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presque continuellement, & qu'à la priere & aux autres exercices, ils joi- Liv. IV. gnent le travail des mains, cultivant la terre, & faisant eux-mêmes tout CH. VII. ce qui eft néceffaire à la vie.

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Græcan.

Auffi un Auteur Luthérien qu'on voit par tout cité avec des éloges Témoign. de Vejel. qu'il ne méritoit guere, c'est Elie Vejelius Miniftre à Ulm, dans une Differtation Hiftorico-Théologique fur l'Eglife des Grecs d'aujourd'hui, De Ecclef. marque parmi leurs erreurs, les éloges énormes qu'ils donnent à la vie hod. p.44. monaftique, immane elogium vita monaftica, avouant que Jérémie, Chriftophle Angelus & les autres la louent exceffivement. Mais pour diminuer la force de ces éloges, & tâcher de conclure qu'ils font exceffifs, il rapporte que quelques-uns égaloient la profeffion monaftique au Baptême, ce qu'il a tiré d'Allatius, comme tout le refte, ou du P. Goar. Il eft fingulier que des hommes aient eu la hardieffe de faire de pareilles Differtations fans avoir lu en original aucun Auteur Grec, mais feulement des rapsodies de leurs Profeffeurs, qu'ils comblent de louanges, pendant qu'ils chargent d'injures ceux qui leur ont appris le peu qu'il y a de vrai dans leurs ouvrages. Or les éloges de la vie monaftique que Vejelius trouve exceflifs, font tirés des Ecrits des Saints Peres les plus refpectables pour leur antiquité : & quand même on n'auroit aucun égard à la Tradition, l'autorité de S. Antoine, de S. Pacome, de S. Bafile & de S. Jean Chryfoftôme, pour ne pas parler de tous les autres, prévaudra toujours auprès de ceux qui cherchent la vérité, contre la nouveauté téméraire de ceux qui, au bout de douze cents ans, ont enfeigné le contraire. De plus, comme ceux-ci étoient prefque tous Moines Apoftats, quand ils auroient eu dans l'Eglife l'autorité qu'ils n'avoient pas, ils ne devoient pas être écoutés dans leur propre cause, & moins encore par les Grecs que par les Latins. Car les Grecs ne les auroient pas plus écoutés que les Catholiques écouterent les premiers Réformateurs; puisque par les regles de l'Eglife Grecque des hommes qui, pour marque d'une miffion extraordinaire, fortoient des maifons de priere & de pénitence, pour animer les Princes & une multitude furieuse à les piller & à les détruire, qui violoient ouvertement les vœux faits à Dieu, en prenant pour femmes des vierges qui lui étoient confacrées, fans aucune raison, finon qu'ils ne pouvoient garder la continence, tels Réformateurs auroient été regardés comme des peftes publiques, auxquels à peine on auroit accordé la pénitence.

lomnies

Que les Proteftants accufent donc les Grecs de fuperftition, d'erreur Réponse groffiere & d'une prévention exceffive pour la vie monaftique, ils ne aux cadiront rien que leurs principaux Chefs n'aient déja dit plufieurs fois, & de quelqui n'ait été autant de fois réfuté, non feulement par les Catholiques, ques Promais encore par les Grecs. Car Jérémie feul a réfuté fi folidement l'article

testants.

