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LIV. V. Orientaux fe propofent en donnant & en recevant ce Sacrement, mais CHAP. I. que la principale eft une véritable grace facramentelle qui confifte dans

que des

cet arri

cle.

la rémiffion des péchés, & dans les fecours fpirituels dont le malade peut avoir befoin. De-là il s'enfuit que les Grecs font fort éloignés des opinions des Proteftants, qui déterminant l'onction au feul effet extérieur de la guérison du malade, ont cru que parce qu'elle n'étoit plus produite par l'Extrême-Onction, ce Sacrement devoit être retranché. En cela ces Réformateurs fe font grandement écartés des principes de la faine Théologie.

Principe Car elle enfeigne que la véritable deftination des Sacrements eft la théologi- fanctification des ames & la rémiffion des péchés : que fi Dieu dans la Grecs fur naiffance de l'Eglife, lorfque les miracles étoient néceffaires, y a bien voulu attacher quelques effets miraculeux, on n'en doit pas conclure que la cérémonie facrée perde la puiffance de produire la grace, parce que cette marque extérieure & accidentelle ne l'accompagne plus. Jefus Christ n'est pas venu pour nous apprendre à faire des miracles, mais pour nous fanctifier, & pour nous procurer par les fignes facrés qu'il a laissés. à fon Eglife la fanctification de nos ames, & les graces dont nous avons befoin dans tous les états de cette vie. Le Baptême dans les premiers, temps a fouvent été accompagné de miracles, & S. Paul y recouvra la vue qu'il avoit perdue: ce n'eft pas cela qu'on a regardé comme l'effet du Sacrement, mais c'étoit la régénération invifible & la rémiffion de tous les péchés. L'impofition des mains des Apôtres étoit fuivie du merveilleux effet de parler plufieurs langues : & quoiqu'il ait ceffé, l'Eglife a confervé toujours la même cérémonie, à laquelle l'onction du Chrême a été jointe, pour recevoir la force & les dons du Saint Efprit, quoique. le miracle ne fe fit plus. Il en a été de même de l'Extrême - Onction.. Plufieurs Chrétiens guériffoient miraculeufement lorfque les Prêtres faifoient fur eux cette cérémonie: ils ne guériffoient pas tous néanmoins.. Si donc les Apôtres & leurs Difciples n'abolirent pas cette religieuse. pratique lorsque les guérifons miraculeufes ne continuerent pas, les. Réformateurs n'avoient aucune raison de faire de ce prétexte le fondement d'une nouveauté auffi étrange, que d'abolir comme un abus plein de fuperftition, ce que l'Eglife avoit pratiqué durant tant de fiecles, comme étant d'inftitution divine & de Tradition Apoftolique..

Les Orientaux ont fur ce

point les mêmes

Ce qui a été dit des Grecs doit aufli s'entendre de tous les Chrétiens: Orientaux qui ont confervé l'Onation des malades, & qui la pratiquent avec des cérémonies fort femblables à celles de l'Eglife Grecque. Les fenti- prieres, quoiqu'elles ne foient pas précisément les mêmes, fignifient égales Grecs, lement, comme celles des Grecs & des Latins, qu'on demande à Dieu la

ments que

guérison du malade, fi cela lui eft utile pour fon falut; mais particulié- Liv. V. rement la rémiffion des péchés, fuivant la promeffe qu'en a faite Jesus CHAP. I Chrift par la bouche de S. Jacques. Et comme dans l'Office on lit des Epitres & des Evangiles, on ne manque pas d'y faire la lecture de l'endroit de celle de S. Jacques, où il eft parlé de l'Onction des malades, & de l'Evangile de S. Marc; ce qui prouve que les Orientaux regardent cette cérémonie comme fondée fur la parole de Dieu. Enfin dans l'Office de l'Ordination des Prêtres, felon les Neftoriens, conforme à celui des autres Orientaux, l'Evêque demande à Dieu pour celui qu'il ordonne, la puiffance d'impofer les mains fur les malades, qui eft le Sacrement de l'Extrême-Onction.

ne du Con

à celle des.

