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Prêtres, cela ne fait aucune différence effentielle entr'eux & l'Eglife Ca- Liv. II.
tholique. Tout confifte en un point de difcipline, qui a varié en ce qui CH. X.
regarde le Miniftre & le temps de faire cette cérémonie facrée, mais non
pas pour la rejetter comme une fuperftition inutile & dangereuse, ainsi
qu'ont fait les Proteftants, même les Anglois, qui ayant retenu l'impofition
des mains par l'Evêque, ont retranché l'Onction, fous prétexte qu'elle n'eft
pas marquée dans l'Ecriture Sainte, mais fans la condamner (b).

Ils n'ont pas non plus approuvé dans les Grecs la pratique de donner
la Communion aux enfants incontinent après le Baptême, parce que rien
n'est plus directement oppofé à leurs principes touchant les Sacrements
en général, & l'Euchariftie en particulier. Jérémie le réfute fur cet article
auffi-bien que fur tous les autres, & l'ufage de toutes les Eglifes d'Orient
le juftifie fuffifamment.

& autres

monies

minift. le

Nous ne parlerons point de plufieurs moindres cérémonies qui ac- Les Grecs compagnent les principales que nous avons rapportées, & qui font voir Orientaux que c'eft fans aucune raifon qu'elles ont été traitées par les premiers Ré- ont les auformateurs comme des abus & des innovations de l'Eglife Romaine, tres cérépuifqu'elles fe trouvent également obfervées par les Grecs & par tous pratiles Chrétiens Orientaux, qui n'ont eu depuis plus de douze cents ans quéesdans l'Eglife aucun commerce avec les Latins. Ce font le figne de la Croix tant de fois Romaine. réitéré dans toute la fuite de ces cérémonies, le fouffle fur les eaux & fur l'huile, les onctions, enfin foutes les autres pratiques religieufes, que les Réformateurs ont rejetées, lesquelles, difent-ils, nous ne nions pas avoir Man.d'ad été fort anciennes. Mais pour ce qu'elles ont été inventées à plaifir, ou pour Bapt. Forle moins par quelque confidération légere: quoi qu'il soit, puisqu'elles ont été mulæ Scoticæ, &c. forgées fans la parole de Dieu, d'autre part, vu que tant de fuperftitions en font forties, nous n'avons point fait difficulté de les abolir. Voilà comme parloient nos Calviniftes; au lieu que les Grecs & les Orientaux croient auffi-bien que S. Bafile, & les plus anciens Peres, qu'elles font de Tradition Apoftolique. Or on ne dira jamais fans blafphême, que ce qui a été obfervé de toute antiquité dans les Eglifes féparées de langues & de mœurs, & qui s'y eft confervé comme propre à l'édification des fideles, & utile pour leur faire comprendre la dignité du Sacrement de Baptême, foit forgé fans la parole de Dieu, fi ce n'est par un enchaînement de conclufions tirées d'un principe que les Grecs & les Orientaux ne condamnent pas moins que les Catholiques.

(e) Confignent liberè per nos licet, Latini, Græcique inungant, liniantque, quibus id moris eft, nihil certè culpamus, qui interim antiquæ fimplicitati, & falubrium cæremoniarum paucitati inhærentes, fola manus Epifcopalis impofitione, & benedictione Neophytos noftros ftabilimus. Hammond. de Confirm. p. 42.

Perpétuité de la Foi. Tome V.

S

fion.

