Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Suprematus ac Legationis Principum Germas. nie, qui parut en 1667. Le faux nom qu'il fe donne lignifie qu'il étoit & dans les Interêts de l'Empereur, & dans ceux des Princes; & qu'en foutenant leur dignité, il ne nuifoit point à celle du Chef de l'Empire. Il avoit effectivement fur la dignité Imperiale une idée qui ne pouvoit déplaire. qu'aux autres Potentats. Il prétendoit que tous les Etats Chrêtiens, du moins ceux d'Occident, ne font qu'un corps, dont le Pape eft le Chef fpirituel, & l'Empereur le Chef temporel, qu'il appartient à l'un & à l'autre une certaine Jurisdiction univerfelle que l'Empereur eft le General né, le Defenfeur, l'Advoue de l'Eglife principalement contre les Infideles, & que de là lui vient le titre de facrée Majesté & à l'Empire celui de faint Empire; & que quoique tout cela ne foit pas de droit divin, c'eft une efpece de Système politique formé par le confentement des Peu& qu'il feroit à fouhaiter qui fubfitat en fon entier. Il en tire des confė-quences avantageufes. pour les Princes libres d'Allemagne qui ne tiennent_pas beaucoup plus à l'Empereur que les Rois eux-mêmes n'y devroient tenir. Da moins il prouve très-fortement que leur Souve raineté n'eft point diminuée par l'efpece de dépendance où ils font, ce qui est le but de tout l'ouvrage. Cette Republique Chrêtienne dont l'Empereur & le Pape font les Chef n'auroit rien d'étonnant felle étoit imaginée par un Allemand A.7 Ca

ples,

ཏ་

Catholique mais elle l'étoit par un Lu therien; l'efprit de Syftême qu'il poffedoit au fouverain degré, avoit bien prévalu à l'égard de la Religion fur l'esprit de parti.

Le Livre du faux Cefarinus Fürftenerius contient non feulement une infinité de faits remarquables mais encore quantité de petits faits qui ne regardent que les titres & les céremonies, affez fouvent negligez par les plus favans en Hiftoire. On voit que M. Leibniz dans fa vafte lecture ne méprifoit rien, & il eft étonnant à combien de Livres mediocre, & prefque abfolument inconnus il avoit fait la grace de les lire. Mais il l'éft fur tout , qu'il ait pû mettre autant d'efprit philofophique dans une matiere fi peu philofophiques I pofe des définitions exactes, qui le privent de l'agréable liberté d'abufer des termes dans les occafions, il cherche des points fixes & en trouve dans les chofes du monde les plus inconftantes & les plus fujettes au caprice des hommes; il établit des rapports & des propofitions qui plaifent autant que des figures de Rhetorique, & perfuadent mieux. On fent qu'il fe tient prefque à regret dans les détails où fon fujet Fenchaine, & que fon efprit prend fon vol dès qu'il le peut, & s'éleve aux vûës generales. Ce Livre fut fait & imprimé en Hollande, & réimprimé d'abord en Allemagne jufqu'à quatre fois.

Les Princes de Brunfvic le deftinerent à écrire l'Hiftoire de leur Maifon. Pour rem

92

plir ce grand deffein & ramaffer les materiaux. neceffaires il courut toute l'Alle magne, vifita toutes les anciennes Abbayes, fouilla dans les Archives des Villes, examina les Tombeaux & les autres Antiquitez, & paffa de là en Italie, où les Marquis de Tofcane, & Ligurie & d'Eft fortis de la même origine que les Princes de Brunfvic, avoient eu leurs Principautez, & leurs Domaines. Comme il alloit par Mer dans une petite Barque feul & fans aucune fuite de Venife à Mefola dans le Ferrarois, il s'éleva une furieufe tempête, & le Pilote qui ne croyoit pas être entendu par un Allemand, & qui le regardoit comme la caufe de la tempête, parce qu'il le jugeoit héretique, propofa de le jetter à la Mer, a confervant néanmoins fes hardes & fon argent:. Sur cela M.. Leibniz fans marquer aucun trouble, tira un Chapelet, qu'apparemment il avoit pris par précaution & le tourna d'un air affez devot.. Cet artifice lui réüffit, un Marinier dit au Pilote que puifque cet hoinme-là n'étoit pas heretique, il n'étoit pas jufte de le jetter à la Mer.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il fut de retour de fes voyages à Hanovre en 1690, Il avoit fait une abondante récolte, & plus abondante qu'il n'étoit neceffaire pour l'Hiftoire de Brunfvic, mais une favante avidité l'avoit porté à prendre. tout. Il fit de fon fuperflu un ample Recueil dont il donna le premier Volume in folio en 1693. fous le titre de Codex Juris Gentium Diplonaticus. Il l'appella Code du

