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lofophie d'Ariftote, qui régnoit de leur temps; mais ils ne fe font pas écartés Liv. 1. de ces principes certains, & leur nombre ni leur autorité n'ont pas affez CHAP. I. prévalu, pour faire entrer dans les décifions que l'Eglife a faites dans le Concile de Trente, aucune opinion particuliere qui donnât la moindre atteinte à la doctrine ancienne de tous les fiecles.

d'établir

Les Proteftants l'ayant une fois abandonnée, font tombés dans de grands Ils ont été inconvénients. Car ils ont été obligés d'établir de nouveaux principes obligés inconnus jufqu'alors à toute l'Eglife. I. Que tout Sacrement devoit être de noumarqué expressément & en détail dans la Sainte Ecriture. II. Que la veaux principes. Tradition ne devoit être comptée pour rien; mais que fur cet article, ainfi que fur tous les autres, il la falloit rejetter comme une invention humaine. III. Que les Sacrements ne produifoient aucune grace, finon en ce qu'ils excitoient la foi, & en ce qu'ils étoient des fceaux des promeffes de Dieu; de forte que tout leur effet dépendoit de la foi de ceux qui les recevoient. IV. Que toutes les cérémonies qui étoient en usage pour la célébration des Sacrements étoient des nouveautés inventées dans l'Eglife Romaine.

Qui les

ont jetés

Ces principes, entiérement faux, ont produit de nouvelles erreurs, qui en naiffoient néceffairement. Car l'ancienne Eglife avoit toujours cru la dans plunéceffité abfolue du Baptême, & les Proteftants ont renverfé cet article. fieurs erSuivant leur définition des Sacrements, le Baptême ne devoit pas être reurs. donné aux enfants, & il ne leur pouvoit fervir de rien, puifqu'ils n'étoient pas capables de faire des actes de foi, dont ce Sacrement feroit le fceau. Cependant ils n'ont pas ofé refufer de le donner aux enfants, contre les principes fondamentaux de la Réforme; & on fait combien cela a produit de disputes parmi eux. Les Anabaptistes, & plufieurs Sociniens plus hardis, fe font fait rebaptifer, & ils ont rebaptifé les autres. Enfin les Calvinistes ont laiffé mourir plufieurs enfants fans Baptême, ce que l'ancienne Eglife a toujours eu en horreur. Ils fe font contredits eux-mêmes, en confervant la coutume de baptifer les enfants, quoiqu'elle ne foit fondée que fur la Tradition: & à l'égard de la fuppofition qu'ils font que les Rites facrés des Sacrements qu'ils ont fupprimés avoient été inventés dans l'Eglife Romaine, rien n'eft plus capable de les confondre que la pratique conftante de femblables cérémonies dans les Eglifes Grecques, & dans toutes les Communions qui fubfiftent en Orient.

connus

Pour appliquer ce qui vient d'être remarqué à ces Eglifes féparées, foit Ces principes inpar le fchifme, foit par l'héréfie, ou à celles qui, confervant l'unité, ont des cérémonies différentes, on reconnoîtra par la fuite de cet Ouvrage auxOrien deux vérités très-importantes, & qui décident la queftion. La premiere eft, que ces principes fur lefquels roule la doctrine des Proteftants tou

taux..

Liv. I. chant les Sacrements, font inconnus aux Grecs & à tous les Orientaux; CHAP. I. & ceux qui en ont eu connoiffance, comme les Grecs des derniers fiecles,

Les Orien

taux croient

que tous

ments font

les ont condamnés comme hérétiques. La feconde eft, que les Catholiques n'enseignent rien touchant les Sacrements, que les Grecs & les Orientaux n'approuvent pareillement.

On y peut ajouter une troifieme vérité, qui eft, que fi les Théologiens Catholiques qui ont éclairci avec plus de foin les Antiquités Eccléfiaftiques conviennent, felon la doctrine du Concile de Trente, que tous les Sacrements font d'inftitution divine, ils n'entendent pas néanmoins que tout ait été ordonné, jufqu'aux moindres prieres & cérémonies, par Jefus Chrift & par les Apôtres. Les Grecs, qui ne font pas fi grands Critiques, ont tellement cru que les Sacrements étoient d'inftitution divine, qu'ils prétendent que Jefus Chrift lui-même les a inftitués, & la plupart pratiqués, comme l'explique Siméon de Theffalonique, qui eft fuivi par tous les autres.