Jugement

véritable

fur la doc

trine des

Protef

tants tou

Liv. II. Ce qui a été dit jusqu'ici fait assez voir que Melece Syrigus, dont nous CH. X avons rapporté les paroles, a remarqué avec beaucoup de raison, que Conclu- les Calviniftes reconnoiffant le Baptême comme un Sacrement, l'anéantiffent par les fauffes interprétations qu'ils donnent à plufieurs paffages, de Syrigus & par les erreurs dont il fait une ample énumération, difant qu'il n'est Yerde pas néceffaire pour le falut des enfants des Chrétiens. Rien en effet n'eft plus vrai que cette remarque. Ils parlent du Baptême avec respect; ils le reconnoiffent pour un véritable Sacrement, marqué dans l'Ecriture Sainte, Sainte, auffi-bien que dans le Symbole ; & cependant ce qu'ils en croient n'eft rien moins que ce qu'en croient les Grecs & tous les Orientaux. Ceux-ci, comme il a été prouvé, croient que le Baptême eft absoludifféren- ment néceffaire au falut, même pour les enfants, qui font regardés comces de la me enfants de colere & exclus du Royaume des Cieux, s'ils ne reçoivent de la difci- le Sacrement de régénération. Les Proteftants, particuliérement les Calvinistes, ne croient pas que les enfants aient befoin du Baptême pour entrer dans le Royaume des Cieux; fuppofant que les enfants des fideles font fanctifiés dès le ventre de leur mere.

chant le

Baptême.

P. 88.

Grandes

créance &

pline

Orientale

& de

les des Proteft.

cel

Ainfi ils entendent l'Ecriture Sainte autrement que ne font les Grecs & les Orientaux: ils ont introduit une diftinction toute nouvelle du Royaume de Dieu & du Royaume des Cieux, inconnue aux anciens Peres Grecs & Latins, auffi-bien qu'à tous les Théologiens Orientaux. Ils interpretent de même les paroles de S. Paul, Filii veftri immundi essent, ·nunc autem fan&ti funt, tout autrement qu'elles ne font entendues par les Chrétiens de ces pays-là. La négligence des peres & des meres ou des Prêtres qui laiffent mourir les enfants fans Baptême, eft regardée comme un grand crime, & punie par des pénitences rigoureufes : les Calviniftes n'y font pas la moindre attention. Les Orientaux ordonnent que les enfants en péril de mort foient baptifés dans l'inftant: les Calviniftes attendent un jour de prêche.

Les Orientaux pratiquent toutes les cérémonies que les Catholiques emploient dans l'adminiftration du Baptême : les Calviniftes les ont toutes retranchées, & les condamnent comme magiques & fuperftitieufes.

Tous croient que les paroles, c'est-à-dire, la forme par laquelle on baptife au nom de la Sainte Trinité, Pere, Fils & S. Efprit, operent le Sacrement les Calviniftes prononcent à la vérité ces paroles, mais fans croire qu'elles aient aucune vertu, appellant parole un Sermon que fait leur Miniftre, bien différent des exhortations qui fe trouvent dans les Livres Grecs & Orientaux; puifque celles-ci tendent toutes à faire connoître la néceffité abfolue du Baptême pour délivrer les enfants de la malédiction d'Adam & du péché originel, & fon efficace à produire la

grace & la fanctification de ceux qui le reçoivent: au lieu que le Sermon Liv. II. qui précede ordinairement le Baptême des Calvinistes, & le Catéchisme des CH. X. enfants, contiennent une doctrine directement contraire à celle des Orien

taux, & ils ne pourroient l'entendre qu'avec horreur.

