Imágenes de páginas
PDF
EPUB

HARVARD
UNIVERSITY
LIBRARY
OCT 31 1940

Degrand Fund

[ocr errors][ocr errors][merged small]

L'

'Hiftoire des Abeilles & la maniere de les gouverner ont exercé une infinité d'écrivains de toutes les claffes & de tous les fiécles. Les uns se font principalement appliqués à étudier leur police, à observer leurs manœuvres à fuivre leurs procédés, & parmi ceuxlà on peut compter des anciens & même quelques modernes qui ont mêlé beaucoup de fables avec un affez petit nombre de vérités. D'autres n'ont prefque parlé des Abeilles que rélativement à la maniere de les élever & d'en tirer un bon parti. Si leurs ouvrages renferment quelques traits de l'hiftoire de ces infectes, ce font des anecdotes romanefques, des prodiges, des merveil les dont ils ne donnent aucune preuve, & qui n'ont jamais exifté que dans les géorgiques de Virgile ou dans l'imagina

tion féduite de quelques anciens dont ces compilateurs ne font que les fidéles échos. Ceux-là font les auteurs de cette multitude de petits traités & de méthodes dont tout le mérite ne confifte fouvent que dans la répétition de ce que l'on fçavoit déja, ou dans l'énumération de quelques expériences, de quelques obfervations particulieres fur la maniere ordinaire de gouverner les Abeilles. Quelques-uns enfin ont heureusement réuni ces deux objets, la pratique & l'histoire, l'ufage & la fpéculation. Des Académiciens auffi habiles obfervateurs que citoyens zélés fe font mis fur les rangs, & nous ont donné tout ce que nous pouvions espérer de mieux dans l'un & l'autre genre. La matiere pourroit donc paroître épuisée, & l'ouvrage que nous préfentons au public regardé comme une production fuperflue qu'on devroit lui épargner. Nous aurions en effet gardé un éternel filence fi nous n'avions eu en vûe que de perfectionner l'ancienne méthode, ou de répéter ce qui a été

[ocr errors][merged small]

dit par tant d'autres fur ce fujet. Mais notre plan différe effentiellement de celui de tous ceux qui nous ont précédé. Bien convaincus que le com merce de la cire eft très- important, que la confommation en devient tous les jours plus grande, & que malgré cela le nombre des ouvrieres qui peuvent feules nous la fournir,. n'augmente pas, que les particuliers font auffi indifférens que jamais pour l'entretien de ces infectes précieux, nous avons attentivement examiné d'où pouvoit venir cette difette de cire dans un Etat qui eft auffi propre que tout autre à élever des Abeilles, & où les sujets ne négligent rien de ce qui porte l'empreinte de l'utile & de l'intéressant; & il nous a été facile de reconnoître, par notre propre expérience, que la difficulté d'approcher & de gouverner ces infectes redoutables, & le peu de profit que rapporte cet entretien, quoique dirigé fur les meilleures régles, étoient l'unique caufe du dégoût des particuliers pour une occupation d'ailleurs fi

amufante & fi avantageufe. Malgré les confeils & les préceptes des auteurs les plus éclairés & les mieux intentionnés, malgré les réformes utiles qu'ils fe font efforcés d'introduire dans l'ancienne conftruction & dans la maniere d'y gouverner les Abeilles, la cire n'en eft pas moins chere, les Abeilles n'en font pas plus communes, parce qu'il a éré impoffible, en confervant les Ruches ordinaires, de remédier aux accidens multipliés qui les font périr ou qui les empêchent de profiter & de fe multiplier. Malgré les louables efforts de tous ceux qui fe font intéreffés au fort de ces infectes la pratique cruelle de les étouffer pour avoir leurs provifions s'eft encore généralement répandue, parce qu'on n'a pû la remplacer par rien de mieux. Le froid eft toujours refté en poffeffion de faire mourir la plus grande partie de ces mouches pendant l'hyver & au commencement du printems, les fouris, les mulots & ces légions d'ennemis qui en veulent à leur vie ou à leurs provifions, de leur ôter

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »