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Liv. II. Office pour recevoir les Calcédoniens, comme ils appellent les Orthodo CH. VI. xes & les Neftoriens, par lequel on reconnoît que les Jacobites leur faifoient faire une profeffion de foi conforme à celle de cette fecte, mais qu'on ne doutoit pas de la validité du Baptême donné par les uns ou par les autres. S'il s'eft donc fait quelque chofe de contraire de la part des Chrétiens de Levant à l'égard des Orthodoxes ou des Neftoriens, ce n'a été que par ignorance & par haine de forte qu'il n'y a pas plus de raison de conclure de ces exemples, qu'ils font dans l'erreur fur la validité du Baptême adminiftré par les hérétiques, que fi quelqu'un concluoit que P'Eglife Latine eft dans la même erreur, parce que durant les guerres d'outremer quelques Latins ont rebaptifé des Grecs, des Jacobites & des Neftoriens.

Leurs Auteurs ne

difent pas

tême des

Latins foit nul.

Bibl. R.

Pierre Evêque de Melicha en Egypte dans fon Traité fur les fectes, parle du Baptême des Latins, & il y remarque quatre principaux défauts: que le Bap- le premier eft qu'ils ne fe fervent pas de Chrême: le fecond qu'ils omettent le figne de la Croix: le troifieme qu'ils béniffent les eaux baptifmales à portes fermées : le quatrieme qu'ils ne donnent pas auffi-tôt l'Euchariftie MS. Arab. aux nouveaux baptifés. Les trois premiers articles font faux & le quatrieme n'a aucun rapport à l'intégrité du Sacrement. Il ne conclut pas néanmoins que le Baptême des Latins foit nul, ni qu'il faille le donner de nouveau. Ainfi ce qu'on doit conclure de ce qui a été rapporté jusqu'ici, eft, que fi en quelques endroits il y a eu des Chrétiens Orientaux qui ont cru qu'il falloit baptifer les hérétiques, particuliérement les Latins, & que véritablement ils les aient rebaptifés, ils fe font écartés non feulement de la doctrine & de la difcipline de l'ancienne Eglife, mais encore de celle qui a été établie parmi eux, & qui a été enfeignée par leurs plus fameux Théologiens & Canoniftes.

fait en

quoi con

UN

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ExpofiNabus énorme, & qu'on ne peut juftifier de fuperftition & de fation du crilege, est le Baptême annuel des Ethiopiens au jour de l'Epiphanie, tel qu'il eft décrit par François Alvarez témoin oculaire. Il dit que ce jourlà le Roi, la Reine, le Patriarche & un nombre infini de peuple fe rendirent fur le bord d'un grand réservoir qui avoit été rempli d'eau, fur laquelle les Eccléfiaftiques avoient fait plufieurs prieres, & même ils y avoient verfé du Chrême, de forte qu'autant qu'on le peut juger par la

fifte cet abus.

Alv. c. 95.

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Relation

Relation de ce Portugais, la plus véritable de toutes celles qui ont été Liv. II. faites, jufqu'à celle du P. Baltazar Tellez Jéfuite, les Ethiopiens bénif- CH. VII. foient cette eau de la même maniere que fe fait en Orient la bénédiction des Fonts baptifmaux. Tous enfuite fe jetoient dans l'eau & s'y plongeoient après quoi ils paffoient par un degré qui étoit à un bout de ce réservoir, où étoit affis un vieux Prêtre ; & avant qu'ils fortiffent hors de l'eau, il leur mettoit la main fur la tête, la leur plongeoit trois fois dans l'eau, & il difoit : Je vous baptise au nom du Pere, & du Fils, & du S.Efprit. Alvarez dit au Roi d'Ethiopie que c'étoit-là un grand abus, puifque felon le Symbole de Nicée, il n'y avoit qu'un feul Baptême, qu'on ne pouvoit réitérer. Le Roi en convint; mais ajouta-t-il, que fera-t-on de tant de gens qui ont renié la foi pour embraffer le Mahométifme?

