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XXII.

Il s'enfuit de là clairement que Je- CHAPITRE fus-Chrift eft Dieu, par le raifonnement même des Pharifiens, dont il fuppofe la vérité en s'en faifant l'application. Il ne leur dit pas qu'un autre que Dieu puiffe remettre les pechés : mais il leur prouve par un miracle fenfible qu'il a le pouvoir de les remettre; & ce qu'il reprend dans eux, est de l'accufer de blafphême quand il dit qu'il les remet, au lieu de le croire fur fa parole tant de fois prouvée par les miracles qu'il avoit faits. Il s'enfuit de-là que Jefus-Chrift a un pouvoir égal fur l'ame & fur le corps, puifqu'il guerit avec la même facilité les maladies de l'un & de l'autre. Il s'enfuit auffi de-là qu'il donne quand il le veut les difpofitions interieures qui préparent à la remiffion des péchés, & qu'il n'a befoin ni pour l'ame ni pour le corps d'autres remèdes que de ceux qu'il donne lui-même.

Regardons-le un moment dans cette maifon où il enfeigne, où il guérit, où il remet les péchés, où il juge les hommes & difcerne leurs penfées les plus fecrettes; dans cette maifon où la foule s'empreffe & où l'on doit néceffairement entrer pour être guéri:

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ce qui lui donne tant de reffemblance avec l'Eglife. Mais confiderons furtout dans ce miracle le befoin preffant & indifpenfable d'aller à Jefus-Chrift malgré les obftacles qui paroiffent infurmontables. Si la porte eft inacceffible, il faut monter fur le toît: il faut y faire une ouverture pour aller jusqu'à lui, & juftifier ainfi ce qu'il dit luimême que le Royaume du Ciel fe prend par violence, & s'emporte comme une Ville où l'on entre de force.

ARTICLE I I.

Aveugle de naissance guéri. Circonftances fingulieres qui démontrent la vérité

du miracle.

Lorfque Jefus paffoit dans la Ville de Jerufalem, il vit un homme qui étoit aveugle dès fa naiffance, l'hiJoan. 9. 1. ftoire eft connue de tout le monde ; & fuiv. mais on fçait quel eft mon deffein. J'écris, non pour la répeter, mais pour en montrer la vérité; & c'est l'histoire même qui doit m'en fournir les preuves qui dépendent néceffairement du détail.) Ses Difciples ( qui virent auffi » cet aveugle) lui firent cette deman» de: Maître, eft-ce le péché de cer

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» homme, ou celui de fon pere & de fa
» mere qui eft caufe qu'il eft né aveu-
gle? Jefus leur répondit: Ce n'eft
point qu'il ait peché, ni fon pere ou
» fa mere; mais c'eft afin que
les œu-
»vres de Dieu foient manifeftées dans
» lui. Il faut que je faffe les œuvres de
» celui qui m'a envoyé, pendant qu'il
eft jour. Il viendra une nuit dans la-
quelle perfonne ne peut agir. Tant
que je ferai dans le monde, je fuis la
» lumiere du monde. Ayant dit ces
» mots, il cracha à terre; & ayant fait
» de la bouë de fa falive, il oignit de
; cette boue les yeux de l'aveugle, &
» lui dit : Allez vous laver dans la pif-
» cine de Siloé, dont le nom fignifie
envoyé. Il y alla, il s'y lava, & il en
» revint voyant clair. Ses voifins donc
» &* ceux qui l'avoient vu auparavant
» demander l'aumône, difoient: N'eft-
» ce pas là cet aveugle qui étoit affis &
» qui demandoit l'aumône ? Les uns
répondoient, c'est lui, d'autres di-
» foient, non, mais c'en eft un qui lui
» reffemble: & il leur difoit c'eft
moi-même. Ils lui dirent donc, com-
»ment vos yeux fe font-ils ouverts ?

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* On comme dans le Grec, qui avoient vâ amparau ang qu'il étoit aveugle.

CHAPITRE

XXII.

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Il leur répondit: Cet homme qu'on appelle Jefus a fait de la boue & en a »oint mes yeux, & m'a dit : allez à la » Piscine de Siloé, & vous y lavez. J'y » fuis allé, je m'y fuis lavé, & je vois. » Ils lui dirent, où eft-il? il leur répondit, je ne fçai.

Il ne faudroit, ce me femble, pour des efprits équitables, & en qui le goût de la vérité n'eft point éteint, que le fimple récit que je viens de faire dans les termes mêmes de l'Ecriture, pour les perfuadet. Et je fuis très convaincu que perfonne ne réfifteroit à l'impreffion que les circonstances & la naïveté avec laquelle elles font écrites, font fur la raison, fi le miracle dont il s'agit n'étoit une preuve convainquante d'une Religion dont on veut douter.

1. L'aveugle eft certainement né tel. Tous ceux qui le connoiffent en font témoins; & bien des gens le connoiffent, parce qu'il demandoit l'aumône étant affis dans un paffage public. Nous verrons dans la fuite que fon pere & fa mere l'affureront aux Pharifiens, quoiqu'ils craignent de leur déplaire, & qu'ils évitent de prendre part à un miracle que des hommes puiffans vouloient étouffer.

CHAPITRE

2. L'aveugle ne demande point sa guérifon, comme l'ont fait quelques xxII. autres qui l'étoient devenus par accident: ainfi de fa part l'on ne peut rien foupçonner; & Jefus-Chrift après l'avoir envoyé à la Piscine de Siloé, n'attend pas fon retour pour recevoir la gloire d'un tel miracle, enforte que l'aveugle devenu clairvoyant ne sçait pas où eft allé celui qui l'a guéri. Tout eft donc pur & défintereffé des deux côtés, & la collufion eft impoffible.

3°. C'est la queftion propofée par les Difciples de Jefus-Chrift qui donne occafion au miracle; & cette queftion même eft une preuve que l'aveuglement venoit de naiffance. Mais la réponse qu'y fait Jefus-Chrift eft fi peu conforme à leur idée, & même à celle des autres hommes, qu'il feroit impoffible qu'elle leur. fut venue dans l'efprit, s'ils ne l'avoient entenduë de

fa bouche.

4°. Jefus-Chrift ne fe contente pas d'attribuer le défaut naturel de l'aveugle à une providence particuliere, il dit de plus que c'eft pour la gloire de fon Pere qui l'a envoyé, & pour manifefter fes œuvres que cet homme eft né aveugle afin qu'il le guériffe. Qui a

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