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C. 10.

(2) Voyez

fon Phaleg.

Tour de Ba

bel.

outre que nous n'avons plus que quelques fragmens des plus anciens, ceux qui nous reftent font pour la plupart remplis de fables.

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Ce qu'on fçait avec certitude, c'eft que Javan fils de Japhet, connu par les Grecs fous le nom d'Iapet, eut l'Occident pour fon partage. Voici ce qu'en dit Moyfe: Filii Japhet Gomer & Magog & Javan, &c. filii autem Javan, Elifa, & Tharfes, & Cethim, & Dodanim. Ab iis divifa funt (1) Gea. Infulæ gentium, in regionibus fuis (1). C'est donc lui qu'on doit regarder comme le Pere des Ioniens & des autres Grecs. Peu d'Auteurs doutent aujourd'hui de cette verité, que le fçavant Bochart (2) & le Pere Kirker (3), ont fi bien prouvée, que nous pouvons la fuppofer comme une chofe cer(3) Dans fa taine. Auffi le texte de Jofeph y eft formel. De Javan, dit cet Auteur font fortis les Ioniens & tous les Grecs (4). (4) Ant. l. 1. Cet ancien Patriarche conduifit donc fa colonie dans l'Occident, & on ne peut placer l'époque de cette tranfmigration qu'après la feparation arrivée à la confusion de Babel. De fçavoir précisement en quelle contrée de l'Occident Javan fit fa demeure, c'eft ce qu'il n'eft pas aifé de deviner, Loerquer dans un Livre compofé à ce sujet, & qu'il a intitulé Ion, prétend qu'il ne paffa pas la mer, & qu'il s'arrêta dans l'Afie mineure, d'où fes Defcendans allerent dans la Grece, apparemment par le Bofphore de Thrace, comme l'endroit où elle eft la plus étroite. Cet Auteur ajoute que les Ioniens, fi connus fur les côtes Afiatiques de la mer Egée, ne descendoient pas de Ion fils de Xutus, & petit-fils de Deucalion, mais de Javan, duquel ils furent appellés Iaoniens, ainsi que les Grecs d'Europe, I'aoves, comme s'ex(5) Iliad. prime Homere (5), & en adouciffant la prononciation, Ioniens. Il est vrai que du temps d'Herodote, le nom d'Ioniens étoit restraint aux feuls Grecs Afiatiques, fi bien que les Atheniens & leurs voisins ne vouloient pas porter ce nom. Cependant on ne fçauroit nier, après le témoignage d'Homere, de Strabon & d'Hefychius, qu'il n'ait été anciennement commun à tous les Peuples de la Grece.

1.13.

C'est donc dans ce Pays qu'il faut chercher l'établissement

de

'de Javan. Elis mena fes enfans dans l'Elide; Dodanim alla demeurer aux environs de la forêt de Dodone; Cethim paffa dans la Macedoine : car je crois que Bochart s'eft trompé, en difant que ce Patriarche alla s'établir en Italie. Tharfès étoit demeuré dans la Cilicie, où il fonda la ville de Thar

fe. Thiras fixa fa demeure dans la Thrace, ainfi que Jofeph, & après lui S. Jerôme, & presque tous les Interpretes, en

conviennent.

Voilà fans contredit les premiers habitans de la Grece; voilà quel étoit l'Iapet dont les Hiftoriens & les Poëtes ont tant parlé, n'ayant connu que très-confufément cette premiere tranfmigration.

Les Pelafges étoient felon eux les premiers Peuples de la Grece, & on ne fçauroit nier qu'ils n'y ayent habité dès les temps les plus reculés. Herodote (1), comme nous l'avons (1) L. 2. c. déja remarqué au commencement du fecond Tome, les fait so. 51. &c. fortir de l'Ifle de Samothrace, d'où ils allerent s'établir d'abord dans l'Attique ; & c'eft peut-être ce que nous avons de mieux à dire fur ce fujet. Cependant comme plufieurs autres Auteurs ont parlé de ces Pelafges, je dois rapporter leurs témoignages. Ils croyent donc que ces Peuples, qui changerent fouvent de demeure, furent appellés Pelafges, parce qu'ils étoient errans & vagabonds. On les trouve en effer partout, dans l'ifle de Samothrace, dans plufieurs parties de la Grece, dans l'Afie mineure, & enfin dans l'Italie. Ils allerent d'abord d'Athenes du côté de Dodone, comme le dit Herodote dans l'endroit que nous avons cité (2). Ils occupe- (2) Voyez ce rent l'Arcadie, l'Hemonie appellée depuis Theffalie. Les qu'on en a dit Curetes & les Leleges, & enfin Deucalion les en ayant chaf- cement du fés, ils fe répandirent dans l'Eftiotide, dans la Phocide, Tome II. dans la Béotie & dans l'Eubée. Il y en eut qui pafferent dans l'Asie, d'autres dans l'Italie; fur quoi il eft bon de confulter Strabon & Denys d'Halicarnaffe.

