu, en dépenfes inutiles, à s'élever par ambition : & négliger, fous prétexte qu'on ne peut pas affifter les pauvres & les misérables par des aumônes corporelles, de les affifter en d'autres manieres; en compatiffant à leur mifere fpirituelle & corporelle, en les inftruifant, les confolant, les vifitant dans leurs maladies, en leur procurant quelque fecours; & furtout en priant Dieu pour eux, afin qu'il leur donne la grace de faire un bon ufage de leur mifere, & qu'il infpire aux riches la volonté de les affifter: