Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Rite Oriental. Les uns en parlent comme d'une profanation de l'Eucha- Liv. II. riftie: d'autres comme de la fuite d'une erreur capitale, qui confifte à CH. VIII. égaler la néceffité de ce Sacrement avec celle du Baptême. Enfin plus l'ignorance de l'ancienne difcipline a été grande, plus ces Ecrivains ont attaqué cette pratique commune à tous les Chrétiens d'Orient comme périlleufe; & les Miffionnaires l'ont fouvent retranchée, lorfqu'ils ont eu une entiere autorité de le faire. On doit regarder comme un abus dans la difcipline, ce qui eft contraire à l'ufage ancien & univerfel des Eglifes: de même que ce qui eft contraire aux Symboles, & aux décifions qui regardent la doctrine, eft une erreur contre la foi. Mais ce qui eft conforme à la pratique de tous les fiecles, & fur quoi il n'y a eu aucune contestation depuis le commencement des Schifmes, dans le temps même que les Grecs & les Latins fe font accufés réciproquement fur des points beaucoup moins importants, ne peut être traité d'abus; puisqu'en accufant les Orientaux fur ces points de difcipline, cette accufation retombe fur les anciens Peres des temps les plus floriffants de l'Eglife, & renverse l'autorité de la Tradition.

cilement

dernes.

Les modernes qui ont plus exagéré l'énormité de ce prétendu abus, 'Condamn'ont pas fait réflexion aux conféquences que les Proteftants pouvoient né trop fatirer de ces vaines objections contre l'autorité de l'Eglife. Car fi elle a par quelautorisé des pratiques pernicieuses, & qu'on eft obligé d'abolir, elle n'eft ques moplus infaillible, & on ne peut défendre plufieurs cérémonies non écrites que la Réforme a fupprimées, fi l'usage conftant de tous les fiecles & de tous les pays ne fuffit pas pour les juftifier. Ces mêmes Cenfeurs qui ont condamné fi aifément ces cérémonies, n'ont pas pris garde que celle de la Communion des enfants fournit aux Catholiques une preuve fi forte de la foi touchant la préfence réelle, qu'il eft impoffible d'en éluder les conféquences par aucune fubtilité. Car il eft clair que toute la Théologie des Proteftants fur les Sacrements eft entiérement détruite par cette feule pratique; puifqu'il faut convenir, que fi c'eft la foi qui produit l'effet des Sacrements, & que c'eft elle par le moyen de laquelle on reçoit le corps de Jefus Chrift dans l'Euchariftie, comme difent les Luthériens dans la Confeffion d'Augsbourg, & les Anglois dans leurs articles de Religion, les enfants, qui ne font pas capables de produire cet Acte de foi, ne Les Orien reçoivent pas le corps de Jefus Chrift en recevant l'Euchariftie. Cepen- croient dant les Grecs & les Orientaux font tellement perfuadés que ces enfants que les enle reçoivent véritablement, qu'à leur égard ils obfervent autant qu'il est çoivent poffible, tous les points de difcipline ordonnés à l'égard des adultes qui véritableapprochent de la Communion. Un des principaux eft qu'on la reçoive à ment le jeun; & les Canons particuliers de l'Eglife d'Orient ordonnent que les Jefus Ch..

taux.

fants re

corps de

Liv. II. enfants feront à jeun, & qu'ils n'auront point tetté lorsqu'on les présentera CH. VIII. au Baptême. Il y a diverses précautions pour empêcher la profanation de

La difci

cienne eft

Orien

taux.

[ocr errors]

Profp. de Promiff.

Eccl. difc.

1. I. c. I. art. 15.

l'Euchariftie, de peur qu'il ne tombe quelque particule de la.patene, ou quelque goutte du Calice: elles font encore plus grandes lorsqu'on communie les enfants, jufques-là même qu'on ne leur donne ordinairement qu'une espece. Les Orientaux croient donc que les enfants reçoivent le Corps & le Sang de Jefus Chrift auffi véritablement que les adultes, & par conféquent que le changement du pain & du vin est fait indépendamment de la foi des Communiants. Car on ne pourroit pas dire que celle des parrains produiroit le même effet à l'égard de l'Euchariftie, qu'elle le produit à l'égard de la fufception valide du Baptême, puisque dans le Rite Oriental, on n'interroge pas les parrains fur cet article comme fur ceux du Symbole outre que la Théologie des Proteftants fur le Baptême des enfants eft embarraffée de tant de difficultés & de variétés, qu'elle ne peut fournir aucun argument folide pour attaquer ou pour confirmer l'ancien ufage dont nous parlons.

On ne peut fans ignorer entiérement l'ancienne difcipline de l'Eglife, pline an- douter qu'elle n'ait été telle que nous la trouvons encore parmi les Grecs, conforme les Syriens, les Egyptiens, les Abyffins, les Arméniens, & tous les Chrétiens à celle des d'Orient, de quelque langue & de quelque Secte qu'ils foient. Ce confentement général en fait voir l'univerfalité & l'antiquité, dont on a un grand Cypr. de nombre de preuves. Car on prouve que dès le temps de S. Cyprien on Lapf. donnoit la Communion aux enfants, par l'exemple de cette petite fille, qui ayant été fouillée par les chofes offertes aux Idoles, ne put recevoir Perp. T. 4. l'Euchariftie & la rejeta. Nous avons cité un autre exemple rapporté par Mart. de S. Profper: & on confirme cette difcipline par divers paffages des Anciens rapportés par plufieurs Auteurs, qui prouvent que l'Euchariftie étoit donnée aux nouveaux baptifés auffi-tôt après le Baptême. Ceux qui voudroient rapporter tous ces paffages à la Communion des enfants, pourroient se tromper fur quelques-uns qui n'y ont pas rapport, parce que dans le style de ces premiers temps, Infantes fignifioit généralement les nouveaux baptifés fans avoir égard à l'âge. Mais la difcipline & fon ufage font prouvés par tant de Rituels, qu'on ne peut pas révoquer en doute que les enfants n'aient participé à l'Euchariftie incontinent après le Baptême, même dans De Bapt. l'Eglife Latine, qui obfervoit encore cette coutume dans le neuvieme fiecle, comme on reconnoît par les témoignages de Théodulfe Evêque Bened. d'Orléans, & de Riculfe de Soiffons: & dans le dixieme par la vie de S. Mart. p. Adalbert Evêque de Prague; enfuite par Hugues de S. Victor. Le Rituel 173. 177. de Gelafe ancien de plus de neuf cents ans, le marque expreffément: Poftea fi fuerit oblata, agenda eft Miffa & communicat: fin autem, dabis ei tan

C. 18.

Sæc. 5.

179.

tum Sacramenta Corporis & Sanguinis Chrifti dicens: Corpus Domini Noftri Liv. II. Jefu Chrifti fit tibi in vitam æternam. Dans un autre très-ancien. Poft hoc Cн. VIII. ingrediuntur ad Miffas & communicant omnes: illud autem providebis, ut poftquam baptifati fuerint nullum cibum accipiant, nec ablatentur antea quam communicent Sacramenta Corporis Chrifti. Il paroît par ces dernieres paroles qu'il s'agit des enfants auffi-bien que des autres: car ablatentur. fignifie en cet endroit la même chofe que lactentur; c'est-à-dire, qu'on ne leur donne pas la mammelle. Dans un autre Office. Et fi Epifcopus adeft ftatim confirmare eum Chrifma oportet, poftea communicare. Et fi Epifcopus præfens non fuerit antequam poft Baptifmum ablactetur aut aliquid accipiat Corpus&Sanguinem Domini communicetur; ce qui eft auffi marqué dans les anciens Sacramentaires de l'Eglife de S. Remy de Reims, de l'Eglife de Ord. 8-13. Poitiers: un autre de Chelles: un de S. Germain des Prez: un de Moiffac: un de Jumieges: un des Latins qui étoient à Apamée en Syrie du temps des Rois de Jerufalem, & qui paroît être l'Office Romain de ce temps-là. On trouve tous ces Offices recueillis par le favant Pere Martenne Bénédictin de la Congrégation de S. Maur, dans fon premier volume de Antiquis Ecclefiæ Ritibus.