Enfin quand les Proteftants s'imaginent que c'eft un grand argument contre la créance des Catholiques touchant le nombre des Sacrements, de dire qu'il n'eft parlé que de deux, le Baptême & l'Euchariftie, dans les Sacre la Sainte Ecriture, les Grecs & les Orientaux méprifent cette objection, marqués prétendant qu'ils font tous marqués dans le Nouveau Teftament; & ils entendent comme nous les paffages que nos Théologiens citent pour prouver que la Confirmation, la Pénitence, l'Ordre, le Mariage & l'Extrême-Onction font des Sacrements. On verra même qu'ils ne fe contentent pas de tirer cette doctrine des paffages ordinairement employés pour la prouver, mais qu'ils la tirent auffi de plufieurs autres, pris dans le fens allégorique.

dans le Nouveau Teftam,

Ils n'ont

pas pris

cette créance

On ne peut dire avec le moindre fondement, que les Orientaux aient pris des Latins ce qui regarde la créance de fept Sacrements, non feulement à cause de l'impoffibilité de ces changements entiers dans la foi & des Latins. dans la difcipline, que les Proteftants fuppofent fi faciles, & qu'ils n'ont jamais pu prouver; mais encore parce que la difcipline des Orientaux prouve le contraire. Celle des Grecs, quoiqu'elle convienne dans ce qu'il y a d'essentiel avec celle de l'Eglife Romaine, differe néanmoins en plusieurs points; en forte même que depuis la rupture de l'union, la variété des Rites a fouvent donné prétexte aux uns & aux autres de fe condamner réciproquement. Les Orientaux Orthodoxes, Neftoriens ou Jacobites, ont fuivi les Rites de l'Eglife Grecque, & ils n'ont par conféquent rien pris des Latins, parmi lesquels on trouve à peine un ancien Auteur qui ait entendu la difcipline grecque & orientale, en forte que fouvent ils l'ont condamnée faute de l'entendre.

C'est

C'eft en partie par cette difcipline qu'on prouve d'une maniere incon- Liv. I. testable, que les fept Sacrements reconnus dans l'Eglife Catholique font CH. II. reçus de même dans l'Eglife Grecque, puifque les Euchologes les plus Elle eft établie par anciens contiennent les Offices de la Confirmation, de la Pénitence, du la difcipli Couronnement ou Mariage, & de l'Extrême-Onction ou évxéλasov, auffi- ne. bien que ceux du Baptême & de l'Euchariftie, de même que ceux de l'Ordination fe trouvent dans les Pontificaux. Il est inutile de contester l'autorité de ces livres, puifqu'elle eft reçue dans toutes les Eglifes; mais fi on vouloit la diminuer, en prétendant qu'ils ne font pas anciens, on trouve dans les Bibliotheques des manufcrits dont l'antiquité les met à couvert d'une pareille cenfure; d'autant plus que les livres de Droit Canonique Grec, les Réponses des Patriarches, & divers autres femblables Actes, dont plufieurs font imprimés dans la Collection de Leunclavius, font voir que les Grecs, depuis plufieurs fiecles, n'ont pas eu d'autre discipline que celle qui eft conforme à ces Offices.

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Que les Grecs, & toutes les Communions Orientales, ont confervé l'ancienne doctrine de l'Eglife touchant les Sacrements.

ILY

1

de la foi

Lucar.

L y a beaucoup d'apparence que les Calviniftes, qui ont prétendu Fausse exdonner comme la regle de la créance de l'Eglife Grecque la Confeffion pofition de Cyrille Lucar, n'avoient aucune connoiffance de ces Livres, ni des des Grecs Ecrits Théologiques des Grecs, lorfqu'ils l'ont fait parler ainfi fur les Sa- par Cyrille crements. (a) Nous croyons que les Sacrements Evangéliques dans l'Eglife font ceux que le Seigneur a enfeigné dans l'Evangile, & qu'il y en a deux, car nous en avons reçu autant, & le Législateur ne nous en a pas enfeigné davantage. Nous tenons certainement, qu'ils confiftent dans la parole & dans l'élément, verbo & elemento: qu'ils font les Sceaux des promeffes de Dieu, & qu'ils produisent la grace. Et afin que le Sacrement foit parfait & entier, qu'il faut que la matiere terreftre & l'action extérieure concourent avec fufage de cette chofe terreftre, ordonné par Notre Seigneur

