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Liv. V. d'une autre forte de difcipline pour obtenir la rémiffion de pareils péchés : CH. III. & aucun Canon, ni Constitution Synodale ou Patriarchale, n'a établi que

Quels pé

abolir cet

ceux qui en avoient la confcience chargée, pouvoient s'adreffer aux Prétres, qui feroient fur eux l'Office de l'Eʊxeλalov, moyennant quoi ils pourroient librement approcher de la Communion. Ceux mêmes qui ont voulu abolir la Confeffion, comme deux Patriarches d'Alexandrie dont il a été parlé, n'ont jamais propofé ce moyen comme propre à fuppléer la pénitence canonique. De plus les Grecs marquent dans leurs Euchologes, que celui qui recevra l'Euxeλar ou Extrême-Onction, doit auparavant avoir été confeffé. Si donc ils ont cru que la Confeffion étoit nécessaire, afin que ceux qui recevoient l'onction puffent participer à la grace qui eft propre à ce myftere, ils fuppofoient néceffairement que pour le recevoir avec fruit, il falloit qu'ils euffent obtenu par la pénitence la rémiffion de leurs péchés ; c'est-à-dire, de ceux dont on ne peut obtenir le pardon fans les foumettre aux clefs de l'Eglife.

Ce n'eft donc pas de ces péchés que les Grecs prétendent délivrer ceux chés peut auxquels ils adminiftrent l'onction destinée ordinairement aux malades. teonction. Les péchés véniels, comme enseignent la plupart des Théologiens, conformément à la doctrine des Peres, font remis par différentes bénédictions, par de bonnes œuvres & par plufieurs pratiques de piété, que l'exemple des plus grands Saints justifie fuffifamment. L'eau du Baptême, quoique fa premiere & principale destination regarde l'ufage qui s'en fait dans le Sacrement, a néanmoins été confidérée comme attirant quelque bénédiction fur les fidèles, & c'eft ce qui a donné origine à l'eau bénite. On remarque qu'autrefois plufieurs avoient une pareille confiance pour le Chrême; de forte que ce qui étoit d'abord une action de piété, à laquelle les Chrétiens aimoient mieux avoir recours dans leurs infirmités & dans leurs peines, qu'à diverfes fuperftitions qui étoient reftées du Paganisme, & contre lesquelles S. Jean Chryfoftôme, S. Auguftin & d'autres Peres déclament fi fréquemment, dégénéra en abus, & pour le réprimer on fit divers Canons. La vénération pour l'Euchariftie produifit plufieurs autres pratiques, qui furent louées en certaines occafions, parce qu'on reconnoiffoit que le principe en étoit bon, puifqu'il étoit fondé fur une foi vive, & néanmoins Aug. Op. elles ont été défendues dans la fuite. S. Augustin rapporte l'exemple d'une Imperf. 1. femme qui, pour guérir fon fils d'un mal deséspéré, fit un cataplafme avec la fainte Euchariftie, ce qui feroit aujourd'hui regardé comme un facrilege. Nomocon. Abulfarage, fur le témoignage de Jacobites plus anciens, parle de quelSyr. MS. ques Chrétiens de fon temps qui confervoient des particules de l'Eucharistie comme des reliques, dont ils faifoient divers usages qu'il condamne. Mais lui & d'autres Canoniftes Orientaux, permettent de porter fur foi des

3. C. 161.

pâtes faites avec la pouffiere de l'Autel, de faire ufage de l'eau avec la- LIV. V. quelle on lave le calice après la célébration des faints Mysteres & d'autres CH. III. pratiques femblables.

l'origine.

