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les prieres qui les accompagnent, il n'y a rien qui convienne à une Liv. V. Ordination proprement dite.

CH. VIII.

diacres

De plus, fi les Syriens & les Egyptiens Orthodoxes ou hérétiques On ne fait croyoient que la dignité d'Archidiacre fût un Ordre diftingué du Diaco- pas Archinat, on trouveroit des Canons pour le conférer à ceux qui font élus ceux à quí pour l'Epifcopat étant encore Diacres, comme il eft ordonné qu'on leur on donne donnera tous les autres Ordres, & c'est ce qu'on ne trouve ni ordonné, tous les ni pratiqué. Il eft donc certain qu'ils confiderent l'Archidiaconat comme crés. une dignité, qui donne une grande jurisdiction à celui qui en est revêtu, mais qui ne le met pas hors du rang des Diacres.

que les

Sacerdo

ce.

Nous n'expliquerons pas en détail toutes les cérémonies qui regardent Des Prél'Ordination des Prêtres & des autres Miniftres fupérieurs, parce que cela tres, & ce demande un ouvrage à part, que nous espérons donner au public. 11 Orientaux fuffira de marquer les principales, & fur lesquelles toutes les Eglifes s'ac- croient du cordent, parce qu'elles font connoître, fans entrer dans aucune difcuffion, que comme elles ne peuvent convenir avec les maximes & la Théologie des Proteftants, ils ne s'accordent pas plus fur cet article avec les Orientaux, que fur les autres qui ont été le prétexte de leur féparation. On remarque d'abord que les Grecs & tous les Orientaux regardent le Sacerdoce comme un degré de dignité & d'autorité dans l'Eglife, qui ne peut être donné que par l'impofition des mains des Evêques, fucceffeurs des Apôtres ; & qu'ils ne connoiffent pour Evêques que ceux qui ont reçu l'Ordination canonique par les mains d'autres Evêques, remontant ainfi jufqu'à Jefus Chrift On ne trouve point qu'une assemblée de Laïques ait jamais cru pouvoir faire des Prêtres : mais feulement qu'elle les a propofés comme de dignes fujets, & qu'elle les a reçus comme fes Peres & fes Pasteurs légitimes, lorfque l'Evêque leur avoit impofé les mains avec les prieres & les cérémonies ordinaires. On reconnoîtra facilement que la différence entre les prieres & les rites de l'Eglife Latine, de la Grecque & des autres, n'eft que dans des choses extérieures, mais qu'elles s'accordent dans la substance: & que felon la discipline commune à toutes, comme un Prêtre Latin a été reconnu dans les Eglifes Grecques pour véritablement ordonné, & qu'un Prêtre Grec a été reconnu de même dans l'Eglife Latine, ainfi que les Prêtres Syriens, Egyptiens, Arméniens, Ethiopiens & autres; auffi un Prêtre de l'Eglife Anglicane, un Miniftre Calvinifte, & ceux de toutes les autres fectes, ne font regardés parmi eux que comme des Laïques fans Ordination. Cela feul auroit dû fuffire pour ouvrir les yeux à ceux qui ont voulu tirer avantage de la fauffe Confeffion de Cyrille Lucar; & fi lui ou quelques-uns de fes femblables, comme trois ou quatre vagabonds, dont il est étonnant que les Calviniftes aient voulu faire valoir

LIV. V. l'autorité, ont communiqué avec les Proteftants, & ont traité leurs MiCu. VIII. niftres comme véritablement ordonnés, on ne prouvera jamais qu'au

Ordina

tion des

Grecs ju

cune Eglife l'ait fait en corps. Etienne Gerlach, Miniftre Luthérien, qui fervit de Chapelain au Baron d'Ungnade, Ambaffadeur de l'Empereur Ferdinand, du temps de Jérémie Patriarche de Conftantinople, n'a jamais été reçu à la communion de l'Eglife Grecque comme Prêtre, non plus que ce fameux Antoine Léger, quoique Cyrille, dont il fut le confident pour cet ouvrage de ténebres de fa Confeffion, l'appellât vafe du Saint Esprit.

