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de leur origine. Ils difent qu'Egialée, originaire de leur pays, en fut le premier Roi: que fous fon regne, cette par» tie du Peloponnese qui s'appelle encore aujourd'hui Egiale, prit sa dénomination; que dans cette contrée il bâtit en rase campagne la ville d'Egialée, avec une citadelle qui occupoit tout le terrain, où ils ont à prefent un Temple de Minerve ; qu'Egialée fut pere d'Europs, duquel naquit Telchis, qui eut pour fils Apis. Celui-ci devint fi puiffant » avant l'arrivée de Pelops à Olympia, que tout le pays qui » eft renfermé dans l'Ifthme, prit le nom d'Apia. Les def»cendans d'Apis furent, Talxion son fils, Egyre fils de Talxion, Thurimaque fils d'Egyre, & Leucippe fils de Thurimaque. Leucippe n'eut qu'une fille, qui s'appelloit Chalcinie, & qui eut un fils de Neptune. Leucippe prit foin » de ce fils, & lui laissa fon Royaume en mourant. Ĉe fils se » nommoit Perate, & fut pere de Plemnée, de qui on racon<< te que ne pouvant élever aucun enfant, Cerès déguisée s'offrit de nourrir le petit Orthopolis qui venoit de naître. Orthopolis eut une fille nommée Chryforte, qui eut d'Apollon Coronus: celui-ci devint pere de Corax & deLamedon. Corax étant mort fans enfans, Epopée venu de Theffalie s'empara du Royaume, & ce fut fous fon regne qu'une » armée d'étrangers entra pour la premiere fois dans le Pays ». Paufanias raconte le fujet de cette guerre, faite à l'occasion d'Antiope; mais pour ne pas interrompre la fuite de ces Rois, nous en referverons l'Hiftoire, 'pour l'Article de cette Princeffe.

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Après la mort de Corax, continue Paufanias, Lamedon » fon frere monta fur le trône, & épousa Pheno fille de Cly» tus, Athenien. Se voyant attaqué par deux puiffants ennemis, il fit venir d'Athenes Sicyon, à qui il donna fa fille Seuxippe en mariage. Sicyon après la mort de fon beaupere prit poffeffion du Royaume, fit changer de nom au Pays & à la Ville, qui depuis ce temps-là fut nommée Sicyone. Ce Prince laiffa une fille appellée Cronophyle, qui eut deux fils, Polybe & Andromas. Ce fut fous le regne du premier de ces deux Princes, qu'Adrafte chassé

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d'Argos fe refugia à Sicyone, & y regna après lui: mais rappellé dans fa patrie, il laiffa la couronne à Janifcus, petit-fils de ce Clytius qui avoit donné fa fille à Lamedon, » comme on vient de le dire. Celui-ci eut pour fucceffeur Pheftus, lequel étant paffé en Crete, Zeuxippe lui fucceda. Après lui Hippolyte, petit- fils de Pheftus, monta fur le » trône. Agamemnon lui déclara la guerre, & l'obligea à se » foumettre. Laceftadès fon fils lui fucceda: ce fut fous fon regne que Phalcès fils de Teminus, à la tête d'une trou»pe de Doriens fe rendit maître de la ville de Sicyone, & » partagea le Royaume avec le Prince legitime. Depuis ce temps-là les Sicyoniens font devenus Doriens, & ont com» mencé à faire partie du Royaume d'Argos ».

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Voilà certainement une Hiftoire bien circonftanciée, que Paufanias avoit apprise dans le Pays même. Cependant j'ai voulu, avant que de la raconter', mettre le Lecteur en état d'en juger, en propofant les raifons des Sçavans qui l'ont combattue. Que fi on demande d'où fortoit cet Egialée, dont on ne connoît point l'origine, on peut répondre qu'il venoit de quelque contrée de la Phenicie, comme Inachus, ou d'Egypte comme Danaüs, dont nous allons parler dans l'Ar

ticle fuivant.