14. Decr.

c.1. & feq,

Si on examine la doctrine du Concile de Trente, on trouve que cette La doctri conformité de doctrine eft entiere dans tout ce qu'il y a d'effentiel. Il y cile de eft dit que Jefus Chrift a inftitué ce Sacrement, comme un fecours très- Trente eft puijjant pour la fin de la vie : qu'il a été marqué par S. Marc, & recommandé conforme aux fideles par l'Apôtre S. Jacques. Que la matiere de ce Sacrement eft l'huile Orient. bénite par l'Evêque, & que la forme eft l'Oraifon qui eft en ufage dans Trid. Seff. Eglife. Que l'effet du Sacrement eft fignifié par ces paroles, oratio fidei falvabit infirmum, & fi in peccatis fit dimittentur ei, par lesquelles, disent les Peres du Concile, eft marquée la grace du S. Efprit, dont l'onction acheve de purifier le malade des péchés qui restent à expier, foutient fon courage, excite en lui la confiance à la miféricorde divine, pour foutenir plus facilement la maladie dont il eft quelquefois foulagé. Enfin que le Miwiftre eft un Prêtre, non pas quelque perfonne confidérable en âge ou en dignité que par conféquent le Concile condamne l'opinion de ceux qui difent que l'Extrême-Onition eft une invention humaine, qui n'a aucune promeffe de grace, ni de commandement divin, ou de ceux qui, approuvant le rite, prétendent qu'il n'avoit rapport qu'à la grace des guérisons extraordinaires, & qu'ainfi il n'a eu de lieu que dans la primitive Eglife. Les anathêmes qui fuivent le Décret contiennent la même doctrine.

gnent la

Si on la compare à celle des Grecs, dont les témoignages ont été Les Grecs rapportés, il eft aifé de reconnoître qu'elle eft précisément la même pour ce qui regarde l'inftitution divine, pour l'intelligence des paffages même de S. Marc & de S. Jacques, & pour exclure le fens de la détermination chose.. au feul effet miraculeux de la guérifon des malades. Ils font néanmoins fi éloignés de croire que ce Sacrement n'a aucun effet pour le foulagement corporel, qu'ils reprochent aux Latins qu'ils ne le donnent qu'aux moribonds, ce que Siméon de Theffalonique releve comme un grand abus. Il n'y a de différence qu'en deux articles, qui font purement de discipline: l'un eft, que dans l'Eglife Latine l'huile eft bénite par un Evê

Liv. V. que; & que dans tout l'Orient la bénédiction s'en fait par les Prêtres dans CH. II. l'adminiftration même : l'autre, que plufieurs Prêtres, & ordinairement fept, font cette cérémonie, qu'un feul fait dans l'Eglife Latine.

-Sept Prétres font ordinaire

Office.

CHAPITRE II.

Des cérémonies que les Grecs & les Orientaux pratiquent pour l'Extrême

LES

Onition.

Es cérémonies que les Grecs & les Orientaux pratiquent, consistent dans un plus grand appareil de rites & de prieres qu'on n'en a observé ment cet dans l'Occident. L'Office fe fait ordinairement par fept Prêtres, & en cela ils prétendent pratiquer littéralement ces paroles de S. Jacques, inducat Presbyteros Ecclefiæ, ce qui s'est auffi quelquefois pratiqué en l'Eglise Latine. Il feroit inutile de s'arrêter à montrer, qu'ils entendent par ce mot les Prêtres & non pas les Anciens, ou les autres perfonnes confidérables de l'Eglife, puifque ceux que les Proteftants, fur- tout les Presbytériens, appellent Anciens, font entiérement inconnus dans toutes les Communions Orientales. Si néanmoins le nombre de fept Prêtres ne fe trouve pas, cinq ou trois célebrent l'Office de la même maniere: & on ne voit pas qu'ils le faffent célébrer par un feul.

Il fe fait fouvent

dans l'Eglife.