On peut aisément apprendre par les Ordinations Grecques du P. Morin, par celles qu'a données le P. Goar, & par le Pontifical de M. Habert, gée légiti- le détail de la difcipline des Grecs, qui eft le fondement & l'original de me par les celle des Orientaux: & comme ces habiles Théologiens ont prouvé trèsles Théo- folidement, que dans ces Ordinations il ne manquoit rien de ce qui est logiens. effentiel au Sacrement, on en peut dire autant de celles des autres Chrétiens nis ou féparés de l'Eglife Catholique.

plus habi

Ordination des

lon les

Neftoriens.

la

Nous commencerons par les Neftoriens, comme les plus anciens de tous Prétres fe- les hérétiques qui fubfiftent encore; & fans nous arrêter à tout le détail, nous marquerons les rites effentiels. Après diverfes prieres commencées par l'Archidiacre, & continuées par le Clergé & par le peuple, l'Evêque prononce fur celui qui doit être ordonné la formule Gratia divina: puis il lui impofe les mains, & dit une oraifon, dans laquelle ayant fait mention de la puiffance donnée par Jefus Chrift à fon Eglife, d'inftituer des Miniftres facrés, par la Tradition Apoftolique continuée jusqu'à présent, il dit qu'il lui préfente ceux qui font devant l'Autel pour être élevés au Sacerdoce. Il dit enfuite: Nous vous prions pour eux, Seigneur, afin que grace du Saint Efprit defcende fur eux, qu'elle les rende parfaits & dignes du miniftere auquel nous les préfentons. Il eft à remarquer que cette priere eft entiérement semblable à l'Invocation du Saint Efprit qui fe fait dans la Liturgie à celle qui fe fait dans le Baptême, dans la confécration du Chrême, & en quelques autres cérémonies facramentelles; ce qui prouve incontestablement que l'Ordination eft regardée comme un Sacrement, pour la perfection duquel on invoque le Saint Efprit, de même que fur le Baptême & fur l'Euchariftie, qui font reconnus, même par les Protef tants, comme de véritables Sacrements. L'Evêque demande auffi par une priere particuliere à Dieu, que ceux qui feront ordonnés reçoivent la grace nécessaire pour impofer les mains fur les malades, pour offrir le Sacrifice, pour confacrer les eaux baptifinales, & pour les autres fonctions Sacerdotales. Il fait le figne de la croix fur leur front, & il accommode l'étole qu'ils portoient comme Diacres fur l'épaule gauche, en la faifant croifer fur leur poitrine.

Puis

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Puis il leur donne à chacun le livre des Evangiles, & en leur faifant le Liv. V. figne de la croix fur le front, il dit: N. est séparé, sanctifié & consacré CH. VIII. pour le faint ouvrage du miniftere Eccléfiaftique & du Sacerdoce d'Aaron, au nom du Pere, &c.

Dans l'Ordination fuivant le Rite des Jacobites les cérémonies & les La même prieres font fort femblables. On dit la formule Gratia divina. L'Evêque felon les Jacobites. avant que d'impofer les mains fur la tête de celui qu'il ordonne, les approche du voile fous lequel font le difque facré & le calice, comme les fanctifiant par la proximité des faints Myfteres; ce qui fe fait en la maniere qui a été expliquée en parlant de l'Ordination des Diacres. Il les impose même d'une maniere finguliere, en les élevant & en les abaissant peu-à-peu, comme pour fignifier la defcente de la vertu d'en-haut: & en ce moment les Diacres remuent les éventails. Après les prieres ordinaires, il dit celle de l'Invocation du Saint Esprit, & faifant le figne de la croix fur le front de celui qui eft ordonné, il dit: Un tel eft ordonné dans la fainte Eglife de Dieu Prêtre au faint Autel de N. au nom du Pere, &c. Il lui accommode l'étole comme la portent les Prêtres, & il lui donne les ornements facerdotaux. Puis le nouveau Prêtre donne l'encens en faifant le tour de l'Eglife: il baise l'Autel, enfuite la main de l'Evêque, & après la Communion l'Evêque lui fait une exhortation fur la dignité & les devoirs du Sacerdoce. Ces cérémonies font conformes à deux Offices de la même Ordination, qui fe trouvent dans le manufcrit de Florence.