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L'HEUREUX fuccès de la colonie de Cecrops engagea Danaus apparemment Egyptien comme lui, à tenter auffi un établissement dans le même pays. Obligé de quitter fa patrie, il fit équiper un vaiffeau fur lequel il embarqua ses cinquante filles, qu'il avoit eues de plufieurs femmes, avec tous fes domeftiques, & quelques Egyptiens qui voulurent bien le fuivre. Il relâcha d'abord dans l'ifle de Rhodes, où après avoir confacré une ftatue à Minerve, une des grandes Divinités d'Egypte, pour lui rendre graces de l'heureux fuccès de fa navigation, il fe rembarqua, & arriva dans la Grece. Gelanor qui venoit de monter fur le trône d'Argos, reçut

cet étranger avec une courtoifie qui lui devint bien-tôt fatale. Le commencement du regne de Gelanor amena des troubles; Danaüs en profita, & s'étant fait un parti confidérable, détrona fon bienfaiteur, mit fin au regne des Inachides, & devint le chef de ceux qui furent appellés Belides.

Les fils de fon frere, auffi au nombre de cinquante, ayant appris des nouvelles de leur oncle, s'embarquerent pour le venir trouver, dans le deffein d'époufer leurs coufines, & se faire des établissemens dans cette partie de la Grece où regnoit Danaus ; mais ce Prince à qui tout faifoit ombrage & qui craignoit de se voir dépouiller d'un bien qu'il venoit d'ufurper, après les avoir reçûs avec toutes les apparences d'une véritable amitié, & leur avoir donné fes filles en mariage, frappé de la réponse d'un oracle qui lui avoit prédit qu'il feroit détrôné par un de fes gendres, il exigea d'elles qu'elles tueroient leurs maris la premiere nuit de leurs nôces, & elles lui obéirent toutes, à l'exception d'Hypermneftre qui fauva Lyncée fon mari. Danaüs qui le fçut punit la défobéiffance de fa fille cependant étant revenu enfuite à lui-même, il reconnut Lyncée pour fon gendre & fon fucceffeur: ainsi étant mort après un long regne, Lyncée monta fur le trône qu'il conferva pendant quarante ans, & eut pour ceffeur Abas, Protus, & Acrifius qui ne laiffa qu'une fille nommée Danaé, de laquelle naquit Perfée qui tua par malheur fon grand-pere, comme nous le dirons plus au long dans l'hiftoire de ce Heros ; car on ne fait que toucher ici en paffant les principales époques. Le meurtre involontaire de Perfée l'engagea à quitter fa patrie, & à changer fes Etats contre ceux de Megapente fon coufin, Roy de Tyrinthe..

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Ainfi perdit le Royaume d'Argos la plus grande partie de fa gloire; & la fuite de fes Rois eft peu connue jufqu'à Etheocle, le dernier de cette race, qui mourut au fiege de Troye. On trouve cependant un Bias Roy d'Argos, qui laissa par fa mort la couronne à fon fils Talaus, duquel elle paffa à Adrafte, qui felon Paufanias, fut chaffé du trône, fe retira à Sicyone, & en devint, felon Homere, le premier Roy; car ce Poëte ne paroît pas avoir connu ces Rois fabuleux,

comme Egialée, & d'autres qu'on trouve dans la lifte des Rois de cette ville..

Perfée s'ennuyant du féjour de Tyrinthe, s'établit à Mycenes, & eut auffi plufieurs fucceffeurs qui ne font gueres plus connus que ceux du Royaume d'Argos jufqu'à Euryfthée, le rival d'Hercule, & le dernier Roy de cette branche, qui mourut fans laiffer de pofterité dans la guerre qu'il eut contre les Heraclides. En partant de Mycenes pour cette expédition, ce Prince avoit laiffé la conduite de fes Etats à fon oncle Atrée fils de Pelops, qui en demeura le maître après lui. Agamemnon, qui fut tué au retour de Troye, comme nous le dirons dans la fuite, lui fuccéda (a).

