mus & eut plusieurs descendans, il y a apparence que l'Histoire par coup de Aéche. CHAPITRE II I. 2. Histoire de Narcisse, d'Echo, de Pyrame & de Thisbé. ARCISSE, né à Thespie ville de Béotie, comme nous (1) Narr. 24. l'apprend Conon (1),étoit un jeune homme d'une grande beauté, & pafsoit pour être le fils de Cephise ; c'est-à-dire sans doute , du Prince qui donna son nom à cette riviere. Amoureux de fa figure , qu'il avoit vûe dans une fontaine, il fut fị long-temps à la considerer , ne comprenant pas que ce qu'il voyoit n'étoit autre chose que son ombre, qu'il se laissa con fumer d'amour & de desir: c'est ainsi qu'Ovide raconte cette (2) In Béot. Fable; mais Pausanias (2), quoique d'ailleurs assez crédule, dit c'est un conte fait à plaisir. « Car quelle apparence, , pour être épris de lui même comme on l'est d'un autre , & qu'il - ne scache pas distinguer l'ombre d'avec le corps ? Aussi t'il une autre tradition, moins connue à la verité, mais qui a » pourtant ses partisans & ses auteurs.On dit que Narcisse avoit » une faur jumelle qui lui ressembloit parfaitement : c'étoit » même air de visage, même chevelure , souvent même ils » s'habilloient l'un comme l'autre , & challoient ensemble. - Narcisse devint amoureux de fa fæur , mais il eut le malheur o de la perdre. Après cette affliction, livré à la mélancolie, il venoit sur le bord d'une fontaine, dont l'eau étoit comme un » miroir , où il prenoit plaisir à se contempler , non qu'il ne sçût bien que c'étoit son ombre, mais la voyant il croyoit s voir sa fæur , & c'étoit une consolation pour lui..., Quant à ces fleurs qu'on appelle des Narciles , si l'on en croit Pamplus ya • Pamplus, elles sont plus anciennes que cette avanture, car. » long-temps avant que Narcisse le Thespien fût né, ce Poëte » a écrit que la fille de Cerès cueilloit des fleurs dans une prai» rie, lorsqu'elle fut enlevée par Pluton, & selon Pamplus les fleurs qu'elle cueilloit , & dont Pluton se servit pour la trom» per, c'étoient des Narcisses & non des violettes ». Peut-être, après tout, que le genre de mort de Narcisse; n'est fondé que sur son nom même, qui est dérivé d'un mot grec qui veut dire , être engourdi , sans sentiment, d'où les remedes assoupissants, font appellés narcotiques . Je dis le genre de mort, car le fond de l'Histoire est vrai. Comme ce jeune homme n'avoit marqué que du mépris pour toutes les personnes qui avoient conçû de la tendresse pour lui, on dit que c'étoit l'Amour lui-même qui s'étoit vengé de son indifference, en le rendant amoureux de lui-même; & Ovide toujours porté au merveilleux, a suivi cette histoire du côté qui lui en fournissoit . Elle et contée plus naturellement par Conon, de même que par Pausanias. On dit que depuis cette avanture les Thespiens honorerent l'Amour d'un culte particulier. Il falloit que ce jeune homme für destiné à n'avoir que des Echo. phantômes pour objets de ses paflions , & de celles qu'il inf, piroit, puisqu'Ovide ajoute à ce que nous venons de dire, que la Nymphe Echo étoit devenue amoureuse de lui , & que ses mépris l'obligerent à se retirer dans le fond des antres & des rochers , où elle ne conferva que la voix; fable physique, qui ne mérite pas d'attention. Celle de Pyrame & de Thisbé, qu'Ovide raconte dans le Pyrame & Thisbé. Livre quatre de ses Métamorphoses , renferme un de ces faits particuliers que les passions n'amenent que trop souvent dans le monde. On croit que ces deux Amans, dont les rens 'ne s’aimoient pas , se donnerent rendez-vous sous un meurier qui étoit hors de la ville. Thisbé y arriva la premiere, y & ayant été obligée de se cacher à la vûe d'un lion, son écharpe qu'elle laissa tomber , fut ensanglantée par cet animal , ce qui ayant fait croire à Pyrame qui arriva un moment après, qu'elle avoit été dévorée, il se cua de regret. Thisbé revenue sur ses pas , & ayant bien jugé en voyant son écharpe, que Tome III. pa Yуу. Salmacis. son Amant ne s'étoit tué que parce qu'il l'avoit crue morte, se perça le sein du même glaive. Cet évenement , au reste, ne se (1) Fab. 2 pz. trouve que dans Ovide & dans Hygin (1). 