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LIV. IV. que le pénitent a confeffés, comme s'ils étoient les propres péchés du CH. II. Prêtre, pour lefquels il demande miféricorde. Cette priere finit par une particuliere pour le pénitent, qui alors fe retire pour accomplir fa pénitence. Tout ce détail eft tiré de Barfalibi, & repréfente ce qui fe trouve dans les autres Auteurs qui ont parlé de la Pénitence. Car ils la font tous confifter dans la confeffion des péchés, dans l'impofition du Canon, fon accompliffement & l'abfolution, qui étoit suivie de la participation de l'Euchariftie.

Autorité

pour mo

ge,

Ces mêmes Auteurs conviennent que le Prêtre avoit une entiere autorité desPrêtres de modérer la pénitence, de la commuer en d'autres bonnes œuvres, d'en dérer la abréger le temps, & de foulager le pénitent, s'il l'en trouvoit digne. Il est péniten- vrai que s'ils en avoient ufé fuivant les regles très- fages de Michel Patriarche d'Antioche, des Ebnaffals, de Barfalibi, & de foutes les inftructions anonymes, ils ne feroient pas tombés en d'auffi grands abus que ceux qui fe font introduits dans la fuite, & qui même détruifirent toute la difcipline parmi les Cophtes. Mais nous parlons des regles, fuivant lefquelles tout ce que nous venons de rapporter devoit être exécuté.

Sépara

Commu

nion.

La premiere peine étoit d'être privé de la Communion, & le délai de tion de la l'abfolution jufqu'à ce que la pénitence fût accomplie, ou que le Prêtre eût jugé à propos de la terminer. En cela les Orientaux ont une difcipline différente de celle des Grecs, telle que la repréfente le P. Morin; puifque, felon Barfalibi, l'abfolution ne doit être donnée que lorsqu'il est permis aux Prêtres de recevoir l'oblation du pénitent, de célébrer la Liturgie à fon intention, & de l'admettre à la participation des faints Myfteres. On n'a pas de peine à comprendre que les Orientaux ont pu concilier les prieres qui font regardées comme une absolution préparatoire, avec celles de la derniere & véritable abfolution facramentelle, parce qu'ils n'ont pas difputé fur ces matieres, & qu'ils fe font tenus fimplement à l'obfervation de ce qu'ils trouvoient établi par la Tradition de leur Eglife. Ainfi il eft inutile de fe fatiguer à rechercher quelles peuvent avoir été leurs pensées théologiques, pour les accommoder avec celles de quelques Théologiens modernes, Nous nous tenons aux faits rapportés fimplement; & quoique notre deffein ne foit pas de juftifier en tout ces Eglifes Orientales, nous les juftifions fuffifamment lorfque nous faifons voir que leur discipline eft conforme à celle des Grecs & des Latins, fur-tout à cette louable coutume de prier fouvent fur les pénitents, & de leur impofer les mains. Les pénitences marquées fréquemment dans ces Canons font les mêmes que celles de l'Eglife Grecque. Les jeûnes font de deux fortes; car ceux qu'on impofe extraordinairement fe devoient obferver au pain & à l'eau: les autres dans le cours du temps prefcrit par les Canons, étoient

Les jeu

nes,

moins

moins aufteres, quoiqu'ils le fuffent beaucoup plus que les nôtres, & Liv. IV.
ceux du mercredi & du vendredi étant observés dans tout l'Orient, les CH. II.
pénitents les gardoient avec une plus grande abftinence, & femblable à
celle du Carême, ne buvant point de vin, & ne mangeant ni laitage, ni
œufs, ni poiffon, ni huile. On doit fous-entendre toujours, suivant
l'usage conftant de l'Orient, que les famedis & les Dimanches étoient ex-
ceptés dans ces longs jeûnes; de forte néanmoins que ces jours-là les pé-
nitents ne pouvoient ufer de ce qui leur étoit défendu dans le cours de
la pénitence. Le Prêtre pouvoit en dispenser ceux qui par infirmité ou
par foibleffe de tempérament n'étoient pas capables de les foutenir : mais
il leur ordonnoit d'autres oeuvres dont ils puffent s'acquitter.

