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tout bien utile au falut, capables de tomber dans toutes fortes de péchés, indignes de toutes fortes de graces, & dignes de toutes fortes de mauvais traitemens; car fans ces fentimens, on ne fauroit être humbles. N'être pas fidele à raporter à Dieu la gloire de tout ce qu'on peut avoir ou faire de bon. A voir en horreur toutes for tes d'humiliations. Mentir pour les

éviter.

Vouloir éxcéler & paroître au deffus des autres par la naiffance, les richeffes, la beauté, les habits; pour l'efprit, la doctrine, la piété. Se réjouir par une vaine complaifance pour foi-même d'avoir ces avantages; méprifer ou traiter avec fierté ceux qui qui ne les ont point; fe plaire dans les honneurs & les louanges qu'on en reçoit; en parler par un efprit d'oftentation & de vanité.Etre opiniâtre, ne vouloir point céder au jugement des autres, n'obéir qu'avec résistance & en répliquant. Rechercher l'eftime, T'honneur & laréputation par l'amour de ces chofes, & non parce qu'elles font néceffaires pour fervir utilement le prochain. Raporter le gros de fa' vies toutes ou prefque toutes fes pen

sées,

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sées, deffeins & actions à l'amour de
la gloire; y mettre par ce moien fa
fin principale, en faire fon bien prin-
cipal & fon Dieu. Défirer de s'élever
au-deffus de fa condition, ou d'y
élever fes enfans par l'amour de fa
propre grandeur, & non par l'amour
de l'utilité publique. Etre hypocrite,
voulant paroître meilleur que
est, faisant des actions de piété pour
être eftimé & pour plaire aux créatu-
res. On a parlé ailleurs de ce vice,
page 36 2. & suivantes.

Avarice.

l'on

Regarder la pauvreté de cœur ou le détachement de toutes les chofes temporelles, non comme une dispo fition effentielle au falut, mais comme un confeil; quoique Jefus-Chrift ait dit exprefsément que quiconque. ne rononce pas de coeur & d'afection) à tout ce qu'il poffede, ne peut pas étre fon difciple.

Avoir le cœur ataché aux biens de ce monde, quoiqu'on les ait aquis par des voies légitimes, & quoique d'ailleurs on fafle une dépenfe pro Fortionnée à fa condition. RaporLER Tome I.

Tt

Luc ch. 14.

le gros de fa vie, fes pensées, fes
foins, toutes ou prefque toutes les ac-
tions au défir d'amaffer du bien; ou fe
croire heureux, parcequ'on poffède des
richeffes ; y mettre la joie & fa con-
fiance; n'avoir pas de plus grande
crainte que d'en être privé; & par ce
moïen en faire fon Dieu, & devenir
idolâtre, felon l'expreffion de l'E-
criture. S'épargner le néceffaire par
trop d'atache qu'on a au bien. S'efti-
mer malheureux, parce qu'on eft pau-
vre, défirer des richeffes, y atacher
les afections de fon cœur.

On voit facilement par ce petit éxa-
men, que les pauvres comme les ri-
ches, & la plupart des Chrétiens font
avares, & cependant prefque perfon
ne ne le croit être ; & on ne pense
prefque pas même à s'éxaminer sé-
rieufement fur ce point.

Luxure.

La Luxure eft un amour déreglé
des plaifirs de la chair & des fens.
Dans l'éxamen des péchés qu'on peur
commettre contre le fixiéme Com-
mandement de Dieu, on a fufifan
ment parlé de l'amour des plaifirs im-

purs, qui eft la pricipale efpece de la -luxure. Mais il y a d'autres voluptés que ces plaifirs honteux & déshonnêtes, fur lesquelles le Confeffeur interrogera fon Pénitent.

Mener une vie molle, douce, commode & inutile, une vie de joie, de bonne chere, de jeu, de promenades, de vifites, de divertiffement; c'est être plongé dans l'amour des plaifirs des fens, c'est par conséquent être luxurieux ; c'eft felon l'Ecriture, vivre de la vie des fens, & non de la vie de la foi; c'eft mener une vie de reprouvé, comme on l'a montré au ch. 4. page 24. &suivantes, & au ch. 31. page 366. & fuivantes Et c'ett à quoi on doit faire une atention par ticuliere.

Envie.

Etre envieux; c'eft s'atrifter des avantages temporels ou fpirituels du prochain; fe réjouir de fes niaux : ne pouvoir foufrir qu'avec peine qu'on de loiie, décrier fon induftrie, fes marchandises pour empêcher qu'on ne s'adreffe à lui. Ce vice eft directement contraire à la charité que Dieu nous Commande d'avoir pour le prochain,

laquelle nous porte à nous réjouir de fes avantages fpirituels & temporels comme des nôtres. On en a fufisanment parlé fur le cinquiéme & le fep- tiéme Commandement de Dieu. On en a auffi parlé au chap. 31. page 369. & fuivantes.

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Gourmandife.

Manger pour le feul plaifir, & non pour obéir à la volonté de Dieu, & pour fe mettre en état de le fervir. manger trop & au-delà de la néceffité. Manger avec avidité, dévorant, pour ainfi parler, les viandes. Manger des chofes trop exquifes.Murmurer, s'im patienter, quand les viandes ne font pas aprétées felon fon goût. Manger fans régle. Manger hors le repas fans un véritable befoin, & fans aucune néceffité. Manger des chofe nuifibles à fa fanté, pour fatisfaire fon goût.

Boire pour le feul plaifir. Boire fans régle, fans aucun befoin & fans.nécellité. Boire jufqu'à s'enyvrer, ou jufqu'à troubler notablement la raifon. Porter les autres à le faire, y contribuer, donnant du vin à ceux qu'on voit s'enyvrer, foit par inte

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