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comme ils ont condamné pour ce fujet Cyrille Lucar & Jean Caryo- Liv. II. phylle.

CH. XIII.
On ne

peut citer

traire le

teurs.

La feconde maniere dont les Proteftants attaquent les Grecs & les Orientaux n'est pas meilleure, & elle ne fert qu'à faire voir l'ignorance au con& la mauvaise foi de ceux qui s'en fervent. Car les Catholiques ont témoigna affez fait voir qu'on ne devoit pas ajouter foi à tous ces faiseurs de Ca- ge de plu. talogues d'héréfie, fur-tout à Guy le Carme, Caucus, Prateolus, même fieurs Au à d'autres plus confidérables. On voit qu'ils difent que les Orientaux n'ont point la Confirmation: le croira-t-on au préjudice des Euchologes anciens & modernes, manufcrits & imprimés: des Offices fyriaques, cophtes, éthiopiens, arméniens, & de toute forte de langues? Mais ces Rites n'ont pas paru fuffifants à plufieurs Théologiens: ils les ont condamnés, & quelques-uns les ont fupprimés ou altérés. On en convient; mais ce font des particuliers qui en ont ainfi jugé au préjudice du jugement que les Conciles tenus avec les Grecs, les Papes & les plus favants hommes en ont porté. Quand ces Rites auroient été condamnés, les Orientaux féparés de l'Eglife Romaine ne déferent pas à ses décifions, & elles ne les empêcheroient pas de croire ce qu'ils croient, ni de dire ce qu'ils ont déclaré tant de fois fi clairement, qu'ils avoient fept Sacrements, & que le fecond étoit le Myron.

pas rompu

pour ce

L'Eglife Occidentale a été en communion pendant plufieurs fiecles avec Mais les celles d'Orient, quoique les cérémonies avec lefquelles ce Sacrement Eglifes d'Orient étoit adminiftré fuffent différentes. Chacun eft demeuré dans la Tradi- & d'Occition de fon Eglife, & cela n'a pas troublé l'Unité: on a depuis difputé dent n'ont avec chaleur; mais dans les Conciles tenus pour procurer l'Union, & leur comen dernier lieu à celui de Florence, il n'a rien été décidé contre le Rite munion Oriental par rapport à la Confirmation. C'eft ce que les Proteftants ne fujet. peuvent ignorer, ni que les Offices du Myron qui font imprimés dans l'Euchologe, dans le Rituel de Sévere, dans celui du Baptême des Ethiopiens, & dans quelques autres (fans parler des manufcrits) contiennent, felon la plus exacte Théologie, les prieres & les cérémonies néceffaires pour la Confirmation. Pourquoi donc veulent-ils que nous déférions à l'autorité de quelques particuliers nullement inftruits de ces matieres plutôt qu'aux originaux mêmes, & au témoignage de perfonnes plus habiles qui réfutent ces premiers?

de Holfte

On peut voir par les deux Differtations de Holftenius fur la Confirma- Sentiment tion, imprimées à Rome par les foins du Cardinal François Barberin, 'nius favo-alors Préfet de la Congrégation de Propaganda Fide, & qui étoit de tou- rable aux tes les autres Congrégations, qu'on ne croyoit pas à Rome que la Con- Grecs. firmation des Grecs fût nulle & abufive; puifque ces Differtations furent

LIV. II faites pour empêcher divers changements propofés par des Miffionnaires CH. XIII. peu favants & fort fcrupuleux, pour établir en Orient jufqu'aux moindres cérémonies qui font préfentement en ufage parmi nous, & encore plus hardis pour condamner celles de l'ancienne Eglife qu'ils ne connoiffoient point. Arcudius & Allatius ont juftifié les Grecs fuffifamment: M. Habert, le P. Sirmond, le P. Morin, & tous les plus grands hommes du dernier fiecle, ont été dans les mêmes fentiments. Ce font eux qu'il faut fuivre, & non pas des ignorants, defquels Holftenius a dit avec beaucoup de raison: Qu'on devoit imputer le fchifme déplorable qui a divifé depuis fi long-temps les Eglifes d'Orient & d'Occident, à ceux principalement, qui, oubliant la charité chrétienne, veulent par une démangeaifon de difputer, mettre en question toutes les chofes qui fe font felon un rite différent parmi les autres..... Tels étoient ceux qui donnerent dans la Bulgarie la Confirmation à ceux qui l'avoient reçue avec le Baptême par les Prêtres Grecs (a). Ce fut une des plaintes que fit Photius contre les Latins dans fa Lettre circulaire aux Patriarches d'Orient, & elle étoit fondée en raison, comme le marque Holftenius. C'est ce que font encore préfentement ceux qui croient que la moindre diverfité dans les Rites renverse la Religion; & par conféquent on les doit regarder comme indignes de toute créance fur de pareilles matieres.

