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» traire; & Jesus voyant que fes Disciples avoient grande peine à ramer,

رو.

» vint à eux à la quatrième veille de

CHAPITRI
XXI.

* Vers le

» la nuit marchant fur la mer. Les Dif- point du jour. ciples le voyant ainfi marcher fur la Marc. 6+ 50. »mer, car ils l'apperçurent tous, fu

رو

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دو

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28.c.

» rent troublés, & ils difoient, c'est » un phantôme, & ils s'écrierent de frayeur. En même tems Jefus leur parla & leur dit: Ayez confiance; Matth. 14 c'eft moi; ne craignez point. Pierre » lui répondit: Seigneur, fi c'eft vous, commandez que j'aille à vous en » marchant fur les eaux. Jefus lui dit : » Venez. Et Pierre defcendant de la barque, marchoit fur l'eau pour aller > trouver Jefus mais voyant un grand »vent il eut peur, & commençant déja à enfoncer il s'écria: Seigneur, » fauvez-moi : & auffi-tôt Jefus étendant la main, le prit & lui dit : Hom» me de peu de foi, pourquoi avez», vous douté? Et étant monté dans la Mare. 6.si. barque, le vent ceffa; ce qui augmen- & 5a, »ta beaucoup l'étonnement & l'admi»ration où ils étoient : car ils n'avoient. ❤ pas fait d'attention fur le miracle des pains, parce que leur cœur étoit aveuglé. Alors ceux qui étoient dans Matt.14.33 » la barque s'approchant de Jefus, l'a

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PARTIE
III.

"

dorerent, en lui difant : vous êtes vraiment le Fils de Dieu.

Plus j'examine cette hiftoire, qui renferme plufieurs miracles, plus la vérité m'en devient fenfible. Premierement, tout le monde fut témoin que les Apôtres monterent feuls dans la barque, & que Jefus-Chrift demeura pour congedier le peuple : ce qui porta le même peuple à lui demander avec étonnement, (a) comment il étoit paffé à l'autre bord.

En fecond lieu, aucune des circonftances ne vient naturellement dans l'efprit. Le miracle de marcher fur les caux dans le tems que la mer eft fort agitée, & que le vent eft violent, ne s'imagine pas. On feindroit bien plutôt qu'on a volé dans l'air, ou qu'on a été tranfporté par un Ange. La demande de faint Pierre, qui eft en fureté dans une barque, de pouvoir auffi marcher fur les eaux pour aller à Jefus-Chrift, ne peut-être fondée que fur ce qu'il lui voyoit faire, & fur la perfuafion qu'il avoit d'ailleurs de fon pouvoir infini. Et fi l'on avoit feint que cet Apôtre marcha fur les eaux, on n'au

(a) Cum inveniffent ei: Rabbi quando huc ve cum trans mares, dixerunt | nisti ? Joan, 6.25.

roit pas feint qu'il eut peur & que fa crainte le fit enfoncer.

du vent, CHAPITRE

XXI.

En troifiéme lieu, fi le fait n'avoit été certain & public, l'Evangelifte n'auroit pas confervé cette parole de JefusChrift qui traite le premier de fes Apôtres, d'homme de peu de foi, & il Matth. 14. ne l'auroit pas écrite dans un tems où 31. fa réputation étoit néceffaire à l'Eglife.

En quatriéme lieu, un autre Evangelifte n'auroit eu garde de dire de tous les Apôtres ensemble, qu'ils n'avoient rien compris (a) dans le miracle de la multiplication des pains, parce que leur cœur étoit aveuglé, & qu'ils y avoient été par conféquent moins attentifs & moins fenfibles que le fimple peuple, qui avoit eu deffein de proclamer Roi Jefus-Chrift, par reconnoiffance & par interêt.

Enfin c'eft une fuppofition abfolument infoutenable qu'une hiftoire fi célebre, fi circonftanciée, qui s'eft paffée à la vûë de tous les Apôtres, qui eft écrite avec toutes les marques poffibles de fincerité, & qui ne peut dé

(a) Afcendit ad illos in navim, & ceffavit ventus ; & plus magisintra fe ftupebant. Non enim intellexe

runt de panibus: erat enim
cor eorum obcæcatum.
Mars, 52.

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plaire que parce qu'elle eft une preuve évidente de la Religion, ne mérite pas une entiere créance.

Mais il faut bien comprendre que Jefus-Chrift ne fait pas de miracle au nom d'un autre, comme les Prophétes ou comme ses Difciples; qu'il les fait tous pour autorifer fa miffion, & pour prouver qu'il eft le Meffie & le Sauveur promis; qu'il les fait comme Fils de Dieu, comme maître de la nature, comme puiffant par fa feule volonté ; qu'il les fait en un mot afin qu'on croye en lui, qu'on mette en lui fa confiance, & qu'on ne donne aucunes bornes à la foi & à l'efperance dont il est l'objet & le terme. Auffi ne trouve-t-il rien que de légitime dans l'adoration qui lui rendent fes Apôtres, & tous ceux qui font dans la barque, & il ne confent pas feulement à être appellé par eux Fils de Dieu : mais il les autorife dans la pensée qu'il le leur a bien prouvé, en marchant fur les flots irrités de la mer, en y faifant marcher fon Apôtre, en ne lui reprochant que de ne s'être pas uniquement fié à fa parole, en le fufpendant au-deffus des abîmes par fa main toute-puiffante; en faifant fucceder fans intervalle, un grand

1

calme à un vent violent & à la tempê- CHAPITRE
te; & en faifant arriver en un inftant à XXI.
l'autre bord la même barque que les
efforts humains & le fecours des rames
n'avoient pû y faire arriver pendant
une longue nuit: car cette circonftan-
ce en eft encore, & elle fert à concilier
une contradiction apparente entre les
Evangeliftes qui affurent que Jefus-
Chrift monta dans la barque, (a) &
faint Jean qui dit que cela ne fut pas
néceffaire, parce que la barque fut tout
d'un coup à terre; ce qui fignifie qu'il
y monta, mais fans befoin, & fans
qu'elle fût pour lui d'aucun usage.

Mon deffein n'eft pas d'expliquer ce
que les miracles de Jefus-Chrift ont de
fpirituel & de fecret, lorfque l'hiftoi-
re n'en reçoit pas un nouveau dégré de
certitude mais lorsque l'efprit fait
partie de la lettre, ou pour parler plus
jufte, lorfqu'il fert non-feulement à
l'éclaircir, mais à la prouver; il eft de
mon devoir de profiter de cet avanta-
ge; car j'ai obfervé que tant qu'on
ne montre que le miracle à des per-
fonnes d'ailleurs judicieuses, elles ont
une fecrette peine de s'y rendre; mais

in

(a) Voluerunt accipere | navis fuit ad terram,
eum in navim, & ftatim quam ibant. Joan, 6.21.

C iiij

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