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des mains; parce qu'ils prétendent qu'elle ne produit aucune grace, ni Liv. H. sanctifiante, ni gratuite. L'Eglife Anglicane eft louable par le respect CH, XUÍ. qu'elle a eu pour l'Antiquité, en confervant une partie de cette cérémonie. Mais aucune Eglife particuliere n'avoit droit de fupprimer l'ouction, puifque le Docteur Hammond lui-même prouve par les témoignages de plufieurs Peres, qu'elle étoit en ufage dès les premiers fiecles; de forte qu'il ne la condamne pas, comme font les Calviniftes, convenant qu'elle peut être pratiquée, de même qu'elle l'a été autrefois, & qu'elle l'eft encore par les Grecs & par tous les Chrétiens Orientaux. Il convient donc, felon les principes de l'Eglife Anglicane, que cette cérémonie n'a rien de mauvais; d'où il s'enfuit qu'elle n'étoit pas du nombre de celles qui duffent être fupprimées, par une raison auffi foible que celle de s'attacher à une plus grande fimplicité. Les Calviniftes, & particuliérement ceux d'Angleterre & d'Ecoffe, ont porté les conféquences de ce principe fi loin, qu'ils n'ont confervé aucune des anciennes cérémonies, prétendant qu'elles n'étoient pas mieux autorisées que celle-là. C'est une conteftation qui les regarde, & à laquelle les Catholiques n'ont point intérêt. Il nous fuffit de favoir que nous pratiquons une cérémonie facrée, obfervée dans toute l'Eglife dès les premiers fiecles, confervée de même dans toutes celles d'Orient unies ou féparées, reconnue pour très-ancienne, & autorifée par les témoignages de tous les Saints Peres, ce que les Proteftants Anglois avouent pa

reillement.

dont

mais

Grecs ne

pas la Con

firmation. L. 2. C. 17.

Nous n'examinerons pas plufieurs questions que fait Arcudius, par- Que les ticuliérement ce qu'il a écrit contre l'erreur qu'il attribue aux Grecs, réiterent de réitérer la Confirmation. Celui qu'il attaque eft le Moine Job, il a parlé ci-devant, & qui étoit un Théologien fort méprisable; cependant ni lui, ni Cabafilas, ni Jean Nathanaël qu'il cite, ne difent pas ce qu'il prétend. Ils marquent fimplement que les hérétiques qui reviennent à l'Eglife, & qu'on ne rebaptife point, reçoivent l'onction du Chrême, ce qui eft établi par les Canons les plus anciens. Le Chrême s'appelle Múgov, & les Grecs donnent ce nom au Sacrement de Confirmation. Cependant ils établissent une différence totale entre la Chrifmation des hérétiques ou des Apoftats pour les réconcilier à l'Eglife, & celle des nouveaux baptifés: les cérémonies & les prieres étant fort différentes. Ainfi tout roule fur un équivoque, qui n'a jamais trompé que des ignorants, ou ceux qui ont cherché à condamner toutes les pratiques qui ne font pas en ufage dans l'Eglife Latine.

On peut voir ce que les Continuateurs de Bollandus ont dit fur la

Act. SS.

Liv. II. Confirmation, dans une Differtation fur l'Eglife Cophte, qui est assez CH. XIII. conforme à ce que nous avons obfervé fur ce fujet. Ils marquent qu'en 1703 le Patriarche des Cophtes Jean fit la bénédiction du Chrême, qui Jun. T. 5. Append. avoit été interrompue durant deux cents ans: & qu'on le renouvelloit P. 142. en y mettant de l'huile nouvelle. C'eft un fait dont nous ne pouvons donner aucun éclairciffement.

LIVRE TROISIE ME.

Du Sacrement de Pénitence.

Liv. III.
CHAP. I.

CHAPITRE

PREMIER.

Que les Grecs & les Orientaux enfeignent ce que croit l'Eglife Catholique fur ce Sacrement.

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Grecs &

Chrétiens

Orient.