On ne doit

pas citer

les Protef tants fur ce fujet.

Dam.

C.

Les Proteftants doivent encore moins citer leurs Auteurs qui ont écrit fur les Religions d'Orient; puifque ceux qui ont traité ce fujet plus exactement, comme Edouard Brerewood, n'ont fait que copier indifféremment ce qu'ils ont trouvé dans les nôtres. Les autres qui ont voulu faire les Orientaux Proteftants font fi décriés, qu'on n'ofe presque plus les citer, puifqu'on les voit tous les jours réfutés par d'autres plus finHift. Eth, ceres. On nous citera peut-être M. Ludolf, qui affure que les Ethiopiens 1.3. c. 5. n'ont pas la Confirmation; c'est-à-dire, qui confirme ce que Zagazabo, Goez. de Prêtre de cette même nation, peu inftruit de la Religion de fon pays, & qui ne trouvoit pas de grandes lumieres à Lisbonne fur des matieres qui y étoient fort inconnues, en a dit dans fa Relation, que d'autres ont copiée. M. Ludolf y ajoute le témoignage de fon Ethiopien, auquel il faifoit dire tout ce qu'il vouloit, en lui propofant des queftions captieufes & inintelligibles. Mais il n'avoit qu'à lui demander s'il connoiffoit le Myron, & s'il le regardoit comme une fuperftition, ou comme une cérémonie facrée, qui produifoit une nouvelle grace dans ceux qui avoient

Mor. Eth.

(a) Luctuofum fchifma quod Orientis & Occidentis Ecclefias dudum disjunxit illis potiffi mum imputandum eft qui Christiana charitate pofthabita difputandi pruritu omnia in quæftio nem & controverfiam adduxerunt quæ diverfo ritu apud partem adverfam aguntur. Holst. Diss. 1. p. 1. . . . . . Inter eas una eft Chrifmationis Sacerdotalis improbatio, ejufdemque iteratio apud Bulgaros. p. 15,

Thom. à

été baptifés. On ne peut pas douter que cet Abyffin n'eût répondu que Liv. II. c'étoit une partie du Baptême, & il auroit cité l'Office qui fe trouve en CH. XIII. la langue ancienne du pays, conforme à celui de l'Eglife d'Alexandrie: il auroit dit que le Myron n'étoit confacré que par le Patriarche d'A- Tecla Ma ria apud lexandrie, qui en envoyoit en Ethiopie tous les fept ans. M. Ludolf ne pouvoit pas ignorer cet Office, dont la traduction eft imprimée il y a Jefu.1.7. plus de cent foixante ans, & dont l'original eft en plufieurs Bibliothe- C. 13. ques: il y auroit trouvé la matiere & la forme de la Confirmation femblable à celle des Grecs & des Jacobites Egyptiens; mais il n'en a pas fait la moindre mention.

