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Argé changé en Biche. (1) Hygin, Fab. 205.

noit à tetter, lorfqu'un Berger qui la cherchoit,ayant vâ cettè efpéce de prodige, enleva cet enfant & le porta dans fa cabane. Son compagnon charmé de la bonne mine de cet enfant, le lui demanda & l'obtint, mais nud: celui qui venoit de le recevoir demanda aussi la robe, qui lui fut refufée, & ces deux Bergers ayant pris querelle à ce fujet, ils porterent leurs plaintes à Cercyon, qui reconnoiffant l'habit de fa fille, ordonna qu'on ôtât la vie à la mere, & qu'on expofât de rechef l'enfant ; & comme une autre jument prit foin de le nourrir, les Bergers qui le rencontrerent, jugeant que les Dieux le protegeoient, l'enleverent & lui donnerent le nom d'Hippothoüs. Thefée, comme nous l'avons dit dans fon histoire, ayant tué le cruel Cercyon, rendit les Etats de ce Tyran à Hippothoüs, qui defcendoit comme lui de Neptune.

La métamorphofe d'Argé changée en Biche par le (1) Soleil, irrité de ce qu'elle avoit dit d'un Cerf qui fuyoit devant elle, que quand il iroit auffi vîte que cet Aftre, elle l'atteindroit, nous cache l'avanture d'une fille, inconnue d'ailleurs qui aimoit fort la chaffe, & qui périt dans les forêts. Bochart (2) dérive le nom d'Argé du mot Hebreu Arga, qui siPart. prem. gnifie le cri des Cerfs ; & fi cela eft, on peut dire qu'elle n'avoit pas la voix belle.

(2) Hier.

col. 883.

A ces fables que je devois expliquer, les autres l'ayant été dans le cours de l'Ouvrage, le même Auteur a joint un autre Ouvrage mythologique, auquel il a donné le nom de Ciel Poëtique-Aftronomique, dans lequel il fait voir que prefque tous les fignes & les conftellations portent le nom de quelque Heros; leurs ames, fuivant l'aucienne Théologie du Paganisme, étant allées les habiter après leur Apothéose : c'est ainfi que Cephée, Caffiopée, Andromede & Perfée, forment les conftellations qui portent ces noms-là; Califto, celle de la grande Ourse; fon fils Arcas, l'Artophilax; Caftor & Pollux, le figne des Jumeaux; Chiron, celui du Centaure; Medée, la Čoupe; Amalthée, la Chévre; Cygnus, le Cygne; Pegase, le Cheval; le Dragon des Hefperides, le Serpent; le Taureau & l'Aigle dont Jupiter prit les figures pour enlever Europe & Ganymede, les deux fignes qui en portent

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les noms; la couronne d'Ariane, celle qui eft dans le Ciel; la Lyre, celle de Mercure ou d'Orphée ; Erichtonius, le Cocher, appellé Heniochus ou Auriga; Hercule qui tua près du fleuve Sangar dans la Lydie, un affreux Serpent, ou felon d'autres, Lyncus qui voulut faire périr Triptoleme, le figne du Serpentaire; la fléche eft celle dont fe fervit le même Hercule pour tuer l'Aigle qui dévoroit le foye de Promethée; le mouton qui fauva Phryxus, le Belier; le Cancer, celui que fufcita Junon pour mordre Hercule dans le temps qu'il étoit Occupé à tuer l'Hydre de Lerne; le Lion, celui de Nemée ; Aftrée, ou felon d'autres, Erigone, celui de la Vierge; le Scorpion, celui que Diane fit fortir de terre, pour le venger de l'infolence d'Orion; le Centaure, ou felon plufieurs Auteurs, Creton, pere nourricier des Mufes, le Sagittaire ; Pan, ou Ægipan, le Capricorne; le Verfeau, Ganymede; Venus & fon fils, les Poiffons, parce que c'eft fous la figure de poiffons qu'ils fe déroberent dans la Syrie aux pourfuites de Typhon; le monftre que Neptune fufcita pour dévorer Andromede, la Baleine; le Nil, ou l'Ocean (car ces deux noms ont été donnés à ce fleuve ) l'Eridan, ou Canopus ; Orion, la conftellation qui porte fon nom; comme le Liévre celefte eft celui que pourfuivoit le chien de ce célébre Chaffeur, ce qu'il femble faire encore dans nos Planispheres.

Il y a cependant d'autres Auteurs qui content à ce fujet une autre hiftoire. On n'avoit, difent ils, jamais vû de liévres. dans l'Ifle de Lero, ou plutôt d'Hiero, lorsqu'un jeune homme qui fouhaitoit paffionément qu'il y en eût pour avoir le plaifir de les courre, y en apporta un, & prit fi grand foin de Tes petits, qu'en peu de temps toute l'lfle en fut peuplée, & ils y multiplierent tellement dans la fuite, qu'ils y confumoient tout, & y cauferent la famine; en forte qu'on fut obligé de les exterminer. Les Dieux, ajoute-t-on, en placerent un dans le Ciel, pour apprendre aux hommes que les chofes que l'on fouhaite le plus ardemment nous font fouvent les plus pernicieufes. Le chien que Jupiter donna à Europe pour la garder, & dont Minos fit préfent à Procris, & celle-ci à Cephale fon mari, forme le figne qui porte ce nom, quoiqu'on pré

Antecanis.

