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fur ces Ri

Le P. Goar qui avoit joint à un grand favoir une longue expérience, Liv. V. parce qu'il avoit travaillé long-temps dans les Millions de Levant, a fou- CH. II. tenu dans fes Notes fur cet endroit de l'Euchologe, qu'on ne pouvoit Sentiment fans injustice accufer les Grecs de n'avoir pas le Sacrement de l'Extrême- du P. Goar Onction. Il remarque d'abord que les Latins y employoient autrefois fept tes. Prêtres comme les Grecs, ce qu'il prouve par un ancien Office qu'a publié le P. Hugues Ménard, ce qui eft confirmé par plufieurs autres. Il reprend avec justice Siméon de Theffalonique, de ce qu'il foutint fans aucun fondement, que ce Sacrement ne peut être adminiftré par un feul Prêtre. Il témoigne que quoiqu'il foit affez ordinaire parmi les Grecs de fe faire porter à l'Eglife pour le recevoir, ils le donnent néanmoins dans les maifons. A l'égard de ce que la bénédiction de l'huile ne fe fait pas par les Evêques, il termine la difficulté en un mot, citant l'inftruction dreffée pour les Grecs par Clément VIII, où il eft dit, qu'ils ne feront point obligés dans les lieux où ils font foumis aux Latins, de prendre l'huile bénite par le Diocéfain, parce qu'ils en font la bénédiction, fuivant un ancien usage, dans le temps même qu'ils l'adminiftrent: Cum ejufmodi olea ab eis in ipfa oleorum & Sacramentorum exhibitione ex veteri ritu conficiantur ac benedicantur. Arcudius qui n'eft pas toujours favorable aux Grecs, cite cette inf- Arcud.1.5. truction, & il est entiérement de l'opinion du P. Goaṛ.

C. 2.

De la for

me de

Comme on ne doute pas après cela que la matiere ne foit telle qu'il eft nécessaire, la difficulté qui refte regarde la forme, & les Théologiens qui Extrêmefont le plus prévenus contre les formes déprécatoires, ne peuvent nier que Onction. l'Eglife Latine s'en fert en ce Sacrement. Le P. Goar, Arcudius même, & d'autres très - habiles Théologiens, la font confifter dans une des oraifons qui commence par ces mots: náreg äɣie iatge twv yuxav.. Pere faint, Euchol. Médecin des ames & des corps, qui avez envoyé votre Fils unique Notre P417. Seigneur Jefus Chrift qui guérifoit de toute maladie, & délivroit même de la mort, guérisez N. votre ferviteur des maladies du corps & de l'ame dont il eft attaqué, & vivifiez-le par la grace de votre Chrift, par les interceffions de la très-Sainte Vierge, &c. Car cette oraifon explique les principaux effets qu'on attend du Sacrement, qui font la rémiffion des péchés & la guérison du corps. Ainfi le P. Goar conclut que cette forme eft fuffifante; qu'il n'en faut pas chercher d'autre, & encore moins en inventer de nouvelles, comme avoit voulu faire Catumfyritus Grec - Italien, dont le livre a été condamné, & certainement avec raifon. Car l'Auteur, fous prétexte de reprendre les fautes d'Arcudius, en commet de beaucoup plus groffieres, par des rafinements ridicules de Scholaftique, dont les conféquences renverfent toute l'économie de la difcipline facramentelle. Le déPerpétuité de la Foi. Tome V.

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LIV. V. faut de l'expreffion de l'acte du Miniftre eft une de fes fubtilités, & on reCH. II. garde préfentement cette opinion comme un paradoxe infoutenable.

Les Rites

prouvés

ne.

Le raisonnement du P. Goar eft très - jufte & très - conforme à ce que Grecs ap- l'Eglife a jugé des cérémonies grecques, qu'elle a approuvées, non feulepar l'Egli- ment par un confentement tacite, puifque dans le temps que les deux Eglife Romai- fes ont confervé l'Union, il n'y a eu aucune difpute fur l'Extrême-Onction; mais encore après un examen férieux, tel que celui qui avoit été fait durant le Concile de Florence, & qui a été renouvellé fouvent, fous Léon X. Clément VII. Grégoire XIII & Clément VIII. par rapport aux Grecs qui fe trouvoient dans des pays foumis aux Latins. On doit auffi ajouter que ce Sacrement eft prefque tout de prieres, que les Rituels Latins en contiennent un très-grand nombre, & que rien n'eft plus contraire à l'efprit de l'Eglife, que de les regarder comme inutiles, par des raisons de convenance tirées de principes qui font beaucoup moins anciens que les cérémonies & les prieres dont il est question.

Les prietien

nent lieu

crement.