tirée de la

tre de la

Ils disent auffi qu'il y a une grande différence entre le Myron des Objection Orientaux & la Confirmation des Latins, fur ce que parmi ceux-ci l'E- différence vêque feul adminiftre ce Sacrement, & qu'en Orient les Prêtres le don- du Minif nent avec le Baptême. Mais la feule Differtation de Holftenius fuffit pour Confirma réfuter toutes les conféquences qu'on voudroit tirer de cette variété de tion. discipline, fur laquelle il n'y avoit eu aucune contestation avant Photius, qui même ne fait pas un crime aux Latins de ce qu'ils réfervoient cette fonction aux Evêques, mais de ce qu'ils avoient contre l'ufage ancien réitéré ce Sacrement en Bulgarie à l'égard de ceux qui l'avoient reçu par les Prêtres. D'autres Théologiens ont fuffifamment éclairci cet article, fur lequel il n'y eut aucune difpute dans le Concile de Florence, l'Archevêque de Mitylene ayant répondu aux questions qui lui furent faites d'une maniere qui fatisfit le Pape & tout le Concile. Car on ne demanda pas aux Grecs s'ils reconnoiffoient pour un vrai Sacrement de l'Eglife le Myron, ou la Confirmation; mais pourquoi il étoit adminiftré par les Prêtres & non par les Evêques. Les Grecs répondirent, que tel avoit Concil. été l'ufage de l'Eglife Orientale de toute antiquité, & ils n'eurent pas 13. Conc de peine à le prouver. Si quelques particuliers en ont jugé autrement, p. 525jufqu'à donner aux Grecs lorfqu'ils fe réuniffoient à l'Eglife, la Confirmation fous condition, leur autorité n'eft pas fupérieure à celle de l'Eglife univerfelle, qui n'a jamais ordonné rien de femblable. Mais la réitérer à l'égard de ceux qui ayant renoncé au fchifme, l'ont reçue fuivant le Rite Oriental, c'est ce qu'il ne feroit pas aifé de juftifier.

Flor. Tom.

Arcudius reprend

mal à pro

Arcudius, quoiqu'il ait reconnu que la Confirmation, célébrée en la maniere & avec les paroles dont l'Eglife Grecque fe fert, eft un véritable Sacrement, comme il le prouve par le témoignage du Patriarche Jéré- pos le Pamie, fait une difficulté fur ce que dans les Réponses aux Luthériens, ce triarche Patriarche semble fe contredire, en ce qu'ayant dit que ce Sacrement & Arcud. les quatre autres rejetés par les Proteftants, font établis par la Sainte 1. 2. c. 2. Ecriture, il convient enfuite qu'elle n'en parle pas, & qu'ils ne font fon

Jérémie.

LIV. II. dés que fur la Tradition de l'Eglife. On a déja expliqué cette difficulté CH. XIII. en parlant des Sacrements en général, & on croit avoir fait voir que lorfque Jérémie a dit que l'Eglife, wagedwxe, a donné les Sacrements, cela ne fignifie pas qu'elle les ait inftitués, mais qu'elle a prefcrit aux fideles les cérémonies felon qu'elle les avoit reçues des Apôtres, qui les avoient apprifes de Jefus Chrift.

Il n'y a au

cune con

On doit entendre de même ce qui eft dit dans les deux Réponses de Jérémie touchant le Sacrement de Confirmation. Il ne faut pas fuppofer dans fes fi facilement qu'un Auteur fe contredise dans une même page, & cerréponses. tainement il ne fe contredit point. Il dit que la Confirmation a été infti

Il ne dit pas que les

Sacrem.

aient été

inftitués 'par l'Egli. fe.

tuée par Jesus Christ, & que fi la Sainte Ecriture ne fait pas mention expreffe du Myron, il a néanmons été donné par Tradition, & cela par les Difciples du Verbe. Il ne dit donc pas que Jefus Chrift ne l'a pas inftitué, puifqu'il affure le contraire; mais que quoique l'Ecriture n'en fasse pas une mention expreffe, les Apôtres l'ont donné par Tradition: ce qui fuppofe neceffairement qu'ils l'avoient reçu de Jefus Chrift. Jérémie le prouve par l'autorité de S. Denys. On convient que cette preuve n'étoit pas démonstrative à l'égard des Luthériens; mais elle étoit certaine dans l'efprit de celui qui croyoit comme Jérémie, comme Siméon de Theffalonique, & tous les Grecs, que cet Auteur étoit difciple de S. Paul. Jérémie ne nie donc pas que Jefus Chrift ait inftitué les Sacrements & la Confirmation comme les quatre autres: mais avouant que l'Ecriture n'en fait pas mention, il répond qu'on en eft affuré par le témoignage des Difciples de Jefus Chrift qui les ont donnés à l'Eglife.