(1) Id eft tende auffi que c'eft celui d'Erigone. Procyon (1), conftel lation ainfi nommée, parce qu'elle fe leve avant le grand Chien, repréfente celui du célebre Orion; Argo eft formée de la Navire des Argonautes ; le Centaure repréfente le fa meux Chiron; l'Autel, ouvrage des Cyclopes, celui sur lequel les Dieux facrifierent avant que de livrer bataille aux Titans ; l'Hydre fur laquelle eft le Corbeau, avec une corne antique, eft ou cet oifeau lui-même, ou Coronis mere d'Efculape, changée en Corneille: le Poiffon, celui qui procura de l'eau à Ifis, ou fuivant d'autres Auteurs, à Derceto, dans le temps qu'elle étoit extrémement alterée, auffi paroîtil dans le Ciel en tirer du Verfeau. Les Mythologues, pour le dire en paffant, regardent ce poiffon comme le pere des deux autres, qui forment dans le Zodiaque le Signe qui porte leur nom: le Dauphin celui qui fauva Arion.

On ne dit rien ici des cinq Planettes qui portent le nom d'autant de Divinités; ni des Hyades, dont on a parlé dans l'Hiftoire d'Atlas; ni de la Voye lactée, dont la Fable a été rapportée dans l'Hiftoire d'Hercule; ni enfin de quelques autres Signes ou Conftellations, pour ne pas répéter ce qu'on en a dit.

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J

ENTENDS, comme je l'ai déja dit, par ces Jeux, cette forte de Spectacles que la Religion avoit confacrés, & qu'on donnoit dans la Grece, & enfuite à Rome, ou dans un Cirque, ou dans un Stade, ou dans des Arénes, ou dans d'autres endroits quelque nom qu'ayent porté les Lieux deftinés à cet ufage. Je dis, que la Religion avoit confacrés, car outre qu'il n'y en avoit aucun qui ne fût dedié à quelque Dieu en particulier, ou à plufieurs, on n'en commençoit jamais la folemnité, comme nous l'apprenons de Tertullien, qu'après avoir offert des facrifices, & fait d'autres cérémonies religieufes (a): & lorfque dans la fuite les Romains adopterent ces Jeux, le Senat donna un Arrêt qui portoit qu'ils feroient toujours dédiés à quelque Divinité. Si nous voulons remonter à l'origine de ces Jeux, le même Tertullien dit que les Lydiens en furent les premiers inventeurs, & que Tyrrhenus obligé de ceder à fon (a) In ludis quanta facra, quanta facrificia præcedunt, intercedunt, fucccdunt. De Spec.

Tome III.

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frere la part qu'il prétendoit avoir dans les Etats que fon pere leur avoit laiffés, ayant conduit une Colonie dans cette partie de l'Italie, qui depuis fut appellé Tyrrhenie, y porta l'ufage (1) Liv. 11. de ces fortes de fpectacles. Herodote (1), & après lui Denys (2) Liv. 2. d'Halicarnaffe, avoient dit (2) la même chofe long-temps au

paravant, & le premier de ces deux Anciens nous apprend que ce fut pendant une famine qui défoloit la Lydie du temps d'Atys fils de Manès, que les Lydiens pour foulager leurs maux, voyant que la terre cultivée ne répondoit point à l'efpérance du laboureur,inventerent pour s'amufer plufieurs fortes de Jeux; mais, à dire vrai, ceux dont parle Herodote étoient plutôt des Jeux de délaffement que des Spectacles deReligion.

Je ne fçais fi c'eft des Lydiens que les Grecs en prirent l'idée; mais il eft sûr que leur ufage fut connu dans la Grece, dés les temps héroïques. Ces Jeux des Grecs, car c'eft de ceux-là & de quelques-uns de ceux des Romains que je prétends parler dans ce Livre, avoient été inftitués en differentes occafions, & la Religion ou des devoirs pieux avoient toujours été les motifs de leur inftitution.

On peut les confidérer, ou comme deftinés à être célebrés dans des temps marqués, tels que les Olympiques, les Pythiques, les Neméens, & ceux de l'Ifthme; ou comme de fimples vœux exécutés fur le champ; ou comme des devoirs rendus à d'illuftres morts, tels que ceux qu'Acafte fit célebrer à la mort de fon pere Pelias, les Grecs en l'honneur d'Achille, & Enée à l'anniverfaire de la mort d'Anchise fon pere; ou comme publics ou particuliers. Les premiers étoient célebrés en l'honneur des Dieux aufquels ils étoient confacrés ; les autres étoient ordonnés à Rome par les Magiftrats, fur-tout pendant qu'ils étoient Ediles ou Préteurs. Selon Lactance, les Jeux étoient des jours de Fête, dédiés aux Dieux, ou pour célebrer leur naiffance, ou la dédicace de leurs Temples (a); & leur célebration confiftoit en differentes fortes d'exercices ou de combats, ainsi qu'on le dira dans la suite. Aufone avoit obfervé qu'entre les quatre principaux Jeux

(a) Ludorum celebrationes Deorum fefta erant, qui quidem ob natales eorum, vel Templorum novorum dedicationes funt conftituti.. Divin. Inft. lib. 6. c. 2.

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