au commen

Les Hiftoriens qui font venus après Herodote, moins inftruits fans doute que lui, ne conviennent pas de l'origine qu'il donne aux Pelafges, en les faisant venir d'un pays étranger: ils croyent au contraire qu'ils étoient Autoctones (3); (3) Hefiode.

Tome III.

C

Eneid.

c'étoit l'épithete qu'on donnoit à ceux qu'on croyoit nés dans le pays, ou plutôt de tous ceux dont on ignoroit l'origine. Mais la varieté qui regne au fujet de ce Peuple dans les Auteurs, eft une preuve qu'il faut s'en rapporter à l'Hiftorien que nous venons de nommer. En effet, fi nous en croyons Apollodore, il faudra dire que les Pelafges avoient pris leur nom d'un ancien Pelafgus. Servius eft du même fentiment qu'Apollodore: (1) Pelafgi, dit-il, à Pelafgo terræ filio, qui in Ar(1) In. 2. cadia eft genitus, ut Hefiodus ait. Efchile dit fimplement que ce Pelafgus étoit un ancien habitant du pays, à qui il donne, non pas l'épithète d'Autoctone, mais celle de raλaix9ov. L'ancien Scholiafte d'Apollonius de Rhodes, homme très-verfé dans la connoiffance des Antiquités de la Grece, dit que Pelafgus étoit fils d'Inachus ; & c'est celui-là qui felon Hefiode, fut pere de Lycaon Roy d'Arcadie. Euftathe, après Hellanicus, nomme un troifiéme Pelafgus, fils de Phoronée, & par conféquent petit-fils d'Inachus. On en connoît un quatrième, fils de Jupiter & de Niobé, la premiere maîtreffe de ce Dieu, comme nous l'apprenons d'Acufilaus, (2) Sur Ly- dont le témoignage eft cité par Tzetzès (2). Un cinquième, coph. V. 177. fils d'Arcas, & petit-fils de Lycaon, fuivant Hefychius (3). Un fixiéme, fils d'Afope & de Merope (4) Denys d'Halicarnaffe en nomme un feptiéme à qui il donne Neptune pour

(3) In Пeλασγοί. (4) Pind. Olymp.

(5) In Arcad.

pere.

Selon Paufanias (5), Pelafgus fut le premier homme qui parut dans le pays, homme extraordinairement avantagé du ciel, qui furpaffoit les autres en grandeur, en force, en bonne mine, & en toutes les qualités du corps & de l'efprit ; ce qui revient affez à l'idée que le Poëte Afius nous en donne.

Pelafgus ayant donc commencé à regner, apprit aux Arcadiens à fe faire des cabanes qui puffent les défendre de la pluye, du froid & du chaud, en un mot de l'inclémence des faifons. Il leur apprit auffi à fe vêtir de peaux de fangliers comme font encore les payfans de l'Eubée & de la Phoci de. Jufques-là ils ne s'étoient nourris que de feuilles d'arbres, d'herbes & de racines: dont quelques-unes, bien loin d'être bonnes à manger, étoient nuifibles. Il leur confeilla l'usage

du gland, ou pour mieux dire, du fruit que porte le hêtre; & cette nourriture leur devint fi ordinaire, que long-temps après Pelafgus, les Lacedémoniens venant confulter la Pythie fur la guerre qu'ils vouloient faire aux Arcadiens, elle leur répondit qu'un Peuple qui ne vivoit que de gland étoit terrible dans la guerre, & difficile à vaincre.

On dit que Pelafgus donna fon nom à cette contrée, & qu'elle fut appellée Pelafgie. Son fils Lycaon fut, à quelques égards, encore plus fage & plus prudent; car il bâtit la ville de Lycofure fur le mont Lycée, fit honorer Jupiter fous le nom de Jupiter Lycéen, & il inftitua en fon honneur des Jeux qui furent appellés Lycéens.