E n'eft pas feulement fur le myftere de l'Euchariftie, que les Grecs La doctri& tous les Chrétiens Orientaux s'accordent avec les Catholiques, c'eft ne Cathoauffi fur tous les autres points de Religion & de difcipline, que les Pro- laPénitenlique fur testants ont attaqués comme des nouveautés fuperftitieufes & inconnues ce conferà l'ancienne Eglife, particuliérement fur tout ce qui regarde la Pénitence. vée par les Cependant s'il y a quelque chofe dans l'Antiquité Eccléfiaftique, dont nous autres connoiffions certainement l'établiffement & la pratique, c'eft ce qui a rapport à ce Sacrement. Il y a eu des changements confidérables dans la discipline; mais les Canons anciens, & les Pénitentiaux qui restent entre nos mains, nous apprennent quelle en a été autrefois la forme, dans laquelle on reconnoît la foi & l'efprit de l'Eglife. De même ce que nous avons de Canons pénitentiaux de l'Eglife Grecque, & des autres féparées de la Communion de Rome, nous fait connoître par des preuves incontestables, qu'elles ont cru & croient encore ce que nous croyons touchant l'autorité de remettre les péchés, donnée aux Apôtres & en leurs perfonnes aux Evêques & aux Eglifes: que l'exercice de ce pouvoir a été fait de la même maniere qu'il fe fait préfentement, pour ce qu'il y a d'effentiel, par la confeffion des péchés faite aux Prêtres, la fatisfaction & l'abfolution.

tent au

Pour ce qui regarde les Grecs, aucun avant Cyrille Lucar n'avoit ôté Ils la metla Pénitence du nombre des Sacrements de la nouvelle Loi. Au contraire nombre Siméon de Theffalonique, avant le Concile de Florence, plufieurs Prélats des SacreGrecs qui s'y trouverent, ou qui vivoient en ce temps-là; dans le fiecle ments. dernier, Melece Piga, Gabriel de Philadelphie, Alexis Rharturus, Nicéphore Pafchalius, Grégoire Protofyncelle & divers autres, ont enfeigné Catech. clairement que cette cérémonie facrée, par laquelle les pénitents font abfous de leurs péchés par le miniftere des Prêtres, étoit d'inftitution divine; qu'elle étoit fondée fur une promeffe infaillible de la grace, & que

Ven. edit.

Liv. III. par conféquent elle devoit être confidérée comme un Sacrement EvanCHAP. I. gélique. Ceux qui avoient vu la Confeffion de Cyrille la rejeterent avec horreur fur cet article, ainfi que fur prefque tous les autres; & outre les Cenfures des Synodes de 1638 & de 1642, Melece Syrigus réfuta amplement les erreurs Calviniftes adoptées par cet Apoftat; & en dernier lieu Dofithée Patriarche de Jerufalem, non feulement dans les Décrets de fon Synode en 1672, mais par l'édition qu'il en a faite plufieurs années après, confirma ce que le Patriarche de Conftantinople Denys, ceux des autres Sieges, & la plus grande partie des Eglifes Grecques de l'Archipel, avoient déclaré dans leurs Atteftations folemnelles produites durant le cours de la difpute touchant la Perpétuité.

Ce qui eft prouvé par leurs

Offices.

Il feroit inutile de ramaffer toutes les preuves qu'on trouve dans les Théologiens Grecs fur cette matiere, dont on pourroit faire un juste volume, & il fuffit d'examiner leurs Offices de la réconciliation des pénitents, pour être convaincu qu'ils font entiérement oppofés aux Protestants fur cet article, auffi-bien que fur tous les autres qui ont rapport aux Sacrements. Outre ceux qui font dans l'Euchologe, dont les Eglifes Append. Grecques fe fervent tous les jours, le P. Morin en a donné au public de Poenit. plufieurs autres anciens, par lefquels on reconnoît la fuite de la Tradition, & la conformité de la discipline préfente avec celle des fiecles plus éloignés de nous, dont le fondement eft le même.

ad Comm.

Quel eft le fondem.

de cette

22.

19.