Les Grecs & tous les autres croient au contraire qu'elles font très-effica Testen ces; & quand ils raisonnent fcholaftiquement, ils prouvent fort bien qu'elde forme les tiennent lieu de forme dans ce Sacrement, comme dans la Pénitence, en ce Sa- dans le Mariage & en tous les autres. On peut voir fur cette matiere les recueils qu'a donnés M. de Launoy d'un grand nombre de Rituels de tous les fiecles, & on reconnoîtra qu'il n'y a prefque aucune priere ou cérémonie qui ne fe trouvent confirmées par la pratique femblable des Eglifes d'Occident. Enfin on ne peut nier que la coutume d'appeller plufieurs Prêtres, & de faire les prieres fur le malade, ne foit entiérement conforme à ce que prefcrit l'Apôtre S. Jacques; en forte qu'il y auroit plus de peine à juftifier la pratique de recevoir l'Onction avec les paroles: Ungo te, &c. qui ont été dans les Rituels Latins pendant plufieurs fiecles, & par le ministere d'un feul Prêtre, qui femble n'être pas ce qu'ordonne S. Jacques, qu'à dé fendre le Rite Oriental des objections de ceux qui l'attaquent.

**

Liv. V.
CH. III.

CHAPITRE

III

Diverses obfervations fur la difcipline des Grecs dans l'administration de

ON

l'Extrême-Onction.

touchant

l'onction

malades.

N doit cependant examiner une objection qui a déterminé plufieurs Objection Théologiens à douter que les Grecs & les autres Chrétiens d'Orient fuffent la coutudemeurés dans les bornes de la Tradition, parce qu'ils adminiftrent l'Onc- me de tion à des perfonnes qui fe portent bien, & que même après l'avoir don- donner née aux malades, les Prêtres qui ont célébré l'Office fe font des onctions à d'autres l'un à l'autre, & enfuite à ceux qui fe trouvent préfents. Cette objection, qu'aux qui paroît confidérable quand elle est détachée de toutes les circonftances de la cérémonie, ne l'eft plus fi on examine la différence effentielle qu'il y a entre l'onction du malade & celle de ceux qui en font l'Office, ou qui y affiftent. Le malade, au nom duquel on bénit l'huile ou la lampe eft le feul fur lequel on fait les prieres conformes à l'intention de l'Eglife, & on ne les dit pas fur les autres. Mais comme ce Sacrement n'est pas feulement pour demander à Dieu la guérifon ou le foulagement des infirmités corporelles, & que fa principale deftination eft la rémiffion des péchés ; que par une ancienne difcipline il y a plufieurs occafions où l'abfolution des pénitents, quand ils ont commis de très-grands péchés, auffi- bien que celle des hérétiques ou réputés tels, fe fait par l'onction jointe aux prieres, les Orientaux ont cru aifément que l'huile bénite par les cérémonies facrées, pouvoit être utile pour leur attirer quelque bénédiction temporelle ou fpirituelle. C'est par ce motif qu'après la cérémonie faite fur le malade, ils ont la dévotion de recevoir l'onction de l'huile qui refte, mais fans aucun deffein de recevoir le Sacrement, qui n'eft pas inftitué à cette fin.

les

ner en ce

La preuve en eft claire, puifque certainement ils ne demandent pas la Preuve guérifon quand ils fe portent bien, qui eft un des effets que peut pro- que ne duire le Sacrement; & que l'autre, qui eft la rémiffion des péchés, ne peut croient non plus leur venir en pensée, comme fi par cette onction ils les effaçoient pas donde même que par le Sacrement de Pénitence. Car dans tous les Offices la le Sade l'Extrême-Onction, Grecs, Syriens ou Cophtes, il eft marqué que le crement malade avant que de la recevoir aura confeffé fes péchés aux Prêtres: ce me-Oncqui fait voir que les péchés qui devoient être expiés par la Confeffion, par tion. les peines canoniques & ensuite par l'absolution facerdotale, nè leur paroiffoient pas effacés par cette onction. En Egypte, où parmi les Cophtes la Pénitence canonique a été abolie durant un temps confidérable, on ne

de l'Extrê

Liv. V. trouve pas qu'aucun de ceux qui l'ont attaquée, comme Michel Métro CH. III. politain de Damiette & quelques autres, aient dit que cette onction fuffifoit. Elle n'eft pas marquée dans les Rituels comme faifant partie de l'Office, & elle n'a aucune oraison particuliere. On la doit donc regarder comme une pratique femblable en fon genre à plufieurs autres que la dévotion a introduites, comme eft celle de donner aux affiftants après la Liturgie, ce qui refte du pain offert à l'Autel, dont on a tiré la partie qui a été confacrée. On la diftribue à ceux qui n'ont pas communié avec de l'eau bénite, comme on donne en d'autres occafions de l'eau qui a été bénite pour le Baptême.

S'il y a de l'abus, il ne fait pas

partie de

la doctrine.

