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LIV. III. témoignages d'Ecrivains très-peu inftruits, ou de Voyageurs mal inforCH. IV. més, ou de ceux qui fans difcernement ont copié ce qu'ils avoient lu dans les autres.

Proteft.

Ce que les Il étoit encore plus inutile & contre la bonne foi, de chercher des preuves objectent pour montrer que les Grecs avoient diverfes erreurs fur la Pénitence. On aux Grecs. en trouve de deux fortes, que les Proteftants relevent avec amertume: les unes font les dogmes & la difcipline, qui ne peuvent s'accorder avec ce qu'enseignent & ce que pratiquent les Luthériens & les Calviniftes. Si ce font-là des erreurs, les Grecs ne s'en défendent pas, puisqu'ils ont condamné Cyrille Lucar parfait Calvinifte: & que Jérémie n'a pas été plus traitable fur la Confeffion d'Augsbourg, quelque explication que les Théologiens de Wittemberg lui euffent donné, fur la Confeffion & fur la Pénitence.. Mais quand d'autres de la même Communion y veulent ajouter celles que leur attribuent Caucus & de pareils Ecrivains ; qu'ils fe veulent fervir de ce qu'Allatius, le P. Goar, le P. Morin & tous les Savants Catholiques ont écrit au contraire, comme de preuve de contradictions de nos Auteurs fur la créance des Grecs, on ne peut excufer cette mauvaise foi. Car les premiers n'appuyent d'aucune autorité ce qu'ils difent contre les Grecs: & les autres ne difent rien qu'ils ne confirment par les livres publics & particuliers reçus dans l'Eglife Grecque. Pourquoi donc les mettra-t-on en parallele avec ceux qui ne méritent aucune créance?

Les Grecs

accufés

ce.

Enfuite ces mêmes Proteftants font une énumération des erreurs dont n'ont été les Grecs font accufés fur de fauffes conféquences tirées de maximes fchod'aucune laftiques, femblables à celles dont quelques-unes ont été rapportées cierreur fur deffus. L'avantage qu'ils en prétendent tirer eft, de conclure qu'ils ne la Péniten- s'accordent donc pas avec l'Eglife Romaine: conclufion fauffe s'il en fut jamais. Car ce n'eft pas du jugement que font des particuliers fur des matieres qu'ils ignorent que dépend celui de l'Eglife. Dans le Concile de Lyon, dans celui de Latran, en dernier lieu dans celui de Florence, & toutes les fois qu'on a férieufement examiné ce qui féparoit les deux Eglifes, on n'a jamais mis au nombre des erreurs ni des abus, ce que les Grecs doivent obferver felon leurs loix pour l'administration de la Pénitence; & même dans les pays où ils font foumis aux Latins, on ne leur a propofé aucune réforme fur cet article. Les Brefs de Léon X & de Clément VII confirmés par leurs fucceffeurs, fur-tout par Urbain VIII, en erdonnant qu'ils fuivroient leurs Rites, ont approuvé celui de la Pénitence. Les formes données aux Grecs de Calabre & de Sicile ne font aucun préjudice aux autres, la derniere étant une traduction de celle qui eft en ufage parmi nous. Mais quand il y auroit des erreurs, elles feroient dans la pratique & non pas dans le dogme; puifque la puiffance donnée à

l'Eglife de remettre véritablement les péchés, l'exercice qui s'en fait par Liv. III, les Prêtres, & la néceffité de foumettre les péchés aux clefs de l'Eglife en CH. IV. les confeffant & en acceptant les peines canoniques, font tout ce qu'il y a d'effentiel dans le Sacrement de Pénitence.

vés avec

amertu

confé.

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Rel. Mofc.