Les Jéfuites trouverent les chofes en ce même état, comme le marque le P. Tellez fur le témoignage de fes Confreres ; & on ne peut pas douter Hift. de Ethiop. que ce ne fût un Baptême férieux, puifqu'après la révolution entiere des 1. 1. c. 37. affaires de la Religion en Ethiopie & l'expulfion des Miffionnaires, le Roi & le Patriarche firent publier un Baptême général pour effacer tous les péchés, fur- tout celui de s'être féparé de l'Eglife d'Alexandrie pour se réunir à l'Eglife Catholique. Alvarez ajoute qu'il avoit appris du Roi d'E- Idem. 1. 5. thiopie, que cette cérémonie avoit été établie par fon ayeul, ce qui faifoit C. 35. connoître qu'elle n'étoit pas fort ancienne. Matthieu Arménien, dont les Réponses furent imprimées prefque en même temps que la Relation d'Alvarez, ne difconvient pas de cet abus.

dit pour

13. p. 381.

Damian. Goez. de

Mor. Æth.

Zaga-Zabo, un Prêtre Ethiopien nommé Tecla - Mariam, qui alla à Ce qu'on Rome vers la fin du feizieme fiecle, & quelques autres ont tâché de justi- excufer fier cet abus en difant, que ce n'étoit qu'une mémoire du Baptême de cet abus. Jefus Chrift. M. Ludolf foutient la même opinion, & il la confirme par Thomas à le témoignage d'un Ethiopien nommé Grégoire qu'il avoit eu auprès de Jefu, 1.7 c. lui, & auquel il a fait dire tout ce qu'il a voulu. Ce n'eft donc, fi on le doit croire, qu'une fête en réjouissance de ce que Jefus Chrift avoit été baptifé ce jour-là, à l'occafion de quoi les Ethiopiens alloient en foule fe jetter Hift. Eth. dans l'eau ; & quand ils rencontroient des Prêtres fuivant la coutume, ils l. 3. c. 6. leur demandoient leur bénédiction, que ceux-ci donnoient en difant: le Pere, le Fils, & le S. Efprit vous béniffe, ce qui a fait croire, pourfuit-il, que c'étoit un vrai Baptême, mais fans aucun fondement. Il n'y a perfonne qui ne croie plutôt Alvarez & les Jéfuites que l'Ethiopien de M. Ludolf, & même que tous les Ethiopiens; puisqu'il ne faut pas s'étonner qu'ils aient cherché à excufer une pratique auffi contraire aux Loix les plus anciennes & les plus facrées de l'Eglife. On comprend aifément que Zaga-Zabo & Tecla-Mariam cherchoient à excufer ce qu'ils ne pouvoient défendre. Perpétuité de la Foi. Tome V.

P

& fon

bles.

Liv. II. A l'égard de Grégoire, M. Ludolf lui a fait dire tant d'autres chofes
CH. VII. manifeftement fauffes, que tout ce qui n'eft fondé que fur fon témoignage
M. Ludolf ne mérite pas la moindre attention outre qu'on a des preuves certaines
du peu de bonne foi avec laquelle l'a queftionné & l'a fait parler M. Lu-
Ethiopien
peu croya- dolf. Celui-ci étoit un homme qui paroiffoit fort fincere & plein d'amour
pour la vérité : cependant jamais peut-être perfonne ne l'a plus altérée ni
plus déguisée en tout ce qui regarde les matieres de Religion qu'a fait
M. Ludolf. C'eft qu'il a toujours eu l'efprit prévenu de deux préjugés
également faux : l'un de justifier les Ethiopiens fur tout; l'autre de trouver
parmi eux le Luthéranifme. Nous ferons voir dans une Differtation affez
ample fur l'Eglise d'Ethiopie, que tout ce qu'il leur attribue fur la Religion
eft presque entiérement faux, & qu'il n'a eu qu'une très-médiocre con-
noiffance de fa matiere, parce qu'il n'en avoit aucune de l'Eglife Jacobite
d'Alexandrie, de l'Hiftoire de laquelle nous avons tiré plus de faits im-
portants qu'il n'en a mis dans fes deux volumes. Un homme qui justifie
les Ethiopiens fur la Circoncifion, fur le Sabbat & fur d'autres obferva-
tions judaïques; fur leur polygamie; même fur leur héréfie, qui eft celle
des Monophylites, les peut juftifier fur leur Baptême annuel : & celui qui
a pu écrire que le plus parfait modele de l'ancienne difcipline Eccléfiaf-
tique étoit celle qu'on trouvoit encore en Ethiopie, ne mérite créance
fur rien; d'autant plus que comme nous efpérons le prouver d'une ma-
niere bien convaincante, il a traité le point qui regarde la créance des
Ethiopiens fur l'Euchariftie avec une mauvaise foi qu'il eft impoffible de
juftifier. Car au lieu de rapporter fidellement les prieres publiques des
Liturgies & d'autres Offices, sauf à les commenter comme il auroit pu,
il n'en a pas fait la moindre mention; mais il nous a donné des réponses
Perp. T. 4. ambigues de fon Abyffin à des questions captieufes qu'il lui proposoit.
C'est ce que nous avons fait voir dans la matiere de l'Euchariftie: nous
le ferons plus amplement dans la Differtation fur l'Eglife d'Ethiopie; &
nous espérons qu'après cela on ne déférera pas, comme on a trop fait,
à l'autorité de M. Ludolf.