Les Calviniftes ne mettent aucune différence entre le Baptême de S. Jean & celui de la nouvelle Loi, ce qui eft contraire à l'Ecriture & à tout ce que les anciens Peres ont enfeigné; puifque, comme a dit S. Augustin en plufieurs endroits, difputant contre les Donatiftes, on a baptifé ceux qui avoient reçu le Baptême de S. Jean, & jamais ceux qui avoient reçu le Baptême de Jefus Chrift, même par les mains de ceux qui étoient chargés de crimes, ce qui eft conforme à la doctrine commune de tous les Peres. Les Orientaux en parlent de même, & en expliquant la différence des Baptêmes, c'est-à-dire, des fens dans lefquels ce mot étoit employé dans la Sainte Ecriture, ils mettent le Baptême de S. Jean comme étant un Baptême de pénitence, qui préparoit à celui de Jefus Christ, mais qui n'étoit pas le même. On pourroit rapporter à cette occafion plufieurs paffages des Théologiens Orientaux ; mais il fuffira d'en marquer un feul dont la réputation eft grande parmi les Jacobites: c'eft Denys Barfalibi Métropolitain d'Amid, dans fon Commentaire fur l'Evangile de S. Matthieu. Le quatrieme Baptême, dit-il, eft celui de S. Jean par l'eau Barfal. in & pour la pénitence, qui étoit véritablement plus excellent que celui des Juifs, mais inférieur au nôtre. Car, comme il a été prouvé ci-devant, le Epit.Doct. S. Esprit n'y étoit pas donné, ni la rémission des péchés, & S. Paul baptifa ceux qui avoient reçu ce Baptême. Il étoit donc comme un pont par lequel on paffoit du Baptême mosaïque au nôtre, & il ne produifoit pas feulement une purification corporelle; mais il étoit comme une promeffe de renoncer aux péchés, & de faire des fruits dignes de pénitence. Le cinquieme Baptême, eft celui que Jefus Chrift nous a donné, qui eft parfait, rempli de grace, & qui produit l'adoption des enfants & la rémission des péchés, & qui donne le S. Efprit. Les autres Théologiens Orthodoxes, Jacobites ou Neftoriens, parlent de la même maniere.

Les Grecs & les Orientaux croient l'eau abfolument nécessaire; les Calvinistes croient qu'on s'en peut paffer: & au lieu que l'attention de toutes les Eglifes a été de repréfenter la mort & la fépulture de Jefus Christ par l'immerfion réitérée trois fois, confepulti enim eftis per baptifmum in mortem, & qu'à cette occafion il y a eu des disputes afsez vives pour déterminer s'il fuffifoit de verfer de l'eau fur la tête de ceux qu'on baptifoit, les Proteftants ne s'en font pas mis fort en peine. En plufieurs endroits au commencement de la Réforme on avoit confervé l'immerfion, ce qui paroît par la premiere Liturgie Anglicane imprimée fous

Com. Syr.

MS.Abulf.

Chrif. MS.

Arab.

pe it in

the Water thrife.

LIV. II. Edouard VI en 1549, où il eft marqué qu'elle fe fera trois fois : ce qui CH. X. n'eft pas marqué dans la feconde, mais feulement que le Prêtre plongera Shall dip. l'enfant, ce qui a été confervé dans celle qui a été publiée depuis le rétablissement de Charles II. On y a auffi confervé le figne de la Croix : mais l'Onction qui fe trouvoit dans les premiers temps a été depuis abolie. Les Calviniftes n'ont confervé prefque rien de ces anciens ufages que les autres ont refpectés, & même communément les Presbytériens en Ecoffe ne font ni l'immerfion ni l'infufion de l'eau fur ceux qu'ils baptisent, mais on apporte un baffin plein d'eau, dans lequel le Miniftre trempe le bout de fes doigts, ou en prend un peu dans le creux de fa main, & en frotte le front de l'enfant. On est très-affuré que les Grecs & les Orientaux n'approuveroient pas un tel Baptême (ƒ).

Perfonne n'ignore la difficulté avec laquelle les Proteftants foutiennent contre les Anabaptiftes qu'il faut baptifer les enfants, & les Grecs & les Orientaux n'en ont jamais eu aucune fur ce fujet, ce qui eft une preuve certaine de la différence de leur doctrine.

Les Grecs & les Orientaux ont le Baptême fous condition, ce qui est une nouvelle preuve qu'ils le croient néceffaire à falut: les Calvinistes ne le connoiffent point. Si l'Eglife Anglicane l'a confervé, elle a eu plus d'égard à l'Antiquité qu'aux principes fondamentaux de la Réforme.