Cophtes.

Symmicta.

L'Ordination des Prêtres dans l'Eglife Cophte eft à-peu-près femblable, Selon le particuliérement pour l'impofition des mains, avec les deux formules Rite des Divina Gratia, & celle par laquelle il eft déclaré qu'un tel eft Prêtre de telle Eglife. L'Office qu'Allatius avoit fait imprimer, & que le P. Morin a inféré parmi les autres, eft traduit d'une fi étrange maniere qu'il donne plufieurs faux fens, entr'autres deux. L'un eft l'endroit où il y a juramento præftito, comme fi avant que le nouveau Prêtre baifat l'Autel, on lui faifoit faire un ferment. L'autre explanet aliquid de myfteriis, ce qui donne à entendre qu'on lui fait faire quelque maniere de Sermon. Il n'y a rien dans le texte qui ait rapport à cela; & comme le détail dépend de l'explication de mots arabes nous n'y entrerons pas, finon pour avertir que les paroles traduites ainfi, explanet aliquid de myfteriis, fignifient qu'il recevra la Communion des faints Myfteres; & qu'il n'y a pas un mot dans le texte original touchant ce prétendu ferment. La forme de l'inftruction que l'Evêque fait aux nouveaux Prêtres n'est guere mieux traduite. Nous en trouvons deux différentes, dont l'une & l'autre parlant de la dignité du Sacerdoce, marque entr'autres chofes, qu'ils fe fouviennent qu'ils font Perpétuité de la Foi. Tome V. V v

LIV. V. les difpenfateurs des plus grands Myfteres du Nouveau Teftament, qui font CH. VIII. le corps & le fang de Jefus Chrift. Dans la feconde, vous avez entre vos mains le corps de votre Créateur: vous le tiendrez & vous le toucherez avec vos doigts, &c. Ce que vous toucherez eft le corps de votre Dieu de celui qui remet les péchés du monde, & qui fera votre Juge au jour du jugement.

Opinion du P. Mo

ces Ordinations.

ad Euch.

p. 258.

P. 155.

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Le P. Morin forme différentes questions touchant les prieres & les parin fur les roles dans lefquelles il croit qu'on doit établir la forme de l'Ordination. formes de Il réfute Arcudius, qui prétend que c'est dans celle qui commence Divina Gratia, & il foutient qu'elle n'eft qu'une publication, ou une déclaration Goar. not. de l'élection de celui qui va recevoir l'Ordination. Les Orientaux n'entrent pas dans ces difficultés, fe contentant de croire qu'avec ces céréHabert. monies & ces prieres l'Ordination eft parfaite, fans déterminer les temps. Pont. Gr. & les moments. Ils croient toutes les prieres efficaces, & il n'y a que ceux qui ont voulu les examiner trop fcrupuleufement, & fans faire réflexion à l'Antiquité dont elles tirent leur autorité, qui les aient cru inutiles. Il importe peu de favoir quelle eft celle dans laquelle on doit faire confifter la forme; puifqu'on les dit toutes avec attention, le Sacrement ne peut. manquer par le défaut de la forme. L'impofition des mains, qui eft réitérée plufieurs fois, n'oblige pas à rechercher laquelle doit être regardée comme facramentelle : & on ne peut foupçonner d'erreur ceux qui diront avec les Orientaux qu'elles le font toutes. Nous ne prétendons pas ici faire leur apologie, quoiqu'à l'égard des Ordinations il paroît affez qu'elles furent jugées valides, après l'examen qui en fut fait fous Urbain VIII, puifqu'on défendit de les réitérer ; & la conformité qu'elles ont avec celles des Grecs les juftifie fuffifamment. Mais ce qui regarde notre deffein eft de montrer, comme nous croyons avoir fait, que ces prieres & ces. cérémonies font fi contraires à la doctrine & à la pratique de tous les Protestants, même de ceux qui appellent leurs Miniftres Prêtres & Evêques, qu'elles fuffifent pour faire voir combien ils fe font éloignés de la Tradition & de la Doctrine de toutes les Eglifes, lorfqu'ils ont prétendu ne renoncer qu'à celle de l'Eglife Romaine.