(α) Πισένομεν τὰ ἐυαγγελικὰ μυτήρια ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ είναι, ἅπερ ὁ κύριος παρέδωκεν ἐν τῷ ἐυαγγελίῳ, κακεῖνα δύο ειναι. Τοσαῦτα γὰρ ἡμῖν παρεδόθη καὶ ὁ νομοθετήσας & πλείω παρέδωλεν. Ταῦτα δὲ συνίσασθαι ἐκ ῥήματος καὶ τοιχεία. Εἶναι τε σφραγίδας τῶν τοῦ Θεᾶ ἐπαγγελιῶν καὶ χάριτος πρόξενα κατέχομεν ασφα λῶς. Ινα δὲ τέλειον ἦ τὸ μυτήριον καὶ ὁλόκληρον, δεόν συντρέχειν τὴν τε χοϊκὴν ὕλην, καὶ τὴν ἐξωτέραν πράξιν μετὰ τῆς τοῦ χοινᾶ πράγματος ἐκεῖνα χρήσεως, τῆς τε νομοθετηθείσης, παρὰ τοῦ κυρία ἡμῶν Ιησέ Χρισέ, ἡνωμένης μετά πίςεως ειλικρινές. Οτι ἠλαττωμένης τῆς πίςεως τοῖς μεταλάμβανεσιν ἡ ὁλοκληρία τοῦ μυςηρία Tal. Confeff. cap. 15.

Perpétuité de la Foi. Tome V.

B

LIV. I. Jefus Chrift, & uni à une foi fincere: parce que la foi de ceux qui reçoi-
CH. II. vent le Sacrement venant à manquer, l'intégrité du Sacrement ne fub-

fent fept

fifte pas.

Les Grees Cet article feul, dans lequel, fuivant la doctrine de Geneve, il ne
reconnoil reconnoiffoit deux Sacrements, devoit fuffire à toutes les perfonnes
que
Sacrem. intelligentes, pour leur faire connoître qu'il ne repréfentoit pas fidelle-
ment la créance de l'Eglife Grecque. Car s'il y a quelque chofe de certain,
c'est que les Grecs & tous les Orientaux réunis ou féparés, croient de
même que les Catholiques qu'il y en a fept. Ils reconnoiffent l'excellence
du Baptême & de l'Euchariftie, non feulement en ce que ces deux Sa-
crements font néceffaires, & que leur inftitution eft marquée dans la
Sainte Ecriture; mais auffi parce qu'ils croient qu'on ne peut être sauvé
fans le premier, ce qui eft oppofé à la doctrine des Proteftants. Ils éten-
dent même cette néceffité ( quoiqu'ils ne la reconnoiffent pas comme
abfolue) au Sacrement de l'Euchariftie: de forte qu'ils l'adminiftrent aux
enfants, fuivant l'ufage des premiers fiecles; ce qui n'eft pas moins con-
traire à ce grand principe de la Réforme, que c'eft par la foi feule qu'on
reçoit dans ce Sacrement le corps & le fang de Jefus Chrift. Mais cela
n'empêche pas que les Grecs & tous les Orientaux n'aient la Confirmation,
la Pénitence, l'Ordination, le Mariage, & l'Extrême-Onction, qu'ils re-
gardent comme de véritables Sacrements.