p. 113.

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Cet abus n'eft pas

fort an

Enfin pour revenir à ce Baptême annuel des Ethiopiens, après un témoignage auffi pofitif que celui d'Alvarez, confirmé par les Jéfaites cien. témoins oculaires & plus capables d'en juger que lui; après un exemple récent tel que celui d'une rebaptisation générale ordonnée par le Roi & par le Patriarche après qu'ils eurent chaffé les Miffionnaires, il eft inutile de citer un inconnu comme Grégoire pour excufer un tel facrilege. On remarquera feulement qu'il y a tout fujet de croire qu'il n'étoit pas plus ancien que dit Alvarez, puifqu'il ne s'en trouve aucun veftige dans la Collection de Canons de Zara-Jacob qui régnoit du temps du Concile

1

de Florence, ni dans tout ce que nous connoiffons de Canons qui ont Liv. II. rapport à l'Ethiopie. Il y a plufieurs Conftitutions de Patriarches d'A- CH. VII. lexandrie, par lefquelles ils ont condamné divers abus introduits en Ethiopie, entr'autres celui de la pluralité des femmes, la Circoncifion après le Baptême & des pratiques judaïques; mais on n'en voit aucune qui parle de celui-ci, ce qui en fait voir la nouveauté. L'Eglife d'Alexandrie a eu fa discipline pénitentielle, nonobstant les variations qui l'ont altérée, & ce qu'elle a prefcrit à l'égard de ceux qui avoient renié la foi pour fe faire Mahométans n'a jamais été un nouveau Baptême, mais ou la pénitence que les anciens Canons prefcrivoient pour ceux qui étoient coupables d'idolâtrie, ou même une autre encore plus terrible que nous expliquerons en fon lieu. Abuselah, qui vivoit il y a plus de quatre cents ans, parle de plufieurs coutumes particulieres aux Ethiopiens, & il ne fait aucune mention de cet abus, ce qui eft une autre preuve de fa nouveauté.

Tavern.

Les Arméniens, ainfi que la plupart des Chrétiens Orientaux, célebrent Voyage de le 6 de Janvier la commémoration du Baptême de Jefus Chrift, dont Chardin, l'Eglife Latine fait auffi mémoire dans l'Office de la fête de l'Epiphanie. &c. La coutume qu'ils ont eft, de bénir de l'eau avec de longues prieres & plufieurs cérémonies, de l'emporter dans leurs maifons & d'en faire des afperfions, comme les Catholiques font de l'eau bénite. Cette bénédiction fe fait quelquefois dans la riviere, & c'est ce que pratiquent les Arméniens établis à Julfa, comme l'ont décrit divers Voyageurs. Mais cela n'a rien de commun avec l'abus des Ethiopiens, qu'on ne peut confidérer que comme un renouvellement du Baptême que l'ignorance & l'impénitence a introduit, & qu'on ne peut excufer de facrilege. Si les Arméniens obfervoient le même abus, ils ne le rendroient pas plus excufable.

