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PARTIE jamais parlé ainfi? Qui auroit ofé le III. penfer de Jefus Chrift même s'il ne l'avoit dit? Car il eft remarquable que ce n'eft point après le fuccès qu'il parle de la forte, que c'eft en s'expofant à être défavoué ( felon l'opinion des hommes, par celui dont il fe dit envoyé, qu'il annonce la preuve future. de fa miffion; & ce qui eft admirable & qui marque bien fa divinité, il s'appelle la lumiere du monde avant le miracle qui doit le prouver, & il fe retire & fe cache même après que le miracle en a été une preuve évidente.

5. Etoit-il naturel d'imaginer què la boue mife fur les yeux d'un aveugle de naiffance lui rendroit la vûë? Auroit

on pû fe figurer un tel moyen, fi peu vrai-femblable, fi contraire même à l'effet efperé, fi propre à aveugler celui qui auroit eû de bons yeux, fi la puiffance & la fageffe de Jefus-Chrift ne l'avoient employé.

6°. N'y avoit-il point d'autre bouë ni d'autre moyen de former du limon, que la pouffiere mêlée avec la falive du Sauveur? Ne reconnoît-on pas à cela la premiere origine de l'homme tiré de la terre, que les mains de Dieu figurerent & qu'il anima du fouffle de

fa bouche. Il manquoit à l'aveugle un organe naturel; le Créateur le lui donne en ajoûtant un nouveau limon à l'ancien & rendant ainfi fon ouvrage parfait.

7°. Mais pourquoi envoyer l'aveugle à la Pifcine de Siloé? Quelle vertu a cette Piscine? Et quel myftere cache fon nom d'envoyé ? Pourquoi mettre de la boue fur les yeux, puifqu'il faudra l'ôter en les lavant? Pourquoi n'eftce qu'après une efpece de fecond aveuglement volontaire, que l'aveuglement naturel eft guéri? Et pourquoi les yeux s'ouvrent-ils quand l'eau de la Piscine fait tomber le limon dont ils avoient été couverts à deffein? Reconnoît-on en cela les penfées des hommes ?

CHAPITRE

8. Etoit-il vrai-femblable qu'un aveugle de naiffance croiroit avec tant de facilité ce que Jefus-Chrift lui difoit; qu'il lui obéiroit fi ponctuellement; qu'il s'expoferoit à la rifée publique en portant fur fes yeux de la -boue, & fe faifant conduite à la Piscine de Siloé, dans l'efperance d'y recouvrer la vûë? N'eft-on pas encore aujourd'hui furpris d'une telle docilité? Et comment donc fe feroit-on imaginé rien de femblable avant qu'il fût arrivé?

XXII.

PARTIE
III.

Il faut bien

peu connoître l'homme, pour le croire capable d'inventer rien de tel, & être bien peu délicat dans le difcernement du vrai & du faux pour s'y méprendre en cette occafion. Mais fi l'on refufe encore de fe rendre, on n'a qu'à fe joindre aux Pharifiens, qui vont faire une exacte enquête du miracle, dans le deffein d'en étouffer, s'ils peuvent, la vérité car je ne crois pas qu'on foit plus en état que des hommes du même tems & fort accredités, pour l'examiner, ni qu'on ait autant de malignité qu'eux pour l'obfcurcir.

ARTICLE III.

Les efforts des Pharifiens pour obfcur cir ce miracle, en établiffent la vérité.

"

Ceux qui avoient appris de l'aveugle-né comment il avoit été guéri, l'amenerent aux Pharifiens; & il est à remarquer que ce jour là étoit celui du Sabbat. » Les Pharifiens l'interro» gerent auffi eux-mêmes, fur la ma"niere dont il avoit recouvré la vûë, » & il leur dit : Il m'a mis de la bouë fur les yeux, je me fuis lavé & je vois. Quelques-uns d'eux dirent: acet homme n'eft point de Dieu, puif

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qu'il

» qu'il ne garde pas le Sabbat: d'autres CHAPITRE

زو

30

» difoient: Comment un méchant hom-
» me pourroit-il faire de tels prodiges?
» & il y avoit fur cela de la division
» entr'eux. Ils dirent de nouveau à
» l'aveugle: Et toi que dis-tu de cet
» homme qui t'a ouvert les yeux? Il
répondit: c'est un Prophete. Les
» Juifs donc ne crurent point que cet
» homme eût été aveugle, & qu'il eût
» recouvré la vûë, jufqu'à ce qu'ils
» euffent fait venir fon pere & fa mere:
» & ils les interrogerent en ces termes :
» Eft-ce là votre fils
que vous dites être
»né aveugle? comment donc voit-il
» maintenant ? Le pere & la mere leur
répondirent: Nous fçavons que c'eft
» là notre fils, & qu'il eft né aveugle:
» mais nous ne fçavons comment il
» voit maintenant, ni qui lui a ouvert
» les yeux, c'est ce que nous ne sça-
vons pas, il a affez d'âge, interrogez-
le, il répondra bien lui-même pour
» lui. Son pere& fa mere parlerent ain-
» fi parce qu'ils craignoient les Juifs :
» car les Juifs avoient déja confpiré &
» arrêté entr'eux, que quiconque re-
» connoîtroit Jefus pour être le Chrift
» feroit chaffé de la Synagogue. Ils ap-
pellerent donc une feconde fois cet
Tome III.

رو

رو

رو

F

XXII.

PARTIE
III.

* C'est-à

de

دو

» homme qui avoit été aveugle, & lul dirent: rends* gloire à Dieu; nous fçavons que cet homme eft un pédire, avone» cheur. Il leur répondit: S'il eft péla vérité en la » cheur, je n'en fçai rien. Tout ce que présence Dien. »je fçai, c'eft qu'étant auparavant aveugle, je vois maintenant. Ils lui » dirent encore: Que t'a-t-il fait ? & » comment t'a-t-il ouvert les yeux ? Il » leur répondit: Je vous l'ai déja dit, » & vous l'avez entendu; pourquoi

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voulez-vous l'entendre encore une fois ? Eft-ce que vous voulez devenir auffi fes Difciples? Ils le maudirent donc, en lui difant: Sois toi-même » fon Difciple, mais pour nous, nous » fommes les Difciples de Moïfe. Nous fçavons que Dieu a parlé à Moïfe; > mais pour celui-ci, nous ne fçavons " d'où il eft. Cet homme leur répondit: » C'est ce qui eft étonnant que vous ne fçachiez d'où il eft, & cependant il m'a ouvert les yeux... Depuis que le monde eft, on n'a jamais oui dire » que quelqu'un ait ouvert les yeux à » un aveugle-né. Si cet homme n'étoit point de Dieu, il ne pourroit rien faire de tel.) Ils lui répondirent: Tu n'es que péché dès le ventre de ta mere, & tu te mêle de nous enfei

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