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ARTICLE I.

Circonftances qui ont préparé à ce témoignage, & qui l'ont accompagné.

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CHAPITRE
XXVIII,

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Lorfque » Jefus-Chrift vint au Jour- Matthe 3. 136 dain trouver Jean pour être baptifé par lui, Jean tâcha de l'en empêcher, » en lui difant: c'eft moi qui ai befoin » d'être baptifé par vous, & vous ve"nez à moi. Mais Jefus lui répondit : » laissez - moi faire pour cette heure; car c'eft ainfi qu'il faut que nous accompliffions toute juftice: alors Jean » ne lui réfifta plus.

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Il est donc certain que faint Jean connoiffoit alors Jefus-Chrift pour ce qu'il étoit, & que ce ne fut pas la defcente du Saint-Efprit en forme de Colombe après le batême qui le lui fit connoître. Et il eft certain par confequent qu'il avoit vû dans un autre tems le même Efprit defcendre & demeurer fur lui, puifqu'il devoit le reconnoître à ce figne, comme Dieu le lui avoit revelé en l'envoïant baptifer & prêcher la pénitence: Je ne le con- lean. 1.3%; » noiffois pas, dit-il, mais celui qui 33. & 34 » m'a envoïé baptiser dans l'eau,m'a dit;

» celui fur qui vous verrez defcendre

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PARTIE
III.

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» & demeurer le S.Efprit, eft celui qui baptife par le S.Efprit.J'ai vû le S. EL prit defcendre du Ciel, comme une » Colombe & demeurer fur lui. Je l'ai » vû & j'ai rendu témoignage qu'il eft. » le Fils de Dieu ». Ce témoignage néanmoins relatif perfonnellement à Jefus Chrift, ne fut pas rendu public avant fon batême; & Jean lui conferva le fecret, jufqu'à ce qu'il vînt luimême par fon humilité le forcer à le publier.

Ces circonstances que l'on confond quelquefois, fervent à éclaircir l'hiftoire, & à faire voir que Jefus-Chrift avoit déja été reconnu par faint Jean avant fon batême, à un figne tout femblable à celui qui le fuivit; que ce fut pour cela que la résistance de faint Jean fut grande & publique; & que cette réfistance contribua fans doute beaucoup à rendre tous les fpectateurs attentifs à Jefus-Chrift & à lui.

Le nombre de ces fpectateurs étoit grand, puifque, felon un Evangeliste, tout le peuple s'empreffoit alors de recevoir le batême, (a) & qu'il y avoit déja du tems que les vives exhortations

(a) Cum baptifaretur omnis populus, Jesu baptisato & orante, apertum eft cœlum. Luc. z. 21.

de faint Jean, & fon exemple portoient CHAPITRE tout le monde à la pénitence.

Et il ne fut pas poffible que ces fpectateurs fuffent diftraits, lorfque le Pere céleste fit entendre fa voix, ni qu'ils en fiffent l'application à un autre qu'à Jefus-Chrift; parce qu'outre qu'ils avoient été préparés par l'humble réfiftance que lui fit faint Jean, à le régarder comme un homme extraordinaire ou même comme le Meffie, cette voix ne se fit entendre qu'après deux circonftances qui le défignoient uniquement l'une que Jefus-Christ fe mit en priere fur la rive du Jourdain immédiatement après fon batême ; ce qui attira les yeux de tout le monde fur lui: & l'autre que le Ciel s'ouvrit au-deffus de lui, (a) & que le Saint Efprit en defcendit fous le fymbole extérieur & fenfible d'une Colombe, &. vint fe repofer fur fa tête; car ce fut alors qu'on entendit cette voix venant » du Ciel: » vous êtes mon * Fils bien» aimé. C'eft en vous que j'ai mis toute ma complaifance.

(4) Apertum eft cœlum, & defcendit Spiritus SanAus corporali fpecie ficut columba in ipfum : & vox de coelo facta eft, I usFilius

meus dile&us, in te com
placui mihi. Luc. 3. 22.

* Σὺ ἐι ὁ ψος με
mon vrai Fils, mon propre
Filius ille meuss (C)

XXVIII.

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Usage qu'un esprit droit & fincere doit faire d'un témoignage fi décifif, rendu dans de telles circonftances. Réponse à quelques objections.

Je fuppofe donc que nous aïons été prefens à ce fpectacle & que nous aïons vû tout ce qui l'avoit précedé : comment aurions-nous pû ne pas regarder Jefus-Chrift comme le Fils unique de Dieu, reconnu pour tel publiquement par fon Pere? Et qu'euffions - nous dû faire après l'avoir adoré en cette qualité, finon de nous abandonner aveuglément à lui, & de l'écouter comme la vérité. même? Nous fçavions que Jean annonçoit depuis long-tems la venue du Meffie, mais en ajoutant qu'il étoit caché dans la foule du peuple, & qu'il lui étoit inconnu à lui-même. Il difoit qu'il étoit defcendu du Ciel & qu'il baptiferoit les hommes par le Saint Efprit; mais il nous laiffoit dans l'at tente & nous tenoit en fufpens. Aujourd'hui le fecret eft découvert : Jean qui traitoit les Juifs & les Pharifiens mêmes de race de viperes, & qui reconnoifloitaque tous fans diftinction" T

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avoient befoin de pénitence, refufe CHAPITRE fon batême à un homme qui le lui de- XXVIII. mande, s'humilie devant lui comme devant celui qui doit le purifier, & avouë ainfi publiquement qu'il eft le Meffie dont il a été le Précurseur, & dont il a parlé fi long-tems. Pouvonsnous, après une fi longue attente & une fi longue préparation, ne pas être touchés d'une déclaration fi publique & fi défirée ? & ceux qui en font témoins avec nous, peuvent-ils y être indifférens, ou n'y faire aucune attention ?

:

Les yeux de tous fuivent cet homme que Jean n'a baptifé que par obéiffance; il fe met en priere au fortir du Jourdain. Nous le regardons tous en cet état avec une attention nouvelle. Le Ciel s'ouvre une Colombe qui en defcend vient fe repofer fur fa tête: nous commençons dès-lors à comprendre, qu'il eft lui-même defcendu du Ciel, & dans le tems que nous fommes pleins de cette pensée, nous entendons une voix célefte qui ne peut être que celle du Pere éternel qui le reconnoît pour fon Fils bien-aimé, feul objet de fon amour & de fa complaifance. Nous eft-il permis alors de le méconnoître ? & un tel aveuglement feroit-il même poffible? Tiij

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