Imágenes de páginas
PDF
EPUB

LIV. V. que les Proteftants attribuent à leurs Miniftres étoient défendues aux DiaCH. V. cres, & que celle de baptifer ne leur étoit accordée qu'en l'absence & au défaut des Prêtres, qui étoient leurs Supérieurs. Ainu le langage dans lequel il a fallu expofer aux Grecs la difcipline des Proteftants, étoit auffi nouveau que la chofe fignifiée, qui eft un renversement entier de toute la forme de l'ancienne Eglife. Car elle n'a jamais reconnu les Diacres comme les premiers de fa Hiérarchie, mais les Evêques, les Prêtres, les Diacres & les Ordres inférieurs font ceux qui l'ont compofée depuis la naiffance du Chriftianifme. S. Ignace Martyr, dans fes lettres pleines de ce feu apoftolique que Jefus Chrift avoit allumé fur la terre, ne recommandoit pas les Eglifes aux Diacres, mais aux Evêques ; & il n'avertit pas ceux-ci d'obéir aux Diacres, mais les Evêques de gouverner leurs peuples, & entre autres les Diacres, fuivant les regles prefcrites par les Apôtres.

f

Equivo-
que grof

fier fur le
mot de
Diacre.

La difci-1

traire aux

Il est inutile d'alléguer que le mot de Miniftre ne fignifie pas Diacre, d'autant plus que dans les Communions Proteftantes, il y a des Diacres diftingués des Miniftres, & qui font d'un rang inférieur. On le fait, & c'est ce qui n'eft pas moins ridicule, d'avoir introduit deux fens fi différents & fi contraires d'un même mot, dont ils ont été obligés de fe fervir lorfqu'il a fallu parler aux Grecs. Ils n'y pouvoient rien entendre, finon que l'Eglife étoit gouvernée par des Diacres fupérieurs à tous, puis par des Prêtres ou Anciens, comme ils les appellent très - mal à propos, puifque Timothée qui ordonnoit des Prêtres, & qui l'étoit même en leur fens, felon lequel ils prétendent qu'il n'y a aucune diftinction entre le Prêtre & l'Evêque, étoit fort jeune, felon le témoignage de S. Paul. Enfin puifque les Proteftants ont des Diacres, ils ont été fort embarraffés à faire comprendre aux Grecs, comment le même mot pouvoit avoir deux fens fi différents. Qu'on leur explique ce que les Calviniftes entendent par un Surveillant, jamais personne ne s'imaginera que cette fonction donne l'idée du mot iσonos, dont les Grecs favent affez la fignification pour ne l'apprendre pas de tels Maîtres,

Ils n'avoient pas besoin de Théologie pour être en garde contre de pline pareilles nouveautés; la feule forme du gouvernement eccléfiaftique étaorientale entiére- bli parmi eux depuis les premiers fiecles, les inftruifoit fuffifamment. ment con- Chaque Eglife favoit par tradition ses premiers Evêques, & on n'ignoroit principes pas la fucceffion des autres. Les Ordinations fe faifoient publiquement, des Protef- & les Prêtres, les Diacres ainfi que tous les autres du Clergé, avoient leurs fonctions diftinctes, prefcrites par les Canons, & obfervées par une discipline de temps'immémorial. Long-temps avant que les Proteftants paruffent, il y avoit des Patriarches à Conftantinople, à Alexandrie, à Antioche & en Jerufalem, auxquels étoient foumis des Métropolitains, des

tants.

Archevêques

H

Archevêques & des Evêques, qui avoient fous leur jurifdiction des Prêtres, Liv. V. des Diacres & d'autres Eccléfiaftiques. On ne peut donc affez s'étonner, CH. V. que parce qu'un feul homme, comme Cyrille Lucar, eut l'effronterie de dire dans fa Confeffion tout ce qui pouvoit convenir à l'Anarchie Presbytérienne des Calviniftes, ceux-ci aient cru que cette preuve étoit fuffifante pour faire croire que l'Eglife Grecque étoit für cela dans leurs fentiments. C'étoit bien le tromper volontairement; puifque dans le même temps ce malheureux retenoit par toute forte de mauvais moyens la dignité patriarchale, qu'il faifoit des Ordinations, qu'il vendoit des Evêchés & des Métropoles, & qu'il exerçoit toutes les fonctions d'une autorité qu'il condamnoit comme ufurpée & comme contraire à la parole de Dieu.