Enfin les Proteftants remarquent de grands abus parmi les Grecs dans Abus rele. l'administration de la Pénitence; & afin de les groffir, on ramasse ce que divers Auteurs ont écrit touchant ceux qu'ils reprochent aux Mofcovites, me, & les parce qu'ils font foumis à l'Eglife Grecque. Ce n'est pas cela dont il fauffes s'agit il y a eu des abus fur ce même point dans les temps les plus flo- quences riffants de l'Eglife, & il y en aura toujours; mais les regles dont s'écartent qu'en ticeux qui manquent à leur devoir en favorifant l'impénitence ou en la Proteft. pratiquant fubfiftent malgré ces abus, & c'est de ces regles que nous devons Fehlav. tirer l'efprit, la doctrine & la difcipline des Grecs, & non pas de l'exem- P. 309. ple de ceux qui les méprifent. Plufieurs Prêtres Grecs tirent de l'argent Arg. 1667. de leurs pénitents pour les abfoudre : ils font très-mal; ils font condamnés par les Canons, & Jérémie en les condamnant dit qu'il punit févérement ceux qu'il trouve coupables de ce désordre. Il est donc contraire à l'esprit de l'Eglife Grecque. La plupart des gens de qualité fe confeffent rarement, & les pauvres ne croient pas être obligés à fe confeffer. On a déja fait voir l'abfurdité de cette remarque; car il n'y a point de Religion dont les préceptes ne foient communs aux pauvres & aux riches. Qu'on trouve quelque Décret Synodal ou Patriarchal qui faffe cette diftinction, alors on la croira. Il peut donc être arrivé qu'en quelques endroits l'avarice des Prêtres, qui fous prétexte d'aumônes & de commutation de pénitence, exigeoient de l'argent des pénitents, ait éloigné les pauvres de la fréquentation de ce Sacrement. Il n'en a pas fallu davantage pour faire croire une telle abfurdité à des Voyageurs ignorants qui l'ont écrite, & ces habiles Théologiens Proteftants l'ont copiée avec fi peu de bonne foi, qu'ayant le témoignage contraire de M. Adam Olearius homme trèsfavant & très-fincere, ils n'y ont eu aucun égard, quoique par fon fimple récit, on reconnoiffe que les Mofcovites croient & pratiquent tout ce que nous avons montré ci- deffus être de la foi & de la difcipline de l'Eglife Grecque.

C'est manquer au refpect qui eft dû à la vérité & au public que de remplir des livres de pareils faits, ramaffés fans difcernement, & tournés d'une maniere capable d'obfcurcir les chofes les plus claires, en donnant pour certain, ce qui non feulement n'eft que douteux, mais qui fouvent eft manifeftement faux. C'est encore pis que d'en tirer des conféquences pour attaquer la conformité de doctrine des Orientaux avec celle des Catholiques, ainfi qu'a fait un Miniftre qui a entrepris de réfuter Meffieurs

LIV. III. de Wallembourg. Car établissant comme prouvés ces faits très - incertains CH. V. ou très-faux, que les Grecs ni les Mofcovites ne prescrivent pas la Confeffion en détail & avec la même exactitude que l'Eglife Romaine, qu'elle eft négligée par les pauvres, que les Prêtres ne la pratiquent guere, il en tire cette merveilleufe conclufion : que les Grecs ont à la vérité la Confeffion auriculaire, mais qu'ils ne l'obfervent pas avec la même rigueur que les Papiftes. Rien cependant n'eft plus certain que les Grecs, s'ils ne vivent pas dans une entiere impénitence, font foumis à des pénitences beaucoup plus rudes qu'on n'en impofe dans l'Eglife Latine, chaque péché ayant la fienne marquée, & on ne peut les impofer fans entrer dans le plus grand détail de toutes les circonftances des péchés.

La difci

Orientaux

CHAPITRE V.

Que les Chrétiens Orientaux ont la même créance que les Grecs & les Latins touchant la Pénitence & la Confeffion Sacramentelle.

A Près

Près avoir expofé la créance & la difcipline des Grecs touchant pline des la Pénitence, il faut expliquer ce que croient les Orientaux, c'est-à-dire, les Syriens Neftoriens, Jacobites ou Melchites, les Cophtes, les Ethionitence piens, les Arméniens, & les autres Communions féparées de l'Eglife. peu con. Comme la matiere eft fort obfcure, & que jufqu'à préfent elle n'a pas été fuffisamment éclaircie, les Proteftants qui n'ont jamais fait de grandes découvertes fur les Antiquités Eccléfiaftiques, & encore moins fur celles d'Orient, n'ont eu rien de nouveau à dire pour ce qui regardoit la Pénitence par rapport aux Chrétiens de ces pays-là.