peut donc

accufer

Si donc les Grecs, les Syriens, Melchites, Neftoriens ou Jacobites, & On ne les toutes les Communions unies avec l'Eglife Romaine, ou féparées, ont confervé la difcipline de donner la Communion aux enfants avec le d'aucune Baptême, ils ne peuvent être accufés, ni de nouveauté, puifqu'il paroît erreur fur ce fujet. par tant de preuves que la même coutume étoit obfervée en Occident comme en Orient; ni d'aucune erreur, puifque cette accufation retomberoit également fur toute l'Eglife. On trouve dans les Rituels Orientaux les mêmes précautions pour la Communion des enfants que celles qui font marquées dans quelques Latins, qui est de ne leur donner que l'efpece du vin, comme il eft marqué dans le quatorzieme. Communicentur autem pueri qui nondum noverunt comedere vel bibere, five cum folio five cum digito intincto in Sanguine Domini & pofito in ore ipforum, Sacerdote ita dicente: Corpus cum Sanguine Domini noftri Jefu Chrifti cuftodiat te in vitam æternam. La difcipline obfervée parmi les Cophtes eft la même. Le Prêtre met le doigt dans le Calice, & le fait fucer à l'enfant & en d'autres Rituels il eft marqué qu'il lui met l'extrêmité de la cuiller facrée dans la bouche, ce qui lui tient lieu de Communion. Enfin non feulement les Rituels en toute langue prefcrivent la Communion des nouveaux baptifés & nommément des enfants, mais Jacques d'Edeffe, Abulfarage qui rapporte fes paroles, Ebnaffal, Abulbircat, la Nomocan. Science Eccléfiaftique, marquent la même difcipline. On en a auffi une preuve dans une hiftoire de la difpute de quelques Religieux Egyptiens

Syr. MS.

MS. Arab.

LIV. II. avec un Juif nommé Amran, fous Andronique trente-feptieme Patriarche CH. IX. d'Alexandrie, & qui finit par la converfion de ce Juif & de tous ceux de fa famille. L'Evêque, dit cette histoire, fit des prieres fur l'eau telles qu'on les fait pour adminiftrer le Baptême; & quand il eut verfé du Chrême facré dans le Jourdain, ou dans les Fonts, & qu'il y eut fait le figne de la Croix, il les fit defcendre dedans, & ils y furent plongés trois fois au nom du Pere, du Fils, & du Saint Efprit un feul Dieu, puis les femmes & les enfants. L'Evêque célébra la Liturgie, & il les fit tous participants du Corps & du Sang précieux, & il accomplit ainfi leur Baptême.

Quelques Auteurs

propos

l'ancien

C. 4.

[blocks in formation]

Si on peut accufer d'erreur ceux qui ont dit que la Communion étoit nécessaire aux enfants: ce que croient fur cela les Grecs & les Orientaux.

I

L ne faut pas s'étonner fi des Miffionnaires peu inftruits de l'ancienne ont atta- discipline, ont mis cette pratique parmi les erreurs & les abus des Grecs qué mal-à- & des Orientaux, puifqu'il y a eu des Ecrivains affez téméraires pour cette dif- porter le même jugement contre l'Eglife primitive; & plufieurs ont attaqué cipline de S. Auguftin, qui tire de cet ufage un argument très-fort contre les Pélagiens, comme s'il avoit égalé la néceffité de l'Euchariftie à celle du Bapne Eglife. tême, ajoutant que cette opinion avoit été condamnée dans le Concile Seff. 21. de Trente. A l'égard de S. Augustin, plufieurs habiles Théologiens l'ont défendu contre de tels calomniateurs, entr'autres le favant Cardinal de Vind. Aug. Noris, dans les Vindicia Auguftiniane, où il fait voir que ce grand Docteur Parag. 4 de l'Eglife tiroit des cérémonies du Baptême un argument contre les Pélagiens, en leur prouvant que s'ils prétendoient que les enfants morts fans Baptême étoient exclus du Royaume du Ciel ( ce qu'on ne nioit pas alors, car on ne connoiffoit pas la diftinction frivole du Royaume du Ciel, & du Royaume de Dieu, que les Calvinistes ont inventée) on ne pouvoit fuppofer que ces mêmes enfants euffent une autre forte de vie éternelle fur la terre, puifque Jefus Chrift avoit déclaré que fi on ne mangeoit fa chair & fi on ne buvoit fon fang on ne pouvoit avoir la vie. Or cela peut s'entendre en deux manieres; l'une, en ce qu'on ne peut participer à l'Euchariftie fans avoir reçu le Baptême, qui donne droit à la recevoir, & c'est ainsi que plufieurs Théologiens ont cru qu'on pouvoit entendre les paroles de S. Auguftin. L'autre qui eft plus fimple eft, que parlant du Baptême, il a entendu tout ce que l'Eglife pratiquoit en l'administrant, & il eft certain par les témoignages qui ont été rapportés, ainfi que par plufieurs