P. 129.

LIV. IV. de la Confeffion d'Augsbourg, & les Repliques que lui firent les ThéoloCH. VII. giens de Wittemberg, que depuis ce temps-là les Proteftants ont laiffé les Grecs en repos, tout leur avantage ayant été d'en féduire quelquesuns, comme Cyrille, dont nous avons ailleurs fait voir l'ignorance & la méchanceté & tel qu'il étoit, il n'a jamais ofé attaquer la doctrine de Act. Witt. fon prédéceffeur, ni effayer de la rendre fufpecte. Dans la premiere Réponse, Jérémie avoit répondu modeftement aux Luthériens, qu'ils faifoient mal de mettre la vie monaftique, les fêtes, les cérémonies, les jeûnes & pareilles chofes au nombre des œuvres inutiles, puifque les Saints Peres en avoient jugé autrement : & il prouvoit enfuite très-folidement la perId. p. 256. fection de cet état. Il les réfuta encore plus fortement dans fa feconde Réponse, en faisant voir que les anciens Saints, qu'ils n'avoient pu s'empêcher de louer dans leur Replique, avoient vécu de la maniere felon laquelle les Religieux devoient vivre; qu'ils avoient établi les Regles & qu'ils les avoient confirmées par leur exemple: qu'ainfi cette vie qui confiftoit à une renonciation entiere au monde, & à une mortification continuelle en imitant Jefus Chrift & fes Apôtres, ne pouvoit être que très-parfaite que la difficulté ne devoit pas en rebuter, & qu'elle n'étoit pas une raison fuffifante pour la quitter, puifque S. Bafile & les autres Saints qui avoient mis par écrit les inftructions de la vie monaftique, n'avoient pas dit que fi le poids en étoit trop rude on la pouvoit quitter; mais qu'ils avoient dit, qu'alors il falloit fe foumettre plus fortement, & s'attacher plus étroitement au joug de Jesus Christ, en foulager la pesanteur par l'exercice laborieux de toutes les vertus, & par une priere continuelle, dans l'efpérance de parvenir ainfi aux récompenfes éternelles. Enfuite il rapporte quelques anciens Canons qui concernent la vie monastique, qui prononcent anathême contre ceux qui l'abandonnent après en avoir fait profeffion, à moins qu'ils ne faffent pénitence: de même contre ceux qui pillent les Monafteres & les autres lieux confacrés à Dieu, contre ceux qui corrompent des Religieúses, & ainsi du reste. C'étoit assez clairement condamner les Luthériens, & celui qu'ils regardent comme reftaurateur de l'Evangile, qui fe trouvoit ainfi chargé d'anathêmes de l'Eglife Grecque, auffi-bien que de ceux de l'Eglife Romaine.

Vaine of

des Théo

Ils fe vantent d'avoir vigoureufement réfuté Jérémie : & c'eft le jugetentation ment qu'en faifoit Crufius, Régent de Tubingue, qui n'étoit guere capalogiens de ble de juger de telles matieres, puifque fa capacité dans la langue grecque, Wittemb. qui devoit être fon fort, étoit très-médiocre. Car le grec des Ecrits qu'ils

envoyerent à ce Patriarche, non feulement n'a aucune élégance, mais
il est plein de barbarifmes ; & ce qui eft un défaut effentiel, la plupart.
des termes ne font point du ftyle eccléfiaftique. Ce n'eft pas par une

affectation d'élégance, telle qu'on l'a autrefois reprochée avec raison à Liv. IV. des Savants, qui écrivant en latin évitoient avec foin de fe fervir de CH. VII. mots confacrés par l'ufage de toute l'Eglife, parce qu'ils ne les trouvoient pas dans Cicéron. Il paroît clairement que Crufius ou les autres Traducteurs des Ecrits envoyés à Jérémie n'avoient aucune connoiffance de ce style, ce qu'on ne reconnoît pas moins dans leur latin que dans leur grec.

me tous

Grecs.

c. 52. p. 70.