nue,

Même par

& d'autres qui ont

manqué des fe

Le favant & laborieux P. Morin, qui dans fon Traité des Ordinations le P. Morin a donné plufieurs Offices d'Ordination des Syriens Jacobites, Neftoriens & Orthodoxes, outre ceux des Grecs qui n'avoient pas encore paru, ne découvrit rien de pareil fur la Pénitence. Ainfi il s'eft trouvé de grandes Cours né difficultés à furmonter, pour connoître quelle étoit la véritable doctrine ceffaires. de ces Eglifes féparées ; d'autant plus qu'on voyoit par l'hiftoire, & par les témoignages de plufieurs Auteurs dignes de foi, que non feulement la difcipline avoit fort varié, mais que parmi les Jacobites du Patriarchat d'Alexandrie, & les Ethiopiens qui en dépendent, même dans les Indes parmi les Neftoriens, la Confeffion avoit été abolie. On n'avoit point d'Offices pour la réconciliation des Pénitents; aucuns Canons Pénitentiaux, ni d'autres femblables Traités, fans le fecours defquels il étoit impoffible de former un fyftême exact de la foi & de la difcipline de ces

Eglifes

Eglifes éloignées. Mais comme nous avons eu le bonheur de trouver les Liv. III. fecours néceffaires pour expliquer la plus grande partie de ces difficultés ; CH. V. c'est ce que nous tâcherons de faire avec toute la fincérité poffible, déclarant que nous n'employerons pour cela que des preuves originales.

taux n'ont

rien de

cien fur ce

ment du

Avant que de propofer ce que les Orientaux croient fur la puiffance Les Oriende remettre les péchés confervée dans l'Eglife, il eft néceffaire de marquer ce qu'ils favent communément touchant les anciennes héréfies qui plus anont attaqué cette doctrine. D'abord il faut supposer comme certain, que fujet que la plus ancienne fecte qui fubfifte en Levant étant celle des Neftoriens, le comtout ce que les Orientaux ont de plus ancien dans leurs livres, ne remonte mencepas plus haut que le fiecle de Neftorius. Il étoit déja arrivé du change- Neftoriament dans la difcipline de la Pénitence fous Nectarius. Tout ce qu'ils en nilme. connoiffent donc de plus ancien eft, qu'on s'adreffoit au Prêtre autorisé par l'Evêque pour recevoir les confeffions des pénitents: qu'il leur prefcrivoit des peines falutaires conformément aux Canons : qu'après qu'ils les, avoient accomplies ils recevoient l'abfolution, & qu'ils étoient alors rétablis dans la participation de l'Euchariftie, dont ils avoient été privés. Telle a été auffi prefque toujours la forme de leur pénitence, comme nous le ferons voir dans la fuite.

truits des

héréfies

fur la Pé

Nic. Abul

Elmac.

P. 1. MS.

Ils favent par les Catalogues des héréfies que les Montaniftes n'ad- Ils font mettoient pas les pécheurs à la pénitence; mais ils ignorent tout le refte peu inf de l'histoire de ces hérétiques. Ils ont un peu plus de connoiffance de anciennes celle des Novatiens; mais n'ayant jamais presque vu les livres latins, ils en font demeurés à ce qu'ils en ont trouvé dans Eufebe, & dans les nitence. Hiftoriens Grecs; de forte qu'à leur exemple ils confondent Novat & Præf. Con. Novatien; ce qu'ont fait Abulfarage, Elmacin & quelques autres. Néan- bircat. moins Sévere Evêque d'Aschmonin, dans l'histoire des Patriarches d'Alexan- Hift. Dyn. drie, les a diftingués, quoique le nom de Novatien foit extrêmement défiguré; ce qui eft fort ordinaire, particuliérement dans les livres Arabes. Mais quoiqu'ils fachent très-peu l'histoire de ces hérétiques, ils les condamnent, parce que dans les Collections de Canons fyriaques & arabes, ceux de Nicée & des autres Conciles contre les Cathari s'y trouvent inférés; & ils favent que leur héréfie confiftoit en ce qu'ils refufoient de recevoir ceux qui avoient fuccombé dans la perfécution, & qu'ils ne reconnoiffoient pas la puiffance de l'Eglife pour remettre les péchés. On lit dans la Vie d'Alexandre XIX Patriarche d'Alexandrie, qu'en refusant de recevoir Arius, il s'en excufa fur la défense expreffe que lui en avoit fait Pierre le Martyr fon prédéceffeur, ajoutant ces paroles: quoique Jefus Hift. Patr. Chrift ait ordonné qu'on n'empêchât aucun de ceux qui croient en lui d'en- Alex.p.80. Perpétuité de la Foi. Tome V. B b