212. Ovide parcourt quelquefois en passant, plusieurs traits fem, Daphn is. blables , qui paroissent isolés. Celui d'un certain Daphnis , changé en rosher. qu'il ne déligne point autrement , changé, en rocher pour avoir été insensible aux charmes d'une jeune Bergere, est cependant fondé, dit - on, sur ce que la femme, pour s'en faire aimer, lui donna quelque breuvage qui le rendit fupide. Hemus & La Métamorphose d'Hemus , Roi de Thrace , & de fa Rhodope changés en femme changés en montagnes, pour avoir voulu se faire ado Montagnes. rer sous les noms de Jupiter & de Junon, nous apprend que l'impieté de ce Prince & de fa femme fut punie, & qu'ils péri- ayant voulu embrasser Hermaphrodite, fils de Mercure & de Venus (a), qu'elle aimoit, lui fit changer de sexe ; fur quoi les Mythologues ont débité bien des rêveries : voici ce qui a donné lieu à cette fable. I y avoir dans la Carie, près de la ville d'Halicarnasse, ainsi que nous l'apprennons de Vitruve, une fontaine qui fervit à humaniser quelques Barbates, qui ayant été chaffés la Colonie que les Argiens établirenr dans cette ville, furent obligés dy venir puiser de l'eau. ; & ce commerce avec les Grecs les rendit non-feulement très-polis, mais les fit donner dans le luxe de cette Nation voluptueuse ; & c'est ce qui doma à cette fontaine la réputation de faire changer de sexe. L'on pourroit penser encore que l'eau de cette fontaine amolliffoit le courage , & ren doit effeminés ceux qui en bûvoient , comme il y en a d'autres 6) Synt. 5. qui rendent stupides ou furieux. Lylio Giraldi (2) prétend que cette Fable rire son origine de ce que cette fontaine étant enfermée de murailles, il s'y passoit de temps en temps des avantures qui lui donnerent cette réputation ; mais comme ce (a) Hermaphrodite est un mot composé d'Hermes, qui en grec veut dire Mercure , & de Aphrodire , qui eft le noin de Venus... par liv. 4. Mychologue ne prouve point sa conjecture , il vaut mieux A ces métamorphoses le même Poëte joint celle de Celme, Celme. mine ce que Histoire des Pygmées , & de Pygas , leur Reine; de leurs c'étoient que les Pygmées dont parle le Pro- L y a peu de Fables dans l'Antiquité , plus célebre que les Pygn celle des Pygmées. Homere, le premier qui en ait parlé, mées. n'employe cette fiction que dans une comparaison ; mais certe comparaison - là même en renferme la partie la plus considérable. « Lorsque , dit-il , toutes ces nations différentes furent en bataille , les Troyens s’armerent avec un bruit confus & », des cris perçans, comme des oiseaux , tels que les Grues sous a la voûte du Ciel, lorsque fuyant l'hyver & les pluyes du Sep Y yy ij & as tentrion , elles vont avec de grands cris vers le rivage de o l'Ocean, & portent la terreur & la mort aux Pygmées, lesquels elles fondent du milieu des airs ». Plusieurs Poëtes qui sont venus après lui ( car nous n'avons plus parmi les Ouvrages d'Hesiode, ce que Strabon dit qu'il en racontoit) ont la plûpart parlé des Pygmées suivant la même idée. Nonnus s'eft servi de la même comparaison , en parlant de l'armée de Bacchus: Ovide dans ses métamorphoMet.1.6. ses, & dans ses Fastes (1): Antoninus Liberalis , Juvenal, en (2) Liv. i. un mot presque tous les Poëtes , ont copié Homere: Stace (2) Sylv. 6. ajoute à cette tradition, que les Pygmées ont tout :l'avantage dans le combat , que leur livrent les Grues. Claudien décrit le retour de ces oiseaux après s'être battus contre les Pygmées. Mais d'autres Auteurs plus hardis ont cherché à (4) Sat. 13. encherir sur les idées d'Homere. Juvenal (4) parlant de la taille des Pygmées, dit qu'elle n'avoit qu'un pied de hauteur. Selon d'autres c'étoient des avortons, qui montés sur des chêvres & sur des beliers d'une taille proportionnée à la leur, s'armoient de toutes pieces pour aller combattre des oiseaux qui venoient tous les ans de la Scythie les attaquer , ainsi que le rapporte Pline après Aristote ou ; qui faisoient tirer leurs chariots par des perdrix, au rapport de Basilis dans Athe(s) Liv. 9. née (5). Selon d'autres, leurs femmes accouchoient à trois, ou à cinq ans, & étoient vieilles à huit. Leurs villes & leurs (6) Liv. 9. maisons, comme le dit Pline (6), n'étoient bâties . que de coquilles d'oeufs, & ceux qui demeuroient à la campagne, suivant Aristote & Philoftrate, n'avoient pour retraite que des trous qu'ils pratiquoient dans la terre, d'où ils sortoient au temps de la moiffon, pour aller couper leurs bleds avec des coignées, comme s'il s'étoit agi d'abbattre une forêt. On (7) Met. l. 6. voit dans Ovide (7) & dans Elien (8), une Reine des Pyg(8) Hist. gmées qui fiere de la beauté méprise Junon, qui la change en Grue ; & dans Philostrate , une armée de ces petits hommes , qui attaque Hercule endormi après la défaite d'Antée, & qui prend pour le vaincre les mêmes précautions qu'on prendroit pour former un siége. Les deux ailes de cette pesite armée fondent sur la main droite de ce Heros, & pendant Anima. |