C'est donc fur quelque chofe de pareil qu'il faut établir l'origine de l'u- Quelle en fage introduit parmi les Grecs de fe fervir de l'Onction, même à l'égard de peut être ceux qui fe portent bien. La foi commune de ces Chrétiens, fuivant laquelle ils croient que les matieres employées dans les Sacrements font fanctifiées par les Miniftres des Autels, fait qu'ils font perfuadés qu'elles portent une bénédiction qui peut être utile, tant pour le corps que pour l'ame. Ainfi comme ils fe font fervis de l'eau qui reftoit après le Baptême. & du Chrême, ils ont cru facilement que l'huile bénite par fept Prêtres, & par plufieurs prieres, leur pouvoit communiquer une bénédiction, plus grande que celle qu'ils efpéroient recevoir en fe frottant de l'huile des lampes qui brûloit devant les images de la Vierge & des Saints, ou leurs Reliques, dont on trouve un exemple dans la Vie de Pierre le Martyr, Hift. Patr Patriarche d'Alexandrie. Ce qui étoit d'abord fimple & fans affectation, Alex. eft devenu un abus dans la fuite; puifqu'on ne peut appeller autrement ce que les Grecs modernes ont introduit, lorfqu'ils ont célébré l'Office entier de l'Exeλav pour des perfonnes qui le demandoient fans être malades. On ne peut douter que cet ufage ne foit récent, puifqu'il ne s'en trouve rien dans les anciens Auteurs. La dévotion que plufieurs avoient pour l'huile des lampes qui brûloient devant les images, dont on fit enfuite un Office particulier, celles des autres pour les huiles qui découloient des Typic. S. chaffes des Saints, ou pour celle qu'on appelle de la fainte Croix, ou pour Philothei celle qui avoit été bénite par des Saints qui avoient fait des guérifons Ord. Min. miraculeufes, ont multiplié les onctions parmi les Grecs, & l'ignorance Gloff. Gr. des derniers fiecles, a fait croire à plufieurs que celle qui fe faifoit avec Ev des prieres femblables, étoit la même que celle qui eft reconnue pour Sacrement. Mais Siméon de Theffalonique les diftingue ainfi que les autres Théologiens, & ils ne reconnoiffent pour Sacrement que celle qui eft adminif trée aux malades. Arcudius s'eft trompé quand il a mis au nombre des caufes de cette innovation l'usage que les Grecs ont de donner la Chrismation à ceux qui retournent à l'Eglife après l'apoftafie. Car cette pratique eft nouvelle, peu canonique & contraire à l'ancienne difcipline, qui ne l'ordonnoit qu'à l'égard des hérétiques, parmi lefquels elle n'étoit pas en ufage: celle de faire l'onction du Kandil, ou l'Exéλalov, à d'autres qu'aux malades, ne paroît pas avoir été connue parmi les Orientaux, ce qui eft encore une preuve de nouveauté.

Sabæ 5.

barb. voce

en peut

Quoi qu'il en foit, on ne peut rien conclure de ces ufages innocents ou Ce qu'on abufifs, finon que les Grecs, au lieu de traiter cette cérémonie comme conclure

2.06.

LIV. V. une fuperftition, ont un fi grand respect pour l'huile bénite par les Prêtres CH. IV. pour le foulagement corporel & fpirituel des malades, qu'ils croient que cette bénédiction s'étend jufques à ceux à qui elle n'eft pas deftinée, à cause De Sacr. de la fanctification de la matiere. C'eft pourquoi Siméon de Theffalonique c. 292. P. dit qu'on doit conferver avec grand foin ce qui en refte, & déplore comme un grand abus la négligence de ceux qui la laiffent perdre ou profaner. Ainfi on doit conclure, fans entrer dans un plus grand détail de la créance & de la difcipline des Grecs fur l'Extrême-Onction, que non feulement ils croient ce qu'enseigne l'Eglife Catholique; mais qu'ils en croient encore davantage.

La feule

la Hiérar

les fenti

Orient.

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femble qu'il ne feroit pas fort néceffaire de traiter en particulier des forme de Ordinations, & de ce que l'Eglife Romaine appelle le Sacrement de l'Orchie fait dre, les Grecs iegwon, & les autres Orientaux le Sacerdoce; puisque la connoître feule forme de la Hiérarchie de toutes les Eglifes d'Orient, fait affez conments des noître combien elles font éloignées de la créance que Cyrille Lucar leur à ofé attribuer. Mais comme cet article entre néceffairement dans notre deffein, & que depuis le grand & utile travail du P. Morin, on a découvert plufieurs chofes qui contribuent à éclaircir la doctrine & la difcipline des Ordinations, nous rapporterons le plus briévement qu'il fera poflible ce qui a rapport à cette matiere, en ce qui regarde la conformité de la doctrine des Catholiques avec celle des Orientaux.

Les Grecs croient que l'Or

dre eft un

Sacrem.

Il est donc certain que les Grecs croient, comme ils l'ont expliqué dans leur Confeflion Orthodoxe, Question 119, que le Sacerdoce eft un Sacrement ordonné par Jefus Chrift à fes Apôtres, & que par l'impofition de leurs mains jufqu'à préfent l'Ordination fubfifte, les Evêques leur ayant fuccédé pour l'adminiftration des divins Myftcres, & pour le miniftere du falut des hommes (a). Le Patriarche Jérémie s'étoit expliqué long-temps auparavant fur le même fujet, en répondant aux Proteftants de la Confeffion d'Augsbourg, qui néanmoins avoient confervé dans ceux qu'ils appelloient Superintendants, une forme ambiguë de l'Epifcopat, qui pouvoit imposer à ceux

(α) Η ἱερωσύνη ὁποῦ εἶναι μυςήριον διετάχθη τοῖς ἀποςόλοῖς ἀπὸ τὸν Χρισον, καὶ διὰ τῆς ἐπιθέσεως τῶν χειρῶν αὐτῶν μέχρι τῆς σήμερον γίνεται ἡ χειροτονία, διαδεξαμένων τῶν ἐπισκόπων αὐτὲς πρὸς διάδοσιν τῶν θείων μυτηρίων, καὶ διακονίαν τῆς σωτηρίας τῶν ἀνθρώπων. Conf. Orth. p. 173.