Mais Jérémie ne pouvoit pas parler autrement qu'il a fait fachant la Jérémie a doctrine de fon Eglife: & on peut dire qu'il n'y avoit que des hommes parlé comentiérement ignorants de tout ce qui regarde la Grece Chrétienne, qui les autres puffent juger, comme a fait Vejelius, qu'il avoit donné des louanges outrées à la vie monaftique. S'il avoit lu Siméon de Theffalonique, il auroit bien trouvé d'autres éloges. Dans le Traité des Sacrements, en Sim. Thes parlant de la Pénitence, il dit qu'elle comprend auffi le très-faint habit de Sacr.. des Religieux, qui eft, & qu'on appelle l'habit angélique, parce que cette vie imite & promet la pureté, la pauvreté, les hymnes, les prieres, l'obéiffance & la fainteté des Anges. Qu'il eft auffi appellé l'habit de Pénitence, comme étant lugubre, humble & fimple, n'ayant rien d'inutile, éloigné de tout ce qui fait l'objet de l'ambition des hommes, pour marquer le renoncement à toutes les penfées, difcours & actions du monde, & comme étant la marque d'une vie célefte. Que le Religieux doit imiter en toutes chofes la vie de Jefus Chrift, être humble, pauvre, foumis, & ne fe foucier de rien qui ait rapport au monde : que pour cela fa vie eft une croix continuelle, & qu'il s'engage par une promeffe folemnelle à garder la chafteté, à ne rien pofféder, à s'occuper toute fa vie de jeûnes & de prieres, enfin à tout fouffrir pour Jefus Chrift: qu'il a donné la premiere & la principale regle de la vie monaftique, en promettant le centuple & la vie éternelle à ceux qui abandonneroient tout pour l'amour de lui; ce que Siméon prouve par plufieurs paffages de l'Ecriture. Il dit enfuite qu'il faut regarder la vie monastique comme inftituée par Jefus Chrift, & donnée à l'Eglife par les Apôtres, telle qu'on la trouve prefcrite par S. Denys: que S. Pacome reçut d'un Ange la forme de l'habit monaftique, dont toutes les parties ont diverses fignifications myftérieufes qu'il explique. Enfin il marque De Pœnit. que la dignité de cet état eft fi grande, que quoiqu'on ne puiffe douter c. 265. que le Sacerdoce étant d'inftitution divine ne foit felon l'Ordre au deffus de l'état monaftique, parce que les œuvres du Sacerdoce font les œuvres de Dieu, avec lequel on ne peut avoir de communication, ni recevoir de fanctification, ni être Chrétien fans le Sacerdoce: cependant felon S. Denys, l'état monaftique confidéré par rapport à la fainteté de la vie,

C.

LIV. IV. eft plus grand que celui d'un Prêtre féculier: en quoi peut-être cet AuCH. VIII. teur a parlé avec exagération, & même avec peu de juftesse; puisque

dès qu'il s'agit de la fainteté des mœurs, on pourroit dire fur le même principe, qu'un Laïque vertueux eft au deffus d'un mauvais Eccléfiaftique. Ce n'est pas donc qu'il ait voulu élever l'état monaftique au deffus du Sacerdoce, puifqu'il en reconnoît la dignité fupérieure à celle des Religieux. Mais il a parlé felon l'ufage de fon Eglife, où depuis plufieurs fiecles la plupart des Eccléfiaftiques faifoient profeffion de la vie religieufe, de laquelle on tiroit prefque tous les Evêques & les Patriarches mêmes & ce qu'il a voulu dire eft, que la fainteté de cet état relevoit en quelque maniere la dignité du Sacerdoce.

Ce que Grecs ont

étre regar

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Si on peut dire que les Grecs égalent au Baptême la profeffion monaftique, &qu'ils la mettent au nombre des Sacrements.

No

Ous avons déja touché quelque chofe de cette question en parlant quelques des Sacrements en général, fur ce que deux ou trois Grecs du moyen dit fur ce âge ont mis la profeffion monaftique au nombre des Sacrements: qu'à fujet ne cette occafion quelques Catholiques les ont accufés de s'éloigner de la doit pas doctrine de l'Eglife, & que divers Proteftants ont voulu tirer avantage dé comme de ces témoignages, en faveur des nouveautés introduites par leur préun dogme, tendue Réforme. Lorsqu'il s'agit de dogmes, il ne fuffit pas de trouver quelques Ecrivains particuliers qui hafardent une propofition nouvelle, inconnue aux Anciens, & qui n'eft fondée ni dans l'Ecriture ni fur la Tradition; qui n'eft marquée dans aucune Confeffion de foi, & qui enferme des conféquences oppofées à la faine Théologie univerfellement reçue. Or c'est le jugement qu'on doit faire de ce que ces Grecs ont dit que la vie monaftique étoit un Sacrement; que c'étoit un fecond Baptême auffi efficace que le premier, puifqu'il remettoit tous les péchés ; & que par conféquent il devoit être confidéré comme un Sacrement. Quand on examine quels font les Auteurs de cette opinion, on trouve qu'ils fe réduisent à deux ou trois qui n'ont point penfé à dogmatifer, qui n'ont jamais été confidérés comme Auteurs de nouveautés ; mais comme des déclamateurs, qui voulant louer la vie monaftique, l'ont fait avec excès, & d'une maniere néanmoins qui ne pouvoit avoir Allat. 1. 3. un mauvais fens parmi ceux qui les entendoient. Tel eft un Moine Job, Arcud. 1.1. qui eft affez peu connu, de forte qu'on fait à peine quand il a vécu,