Orefte monta fur le trône, & mit fin au Royaume de Mycenes. On compte cependant encore quelques fucceffeurs d'Orefte; mais leur hiftoire eft fi incertaine, & leurs regnes fi courts (b), qu'à peine font-ils compris dans les Rois du Peloponnefe. Les Heraclides, quatre-vingt ans après la prife de Troye, rentrerent dans cette partie de la Grece dont ils changerent toute la face, & en furent les maîtres fort long-temps

Ajoutons que d'Alcée fils de Perfée, naquirent Amphitryon, & fa foeur Anaxo, qui d'Electrion-fon mari eut Alcmene, qui epousa fon oncle Amphitryon pere d'Hercule. De Meftor, autre fils de Perfée, & de Sifidée fa femme naquit Hippothoé pere de Taphius, qui alla demeurer dans une ville de Cephalonie, qu'il fit appeller Taphos de fon nom. Après fa mort Electrion envahit fa part du Royaume de Mycenes, & comme fes enfans allerent la redemander, ils tuerent dans la conteftation qui furvint à cette occafion, les fils d'Electrion, lequel donna Alcmene à Amphitryon, à condition qu'il le vengeroit; mais celui-ci l'ayant tué par malheur, fut chaffé de Mycenes par Stenelus, & se retira à Thebes. Ce fut-là que naquit Hercule qui fe trouva par-là fujet d'Eurysthée fils de Stenelus, dont le Royaume devoit

(a) Plufieurs Anciens mettent Plifthene entre Atrée & Agamemnon, & penfent même que celui-ci étoit fon fils.

(b) En effet fi Oreste a regné comme on

dit 70. ans, il n'en refteroit que dix pour fes fucceffeurs, car l'année de l'entrée des Heraclides dans le Peloponnefe eft cer-taine.

cinth.

lui appartenir, la pofterité de Perfée ayant fini par la mort de ce Prince.

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Il ne fera pas hors de propos, avant que de finir cet article, d'expliquer au fujet d'Inachus une fable que rapporte Paufa(1) In Co nias (1). « Les Grecs rapportent, dit cet Auteur, qu'Inachus Roi du Pays donna son nom à un Fleuve qu'il confacra à Ju» non. Ce Fleuve eut un fils nommé Phoronée, qui avec trois autres Fleuves, Cephife, Afterion & Inachus fon propre pere, fut arbitre entre Neptune & Junon, qui difputoient à qui auroit cette contrée fous fon Empire. Le differend fut ju» gé en faveur de Junon. Neptune en eut du reffentiment; & pour se venger, il mit tous ces Fleuves à fec, d'où il arriva que ni le Fleuve Inachus, ni les autres ne purent donner de l'eau, que tout au plus dans la faifon où les pluyes font abondantes ». Cette fiction au rabais de ce merveilleux, veut dire, 10. qu'Inachus l'emporta fur les habitans du Cephise & de l'Afterion, en confacrant le terrain qu'ils arrofoient à la Déeffe Junon, au lieu qu'il l'étoit auparavant à Neptune; car c'est ainsi qu'il faut entendre toutes ces difputes des Dieux dont (2) Voyez parle Paufanias (2). 2°. Que la vengeance prétendue de Nepl'Art. de Mi- tune n'eft fondée que fur ce qu'en effet ces Fleuves ne font dans le vrai, que de mediocres ruiffeaux, qui font prefque à sec toute l'année.

nerve.T.2.1.1.

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Comme tout ce qui regarde les généalogies eft ordinairement obscur, pour foulager la mémoire des Lecteurs, je joins ici une table dreffée par le fçavant & exact Pere Briet, (3)Tome I & rapportée dans fes paralleles (1), qui fera voir d'un coup d'oeil toute la pofterité d'Inachus & de Danaüs.

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