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que

à ceux qui n'avoient pas une connoiffance exacte de leur difcipline. Il dit Liv. V. l'Ordination donne la puissance & la force du Créateur, & que comme CH. IV. il n'y a rien qui fubfifte fans lui, & qu'il eft venu nous conduire au bien être au temps de fon Afcenfion, il nous a donné fa puissance même par le Sacerdoce, par lequel font opérés tous les Myfteres facrés, & il n'y a rien de faint fans le Prêtre. De plus, comme dès le commencement il nous a établis maîtres de toutes les chofes vifibles, il nous le fait être d'une maniere plus excellente par le Sacerdoce; car il a donné les clefs du Ciel aux Apôtres, & par fucceffion aux Prêtres (b). C'est ce qu'il répete en propres termes dans fa feconde Réponse: & dans la premiere encore, rapportant plufieurs Canons des anciens Conciles qui regardent la maniere dont on doit procéder à l'institution & à l'Ordination des Evêques, des Prêtres & des autres qui font partie du Corps Eccléfiaftique de l'Eglife Grecque, il donne affez à entendre, qu'elle eft fort éloignée des fentiments & de la difcipline des Proteftants, parmi lesquels tous ces Canons ne peuvent être en ufage.

Meletius Syrigus, en réfutant le Chapitre XV de la Confeffion de Cy- Témoirille, qui réduit les Sacrements au Baptême & à l'Euchariftie, prouve affez gnage de Syrigus. au long, que le Sacerdoce ou l'Ordre eft un Sacrement. Eft- ce, dit-il, qu'il ne vous paroit pas que le Saint Efprit a établi ce qui devoit être observé à l'égard de ceux qui devoient être élevés à l'Epifcopat, premiérement qu'ils reçuffent l'Ordination & les prieres de ceux qui avoient déja été ordonnés, &qu'ils accompliffent enfuite leur miniftere? Car il dit de S. Paul & de S. Barnabé: féparez - moi Paul & Barnabé pour l'ouvrage auquel je les ai deftinés. C'est ainsi que les Apôtres, que le Saint Efprit avoit déja ordonnés en defcendant fur eux en forme de langues de feu, ont entendu fes paroles. Car auffi-tôt ayant fait des prieres avec des jeunes, & leur ayant impofé les mains, ils les envoyerent enseigner & gouverner l'Eglife de Dieu : & les · Apôtres continuant de même, éleverent les autres à l'Epifcopat & aux autres Offices du faint miniftere par l'Ordination (c). Après avoir enfuite rap

(1) Η χειροτονία δὲ τὴν ἐξεσίαν παρέχει καὶ δύναμιν τοῦ ποιήσαντος. Καὶ ἐπεὶ ἐδὲν τῶν ὄντων χωρὶς αὐτῷ, ἦλθε δὲ αὐτὸς εἰς τὸ εὖ εἶναι ἡμᾶς ἀγαγεῖν, ταύτην αὐτῷ τὸν δύναμιν ἀναλαμβανόμενος ἀφ ̓ ἡμῶν, παρέσχεν ἡμῖν διὰ τῆς αὐτῷ ἱερωσύνης, καὶ δὶ αὐτῆς πᾶσαι ἡμῖν αἱ τελεταὶ ἐνεργῶνται. Καὶ ἐδὲν ἅγιον χωρίς ἱερέως. Ετι δὲ καὶ ἐξ ἀρχῆς ἄρχοντας ἡμᾶς τῶν ὁρωμένων καταςησάμενος πάλιν ἐν τῷ παρόντι κρειττόνως ἄρχοντας ἡμᾶς διὰ τῆς ἱερωσύνης καθιςᾶ. Τοῦ ἐρανό γαρ τὰς κλεῖς τοῖς ἀποςόλοις καὶ ἀλληλοδιαδόχως ἱερω μένοις παρέδωκεν. Refp. 1. p. 78.