C. 16.

1

& qui met le faint habit, c'est-à-dire, la profeffion monaftique au nombre Liv. IV. des Sacrements. C'eft-là le fujet d'un grand éclairciffement que donnent CH. VIII. Arcudius & Allatius; d'autant plus que celui-ci, qui avoit une grande connoiffance des Auteurs Grecs modernes, en a trouvé quelques autres qui ont encore pouffé la pensée plus loin, & qu'ils fe font appuyés de l'autorité des livres attribués à S. Denys: & l'un & l'autre étoient embarrassés à y répondre. La réponse que nous avons marquée dans le premier Livre est très-fimple, & n'en est pas moins vraie. Elle confifte en ce que le mot de Mungov dans les Peres Grecs, n'eft pas fi reftreint qu'est parmi nos Théologiens le mot de Sacrement, mais qu'il a une fignification beaucoup plus étendue : & que l'Auteur de la Hiérarchie Eccléfiaftique n'a pas pensé à faire un Traité des Sacrements; mais à expliquer ce qui regardoit les principales fonctions Pontificales & Sacerdotales, parmi lefquelles peut être mife la bénédiction de ceux qui embraffent la vie monaftique. Les Grecs qui ont écrit depuis que ces ouvrages font entre les mains de tout le monde, n'ont pas pour cela jugé que les cérémonies facrées, dont il n'eft fait aucune mention dans ces livres, ne produififfent pas la grace fanctifiante, & par conféquent qu'elles ne fuffent pas de véritables Sacrements. Ceux des derniers fiecles encore moins, quoiqu'ils croient de même que leurs anciens, que ces livres font de S. Denys, & qu'ils ont par conféquent une autorité fupérieure à celle des autres Peres.

méon de

Siméon de Theffalonique, que les Grecs modernes fuivent principa- Explica lement dans la matiere des Sacrements, fournit une explication très- difficulté naturelle aux difficultés qu'on forme fur les témoignages des Auteurs qui par Simettent la profeffion monaftique dans le nombre des Sacrements que Theffalo reconnoît l'Eglife Grecque auffi-bien que la Latine. Il en parle fort en nique. détail, & en particulier de tout ce qui a rapport à l'habit monaftique, expliquant jufqu'aux moindres cérémonies avec lefquelles il eft donné. Mais il dit expreffément qu'on doit regarder cet état comme faisant partie de la Pénitence, ce qui a auffi été dit par d'autres Théologiens Grecs. De cette maniere tout ce que ceux qui fe font plus étendus fur les louanges de la vie monaftique ont dit lorsqu'ils en ont parlé comme d'un Sacrement, doit être entendu de celui dont il fait une partie, qui eft la Pénitence, fous laquelle l'état religieux eft compris, fuivant le fentiment de plufieurs autres Grecs anciens & modernes. Cette vérité étant fuppo- on doit fée, & auffi-bien prouvée qu'elle l'eft, puifque tout ce qui a rapport à entendre la vie monaftique eft partie ou marque de la Pénitence, la difficulté monafticeffe entiérement.

Les Grecs, dont on cite les témoignages, difent que la vie reli

Comment

que la vie

que eft un fecond Baptême

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