Liv. III. trer dans l'Eglife. Mais quand quelqu'un a péché, nous le féparons de la CH. V. Communion jusqu'à ce qu'il ait fait pénitence; & quand Jefus Chrift l'a reçu, nous le recevons.

tres Cano

ce.

Ils ont ce-Les Epîtres canoniques de S. Grégoire Thaumaturge, de S. Bafile & pendant lesancientoutes les autres qui font le fondement de la difcipline ancienne fur la nes Epi- Pénitence font dans leurs Collections: elles ont fervi à former plufieurs niques for autres Canons Pénitentiaux, conformes à la difcipline moderne, & c'est la Péniten- tout ce que les Orientaux en ont tiré. Car il paroît par leurs traductions qu'ils n'ont pas entendu les termes des différents degrés de la Pénitence, Coll. Syr. MS. Bibl. qui dans le temps de leur premiere féparation, n'étoient déja plus en Medic. ufage. Pour la difcipline d'Occident, ils n'en ont pas eu la moindre conMelc. MS. noiffance, & il eft inutile de chercher dans ce qui nous refte de livres Jacobit. orientaux des éclairciffements fur l'ancienne difcipline des premiers fiecles Seguier. en ce qui concerne la Pénitence; car ils n'en ont pas la moindre notion. Cela n'empêche pas qu'ils n'aient une idée fort jufte & conforme à la regle de la foi touchant ce Sacrement, ce que nous ferons voir par des preuves fort claires & fort certaines.

Coll. Arab.

MS. Bib.

Fonde

doctrine

des paro

tres, felon

Catholi

ques.

Le premier fondement de la doctrine orthodoxe fur la Pénitence est, ment de la d'entendre les paroles que Jefus Chrift dit à S. Pierre, qu'il lui donneroit eft l'inter- les clefs du ciel, & la puiffance de lier & de délier, & à tous les Apôtres, prétation lorfqu'il leur dit: Recevez le Saint Efprit, les péchés feront remis à tous les de Je- ceux à qui vous les remettrez, du pouvoir que les Evêques & les Prêtres fus Chrift ont reçu des fucceffeurs des Apôtres pour exercer ce miniftere facré. Or aux Apôtous les Commentateurs de l'Ecriture Sainte que nous avons en fyriaque le fens des & en arabe, ne donnent point d'autre fens à ces paroles: les Théologiens s'en fervent pour prouver que les Evêques & les Prêtres ont la même autorité, & les explications forcées que les Réformateurs ont introduites font inconnues dans tout l'Orient. C'eft dans le fens unique qu'a connu l'Eglife Grecque & Latine, comme nos Théologiens l'ont affez prouvé par S. Cyprien, par S. Auguftin, par S. Jean Chryfoftôme & par le confentement général de tous les Peres, qu'on voit ces paroles employées dans une des premieres oraifons de l'ancienne Liturgie du Patriarchat d'Alexandrie, dont les Cophtes fe fervent encore & à laquelle ils ont Lit MS. donné le titre de Liturgie de S. Bafile. Seigneur Jefus Chrift, Fils de Dieu Baf. Gr. & le Pere, qui avez rompu tous les liens de nos péchés, par votre Paffion Arab. Cop. Ethiop. falutaire & vivifiante, qui en foufflant dans la face de vos faints Apôtres &

difciples leur avez dit: Recevez le S. Efprit; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur feront remis, & ceux auxquels vous les retiendrez, ils leur feront retenus: Vous, Seigneur, qui par vos faints Apôtres avez élu ceux qui devoient toujours exercer le Sacerdoce dans votre fainte Eglife

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