Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Liv. II.

clut que

taux re

connoiffent la

Donc puifque les Grecs & les Orientaux reçoivent tout ce que les anCH. XIII. ciens Peres enfeignent touchant la Confirmation, qu'ils croient, felon la On con- doctrine des mêmes Saints, qu'elle donne le Saint Esprit, c'est-à-dire, une les Orien- grace fanctifiante pour fortifier les nouveaux baptifés dans la foi; que cette grace qui fe donnoit par l'impofition des mains, eft indépendante des effets miraculeux néceffaires dans le commencement du Chriftianifme; Confirma- que l'onction établie à la place de l'impofition des mains produit la même un vérita- grace; qu'ayant connu la créance & la difcipline des Latins, ils ont déble Sacre- claré jufqu'à nos jours qu'ils reconnoiffoient le Myron comme un Sacrement de l'Eglife; qu'ils ont condamné comme hérétiques ceux qui enfeignoient le contraire, on ne peut douter qu'en ce point, comme dans la plupart des autres qui ont fervi de prétexte au fchifme des Proteftants, les Grecs & tous les Orientaux ne s'accordent avec l'Eglife Romaine fur ce qu'il y a d'effentiel dans ce Sacrement.

tion pour

ment.

Vaines objections

hodiern.

1666.

Il feroit inutile de s'arrêter à l'examen de ce que divers Luthériens de quelont écrit de nos jours fur la matiere que nous traitons. C'est principaques Pro- lement dans certains ouvrages affez fréquents en Allemagne, qui font teftants. par maniere des Thefes, ou d'Exercitations biftorico-théologiques pleines De Eccl. de citations, dans lesquelles cependant il eft fort rare de trouver rien Græcan. d'original. Telle eft celle d'Elie Vejelius, touchant l'Eglife Grecque d'auArgent. jourd'hui, oppofée à ce qu'en ont écrit Arcudius, Allatius & Nihufius. Il est cependant à remarquer que dans cet ouvrage, & dans des notes très-amples de Fehlavius Miniftre de Dantzic, fur Chriftophe Angelus, qui avoit donné une Relation abrégée de l'état de l'Eglife Grecque, & dans la plupart des autres, il ne fe trouve pas un feul Auteur Grec cité, finon ceux dont les témoignages ont été rapportés par ceux qu'on entreprend de réfuter. Tout le refte confifte en raifonnements, ou en lieux communs cent fois réfutés, & qui ne fervent de rien dans des queftions purement de fait. Daillé, difent-ils, a prouvé que ce n'est que depuis la fin du dixieme fiecle qu'on connoît le Sacrement de Confirmation: mais les Grecs, comme nous avons vu, prétendent que l'onction du Chrême fur les nouveaux baptifés eft dès les temps apoftoliques, fur quoi ils citent les livres de la Hiérarchie Eccléfiaftique. On convient qu'ils n'ont pas cette antiquité: mais ils furent cités dans le fixieme fiecle à la Conférence tenue à Conftantinople entre les Sévériens & les Catholiques: par conséquent l'onction étoit établie plus de quatre cents ans avant la date de Daillé. Mais que diront les Proteftants à l'égard du témoignage de S. Cyprien, de S. Corneille Pape, du Concile de Laodicée, & de tant d'autres, finon des chofes frivoles, & qui fe détruisent par les preuves certaines que nous avons d'un usage beaucoup plus ancien de ce Sacrement dans les Rituels