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Une des plus ordinaires parties de la Pénitence canonique étoit le prof Profterne. ternement de tout le corps, ou génuflexion, en mettant le front à terre, ments. & en difant Kyrie eleifon, ou quelque autre priere équivalente. Les Grecs ont encore la même pratique, qu'ils appellent absolument Merávala, & les Syriens auffi-bien que les Arabes ont confervé le mot grec pour fignifier la chose. Ces profternements se faifoient non seulement le jour, mais la nuit, & ils font ordonnés pour toute pénitence aux péchés légers.

Les aumônes fe trouvent prefcrites dans toutes les collections des Ca- Les aumônons anciens & récents, comme un des moyens les plus fûrs de racheter nes. les péchés felon l'Ecriture Sainte; & c'est aussi en quoi il y a eu & où il y a encore plus d'abus. Car l'avarice de plufieurs Prêtres, fondée sur le prétexte spécieux des néceffités des Eglifes expofées à de continuelles vexations fous des Princes Mahométans, a donné lieu, comme cela eft arrivé en Occident, à racheter les pénitences par des aumônes qui paffoient par les mains des Eccléfiaftiques, & cela les rendoit plus indulgents, d'autant plus que les Evêques & même les Patriarches fouffroient ce défordre, & partageoient cet argent avec leurs inférieurs. Ceux qui avoient quelque zele pour la difcipline déclamoient fortement contre cet abus, entre autres Michel d'Antioche, les Auteurs de différentes Inftructions ou Homélies qui ont été citées, & plus qu'aucun autre Denys Barfalibi. Ils difent qu'un Prêtre qui fe laissant gagner par les préfents que lui fait fon pénitent, & qui par un motif fi criminel & fi fordide fe relâche de la févérité preferite par les Canons, admettant à la fainte Table celui qui n'a pas accompli fa pénitence la pouvant faire, commet un crime semblable à celui de Judas qui vendit fon Maître que quand il offre le Sacrifice pour lui, il offre du pain immonde, & l'argent des perfonnes infames, quoique Dieu ait défendu de le recevoir dans l'Ancienne Loi: qu'un tel Prêtre peut donner la rémission des péchés, mais que lui & le pénitent en commettent un nouveau plus grand Perpétuité de la Foi. Tome V.

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LIV. IV. que tous les autres, dont ils doivent attendre le châtiment en l'autre monde; CH. II. & qu'ils le reçoivent même fouvent en celui-ci. Ainfi ils feroient fans reproche s'ils fuivoient les regles de leurs Eglifes, où ces abus font condamnés.

Rédemption des

captifs,

La péni

La rédemption des captifs a toujours été confidérée comme une œuvre très-méritoire, & elle l'eft encore davantage dans des pays où un grand nombre de Chrétiens fe trouvent efclaves de maîtres infideles, qui les forcent à renoncer à Jefus Chrift, particuliérement les enfants. C'eft pourquoi parmi les pénitences celle-là eft prefque toujours preferite, principalement pour les grands crimes. Les Grecs & les Latins l'ont aufli fouvent ordonnée.