[ocr errors]

rarchie.

Ce que nous difons de la Hiérarchie confervée dans l'Eglife Grecque, Auffi-bien & qui eft une preuve certaine de la doctrine orthodoxe touchant l'Ordi- que la Hiénation, n'eft pas moins établi dans toutes les Communions Orientales quoique féparées depuis tant de fiecles des Grecs & des Latins. Les Nestoriens, dont la féparation eft la plus ancienne, font gouvernés par un Patriarche, qu'ils appellent le Catholique, & fes prédéceffeurs (pour ne pas s'arrêter aux fables qui font remonter leur établissement jufqu'aux difciples des Apôtres & à S. Thadée) avoient été ordonnés dans l'Eglife orthodoxe, Evêques de Séleucie & de Ctéfiphonte. Ils ont ordonné dans la fuite des Métropolitains, des Evêques & Prêtres, en la même maniere que les Catholiques les ordonnoient; & fi leurs Patriarches fe font attri bué une jurifdiction qu'ils n'avoient pas, ils n'ont pas changé la doctrine & la difcipline de toute l'Eglife touchant l'Ordination.

Les Cophtes ou Jacobites du Patriarchat d'Alexandrie, ayant été chaffés Preuve tide la Métropole par la dépofition de Diofcore, & ne s'y étant rétablis rée de l'Eglife entiérement que depuis la conquête de l'Egypte par les Mahométans, élu- Cophte. rent des Patriarches après fa mort & celle de fes fucceffeurs, qui tous furent ordonnés par des Evêques, dont les premiers avoient reçu l'Ordination dans l'Eglife Catholique. Les orthodoxes expofés à la perfécution des Mahométans par la malice des Jacobites, qui les rendirent fufpects, & qui s'emparerent de toutes les Eglifes, furent près de cent ans fans Evêques & fans Patriarches. Comme ils ne vouloient pas communiquer avec les hérétiques, ils envoyerent durant ce long espace de temps à Tyr, à Conftantinople ou ailleurs, ceux qui vouloient être ordonnés. Ils ne croyoient donc pas qu'il n'y avoit qu'à propofer un homme au peuple, & après que l'approbation de fa perfonne avoit été faite, lui dire: foyez Evéque, Prêtre ou Diacre; & ils croyoient encore moins qu'on pût adminiftrer les Sacrements fans être ordonné par conféquent ils étoient fort éloignés de la créance des Proteftants.

Perpétuité de la Foi. Tome V.

S s

Eutych.

Ann. T. 2.

P. 387.

d'Ethiopie.

LIV. V. Les Ethiopiens, qui font Jacobites, font entiérement foumis depuis plus CH. V. de huit cents ans aux Patriarches d'Alexandrie de la même fecte, qui, par De celle une tyrannie inouie, fe font réfervé le droit d'ordonner le Métropolitain d'Ethiopie, qu'on appelle abufivement le Patriarche. Il s'eft trouvé que par des empêchements imprévus, ou par des raifons qui paroiffoient bien fondées, l'Ethiopie a été plufieurs années fans Evêques, & même les Prêtres étoient en fi petit nombre, qu'ils ne fuffifoient pas pour administrer Hift. Patr. les Sacrements. Un des Rois força un fimple Prêtre à faire les fonctions épiscopales cela étoit dans l'ordre, fuivant les principes des Proteftants. Cependant les Patriarches d'Alexandrie traiterent cet attentat comme un facrilege, & toutes les Ordinations faites ainfi furent déclarées nulles.

Alex.

Exemple tiree de l'Hiftoire

On trouve aussi dans la Vie de Damien, Patriarche Jacobite d'Alexandrie, qui eft le trente-cinquieme felon leur hiftoire, que les Acéphales d'Alexan- ou Barfanufiens, fecte particuliere parmi plufieurs autres qui convenoient drie. dans la créance d'une feule nature en Jefus Chrift, mais fans s'accorder Alex. MS. fur d'autres points, fe trouverent alors fans Evêques, & que pour empê

Hift. Patr.

Arab.