Si dans la fuite ce qui étoit d'abord innocent a dégénéré en abus, il ne faut pas le regarder comme une partie de la difcipline de ces pays-là; mais comme une pratique qui étant bien entendue n'a rien de mauvais, & qui a été introduite pour empêcher des fuperftitions auxquelles les Orientaux font naturellement portés, & dont plufieurs que nous connoiffons à peine L. 5. c. 4. font marquées dans les Pénitentiaux. Arcudius a traité cette question fort au long, & quoiqu'il foit prévenu affez fouvent contre les Grecs, il a entrepris néanmoins de juftifier cette pratique qu'ils confervent, de donner P'onction de l'Exéλalov à d'autres qu'aux malades. Il dit pour cela que plufieurs Saints, même en Occident, ont fait fur des malades, fur des poffédés ou fur d'autres perfonnes, des onctions d'huile, qui fouvent étoient fuivies d'effets miraculeux; & que ce n'étoit pas l'huile bénite par les Evêques ni par les Prêtres. Il cite fur cela plufieurs exemples des Saints d'Occident, & il y en a un très-grand nombre dans les Vies des Saints d'Orient.. Il ajoute que quand même les Grecs fe ferviroient de ce qui refte d'huile bénite par les Prêtres, ils ne feroient que ce qu'on faifoit dans l'Eglife Oc-cidentale à l'égard des Energumenes, & que comme on ne fait pas à l'égard de ceux qui font en fanté les mêmes cérémonies qu'à l'égard des malades, on ne doit pas tirer à conféquence quelques rubriques de l'Euchologe qui ont rapport à cet ufage particulier, & qu'il prétend avoir été ajoutées par les Grecs modernes. It croit que cela a tiré fon origine, fuivant l'opinion de Bellarmin, de la dévotion des Chrétiens, qui étant témoins de divers effets miraculeux produits quelquefois par les Sacrements, avoient cru s'attirer une bénédiction par l'huile bénite pour les malades, comme par l'eau qui avoit fervi au Baptême, dont eft venu l'ufage de l'eau bénite, & que d'autres faifoient un pareil ufage du Chrême. On peut voir dans l'Auteur même & dans les Notes du P. Goar, ce qu'ils ont dit fur ce fujet ; car le deffein de cet ouvrage n'eft pas de justifier en tout les Grecs ni les Orientaux, mais de rechercher ce qui refte de monuments de l'Antiquité Eccléfiaftique, dans les ruines de ces Eglifes ravagées par le fchifme ou

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par

peuvent

tage.

l'héréfie, & accablées depuis mille ans fous une dure captivité, qui a Lıv. V. produit une grande ignorance, & fait un tort confidérable à la difcipline. CH. III. Ce qui a un rapport précis au deffein de cet ouvrage, eft de favoir, fi de Les Protef certains abus, & même ceux qu'on ne pourroit juftifier de fuperftition, les tants n'en Proteftants peuvent conclure par des conféquences juftes, que les Grecs & tirer aules Orientaux ne croient pas que l'onction des malades, telle qu'ils la prati- cun avan quent, eft un véritablement Sacrement. C'eft ce que nous ne croyons pas qu'on en puiffe tirer, même de la coutume introduite dans les derniers temps, de faire l'onction fur d'autres que fur des malades d'une maladie dangereufe. Car il paroît par les cérémonies & par les prieres qu'on en efpere deux effets; l'un pour le corps, l'autre pour l'ame. Or il n'y a pas un Théologien Grec qui dife de cette feconde espece d'onction, qu'elle foit fondée fur l'exemple des Apôtres, marqué dans S. Marc, ni fur les paroles de S. Jacques, comme ils le difent de la premiere. Il n'y auroit pas de fujet de condamner l'ufage qu'ils font de cette onction fur ceux qui ne font pas malades à l'extrémité, puifque l'Apôtre ne dit pas que fi quelqu'un elt en cet état, il appelle les Prêtres: mais qu'il femble que le fens naturel de fes paroles s'étend à toute forte de maladies. Sur ce principe on reconnoît dans leur pratique, qu'ils ont une telle confiance à cette cérémonie, comme étant d'inftitution divine, & reçue par la Tradition Apoftolique, qu'ils croient pouvoir employer l'Onction dans toutes les maladies fans attendre qu'elles foient périlleufes, comme on fait communément dans 'Eglife Latine. Cette confiance marque une foi plus certaine de l'efficace de cette cérémonie à l'égard des malades, & marque clairement qu'ils n'ont pas déterminé le fens des paroles de l'Ecriture aux guérifons miraculeufes; puifque fi cela étoit, depuis qu'elles ont ceffé, ils auroient entiérement fupprimé l'onction & les prieres qui l'accompagnent, comme ont fait les Proteftants.

tion don

faines..

A l'égard des perfonnes qui font en pleine fanté, on ne peut pas dire De l'onc que les Grecs en faifant l'onction prétendent les guérir des maladies qu'ils née aux n'ont pas. C'est donc le second effet qu'ils ont en vue, qui eft la rémiffion perfonness des péchés. Or il y a plufieurs fortes de rémiffion des péchés, & il ne la faut pas reftreindre à la principale & à la plus effentielle, qui eft celle qu'on obtient par le Sacrement de Pénitence, par laquelle le pécheur fe foumet aux clefs de l'Eglife. Ce n'eft pas cela que prétendent les Grecs modernes en faisant l'onction de l'huile bénite fur d'autres que fur des malades ; puifque, comme il a été prouvé par leurs Auteurs, ils ne croient pas que les péchés commis contre le Décalogue puiffent être remis autrement que par la Confeffion, la fatisfaction canonique & l'abfolution facerdotale. IL n'y a pas dans les Théologiens ni dans les Canoniftes le moindre veftige

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