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fonnemens humains, cette efpece de fcandale (4), ils auroient crû tout perdre que d'affoiblir l'efficace de la Croix par le mêlange de quelques autres moïens, & qu'ils étoient perfuadés que Dieu aïant choifi l'ignominie & la Croix pour convertir le monde, & pour le rendre fidéle, c'eût été vouloir reformer fon deffein, & condamner fes pensées, que d'attendre de l'éloquence & de la fageffe humaine, la foi & le falut qu'il lui avoit plû d'attacher à la Croix & aux opprobres de fon Fils.

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Quoiqu'ils fißent beaucoup de miracles; ils n'attribuoient qu'à la croix de JefusChrift l'efficace de leur parole.

Je confidere en troifiéme lieu que les Apôtres, à qui le pouvoir des miracles avoit été donné, & qui faifoient des prodiges fans nombre, ne partageoient point entre la preuve des miracles, & l'efficace de la Croix, le fuccès de leur prédication: mais qu'ils l'attribuoient tout entier à la vertu toute puiffante de Jefus-Chrift crucifié, » qui nous a été donné de Dieu (a) Ergo evacuatum eft fcandalum crucis? Gal. 5. 1y

(G iiij)

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CHAPITRE

1V.

PARTIE
Iv.

» dit faint Paul, pour être notre fageffe, »notre justice, notre fanctification &

1. Cor. 1. »notre rédemption: afin que felon qu'il

30.

دو

eft écrit: celui qui fe glorifie, ne se "glorifie que dans le Seigneur : » les miracles n'ayant d'effet que celui qu'il leur donne, & pouvant laiffer dans l'incredulité & dans l'endurciffement tous les Juifs & tous les Gentils, comme ils y ont laiffé une infinité de Juifs & de Gentils.

ARTICLE I V.

Oppofitions de tout genre au fuccès de l'Evangile multipliées dans le fiécle des Apôtres, qui triomphent de toutes, & qui étoient pleinement perfuadés qu'ils en triompheroient.

douté

Je confidere en quatrième lieu que fur cette perfuafion que Jefus-Christ crucifié n'avoit befoin que de-lui-même & de fa croix pour fe foumettre tout l'Univers, les Apôtres n'ont pas un feul moment que leur prédication ne lui affujettît tous les efprits & tous tes Empires, malgré le regne de l'Idolâtrie qui ne fut jamais plus dominante; malgré la fauffe philofophie, qui avoit paffé de la Grece dans l'Italie, & qui

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IV.

Le partageant en deux fectes contraires, CHAPITRE
d'Epicuriens & de Stoïciens, alors très-
célébres & très-communes, oppofoit
ou la volupté, ou l'orgueil au progrès
de l'Evangile; malgré la corruption d'un
fiécle noïé dans les délices, & infini-
ment ennemi de la prédication de la
Croix; malgré la difpofition générale
où étoient alors tous les efprits, qui
avoient de l'étude & de la politeffe, de
n'aimer que les chofes agréables, dites
d'une maniere ingenieufe & fpiri-
tuelle, & plus propres à nourrir la
curiofité & les autres vices de l'efprit
qu'à les guérir, malgré le mépris
univerfel, où les Juifs étoient déja
tombés, & malgré la prévention où
l'on étoit à Rome, en Grece & par
tout ailleurs, contre tout ce qui ve-
noit de leur part; enfin malgré l'in-
difference où étoient alors prefque
toutes les perfonnes habiles par rapport
à la Religion, aïant affez de lumiere
pour découvrir la fauffe, fans fe met-
tre en peine de chercher la vraïe, &
aïant paffé de l'excès où l'on croit tout,
à l'excès oppofé où l'on ne croit rien.

PARTIE

Iv.

ARTICLE

V.

Les Apôtres ont fait en très-peu de tems un progrès inoui fans employer aucun moïen humain.

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Je confidere en cinquième lieu que dans un fiécle fi éclairé, pour n'être pas féduit, & fi indocile, pour être converti, les Apôtres ont fait en trèspeu de tems un progrès inoui; fans fortir de leur caractere; fans allier avec l'Evangile aucune fcience humaine; fans tâcher d'aplanir la voïe aux Philofophes, en faifant pour eux la moitié du chemin, comme ont fait depuis trèsimprudemment quelques Docteurs Chrétiens, fans adoucir pour les perfonnes du grand monde la féverité de l'Evangile; fans fe rendre complaifans à l'égard des perfonnes puiffantes; fans promettre à leurs Difciples d'autres biens que les invifibles; fans les préparer contre les perfécutions que par une patience à toute épreuve; fans permettre dans les plus grandes extrémités, ni équivoques, ni déguisemens, pour s'en délivrer: Je confidere, dis - je, tout cela, qui meriteroit en détail de longues & de férieufes réflexions; &

j'avoue que je ne puis méconnoître la main puiffante de celui qui a fait de fi grandes chofes par des inftrumens fi foibles, & par des moïens fi difproportion

nés.

ARTICLE V I.

Deffein de Dieu en n'emploïant que des hommes foibles, & perfuadés de leur foibleße, pour un ouvrage infiniment au- deßus de la force & de la fageffe hu

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رو

maine.

CHAPITRE

IV.

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» Dieu a choisi les moins fages felon le monde; pour confondre les fages: *7. » il a choifi les foibles felon le monde, » pour confondre les puiffans: il a Rom. 3. 19 "choifi les plus vils & les plus méprifa»bles felon le monde, & ce qui n'étoit rien, , pour détruire ce qui étoit de plus grand, afin que nul homme ne »fe glorifie devant lui, & que toute » chair foit muette en fa prefence « Il n'a pas voulu partager fa gloire, dont il eft jaloux, ni avec les hommes, ni avec les moïens qu'il lui a plû de choifir. Il a voulu paroître feul, afin de ne rendre point notre foi douteufe, & de ne pas nous laiffer dans l'incertitude, fi c'étoit lui, ou quelqu'autre qui eût fait ce que nous admirons.

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