Comme fuivant la difcipline d'Orient on n'attend pas que le malade foit à l'extrémité pour lui adminiftrer les faintes huiles, cette cérémonie se célebre très-fouvent dans les Eglifes, où il fe fait porter; en quoi il n'y a Goar. Not. rien d'extraordinaire. Car il paroît par les témoignages de divers Auteurs De Antiq, & d'anciens Rituels, que cette coutume a été pratiquée dans l'Eglife LaEccl. Rit. tine. On peut faire néanmoins tout l'Office dans la maifon du malade, quand il n'eft pas en état d'être transporté.

adEuchol.

t. 2. l. I.

c.7.p.110.
Vita S.
Maur Sev.
de Obit.

S. Mart.
Suger. Vit.
Lud. VI.

On prend de l'huile d'olive & on la met dans une lampe à fept branches, & le plus ancien des fept Prêtres dit des prieres & des bénédictions: après quoi on allume la premiere branche & ainfi des autres, enfuite on fait les onctions fur le malade en diverfes parties de fon corps, continuant les On met de prieres & en faifant le figne de la croix. C'eft fur ce fondement que Thol'huile mas à Jefu & quelques autres, ont écrit que les Chrétiens Orientaux n'adlampe, & miniftroient point l'Extrême - Onction aux malades, mais qu'ils les froton la bé- toient avec l'huile d'une lampe; parce que ni lui, ni de pareils Ecrivains, n'avoient pas confulté les gens du pays, & encore moins les livres des Eglifes, qui toutes ont cet Office.

dans une

nit.

nies de

Voici comme il eft prefcrit dans le Rituel du Patriarche des Cophtes Liv. V. Gabriel. On emplit de bonne huile de Palestine une lampe à fept bran- CH. II, ches, qu'on place devant une image de la Sainte Vierge, & on met auprès Cérémol'Evangile & la Croix. Les Prêtres s'affemblent au nombre de fept, mais l'Extrême il n'importe qu'il y en ait plus ou moins. Le plus ancien commence l'O- Onction raifon d'action de graces qui eft dans la Liturgie de S. Bafile, il encenfe parmi les Cophtes. avant la lecture de l'Epître de S. Paul, puis ils difent tous: Kyrie eleifon, Rit. Gabr. l'Oraison Dominicale, le Pfeaume XXXI, l'oraison pour les malades, Copt. Ar qui eft auffi dans la Liturgie, & les autres particulieres marquées dans l'Office de l'Extrême- Onction. Quand il les a achevées, il allume une des branches, faisant le figne de la croix fur l'huile, & cependant les autres chantent des Pfeaumes. Après qu'il a achevé les autres oraisons pour le malade, il lit la leçon de l'Epître Catholique de S. Jacques en cophte, dont la lecture fe fait enfuite en arabe, puis Sanctus, Gloria Patri, l'oraison de l'Evangile, un Pfeaume qu'il dit alternativement avec un autre Prêtre, puis un Evangile en cophte & en arabe, les trois oraifons qui fuivent dans la Liturgie, une au Pere, l'autre pour la paix, une autre générale, le Symbole de Nicée & l'oraifon qui le fuit.

Le second Prêtre commence après par la bénédiction de fa branche en faifant le figne de la croix & il l'allume, puis il dit l'Oraison Dominicale, & trois autres de la Liturgie, une leçon de S. Paul, une de l'Evangile, un Pleaume & une oraison particuliere pour le malade. Les autres Prêtres felon leur rang, font les mêmes prieres; de forte qu'on dit dans cette cérémonie, comme marque l'Auteur de la Science Eccléfiaftique, fept leçons des Epitres, fept des Evangiles, fept Pfeaumes & fept oraifons particulieres, outre les communes tirées de la Liturgie.