plufieurs autres qu'on y pourroit ajouter, qu'on ne baptifoit point fans Liv. "II. donner auffi-tôt la Communion aux nouveaux baptifés. Ainfi on ne divi- CH. IX. foit pas trois Sacrements qui étoient donnés en même temps, le Baptême, la Confirmation & l'Euchariftie, quoiqu'ils fuffent diftingués en euxmêmes; en forte que fi par quelque accident, ou dans un péril preffant de mort, on ne recevoit le Baptême que comme les Cliniques qui étoient baptifés dans leur lit, & étant à l'extrêmité, on fuppléoit la Confirmation dans la fuite. C'est donc du Baptême entier & complet par la réception de l'Euchariftie que S. Augustin a parlé, de même que quand le Pape Euf. Hift. S. Corneille, parlant du Baptême que Novat avoit reçu dans le lit fans recevoir la Confirmation, ajoute, fi on peut dire qu'il ait ainfi obtenu le Baptême.

Eccl. 1. 6.

c. 43.

c. 69. l. I.

Mais ce qui doit être plus remarqué eft que cette pratique de donner C'étoit la la Communion aux enfants incontinent après le Baptême, étoit la pratique pratique générale. générale de toute l'Eglife jufques au neuvieme fiecle, & long-temps De Eccl. après, comme il paroît par cette Loi des Capitulaires citée par Réginon, difcip. 1.1. & qui dit qu'elle est tirée ex Capitulis Synodalibus; c'est-à-dire, qu'elle Cap. c.61. avoit été faite dans un Synode d'Evêques. Que le Prêtre on le Curé ait Walter. Aurel.c.7. toujours l'Euchariftie préte, afin que fi quelqu'un eft malade, ou quelque enfant, auffi-tôt il le communie, de peur qu'ils ne meurent fans Communion ( a ). La même discipline fe trouve marquée dans les Chapitres de Gautier Evêque d'Orléans, fur laquelle on trouve une Note fort finguliere dans l'édition des Conciles. Ce Canon en ce qu'il ordonne qu'on donnera l'Euchariftie non feulement aux malades, mais aux enfants, femble approcher de Popinion de S. Auguftin, qui établit une néceffité égale pour tous les fideles de recevoir l'Euchariftie comme le Baptême pour obtenir le falut; & ce grand Docteur croit que cette opinion eft venue aux Eglifes par la tradition Apoftolique.... Mais quoique S. Cyprien rapporte qu'une petite fille à Carthage participa au corps & au fang de Jefus Chrift, ce que S. Auguftin rapporte pareillement, l'Eglife universelle n'a jamais reçu cette pratique fans quelque tache de nouveauté (b).

mais été

Jamais cependant ni les Pélagiens, ni les Catholiques, n'ont fait ce Qui n'a ja reproche à S. Auguftin; & la pratique de donner la Communion aux en- accufée de

nouveau

(a) Ut Presbyter femper Euchariftiam habeat paratam, ut quando quis infirmaverit, aut té. parvulus infirmus fuerit, ftatim eum communicet, ne fine Communione moriatur. (b) Quod autem non tantum infirmis, fed etiam parvulis ægrotantibus vult porrigi Euchariftiam, ad opinionem S. Aug. videtur accedere, non minorem in Euchariftia quam in Baptifmate neceffitatem fidelibus omnibus ad falutem confequendam collocantis, quam exiftimat magnus Doctor ex Apoftolica traditione Ecclefiis infitam effe. Puis ayant cité le Capitulaire dont Gautier a pris les paroles, il ajoute : Quod univerfalis Ecclefia nunquam rece pit (licet infantem puellam Carthagine Chrifti corpori & fanguini participaffe narret S. Cyprianus libro de Lapfis referatque Auguftinus) abfque nota novitatis. Conc. T. 8. c. 646. Q

Perpétuité de la Foi. Tome V.

« AnteriorContinuar »