Les Offices de l'adminiftration du Baptême, felon les Grecs & les Orientaux, conviennent en tout ce qu'il y a non feulement d'effentiel, mais de cérémonies principales, avec l'Eglife Latine. Ceux des Calvinistes ne s'accordent ni avec les uns ni avec les autres.

Il faut donc conclure que les Calviniftes, & même tous les Proteftants, ne peuvent dire qu'ils foient d'accord avec les Eglifes Grecques & Orien tales pour ce qui regarde le Baptême, finon en ce que celui qu'ils adminiftrent étant au nom du Pere & du Fils & du Saint Efprit, & - dans la Confeffion Orthodoxe de la Trinité, il eft reçu comme valide, de même que celui des hérétiques qui n'ont aucune erreur fur cet article, & qui fuivent la forme de l'Eglife mais pour le fond de la doctrine, il n'y a rien de commun entre celle des Orientaux & celle des Proteftants.

(f) He taketh water in his hande and layeth is upon the childs foreheade. Form.. du Bapt. de Knox, p. 25. Ed. 1561.

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CHAPITRE

De la Confirmation felon les Grecs & les Orientaux.

que la

Sacre

Eux qui ont cru fur le témoignage de Cyrille Lucar, que les Grecs Les Grecs ne connoiffoient pas le Sacrement de Confirmation, ont fait voir qu'ils croient n'avoient pas la premiere connoiffance de la doctrine ni de la difcipline Confirmade l'Eglife Grecque. Elle a toujours enfeigné & pratiqué l'onction faite tion eft un avec le Chrême fur le front des nouveaux baptifés, avec le figne de la ment. Croix, comme une cérémonie facrée d'inftitution divine confervée par la Tradition Apoftolique, & par laquelle les Néophytes reçoivent le Saint Esprit, de la même maniere que les premiers Chrétiens le recevoient par l'impofition des mains des Apôtres & de leurs difciples. Les Grecs l'appellent Múgov: & les Syriens, Cophtes, Ethiopiens & autres se servent communément du même mot. Cela ne les empêche pas d'approuver celui de Confirmation que quelques Modernes ont exprimé affez improprement par celui de segέwois; Grégoire Protosyncelle s'en fert comme des autres. Syn. My Les Théologiens ont marqué que les effets miraculeux qui l'accompa- P. 100. gnoient alors, n'étoient pas la feule grace que produifoit le Sacrement; & que la grace véritable ou facramentelle étoit le don du Saint Esprit, pour fortifier les Chrétiens dans la foi. Avant le Concile de Florence, De Sacr. Siméon de Theffalonique avoit enfeigné très-clairement, que le Myron ou C.35-P.62.. le faint Chrême étoit un des fept Sacrements de l'Eglife. En ce Concile il n'y eut fur ce fujet aucune conteftation entre les Grecs & les Latins : Jérémie, Gabriel de Philadelphie, Melece Piga & tous les autres qui ont écrit des Sacrements, ont parlé de même. Ce n'étoit pas une raifon. fuffifante à plufieurs de nos Auteurs pour accufer les Grecs & les Orientaux de n'avoir pas ce Sacrement que la diverfité du nom; puifque comme ceux-ci fe font fervis du mot de Myron, les Latins ont de même employé celui de Chrême & de Chrifmation: & qu'ils ont auffi fouvent fait ufage du mot de confirmer, pour fignifier la Communion, que pour la Chrifmation; rien n'étant plus fréquent dans les anciens Rituels que cette maniere de parler, confirmetur corpore & fanguine Domini.

voir l'im

Les Grecs ne font donc pas plus d'accord avec les Proteftants fur ce Cela fait point de Religion & de difcipline, que fur tous ceux qu'ils ont pris pour pofture de: prétexte de leur féparation de l'Eglife Catholique; & Cyrille étoit un Cyrille.. impofteur lorsqu'il ofoit affurer que l'Eglife Grecque ne connoiffoit pas ce Sacrement. Il falloit qu'il eût bien mauvaise opinion de la capacité de

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