[ocr errors]

Droit des Gens, parce qu'il ne contenoît que des Actes faits par des Nations, ou en leur des Declarations de guerre,

nom

des Manifeftes, des Traitez de Paix ou de Trê

ve

des Contrats de Mariage de Souverains, &c. & que comme les Nations n'ont de Loix entre elles que celles qu'il leur plaît de fe faire, c'eft dans ces fortes de Piecesqu'il faut les étudier. Il mit à la tète de ce Volume une grande Préface bien écrite & encore mieux penfée. Il y fait voir que les Actes de la nature de ceux qu'il donne, font les veritablez fources de l'Hiftoire autant qu'elle peut être connue, car il-fait bien que tout le fin nous en échape, que ce qui a produit ces Actes publics & mis les hommes en mouvement, ce font une infinité de petits refforts cachés, mais trèspuiffants, quelquefois inconnus à ceuxmêmes qu'ils font agir, & prefque toûjours fi difproportionnés à leurs effets, que les plus grands évenemens en feroient deshonorés. Il raffemble les traits d'Hiftoire les plus finguliers que fes Actes lui ont découverts, & il en tire des conjectures nouvelles & ingenieufes für l'origine des Electeurs de l'Empire fixés à un nombre. Il avoue que tant de Traités de paix fi fouvent renouvellez entre les mêmes Nations, font leur honte & il approuve avec douleur 'Enfeigne d'un Marchand Hollandois, qui ayant mis pour titre A la Paix perpetuelle, avoit fait peindre dans le Tableau un Ci metiere.

Ceux qui favent ce que c'eft que de dé

chifrer ces anciens Actes, de les lire, d'en entendre le ftile barbare, ne diront pas que M. Leibniz n'a mis du fien dans le Codex Diplomaticus que fa belle Préface. Il eft vrai qu'il n'y a que ce morceau qui foit de genie, & que le refte n'eft que de travail & d'érudition, mais on doit être fort obligé à un homme tel que lui, quand il veut bien pour l'utilité publique faire quelque chofe qui ne foit pas de genie.

En 1700. parut un Supplément de cet Ouvrage fous le titre de Mantifa Codicis Juris Gentium Diplomatici. Il y a mis auffi une Préface où il donne à tous les Savans qui lui avoient fourni quelques Piéces rares des louanges dont on fent la fincerité. Il remercie même M. Toinard de l'avoir averti d'une faute dans fon premier Vo-lume, où il avoit confondu avec le fameux Chriftophle Colomp, un Guillaume de Cafeneuve furnomme Coulomp. Vicê-Amiral fous Lours XI. erreur fi legere, & fi excufable, que l'aveu n'en feroit guere glorieux fans une infinité d'exemples contraires..

Enfin il commença à mettre au jour on 1707. ce qui avoit rapport à l'Hiftoire de Brunfvic, & ce fut le premier Volume in folio Scriptorum Brunfvicenfia illuftrantium: Recueil de Piéces originales qu'il avoit prefque toutes dérobées à la pouffiere & aux Vers, & qui devoient faire le fondement de fon Hiftoire. Il rend compte dans la Préface de tous les Auteurs qu'il donne & des Piéces qui n'ont point de noms.

[ocr errors]

d'Au

« AnteriorContinuar »