perfonne n'eft difpensé de cette forte d'aumône.

Manquer de corriger ou de repren dre fon prochain, lorfqu'on y eft obligé. Le reprendre avec aigreur & fans garder les mesures de la prudence & de la charité. Etre infenfible à de grands péchés, ne témoigner par aucune marque ni par aucun figne qu'on les défaprouve; témoigner même par quelque foûris ou par quelqu'autre figne qu'on les aprouve, quoiqu'on les condamne dans fon cœur. Pouvoir remédier à quelque défordre ou prévenir le crime, en avertiffant les parens, les maîtres ou les maîtreffes, un Curé ou autres Supérieurs, & ne pas faire par crainte, par négligence, ou par d'autres raifons humaines. Entretenir dans fon efprit des pensées de haine, de colere & de vengeance contre quelqu'un. Satisfaire fa vengeance, en roulant dans fon efprit certaines fupofitions malignes, en s'imaginant qu'on lui dit du mal, ou qu'on lui en fait, ou qu'on pourroit en telle rencontre lui dire ou lui faire tel ou tel mal, quoiqu'on n'ait pas deffein d'en venir à l'éxécution. Souhaiter à quelqu'un la mort, ou

le

le

quelqu'autre mal par vengeance ou autrement. Se réjouir de fon mal, s'atrifter de fon bien. Etre dans la difpofition de lui dire ou de lui faire quelque mal, ou de lui en procurer; communiquer aux autres ces mêmes fentimens.

Refufer de voir quelqu'un, de le faluer, de lui adreffer quelques paroles. Sortir d'un lieu ou d'une compagnie, lorfqu'il y vient.

Prendre plaifir à en entendre dire du mal. Engager adroitement les perfonnes à commencer, ou à continuer ces fortes de difcours.

Dire des injures à quelqu'un en fa préfence ou en fon abfence. Refufer de fe réconcilier avec fon ennemi; refufer de faire par foi-même ou par autrui quelques démarches d'honnêteté, qui pourroient arrêter la haine & les autres péchés d'un ennemi, & gagner à Dieu. Porter les autres à la vengeance, en les piquant d'honneur, en leur reprochant leur lâcheté, en leur donnant de mauvais confeils. Exciter ou fomenter des inimitiés, des querelles ou des divifions par des raports vrais ou faux ou en quelqu'autre maniere. Plaider avec

le

rancune & fans charité. Maudire les Princes, Magiftrats, Confuls Parens, Voifins, &c. les beftiaux ou autres choses.

Se rendre malade ou altérer confidérablement fa fanté, en faisant des excès, ou en mangeant des chofes abfolument contraires à la fanté, ou en refufant de manger par entêtement. N'avoir pas foin de fe ménager, durant la groffeffe, fe bleffer, caufer quelque dommage à fon fruit, foit en portant des fardeaux trop pefans, ou en prenant des récréations trop violentes, ou en quelqu'autre maniere. E toufer fes enfans, ou s'expofer à les étoufer, en les faifant coucher dans fon lit avant l'an & jour. Faire du mal au prochain,endommager ses champs, maltraiter fes beftiaux, le battre, le bleffer par foi-même on par autrui. Procurer un avortement, y coopérer. Se battre en duel, ofrir ou accepter un duel, ou être difposé dans le fond du cœur à l'ofrir ou à l'accepter, fi certaines circonftances arrivent ; ce qui eft vivre toujours dans un état de damnation.

Scandalifer les autres par fes emportemens, juremens, &c. leur a

fes

prendre à commettre certains péchés; les y porter par fes follicitations, par fon fecours, par fes confeils, par fes railleries, par fes flateries, par louanges, apellant le mal un bien, & de bien un mal. Ne pas réparer le fcandale qu'on a donné, en faisant fon poflible par foi-même ou par autrui pour détourner du mal ceux qu'on a fcandalisés, en leur donnant bon éxemple à l'avenir, en priant & en faifant prier pour eux.

VI. & IX. COMMANDEMENS.

Dieu par ces deux Commandemens nous défend tout ce qui peut blesser la chafteté. Or on peut bleffer cette vertu par toutes les puiffances de fon ame, par tous fes fens, & par tout fon extérieur : c'est-à-dire,par l'efprit, en fe livrant à des pensées impures; par la volonté, en s'abandonnant à des défirs lafcifs; par la vûë,en voiant ou lifant; par l'ouie, en écoutant; par la langue, en difant ou chantant des chofes deshonnêtes; par le toucher, en prenant fur foi-même,ou fur autrui des libertés indécentes; par tout l'extérieur, c'est-à-dire, par des geftes,

des poftures, des jeux, ou des manieres de s'habiller contraires à la modeftie. On peut auffi bleffer la chafteté en coopérant à l'impureté des autres.

Péchés contre le fixiéme & neuviéme Commandement.

S'arrêter volontairement à des pen. sées deshonnêtes ; c'est-à-dire, s'y arrêter avec connoiffance & avec plaifir,& n'y pas renoncer auffi-tôt qu'on les aperçoit, quoiqu'on ne défire pas de les éfectuer.

On demandera au Pénitent s'il s'eft ocupé de quelque perfonne en particulier, & quelle perfonne, fille ou femme, parente, ou alliée, ou confacrée à Dien. On demandera encore, fi ces pensées ont causé des mouvemens deshonnêtes dans le corps, ou quelqu'au tre défordre encore plus grand.

Donner ocafion à ces fortes de pensées. Rapeller dans fon efprit des fonges deshonnêtes. Raifonner en foimême fur des fupofitions contraires à la pudeur;ou fur des chofes, qui quoique innocentes en elles mêmes, conduifent à des pensées & à des mouvemens deshonnêtes. Réfifter'à ces fortes