Ils fondent leur doctrine fur les paroles de Jefus Chrift, lorsqu'il dit aux Apôtres Recevez le Saint Efprit: ceux auxquels vous remettrez leurs péchés doctrine. ils leur feront remis: & fur celles qu'il dit à S. Pierre: Je vous donnerai Jean. 20. les clefs du Royaume du ciel, ce que vous lierez fur la terre fera lié dans le Matth.16. ciel; & ce que vous délierez fur la terre fera délié dans le ciel. Les Saints Peres Grecs & Latins n'ont jamais entendu ces paroles en un autre fens que celui qui eft reçu parmi les Catholiques, & les Commentaires fyriaques & arabes fur les Evangiles qui font entre les mains des Orientaux, ne les expliquent pas autrement. Les interprétations forcées que les Protestants leur ont voulu donner, font auffi inconnues à tous les Chrétiens de Levant, que les opinions qui les ont produites. On n'a pas besoin pour le prouver d'entrer en aucune difcuffion; la difcipline tient lieu de preuves en cela comme dans la plupart des autres points controverfés avec les Proteftants.

La preuve On veut favoir fi parmi les Grecs & les Orientaux il y a quelque par la dif- chofe de femblable à ce que nous appellons le Sacrement de Pénitence; cipline. il n'y a qu'à examiner fi lorfque parmi eux quelqu'un a commis un péché contre le Décalogue, on n'a obligé à faire pénitence que des péchés publics & fcandaleux; fi aucun Evêque ou Théologien a dit qu'il fuffi

foit

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foit de s'en repentir devant Dieu, de rappeller en mémoire fon Baptême, Liv. III. & de croire fermement que fes péchés lui font remis. Mais on trouve CHAP. I. tout le contraire. Car fans entrer dans l'examen de ce qui a rapport à l'ancienne Pénitence, parce que la matiere a été fuffifamment éclaircie par nos Théologiens, on ne peut douter que les Grecs ne confeffent leurs péchés; puifqu'on a des formulaires de la maniere dont on doit interroger le pénitent, dreffés par Jean furnommé le Jeûneur Patriarche de Morin, 'de Conftantinople, qui étoit contemporain de S. Grégoire, & plufieurs autres plus récents; ce qui en fait voir l'ufage de fiecle en fiecle.

Pœnit.

nitentiaux.

On a auffi plufieurs Pénitentiaux, outre les Epîtres Canoniques de Par les Pé S. Grégoire Thaumaturge, de S. Bafile, de S. Grégoire de Nyffe, & les Canons des anciens Conciles qui prefcrivent la longueur des pénitences, & comment elles devoient être impofées & accomplies. On ne peut donc pas douter que les œuvres laborieuses, qui confiftoient en jeûnes, en prieres, en aumônes & en d'autres mortifications, ne fuffent regardées par ces grands Saints comme des fatisfactions pour les péchés. Cependant on n'étoit pas encore juftifié devant Dieu, ni devant l'Eglife, jufqu'à ce qu'on eût obtenu l'abfolution facramentelle, après laquelle le pénitent étoit admis à la participation de l'Euchariftie. On a plufieurs formules de cette abfolution, qui font conformes à celles dont l'Eglife Latine s'eft autrefois fervie, & dont elle fe fert encore. L'ufage fubfifte dans toute la Grece: on ne peut donc pas douter que le Sacrement de Pénitence ne foit parmi les Grecs comme parmi nous. Ce ne font pas feulement des prieres & des cérémonies qu'ils pratiquent depuis les premiers fiecles, c'eft un Sacrement véritable, établi fur la Sainte Ecriture, qui produit une grace fpéciale fondée fur la promeffe de Jefus Chrift: qui a fa matiere, fa forme & fes Miniftres déterminés. Enfin quoique les termes que la Théologie Scholaftique a introduits ne fuffent pas autrefois en ufage pour expliquer la doctrine des Sacrements; lorfque les Grecs les ont connus, ils les ont trouvés fi conformes à leur doctrine, qu'ils n'ont fait aucune difficulté de s'en fervir; comme on voit par Gabriel de Philadelphie, Melece Piga, Coreffius, Grégoire Protofyncelle, Syrigus, Dofithée & tous les autres.

des Grecs.

Comme il eft queftion des Grecs modernes, & qu'on ne peut pas Témoign. douter que les anciens n'aient reconnu la néceflité de la Pénitence, que les pécheurs n'y aient été obligés avant que d'être reçus à la participation des faints Myfteres; qu'on n'ait regardé comme un facrilege & comme le plus grand de tous les crimes d'en approcher fans avoir reçu l'abfolution des péchés commis après le Baptême; & qu'enfin on a les Perpétuité de la Foi. Tome V.

Y

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