(c) Η " σοι δοκεῖ νομοθετεῖν τὸ πνεῦμα τὸ ἅγιον περὶ τῶν εἰς ἐπισκοπὴν ἀναχθήσεσθαι μελλόντων, πρότερον μὲν χειροτονίας τὲ καὶ εὐχὰς λαμβάνειν παρὰ τῶν ἤδη προκεχειροτονημένων. Επειτα δὲ τὴν διακονίαν αὐτῶν ἐκπληρῶν, λέγον ἐπὶ Παύλω τε καὶ Βαρνάβα, ἀφορίσατεμοι τὸν τε Βαρνάβαν καὶ τὸν Παῦλον εἰς τὸ ἔργον ἔ προσκέκλημαι αὐτές. Καὶ μὴν οἱ ἀπόςολοι &ς το πνεῦμα τὸ ἅγιον ἤδη ἐν πυρίναις ἐκεχειροτονήκει γλώσσαις, ἔτω τὸ ῥητον τοῦ πνεύματος ἐξεδέξαντο. Αυτοὶ γὰρ εὐθέως ὡς ἤκεσαν, μετὰ νηςειῶν προσευξάμενοι καὶ ἐπιθέν τες αὐτοῖς τὰς χεῖρας, ἀπέλυσαν εἰς τὸ διδάσκειν, καὶ ποιμαίνειν τὴν τοῦ Χριςοῦ ἐκκλησίαν. Καὶ ἐκ τάτε προαχθέντες οἱ ἀπόςολοι ὁμοίως καὶ τὰς λοιπὲς, εἰς ἐπισκοπὴν ἤ τινα ἄλλην ἱερὰν διακονίαν διὰ χειροτονίας ανήγαγον. Rr

A

Perpétuité de la Foi. Tome V.

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LIV. V. porté divers paffages de S. Paul, entre autres lorfqu'il écrit à Timothée 2.
CH. IV. C. I. Je vous avertis d'exciter de nouveau la grace que vous avez reçue

Suite de ce témoi

gnage.

par l'impofition de mes mains, Syrigus dit, que cette impofition des mains ne regarde pas feulement l'Ordination des Evêques, mais auffi celle des Prêtres & des Diacres, & il cite le quatorzieme Chap. des Actes, où il est dit qu'ils ordonnerent des Prêtres en chaque Eglife, après avoir fait des jeûnes & des prieres: que les Apôtres ordonnerent ainfi les fept Diacres: & que le Saint Esprit leur donnoit des graces à proportion de leur foi, & felon le miniftere pour lequel ils étoient ordonnés.

Il conclut que le Saint Esprit ayant confirmé les Ordinations faites par l'impofition des mains des Apôtres, même par des fignes extraordinaires & miraculeux, on doit dire que c'est lui qui établit dans la dignité épiscopale ceux qui en reçoivent l'Ordination, afin d'avoir la fupériorité paltorale; ainfi qu'il eft écrit: foyez attentifs fur vous-mêmes, & fur tout le troupeau dans lequel le Saint Efprit vous a établis Evêques pour gouverner l'Eglife de Dieu. Comment donc après cela dira -t-on que quelque chofe d'auffi grand que le Sacerdoce n'eft pas un Sacrement, puifque par les cérémonies vifibles, la grace invisible du Saint Efprit eft conférée, ce qui eft le propre du Sacrement? Or il eft vraisemblable que les Apôtres n'ont appris cette impofition des mains d'aucun autre que de celui qui, ayant élevé fes mains, leur donna fa bénédiction: car il ne fe feroit pas fait tant de miracles parmi le peuple par leurs mains, s'ils n'avoient agi felon la forme qui leur avoit été apprife par leur Maitre. Il me semble donc que cela prouve manifeftement que la droite du Seigneur, qui dans le commencement forma fa créature, a produit un merveilleux changement qui l'éleve à une plus baute dignité, de même qu'autrefois elle lui avoit donné l'être en la tirant du néant. C'eft-là ce changement de la droite du Très- Haut, qui a fait paroître fa puiffance, & qui a été glorifié par fa force. Et David dit : votre droite & votre bras, & la lumiere de votre vifage, fignifiant le Fils de Dieu, le Perele Saint Efprit, comme étant les caufes de cette fucceffion qui a été promife. Que fi le Sacerdoce n'eft pas un Sacrement, auquel eft attaché le pouvoir de confacrer & de bénir le pain & le vin, & de les faire le corps & le fang de Jefus Christ, car c'eft à ceux qui devoient avoir cette grace que le Seigneur a dit : faites ceci en mémoire de moi, il eft inutile de mettre les chofes ainfi confacrées au nombre des Sacrements. Que fi nos adverfaires accordent cette propofition, à caufe qu'ils rejettent le changement du pain & du vin au corps & au fang, comme ils reçoivent les Ecritures, ils reconnoîtront que le Saint Efprit eft donné par l'impofition des mains & que ceux qui la reçoivent font fanctifiés. Comment donc ceux qui n'ont pas reçu le Saint Esprit par la fucceffion, (des Evêques ) le pourront-ils

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