Réfuta

Il eft affez facile d'éclaircir fi les Grecs ont entendu ces Canons & Liv. II. ces paffages autrement que nous ne les entendons; puifqu'il n'y a qu'à CH. XIIL ouvrir les Euchologes & les Canoniftes, pour voir qu'il n'y a eu fur tion. cela aucune contrariété de fentiment entre les deux Eglifes. Quand après cela Fehlavius, fuivant la doctrine de fes Maîtres, qui peuvent avoir eu une grande réputation parmi les Luthériens, mais qui ne paroiffent pas la mériter, puifqu'ils ne difent rien de nouveau, fe jette dans les lieux communs, & qu'il dit que les Grecs ont pris leurs rites des Latins au treizieme fiecle, il avance la propofition du monde la plus abfurde. Comme nous en avons fait voir la fauffeté dans le dernier Livre du volume précédent, nous ne nous y arrêterons pas davantage. Car au moins les Proteftants ne peuvent pas nier qu'avant le Concile de FloSiméon de Theffalonique a enfeigné que la Confirmation étoit un Sacrement, & ce n'eft pas une opinion particuliere, ni qui fût nouvelle; car il en parle comme d'une difcipline établie de tout temps parmi les Grecs, citant S. Denys, les Conftitutions Apoftoliques & les Canons de Laodicée, de même que Matthieu Blastarés. On peut juger du peu de fûreté qu'il y a dans la Critique de Daillé, qui met ces deux Auteurs vers le dixieme fiecle, quoique celui-ci ait écrit en 1311, & l'autre près de cent ans plus tard. Depuis le Concile on ne peut pas dire que les Grecs aient pris ce Sacrement des Latins; puifque par les Actes mêmes, il paroît qu'on leur demanda un éclairciffement qu'ils donnerent, touchant leur coutume de faire adminiftrer la Chrifmation par les Prêtres: & il n'y eut aucun article fur ce fujet inféré dans la Définition Synodale.

table n'a

du nom

Depuis ce temps-là a-t-on trouvé un feul Grec digne de foi, qui Aucun ait retranché la Confirmation du nombre des Sacrements, comme a fait Grec veriCyrille Lucar? Christophe Angelus n'en a pas parlé; mais il est aifé de ôté la Conreconnoître qu'il a affecté de ne pas s'expliquer fur ce point comme firmation fur beaucoup d'autres. De plus, quelle pouvoit être l'autorité d'un par- bre des Saticulier écrivant parmi des Proteftants? Elle ne balancera pas celle de Jé- crements. rémie, des Synodes de 1638, de 1642, & de 1690, ni celle du Synode de Jerufalem, de la Confeffion Orthodoxe, de Grégoire Protofyncelle, de Syrigus, & de tous les autres que nous avons cités, & dont nous avons établi l'autorité par des preuves inconteftables. Enfin M. Smith, qui ne doit pas être suspect aux Protestants, décrivant l'onction des nouveaux baptisés, ajoute, que (c) c'eft dans ce Rite feul que confifte la Con

(c) Hoc unico ritu Sacramentum Confirmationis apud Græcos conftat.... Hinc cavil landi caufam zelotæ quidam Latinis ritibus addictiffimi arripuere Græcis non amplius fupereffe Confirmationem. Smith. de Eccl. Grac. Statu hod. p. 84 & 85. Edit. 1698.

Liv. II.

On con

clut que

connoif

Confirmation pour

que

Donc puifque les Grecs & les Orientaux reçoivent tout ce que les anCH. XIII. ciens Peres enfeignent touchant la Confirmation, qu'ils croient, felon la doctrine des mêmes Saints, qu'elle donne le Saint Esprit, c'eft-à-dire, une les Orien- grace fanctifiante pour fortifier les nouveaux baptifés dans la foi; que taux re- cette grace qui fe donnoit par l'impofition des mains, eft indépendante fent la des effets miraculeux néceffaires dans le commencement du Chriftianifme; l'onction établie à la place de l'impofition des mains produit la même un vérita- grace; qu'ayant connu la créance & la difcipline des Latins, ils ont déble Sacre- claré jufqu'à nos jours qu'ils reconnoiffoient le Myron comme un Sacrement de l'Eglife; qu'ils ont condamné comme hérétiques ceux qui enfeignoient le contraire, on ne peut douter qu'en ce point, comme dans la plupart des autres qui ont fervi de prétexte au fchifme des Protestants, les Grecs & tous les Orientaux ne s'accordent avec l'Eglife Romaine sur ce qu'il y a d'effentiel dans ce Sacrement.

ment.

hodiern.

1666.