A peine étoit-on dans la troifiéme géneration depuis Pelafgus, continue le même Paufanias, & deja il y avoit dans le pays multitude d'hommes & même de villes. Nyetimus, l'aîné des fils de Lycaon, avoit fuccedé à fon pere; fes autres enfans s'étant feparés bâtiffoient des villes, les uns d'un côté, les autres d'un autre. Pallantium fut bâtie par Pallas, Orefthafium pas Oreftheüs, Phigalie par Phigalus. Le Poëte d'Himera, Stheficore, a fait mention de Pallantium dans fon Geryon Jupiter. Pour Orefthafium, elle changea de nom dans la fuite, & fut appellée Oreftée du nom d'Orefte fils d'Agamemnon. Phigalie fut auffi nommée Phialie, à caufe de Phialus fils de Bucolion. Les autres enfans de Lycaon furent Trapezeus, Decearte, Mucareüs, Heliffon, Acacus & Tochnus. Ce dernier bâtit la ville de Tochnie, & Acacus fut fondateur d'Acacefium. Orchomene alla bâtir Methydrion, & fut le pere des Orchomeniens, ce peuple fi riche en beftiaux, qu'Homere le diftingue par cette épithete. Hypfus jetta les fondemens de la Melenée, d'Hypfunte & de Thyrfée qui fubfifte encore. Si l'on en croit les Arcadiens, Thyrée ville du pays d'Argos eut pour fondateur Thyreate, qui donna auffi fon nom au Golfe fur lequel elle eft bâtie. Mantinée, Tegée & Menale, ces villes autrefois fi celebres en Arcadie, rapportent leur origine à Menalus, à Tegeate & à Mantineus, qui étoient encore fils de Lycaon. Cromés fut bâtie par Cromus, Charifia par Charifius. Les Tricolons

viennent de Tricolonus; les Péréthéens, de Péréthus ; les Azéens d'Azeatès; les Lyceates de Lycéus; les Sumatiens de Sumatéus; enfin Heréus & Aliphorus bâtirent des villes qui porterent leur nom. Pour Enothrus, le plus jeune des fils de Lycaon, il alla à la tête d'une colonie s'établir en Italie.

Nyatimus étant mort, Arcas fils de Califto la feule fille 'de Lycaon, celle-là même qui fut aimée de Jupiter, & changée en ourse, puis en conftellation, prit poffeffion du Royaume. Inftruit par Triptoleme il apprit à fes fujets à femer du bled, à faire du pain, & d'Aristée à filer de la laine, & en faire de l'étoffe & des habits. Arcas eut de fa femme Erato trois fils, Azan, Aphidas & Elatus, entre lefquels il partagea fes Etats. Elatus cependant abandonna l'Arcadie, paffa dans le pays que l'on nomme aujourd'hui la Phocide, & y bâtit la ville d'Elatée. Ce Prince eut cinq fils, Epytus, Peréus, Cyllen, Ifchys & Stymphale. A l'occasion de la mort d'Azan, on célebra des Jeux funebres pour la premiere fois; il eft für au moins qu'il y eut des courfes de chevaux ; d'autres fortes de Jeux, je ne le fçais pas, dit Paufanias.

Clitor fit fa résidence à Lycofure; ce fut un des plus puiffans Rois de fon temps, & il bâtit une ville qui porta le nom de fon Fondateur. Aléus fe mit en poffeffion des terres qui lui étoient échues en partage. Quant aux enfans d'Elatus, Cyllen donna fon nom au mont Cyllene, & Stymphale donna le fien, non-feulement à une Fontaine du pays, mais à une ville qu'il bâtit auprès.

Le Royaume d'Arcadie paffa à Epytus neveu de Clitor, mort fans enfans; & il mourut lui-même de la piquûre d'un ferpent. Aléus lui succéda, & fit bâtir le Temple de Minerve Alea dans la ville de Tegée qui fut la capitale de fon Empire. Après la mort d'Aléus Lycurgue monta fur le trône. Il eut pour fils Ancée qui fe diftingua à la conquête de la Toi fon d'or, & à la chaffe de Calydon dans laquelle il périt. Lycurgue ayant perdu fon fils, eut pour fucceffeur Echemus, fous la conduite duquel les Achéens remporterent une grande victoire auprès de l'Ifthme de Corinthe. Agapenor, fils

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