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Les Grecs & les autres Orientaux ne fe fervent pas d'onction dans l'Ordination des Prêtres mais M. Habert, le P. Morin, Maldonat & d'autres, ont fait voir que cette cérémonie n'étoit pas effentielle, puifqu'on ne voit par aucune preuve certaine qu'elle ait été pratiquée dans l'ancienne Eglife Grecque.

Ils en ont une autre, que les Occidentaux n'ont pas pratiquée, qui eft, que l'Evêque met entre les mains de celui qu'il ordonne, un pain tel qu'on l'offre à l'Autel pour la confécration de l'Euchariftie; ce qui marque le

pouvoir qu'on lui donne d'offrir le Sacrifice. Il y a quelque différence Liv. V. entre les rites grecs & ceux des Jacobites Syriens en cette cérémonie; CH. VIIL car il paroît dans les premiers que c'eft l'Euchariftie qu'on donne entre les mains de celui qui eft ordonné, quoiqu'on pût en douter, parce que dans les Pontificaux ordinaires, & fur-tout dans deux anciens manufcrits, on voit que l'Evêque prend un des pains qui font fur la patene, pour le mettre entre les mains de celui qui eft ordonné, lorfqu'on ôte le voile qui couvre la patene & le calice : & la confécration n'eft pas encore faite. Les Euchologes modernes & Siméon de Theffalonique marquent néanmoins que c'est le pain confacré, & le P. Morin croit avec raifon que les Grecs ont innové fur cet article. Cependant il y a une autre maniere de donner quelque éclairciffement à cette difficulté. Il paroît très-vraifemblable, que lorfqu'on donne ce pain au Prêtre nouvellement ordonné, ́la confécration n'eft pas encore faite car on le lui donne avant la Préface, lorfqu'on a répondu dignum & juftum eft. Autrement il auroit fallu fe fervir des Préfanctifiés, & on ne voit aucun veftige dans l'Antiquité qui puiffe faire juger qu'on en ait fait un tel usage. Si donc lorsqu'on le lui donne il n'eft pas confacré, & s'il l'eft lorsque le Prêtre le remet fur la patene, il faut que les Grecs croient que cette partie de l'Oblation est confacrée avec les autres, foit par les paroles facrées & l'Invocation du Saint Esprit que prononce le Célébrant, foit par celles que prononce le nouveau Prêtre, de même que dans le rite latin les nouveaux Prêtres célebrent la Meffe avec l'Evêque. C'est ce qui paroît de plus vraisemblable par rapport à cette cérémonie.

Perpét.

Les Cophtes donnent au nouveau Prêtre une particule confacrée, qu'ils Rite partilui mettent dans la paume de la main; mais ce n'eft que dans le temps culier des Cophtes. de la Communion : & alors il prononce la Confeffion de foi touchant l'Euchariftie, que nous avons rapportée ailleurs. Cette cérémonie est toute différente de celle des Grecs; & elle contient une preuve démonstrative de leur créance touchant la préfence réelle du corps & du fang de Jefus Chrift dans l'Eucharistie.

T. 4. 1. 3.

C. 2.

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