Cette

de tout

eux. 1

Puifqu'il s'agit de montrer ce que croient les Grecs modernes, il n'eft créance à pas néceffaire de rechercher l'Antiquité Eccléfiaftique, pour faire voir que temps été de tout temps l'Eglife Grecque a obfervé ce qu'elle pratique préfenteparmi ment: plufieurs habiles Théologiens l'ont déja fait, M. Habert, le Pere Goar, le Pere Morin, & divers autres. Il fuffira donc de prouver qu'avant le Concile de Florence, & depuis, la créance & l'ufage des fept Sacrements a fubfifté parmi les Grecs & parmi tous les Orientaux, fans aucun changement & fans aucune contradiction. Siméon de Theffalonique, qui Arcud.l.1. vivoit avant le Concile, marque expreffément cette créance. Il y a, dit-il, c. 2. Sim. fept dons du S. Efprit, comme dit Ifaïe, & fept Sacrements de l'Eglife, qui font opérés par le Saint Efprit. Ce font le Baptéme, Onction du Chrême, la fainte Communion, Ordination, le Mariage, la Pénitence & Huile fainte. Gabriel de Philadelphie, Auteur approuvé par tous les Grecs, a enfeigné la même doctrine, ainfi que Grégoire Protofyncelle dans fon abrégé, Meletius Syrigus dans la Réfutation de Cyrille, les Synodes de 1638 & de 1642, la Confeffion Orthodoxe, Nectarius & Dofithée Patriarches de Jerufalem: enfin tous les Métropolitains & Evêques qui ont donné des Atteftations l'ont exprimée très-clairement. En dernier lieu Jean Caryophylle ayant, par quelques Ecrits répandus furtivement, attaqué

Theffal. P. 63.

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par leur

cette doctrine, fut condamné & réfuté par Dofithée, qui à cette occafion Liv. I. publia des articles contraires qu'il a imprimés en Moldavie en 1694. CH. II. Quand nous n'aurions pas ces autorités, qui font inconteftables, la feule Elle eft difcipline des Grecs démontre qu'ils ont tous les Sacrements que nous prouvée croyons & que nous pratiquons. Il n'y a qu'à ouvrir leur Euchologe, difcipline. pour reconnoître qu'après le Baptême ils adminiftrent la Confirmation : que ceux qui ont commis des péchés capitaux font obligés de les confeffer aux Prêtres, de recevoir & d'accomplir les pénitences qui leur font prefcrites, & qu'en cette feule maniere ils obtiennent l'absolution facramentale: qu'aucun Chrétien ne peut fe marier fans la bénédiction & fans les prieres de l'Eglife: que dans les maladies périlleufes on pratique l'onction d'huile bénite à l'égard des malades & des moribonds. Enfin les cérémonies & les prieres qui compofent les Offices des Ordinations, font des preuves convaincantes de la conformité de la foi des Grecs avec celle de l'Eglife Romaine fur le Sacrement de l'Ordre; puifque nonobftant la différence des rites, fur laquelle il n'y a point eu de conteftations tant que les deux Eglifes ont été unies en une même communion, on reconnoit l'ancienne Tradition dans tout ce qu'on y doit regarder comme effentiel. C'est ce qui fera prouvé plus en détail en parlant de chaque Sacrément en particulier, par l'ufage conftant & perpétuel qui en a été confervé jusqu'à nous dans l'Eglife Grecque.

Chretiens

fenti

Les autres Communions qui font dans l'union avec les Grecs, comme Les autres les Melchites Syriens, ou celles qui en font féparées, comme les Nefto- d'Orient, riens & les Jacobites, Syriens, Cophtes, Ethiopiens ou Arméniens, ont font dans les mêmes Sacrements. On ne contefte pas qu'ils n'aient le Baptême & les mêmes l'Euchariftie: ce n'eft donc que fur les autres que les Proteftants, par- ments. ticuliérement les Calviniftes, forment des difficultés, la plupart fort vaines; car elles ne font fondées que fur des témoignages d'Auteurs qui ont écrit contre les héréfies, & qui les ont fouvent multipliées très-málà-propos, ou fur des relations de Voyageurs: les uns & les autres ayant écrit dans des temps d'ignorance, ce qui les peut faire excufer; au lieu que ceux qui foutiennent encore de pareilles fauffetés font inexcufables, après que la matiere a été éclaircie autant qu'elle l'eft. Nous ne citerons pas des Auteurs fufpects, ni des Controverfiftes, ou des Voyageurs ignorants: toutes les autorités feront tirées des Livres de chaque Eglife, & de Théologiens qui y ont vécu avec la plus grande réputation, dont jamais Ils ont nos adverfaires n'ont cité aucun.

tous les Sacrements >

Pour commencer par le Baptême & par l'Eucharistie, il n'y a perfonne le Baptêqui ait contefté que toutes les Sociétés Chrétiennes n'aient ces deux Sacre- me, la ments. On y obferve auffi la cérémonie facrée de la Confirmation, que les tion.

Confirma

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