Il est à remarquer que les jeûnes, les prieres & les autres œuvres de tence n'a mortification prescrits dans ces Canons, n'ont jamais dû être remis entiéjamais été remife en- rement, fuivant la difcipline de l'Eglife Orientale, mais feulement en partiérement tie; & qu'on ne trouve aucun veftige de cette formule introduite dans le glife douzieme fiecle, pro omni pœnitentia reputabitur; ce qui fut principaleOrientale. ment mis en ufage du temps des Croifades. Les Orientaux ont toujours

dans l'E

Les Litur gies ordonnées

pour les

enfeigné, qu'afin d'obtenir la diminution de la pénitence, il falloit l'avoir commencée, & l'avoir exécutée en partie. Cela n'a pas empêché qu'ils n'aient accordé l'abfolution à ceux qui fe trouvoient en péril de mort avant que de l'avoir accomplie, en quoi ils ont fuivi l'ufage de l'ancienne Eglife. C'eft fur ce principe que Barfalibi dit, qu'on doit prier & offrir le Sacrifice pour celui qui, ayant commencé sa pénitence avec ferveur, eft surpris de la mort avant que d'avoir pu l'achever.

Nous avons enfuite à parler des Liturgies ou Meffes qui fe trouvent ordonnées dans plufieurs Canons, & fur lesquelles il y a quelque difficulté.. I femble qu'on les peut divifer en deux efpeces: les premieres étant regarpénitents. dées comme une oblation du Sacrifice, dans lequel le Prêtre faifoit des prieres fpéciales pour le pénitent, afin que Dieu lui accordât la grace d'une fincere converfion : les autres étoient d'un deffein tout différent, puifqu'on admettoit pour la premiere fois le pénitent à la Communion, ce qui étoit fa réconciliation parfaite. Cette diftinction n'eft pas clairement marquée dans les Pénitentiaux, parce qu'il arrive souvent qu'on n'y explique pas en détail des chofes connues alors de tout le monde. Mais il y a beaucoup d'apparence qu'il la faut faire, & voici les raisons fur lefquelles eft appuyée cette conjecture.

Ce que

vent les

y

Les Canons anciens & modernes ordonnent que les pénitents feront prefcri- célébrer plufieurs Liturgies: & par conféquent elles devoient être célébrées Canons durant le cours de la pénitence, puifqu'elle étoit achevée auffi-tôt qu'ils avoient requ l'absolution & la Communion, à moins que par ces mêmes

Canons, on ne leur prescrivit quelque mortification qui devoit durer en- Liv. IV. core après, comme il s'en trouve des exemples. A ces Liturgies le péni- CH. II. tent pouvoit assister, excepté lorsqu'il avoit commis de ces grands péchés, pour lesquels il étoit exclus durant quelque temps de l'entrée de l'Eglife. On ne voit pas néanmoins de preuves qu'il y affiftât; & cela ne paroît pas néceffaire. Il fuffifoit qu'il offrît à l'Eglife ce qui étoit ordonné pour célé brer une Liturgie; car dès le temps de Barfalibi la coutume de donner pour cela de l'argent en forme d'aumône paroît établie. C'étoit donc à proprement parler une Meffe pour le pénitent, qu'il n'auroit pas été permis de célébrer s'il n'eût été actuellement dans l'exercice de fa pénitence. Car quoiqu'on priât en général pour les pécheurs, même ceux qui étoient encore engagés dans le péché, c'étoit comme l'Eglife prie pour les infideles. Quand elle recevoit l'aumône du pénitent pour célébrer la Liturgie, c'étoit un commencement de réconciliation, qui le préparoit à être bientôt admis à la fainte Table. Il y avoit enfuite un fecond degré, lorsqu'il offroit à l'Autel fon offrande, & qu'elle étoit reçue, en conféquence de quoi le Prêtre le nommoit dans les Diptyques.

Suivant la difcipline commune, dès qu'on avoit reçu l'offrande de quelqu'un, & que fon nom avoit été récité à l'Autel, il étoit regardé comme rétabli dans la Communion de l'Eglife, & dans le droit de participer à l'Eucharistie. Il eft donc affez vraisemblable que lorsqu'il eft marqué dans les Canons pénitentiaux, que l'oblation du pénitent sera ainfi reçue, il étoit alors réconcilié par l'abfolution facramentelle, & qu'auffi- tôt il communioit. Sur cette fuppofition, qui eft fondée dans le Droit commun, lorfqu'on obligeoit le pénitent à faire célébrer plufieurs Liturgies, celles qui étoient célébrées à son intention après cette premiere, à laquelle il recevoit l'Euchariftie, étoient après fon abfolution pour lui obtenir de nouvelles graces; mais elles ne faifoient plus une partie effentielle de fa pénitence. On n'a rien de certain fur le détail de cette difcipline, que nous tâcherons d'éclaircir dans les Differtations latines fur la Pénitence, où ces Canons & les principales prieres & cérémonies fe trouveront en leur entier.

falem.