L'Ordre,

ment de la

ne.

cher leur Eglife de périr entiérement, quatre Prêtres qui feuls reftoient parmi eux, choifirent le plus ancien d'entr'eux, & l'ordonnerent Evêque. Non feulement Sévere qui écrit cette hiftoire, en parle comme d'un attentat inoui jufqu'alors, mais il ajoute que d'autres Barfanufiens, qui étoient dans la partie occidentale de l'Egypte, l'eurent en telle horreur, qu'ils fe féparerent des premiers & n'eurent plus aucune communion avec eux. Damien mourut, felon le calcul de Sévere & de quelques autres, l'an de Jefus Chrift 591, après avoir tenu le Siege trente - fix ans. Sous Marc, quarante - neuvieme Patriarche, ces mêmes hérétiques fe réunirent à l'Eglife Jacobite d'Alexandrie au commencement du neuvieme fiecle. Deux de ces faux Evêques, nommés George & Abraham fon fils, vinrent se jetter à fes pieds, & reconnurent leur erreur. Il leur déclara qu'ils ne pouvoient être Evêques: car, leur dit-il, le Saint Esprit qui defcend fur les Evêques lorsqu'on prononce fur eux la priere canonique que les Apôtres ont établie, n'eft pas defcendu fur vous, & après les avoir réconciliés, il les ordonna comme s'ils avoient été de fimples Laïques.

Il est donc certain par tout ce qui nous refte de plus authentique fonde- dans les Eglifes Orientales, que l'Ordination a été regardée comme le fonReligion dement de la Religion Chrétienne; puifque fans ce Sacrement l'Eglife ne Chretien- peut avoir ni le Sacrifice du corps & du fang de Jefus Chrift, ni la rémiffion des péchés par la Pénitence, ce qui eft la doctrine du Concile de Trente. On reconnoît par la forme de toutes les Eglifes unies ou féparées, qu'elles ont toujours été gouvernées par des Evêques : que ceuxci font les feuls par lefquels d'autres Evêques ont été ordonnés : qu'ils

[ocr errors]

ont de même ordonné des Prêtres, & que par l'Ordination, ils leur ont Liv. V. donné le pouvoir d'offrir le Sacrifice de la nouvelle Loi, de baptifer, de CH. V. remettre & de retenir les péchés, de bénir le mariage & de donner l'onction aux malades. On y a toujours cru qu'aucune de ces fonctions ne pouvoit être faite par ceux qui n'avoient pas reçu par l'imposition des mains, cette puiffance que Jefus Chrift avoit laiffée à fon Eglife. Les prieres & les cérémonies avec lesquelles l'Ordination s'y est toujours faite, font de Tradition Apoftolique, & auffi conformes aux ufages de l'ancienne Eglife, qu'elles font éloignées de ce que les Proteftants ont substitué à la place. Qu'on explique aux Grecs & aux autres Orientaux, ce que c'est qu'un Miniftre de la parole de Dieu, ou un Prêtre de l'Eglife Anglicane, ou même un Evêque ou un Archevêque ordonné de la maniere dont ils le font, il n'y en a pas un feul qui ne foit regardé comme un Laïque. Et lorsqu'il eft dit par les Théologiens Grecs que l'Epifcopat eft de Droit divin, ou qu'il a été inftitué de Dieu même, que le Saint Efprit a établi les Evêques pour gouverner l'Eglife de Dieu qu'il a acquife par fon fang, ils regardent cette vérité tout autrement que ne font ceux qui ont confervé une ombre vaine d'Episcopat, fans fucceffion apoftolique, & fans Ordination légitime. Au contraire ils les regardent comme des hérétiques, & n'ont aucune communion avec eux, tant s'en faut qu'ils aient jamais, comme les Evêques Anglois, prouvé férieusement que l'Episcopat eft de Droit divin, & traité d'erreur l'opinion des Calviniftes, en confervant néanmoins la communion avec eux, & impofant les mains à ceux qui le rejettent comme une invention purement humaine, ni qu'on ait vu dans un Synode de Grece un Evêque préfidé par des Prêtres ou par des Laïques, comme on vit dans celui de Dordrecht.

[blocks in formation]

On explique ce que les Grecs & Orientaux comprennent fous le nom général de Sacerdoce, ou Ordres Eccléfiaftiques, & leurs différents degrés.