Vaines ob- Il feroit inutile de s'arrêter à l'examen de ce que divers Luthériens jections de quelont écrit de nos jours fur la matiere que nous traitons. C'est principaques Pro- lement dans certains ouvrages affez fréquents en Allemagne, qui font testants. par maniere des Thefes, ou d'Exercitations hiftorico-théologiques pleines De Eccl. de citations, dans lesquelles cependant il eft fort rare de trouver rien Græcan. d'original. Telle eft celle d'Elie Vejelius, touchant l'Eglife Grecque d'auArgent. jourd'hui, oppofée à ce qu'en ont écrit Arcudius, Allatius & Nihufius. Il est cependant à remarquer que dans cet ouvrage, & dans des notes très-amples de Fehlavius Miniftre de Dantzic, fur Chriftophe Angelus, qui avoit donné une Relation abrégée de l'état de l'Eglife Grecque, & dans la plupart des autres, il ne fe trouve pas un feul Auteur Grec cité, finon ceux dont les témoignages ont été rapportés par ceux qu'on entreprend de réfuter. Tout le refte confifte en raifonnements, ou en lieux communs cent fois réfutés, & qui ne fervent de rien dans des queftions purement de fait. Daillé, difent-ils, a prouvé que ce n'eft que depuis la fin du dixieme fiecle qu'on connoît le Sacrement de Confirmation: mais les Grecs, comme nous avons vu, prétendent que l'onction du Chrême fur les nouveaux baptifés eft dès les temps apoftoliques, fur quoi ils citent les livres de la Hiérarchie Eccléfiaftique. On convient qu'ils n'ont pas cette antiquité: mais ils furent cités dans le fixieme fiecle à la Conférence tenue à Conftantinople entre les Sévériens & les Catholiques: par conféquent l'onction étoit établie plus de quatre cents ans avant la date de Daillé. Mais que diront les Proteftants à l'égard du témoignage de S. Cyprien, de S. Corneille Pape, du Concile de Laodicée, & de tant d'autres, finon des chofes frivoles, & qui fe détruifent par les preuves certaines que nous avons d'un usage beaucoup plus ancien de ce Sacrement dans les Rituels

Réfuta

Il eft affez facile d'éclaircir fi les Grecs ont entendu ces Canons & Liv. II. ces paffages autrement que nous ne les entendons; puifqu'il n'y a qu'à CH. XIIL ouvrir les Euchologes & les Canoniftes, pour voir qu'il n'y a eu fur tion. cela aucune contrariété de fentiment entre les deux Eglifes. Quand après cela Fehlavius, fuivant la doctrine de fes Maîtres, qui peuvent avoir eu une grande réputation parmi les Luthériens, mais qui ne paroiffent pas la mériter, puifqu'ils ne difent rien de nouveau, fe jette dans les lieux communs, & qu'il dit que les Grecs ont pris leurs rites des Latins au treizieme fiecle, il avance la propofition du monde la plus abfurde. Comme nous en avons fait voir la fauffeté dans le dernier Livre du volume précédent, nous ne nous y arrêterons pas davantage. Car au moins les Proteftants ne peuvent pas nier qu'avant le Concile de Florence, Siméon de Theffalonique a enfeigné que la Confirmation étoit un Sacrement, & ce n'eft pas une opinion particuliere, ni qui fût nouvelle; car il en parle comme d'une discipline établie de tout temps parmi les Grecs, citant S. Denys, les Conftitutions Apoftoliques & les Canons de Laodicée, de même que Matthieu Blastarés. On peut juger du peu de fûreté qu'il y a dans la Critique de Daillé, qui met ces deux Auteurs vers le dixieme fiecle, quoique celui-ci ait écrit en 1311, & l'autre près de cent ans plus tard. Depuis le Concile on ne peut pas dire que les Grecs aient pris ce Sacrement des Latins; puifque par les Actes mêmes, il paroît qu'on leur demanda un éclairciffement qu'ils donnerent, touchant leur coutume de faire adminiftrer la Chrifmation par les Prêtres : & il n'y eut aucun article fur ce fujet inféré dans la Définition Synodale.

table n'a

du nom

Depuis ce temps-là a-t-on trouvé un feul Grec digne de foi, qui Aucun ait retranché la Confirmation du nombre des Sacrements, comme a fait Grec veriCyrille Lucar? Chriftophe Angelus n'en a pas parlé; mais il eft aifé de ôté la Conreconnoître qu'il a affecté de ne pas s'expliquer fur ce point comme firmation fur beaucoup d'autres. De plus, quelle pouvoit être l'autorité d'un par- bre des Saticulier écrivant parmi des Proteftants? Elle ne balancera pas celle de Jé- crements. rémie, des Synodes de 1638, de 1642, & de 1690, ni celle du Synode de Jerufalem, de la Confeffion Orthodoxe, de Grégoire Protosyncelle, de Syrigus, & de tous les autres que nous avons cités, & dont nous avons établi l'autorité par des preuves inconteftables. Enfin M. Smith, qui ne doit pas être fufpect aux Proteftants, décrivant l'onction des nouveaux baptifés, ajoute, que (c) c'eft dans ce Rite feul que confifte la Con