Le pélerinage des faints Lieux eft auffi une oeuvre méritoire de la plus Pélerina grande antiquité, & la divifion de l'Eglife par les héréfies & par les fchif- ge de Jerumes n'a apporté aucun changement à cette dévotion. C'est ce qui a fait que depuis le commencement de l'Empire Mahométan toutes les nations & les fectes y ont eu des Eglifes & des Chapelles, ce qui subsiste encore. On trouve dans l'histoire des Jacobites d'Alexandrie, que rien ne les affligea davantage que la défense que firent les Francs, lorfqu'ils étoient maîtres de Jerufalem, d'y recevoir les Cophtes. Il y a divers témoignages

Liv. IV. de ce pélerinage dans l'histoire des Neftoriens, des Ethiopiens, des Armé CH. III. niens, & en général de tous les Chrétiens de Levant; & on doit remarquer en paffant, que fi on le traite de fuperftitieux, comme ont fait les Proteftants, ils ne peuvent pas dire que les Orientaux l'aient appris de l'Eglife Romaine.

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Abfolu

tion du pé

nitent.

Comment

elle peut être en

tendue.

Continuation de la même matiere, & de la Pénitence des Eccléfiaftiques.

Enfin après que le pénitent a accompli tout ce que le Confeffeur lui

a prefcrit de mortifications, de prieres & d'aumônes, il fe présente de nouveau devant fon Pere fpirituel, ou, fi toute la pénitence n'est pas accomplie, il obtient la dispense ou la commutation d'une partie des peines canoniques, & il reçoit l'absolution pour recevoir auffi - tôt la Communion. Le Prêtre, felon Barfalibi, lui impofe les mains, lui fouffle trois fois au visage, & dit: Que ce péché foit chaffé de votre ame & de votre corps, au nom du Pere. Amen. Qu'il vous foit remis & pardonné, au nom du Fils. Amen. Soyez-en purgé & fanctifié, au nom du Saint Efprit. Amen. Après cela, continue-t-il, il lui ordonne de dire les prieres que chacun connoit, de faire quelques génuflexions & jeunes, lui marquant combien de temps il les doit obferver. Enfin il l'admettra à la participation des Sacrements lorsqu'il jugera à propos, & conformément aux Canons des Apôtres &des Peres.

Ces paroles donnent à entendre que parmi les Jacobites Syriens il peut y avoir eu une discipline femblable à celle des Grecs, qui accordent l'abfolution en impofant la pénitence, quoique, comme il a été dit ci-dessus, il ne fe trouve rien de décifif fur ce point-là; & les paroles que nous avons citées de Barfalibi ne le font pas entiérement. Car elles peuvent être entendues également, de la premiere impofition des mains lorsqu'on donne la pénitence, comme de la derniere, qui eft l'abfolution proprement dite. Car, comme il a été dit ailleurs, les oraifons qui font employées dans la derniere cérémonie, qui eft la réconciliation du pénitent, font prefque toutes déprécatoires, même celles dans lefquelles il eft fait mention des paroles de Jefus Chrift touchant l'autorité de lier, de délier & de remetAbfolu- tre les péchés, qu'il donna aux Apôtres.

tion felon

les Nestoriens,

Telles font celles qui fe trouvent dans l'Office des Neftoriens. Car après plufieurs Pleaumes, Répons & oraifons convenables à la pénitence,

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