ON

Les Ordres mineurs ne

les mêmes

parmi les

N voit dans les Liturgies le dénombrement de plufieurs Ordres Eccléfiaftiques conformément à l'Antiquité : des Portiers, des Exorciftes, font pas des Acolythes & autres, que nous appellons communément les quatre Mineurs, dont quelques-uns font marqués dans les anciens Canons, & par- Orientaux ticuliérement dans les Conftitutions apoftoliques. Cependant depuis plufieurs & dans l'Eglife fiecles, les Grecs réduifent ces Ordres moindres aux Lecteurs & aux Latine.

[ocr errors]

Sacr. Ord.
Exercit.

LIV. V. Chantres, & il n'y en a point d'autres dans leur Eglife, ni dans tout CH. VI. l'Orient. Les fonctions particulieres des Clercs qui ont reçu dans l'Eglife Mor. de Latine les quatre Mineurs, font faites par les Lecteurs. Leur Ordination eft particuliere, & ne fe fait pas dans le Sanctuaire, non plus que 13 & 14. celle des Sous-Diacres, en quoi elle eft diftinguée des autres principales, Sim Thef. qui font celles des Diacres, des Prêtres & des Evêques, & cette diftinction est marquée par Siméon de Theffalonique. Les Syriens Orthodoxes, Jacobites ou Neftoriens, ont la même difcipline, auffi-bien que les Cophtes, les Ethiopiens & les Arméniens.

Mor.

Ils ne con

noiffent propre

ment que les Lecteurs &

[ocr errors]

Ainfi les Ordres qui font reçus dans toutes ces Eglifes font la Cléricature, qui comprend les Offices de Lecteur & de Chantre, qui ne font pas quelquefois diftingués: le Sous-Diaconat, qu'ils ne mettent pas au nombre des Ordres facrés : le Diaconat, la Prêtrife & l'Episcopat. les Chan- Comme ils n'ont jamais, finon depuis environ deux cents ans, examiné la matiere des Sacrements fuivant la méthode de nos Scholaftiques, ils n'ont pas fait cette diftinction qui nous eft familiere, d'Ordres facrés, & de ceux qu'on n'appelle pas ainfi. Car la raifon qui nous les fait diftinguer, eft principalement que les uns engagent au célibat, les autres non; & elle ne fubfifte pas parmi eux, puifque les Prêtres & les Eccléfiaftiques inférieurs peuvent exercer leur miniftere, & être mariés.

tres.

Ils n'ont

de la Ton

P. 493.

Il en eft de même de la Tonfure, qui eft connue & pratiquée par pas l'ufage les Grecs & par les autres Orientaux, mais autrement que parmi les Latins. fure. Elle n'eft à proprement parler qu'une préparation à la vie monaftique, Euchol. comme autrefois elle étoit une maniere de profeflion publique, par laHab. Pont. quelle on renonçoit au monde: ce qui fe pratiquoit particulièrement en Gr. p. 41. France, où la Tonfure, même forcée, engageoit à l'état eccléfiaftique ou à la vie monaftique. On ne voit pas que dans les premiers fiecles, & même beaucoup plus tard, elle fût regardée autrement que comme une entrée dans la vie cléricale, en quoi elle différoit de la Tonsure monaftique. Ce qui a depuis été établi, de ne pas admettre aux Ordres finon ceux qui auroient reçu la Tonfure par une cérémonie particuliere, n'a pas toujours été pratiqué; puifqu'on trouve dans l'Histoire Eccléfiaftique plufieurs exemples de perfonnes qui d'abord avoient été ordonnés Lecteurs ou Exorciftes, fans qu'il foit parlé de Tonfure. On ne doit donc pas marquer comme un abus, ou comme une erreur effentielle parmi les Orientaux, le défaut d'une cérémonie qui n'a pas toujours Ils n'ont été uniforme. pas les Ordres mi

Il en eft de même des Ordres que nous appellons mineurs, puisque neurs de les Orientaux ne les connoiffent point; & on voit avec étonnement un l'Eglife Latine. interrogatoire férieux fait fur cette matiere à un Prêtre Ethiopien, nom

« AnteriorContinuar »