Lorfque tout est achevé, celui pour lequel fe fait la bénédiction de la lampe, fi fes forces le lui permettent, s'approche, & on le fait affeoir ayant le vifage tourné vers l'Orient. Les Prêtres mettent le livre des Evangiles élevé fur la tête avec la croix & lui impofent les mains: le plus ancien Prêtre dit les oraisons propres, puis ils font lever le malade, ils lui donnent la bénédiction avec le livre des Evangiles, & on récite l'Oraison Dominicale. Enfuite on ouvre le livre & on lit fur lui le premier endroit fur lequel on tombe. On récite le Symbole & trois oraifons, après lef quelles on éleve la croix fur la tête du malade, & en même temps on prononce fur lui l'absolution générale, qui fe trouve dans la Liturgie. Si le temps le permet, on dit encore d'autres prieres, & on fait la Proceffion dans l'Eglife avec la lampe bénite & des cierges allumés, pour demander à Dieu la guérison du malade, par l'intercellion des Martyrs & des autres Saints. Si le malade n'eft pas en état d'aller lui-même près de l'Autel, on

LIV. V. fubftitue une perfonne à fa place. Après la Proceffion les Prêtres font les CH. II. onctions fur le malade, puis ils fe font une onction les uns fur les autres de cette huile bénite, & ceux qui y ont affifté reçoivent auffi une onction, mais ce n'est pas en la maniere qu'elle fe fait fur le malade.

Cet ufage prouvé par d'autres Au

teurs,

Objections

qu'on

Rites.

Tel eft l'usage prescrit par le Patriarche Gabriel pour l'Eglife Jacobite d'Alexandrie, & il eft pareillement prouvé par les témoignages d'Ebnaffal, qui, dans le Chap. XX de fa Collection, parlant de la vifite des malades, parle de cette cérémonie, & l'autorife par les paffages de S. Marc & de S. Jacques, & par celui d'Echmimi, qui parle de la bénédiction de l'huile pour les malades, dans laquelle il dit, qu'on ne méle pas de chrème, non plus que dans celle dont on fe fert à l'égard de quelques pénitents qui font réconciliés avec des onctions. Les Jacobites Syriens ont des rites & des prieres affez semblables, dont nous ne rapporterons pas le détail, puifque les différences qui s'y rencontrent, & celles de l'Office Grec ne font pas effentielles & les Ethiopiens en ont un conforme à celui d'Alexandrie.

Toutes les objections qu'on peut donc faire contre les Rites Orientaux qui regardent l'administration de l'huile bénite aux malades, fe peuvent peut faire former contre les Rites Grecs, qui font l'original des autres. C'est une contre ces remarque préliminaire de laquelle dépendent toutes celles que divers Théologiens ont faites fur cette matiere, dans le deffein de prouver que les Grecs n'avoient pas le Sacrement de l'Extrême-Onction; propofition avancée très-témérairement par Guy le Carme, Prateolus & divers autres, que Caucus, Archevêque de Corfou, a mieux aimé copier, que de s'informer de ceux parmi lefquels il vivoit, afin de favoir quelle étoit leur foi & leur difcipline.

On n'a

Il est fort étonnant que dans le Concile de Florence on ait examiné point con- avec foin ce qui pouvoit être contraire aux dogmes de la foi, & que damné les non feulement il n'y ait eu rien de décidé contre les Grecs fur cet article,

Rites
Grecs.

mais qu'il ne paroiffe pas même qu'on en ait difputé. Ils ont déclaré qu'ils reconnoiffoient le Sacrement de l'Extrême-Onction, & il étoit de notoriété publique qu'ils le célébroient en la maniere qu'ils obfervent encore préfentement. Donc puifqu'au Concile de Fiorence on ne jugea pas qu'ils fuffent coupables d'aucune erreur fur ce Sacrement, on ne peut, fans témérité, les accufer de ne l'avoir pas. Le Décret d'Eugene pour les Arméniens ne détruit pas cette vérité, puifque jamais les Grecs ne l'ont connu, & qu'il n'a été fait qu'après leur départ : & que fans entrer dans la difcuffion de ce qui regarde l'autorité qu'il doit avoir, il ne peut pas déroger à celle du Décret général. C'eft fur ce dernier que fut fondée l'Union que les Grecs rompirent depuis ; il contient ce qu'on propofe à ceux qui renoncent au schisme, & on ne les examine pas fur l'autre, qui ne les regarde point.

Le

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