(c) Hoc unico ritu Sacramentum Confirmationis apud Græcos conftat.... Hinc cavil landi caufam zelotæ quidam Latinis ritibus addictiffimi arripuere Græcis non amplius fupereffe Confirmationem. Smith. de Eccl. Grac. Statu hod. p. 84 & 85. Edit. 1698.

Liv. II. firmation parmi les Grecs: & il remarque avec raifon que quelques zélés, CH. XIII. trop attachés aux Rites Latins, avoient pris de-là occafion de dire que lés

dans l'E

glife An

Grecs n'avoient plus la Confirmation. Il reconnoît donc qu'ils ont ce Sacrement; & puifqu'ils conviennent avec l'Eglife Romaine qu'il eft d'inftitution divine & de Tradition Apoftolique, il faut en même temps reconnoître qu'ils le confiderent comme un Sacrement Evangélique.

Elle n'eft C'est ce que les Proteftants Anglois n'accordent pas néanmoins, quoi pas la Confirmation que leurs meilleurs Théologiens aient écrit contre les Calviniftes Prefreque bytériens, pour maintenir la difcipline de l'Eglise Anglicane, qui pratique une cérémonie qui s'appelle Confirmation, & qui n'eft ni celle de l'anglicane. cienne Eglife, ni celle de l'Eglife d'Orient. Elle confifte à l'impofition des mains de l'Evêque, après un renouvellement de profeffion de foi, qui ne fe faifoit pas dans les premiers fiecles; au moins il n'y en a pas le moindre veftige dans l'Antiquité. On ne peut pas dire qu'en cette cérémonie on donne, ni qu'on reçoive le Saint Efprit, puifque la grace gratuite, fuivie de dons miraculeux, n'y est plus, & que les Proteftants ne reconnoiffent point de grace spéciale, produite par l'impofition des mains, qui puiffe être confidérée comme grace facramentelle. Car fuivant la définition des Sacrements dont les Proteftants conviennent généralement, la Confirmation ne le peut être; & le Docteur Hammond, qui a défendu celle de l'Eglife Anglicane contre le Miniftre Daillé, n'en difconvient pas. Il dit, fuivant fes principes, que l'impofition des mains des Evêques fur les nouveaux baptifés eft dans l'Ecriture, & cela eft vrai: mais c'étoit pour recevoir le Saint Efprit. Les Calviniftes n'entendent plus ce langage; puifqu'il n'y a plus de graces vifibles, comme celle qui fe manifeftoit par le don des langues, & d'autres fignes miraculeux. Cependant la coutume de l'ancienne Eglife a été de donner le Saint Efprit, même depuis que les miracles ont ceffé: l'Eglife Anglicane prétend l'imiter, & De Confir. c'eft fur cela que le Docteur Hammond cite plufieurs paffages. C'est donc par la Tradition que cette cérémonie doit être foutenue, puifqu'on ne la peut prouver par la Sainte Ecriture feule: il faut, pour pouvoir s'en fervir, reconnoître l'autorité de la Tradition, & cette reconnoiffance est contraire aux principes fondamentaux de la Réforme. Quand on s'appuye de la Tradition, il la faut prendre entiere fans la divifer: '& c'eft ce que l'Eglife Anglicane ne fait pas. Car celle qui eft communément reçue par les Grecs & par les Latins, a établi la Chrifmation à la place de l'impofition des mains dès les premiers fecles de l'Eglife; c'eft donc abandonner la Tradition, que de retrancher une cérémonie reçue dès les premiers fiecles, en Orient comme en Occident. Les Calviniftes fuivent mieux les principes de la Réforme, en rètranchant auffi l'impofition

c.8.fect.2.

[ocr errors]
[ocr errors]
« AnteriorContinuar »