Afin que dans ce qu'a écrit ce Patriarche il y eût de la contradiction, il faudroit qu'il fût convenu de ce principe des Proteftants, que Jefus Chrift n'a rien dit ni établi pour la conduite de fon Eglife que ce qui se trouve marqué dans le Nouveau Teftament: or il le combat par-tout. Il fuppofe donc qu'il y a des cérémonies d'inftitution divine qui ne font pas marquées dans l'Ecriture: il ne dit pas que les Apôtres les aient inftituées, ni que ce foit l'Eglife: mais que nous les avons reçues par elle, qui les avoit reçues des Apôtres. C'est-là le véritable fens de Jérémie fort oppofé à celui que lui attribue Arcudius. Pour les paroles qui se trouvent dans la feconde Réponse, il s'agiffoit du Chrême, qui eft la matiere de ce Sacrement; & comme les Luthériens lui avoient objecté qu'en plufieurs Baptêmes dont il étoit fait mention dans l'Ecriture, il n'étoit point parlé de Chrême, il répond qu'il ne faut pas s'en étonner, parce que (b) l'E glife

(1) Η γὰρ τοῦ χριςῇ ἐκκλησία τῇ χάριτι αὐτῷ προκόπτασα ἐπὶ θέλοις ῥητοῖς καὶ θεμελίος πολλὰ ἐξευρε καὶ κατεςολίσατο. Refp. 2. p. 240.

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glife de Jefus Chrift faisant des progrès, & s'avançant par fa grace fur les Liv. II. paroles facrées, comme fur des fondements, a inventé plufieurs chofes qui CH. XIII. avoient rapport aux cérémonies extérieures.

ce font les

La raison expliquée par Siméon de Theffalonique & d'autres, eft fon- Mais que dée fur ce qu'ils difent, que le Saint Efprit fe donnoit autrefois aux cérémo nouveaux baptifés par l'impofition des mains des Apôtres, & qu'à la nies. place de cette cérémonie l'onction a été introduite dès la naiffance de l'Eglife. Ce font donc les cérémonies que l'Eglife a établies de nouveau, & non pas le Sacrement. Ce fentiment n'eft pas particulier aux Grecs: c'est celui de plufieurs Théologiens Catholiques, qui recevant les décifions du Concile de Trente touchant l'inftitution immédiate des Sacrements par Jefus Chrift, conviennent néanmoins que l'onction, les paroles & les autres cérémonies facrées ont été enfeignées à l'Eglife par les Apôtres & par leurs Difciples, fans qu'il y ait de contradiction dans cette doctrine. Car on ne trouve pas que l'onction ait été pratiquée dans les temps apoftoliques, & lorsqu'Arcudius a entrepris de le prouver par le paffage du premier Chapitre de l'Epître aux Ephéliens, in quo fignati eftis L. 2. c. 3. Spiritu promiffionis fancto qui eft pignus hæreditatis noftra, il ne fatisfait pas à la difficulté. S. Thomas lui-même dit que Jesus Christ a inftitué ce 3. p. q. 72. Sacrement, non exhibendo, fed promittendo. D'autres Scholaftiques plus art. 1. anciens ont été plus loin, en foutenant que les Apôtres l'avoient inftitué, ce que les Grecs ne difent pas; mais ils conviennent avec nos meilleurs Théologiens, reconnoiffant qu'il eft d'inftitution divine, quoique nous l'ayions reçu par les Apôtres.

Tradition

qu'elles

Lorsqu'ils préchoient aux peuples la néceffité du Baptême & le pré- C'eft fur la cepte de Jefus Christ touchant l'Euchariftie, on recevoit leur témoignage, quoiqu'il n'y eût encore rien d'écrit. L'Eglife l'a toujours reçu de même, ont été & c'eft fur cette autorité qu'elle a établi toutes ces cérémonies facrées. établies. C'est-là le fondement des Apôtres & des Prophetes, mais dont Jesus Christ est la pierre angulaire, & l'Eglife a toujours cru l'écouter & lui obéir, lorfqu'elle a écouté fes Difciples. C'eft fur cela que les Grecs établissent l'onction, qu'ils pratiquent pour la Confirmation, au lieu de l'impofition des mains, qui étoit feule en ufage du temps des Apôtres. Ils la prouvent par S. Denys; mais ils ne font que ce que les anciens Théologiens Latins & plufieurs modernes ont fait; & même ils ont cité des pieces dont l'autorité étoit encore moindre, telles que les fauffes Décrétales du Pape Eufebe, de Fabien, & d'autres femblables. Le confentement univerfel de toute l'Eglife, attefté par Tertullien, par S. Cyprien, & par les Canons des premiers Conciles, eft d'une plus grande autorité. X

Perpétuité de la Foi. Tome V.

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