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De quelques autres abus qu'on reproche aux Orientaux touchant le Baptême.

LA

Auteurs

A principale fource de plufieurs fauffes accufations que divers Ecri- Plufieurs vains modernes ont répandues contre les Orientaux fur le Baptême, auffi- faute de bien que fur d'autres points très-importants de la Religion est, que la connoitre plupart ont également ignoré la difcipline ancienne & celle des Eglifes la difcipliOrientales. Ils avoient appris que l'ufage commun étoit de ne baptifer les mal jugé enfants mâles qu'au bout de quarante jours, ou de quatre-vingts pour des Orien l'autre fexe: cela leur a fuffi pour conclure très-fauffement qu'ils ne taux.

ne, ont

de celle

LIV. II. croyoient pas la néceffité du Baptême. Par cette même raison, & parce CH. VIII. que dans les premiers fiecles plufieurs Cathécumenes différoient longtemps à le recevoir, les Calviniftes en ont tiré lá même conféquence. Hom. 1. in S'ils avoient agi de bonne foi, ils auroient dû marquer en même temps Act. Apoft. & alibi que les SS. Peres déclamoient continuellement contre cet abus, & S. patr. Jean Chryfoftôme feul en pouvoit fournir un grand nombre de preuves. Ils auroient dû auffi obferver que les Cathécumenes qui mouroient fans Aug. de. Baptême, ne participoient pas aux prieres ni aux facrifices que l'Eglife pec.merit. célébroit pour les Chrétiens morts dans fa Communion: & qu'elle n'avoit p.67.n.ed. qu'une très-légere efpérance de leur falut, comme elle n'en avoit aucune de celui des enfants qui étoient enlevés de ce monde avant que d'être baptifés.

Conc. Bra

car. c. 35.

1. 2. c. 26.

Elle eft

fondée fur

té.

Il faut donc ainfi juger des Orientaux: ils different le Baptême afin l'Antiqui- que l'enfant foit plus fort, & que la mere foit en état de le présenter elle-même à l'Eglife. Mais ils ont des regles très-anciennes fondées fur la pratique de la primitive Eglife, pour le donner fans obferver les céré monies ordinaires, dès qu'il y a le moindre péril: nous avons leurs Offices abrégés pour ces occafions-là, un des Cophtes, deux des Syriens Jacobites, & d'autres femblables. Ils impofent des pénitences très-féveres aux Prêtres, aux parents, & à tous ceux qui font caufe de ce qu'un enfant meurt fans être régénéré. Ils difent clairement qu'en cet état il meurt coupable du péché d'Adam, qu'il n'a aucune part avec Jefus Christ, & qu'il n'entre pas dans le Royaume des Cieux. Il n'en faut pas davantage pour mettre hors de tout reproche leur créance & leur difcipline.

La Com

Commeon Leurs Canons, conformément aux anciens, défendent aux femmes & le prouve par leurs aux Laïques de baptifer. Ils ne difent pas néanmoins que le Baptême admiCanons. niftré de cette maniere foit nul: & il n'y a dans les Collections des Cophtes aucune Constitution qui ordonne de le réitérer. On en trouve une à la vérité dans les Livres des Jacobites Syriens attribuée à Severe d'Antioche, qui dit le contraire, ce qu'on voit aufli dans les Ecrits de quelques Grecs modernes. C'eft le corps des Canons qui fait la loi, & non pas des ré munion ponfes particulieres, dont il ne paroît aucune pratique. Il eft de même défendu parmi eux de faire baptifer des enfants par une perfonne de différente Communion: & quelques-uns ont décidé par ignorance ou après le témérairement, que le Baptême reçu de cette maniere étoit nul. CepenBaptême, dant aucune Loi Eccléfiaftique généralement reçue n'ordonne de le réitérer: Parmi les abus que plufieurs de nos Auteurs, particuliérement des abus par modernes, ont remarqué dans le Baptême des Orientaux, ils regardent plufieurs Auteurs. comme un des principaux la Communion qui eft donnée aux enfants, en même temps qu'ils reçoivent le Baptême & la Confirmation felon le

donnée

aux en

fants

traitée

comme un

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