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LIV. V.
CH. IX.

CHA PI TRE

IX.

Des Archiprêtres & Archimandrites.

Quelle eft IL n'y a rien de particulier à obferver touchant cette dignité eccléfiafti

des Archi

la dignité que par rapport à l'Eglife Grecque, qui a eu des Archiprêtres, des Preprêtres. miers Prêtres & des Protopapas, mais dont le rang & les fonctions n'avoient prefque aucune conformité, finon dans le nom, avec ceux des Eglifes Orientales. De plus, comme l'Archidiacre étoit dans l'Ordre des Diacres, les Archiprêtres étoient auffi dans le rang des Prêtres: au lieu que dans les Eglifes d'Orient, il femble que ces dignités ont été confidérées comme un Ordre particulier, puifqu'on trouve dans les Pontificaux des Melchites & des Jacobites, Syriens ou Cophtes, des prieres & des cérémonies particulieres qui marquent une Ordination véritable; & en effet elles ont en titre le mot de χειροτονία.

Différents

On trouve plufieurs noms différents pour fignifier ceux que les Grecs & noms pour les Latins ont appellés Archiprêtres. Les Syriens les nomment quelquefois la fignifier. fimplement Chefs des Prêtres ou premiers Prêtres : en d'autres occafions ils se fervent d'un mot qui fignifie la même chose que Vifiteur, puis de celui de Péridouté, enfin de celui de Chorevêque, quoiqu'ils ne faffent guere d'ufage de ce dernier, finon en traduifant les anciens Canons. Le mot de Péridouté, qui eft écrit diverfement dans les manufcrits, n'eft point fyriaque, c'est le grec Tegidεural, qui fe trouve dans le Concile de Laodicée. Qu'il ne faut pas établir des Evêques dans les bourgs ou villages, mais des Vifiteurs (a), qui fous l'autorité des Evêques fassent la visite des Paroiffes. Il en eft auffi parlé dans le titre vingt-deuxieme d'une ancienne Collection fyriaque de la BiblioBar. Ali theque du Grand Duc, qui eft des Chorevêques ou Periodenta. C'est pourDict. Syr. quoi ce mot eft expliqué par un fameux Grammairien, comme fignifiant Conc. Cal- Vifiteur & Vicaire de l'Evêque. On trouvé ce même mot de regiodéurns ched. Act. dans le Concile de Calcédoine, dans celui de Conftantinople fous MenMenna. nas, où figne Sergius Prêtre megidéurns des Eglifes de la Campagne de Syrie. Un autre prend le titre de regiodéurns d'un Monaftere. Gennadius Patriarche de Conftantinople en parle dans fa Lettre circulaire, mais il le diftingue du Chorevêque. Cependant comme les Syriens, particuliérement les Jacobites & les Neftoriens, n'ont guere connu les Chorevêques que dans le fens du mot de regiodéurns, & que ceux qui avoient l'autorité d'ordonner des Prêtres & autres Miniftres inférieurs n'ont prefque jamais eu lieu dans

MS.

4. CP. fub

(α) Οτι & δεῖ ἐν ταῖς χώραις καθίςαθαι ἐπισκόπες αλλά περιοδέντας. Conc. Laod. Can. 57

l'Eglife d'Orient, il n'y a pas fujet de s'étonner qu'ils n'aient pas donné Liv. V. d'autre fens à ce mot. CH. IX.

dont par

étoient

Curés.

Not. ad

On ne voit pas que dans l'Hiftoire de l'Eglife d'Alexandrie, ni dans Les Chorles livres des Théologiens & des Canoniftes de fa Communion, il foit évêques fait mention de Chorevêques. Ils ont une dignité prefque femblable, qu'ils lent les appellent Komos ou Camis, qu'ils expliquent également par deux mots Orientaux affez différents, qui font Hyuevos ou Archimandrite & Archiprêtre, com- des Archime on le voit dans les Collections de Gloffaires Cophtes & Arabes : les prêtres ou Ethiopiens ont pris le mot de Komos des Egyptiens, & Scaliger fe trompa Gloff.Cop. quand il le prit pour le furnom de Pierre qui vint à Rome fous Paul III, Ar. Bib. R. & y fit imprimer le Nouveau Teftament & la Liturgie; c'étoit la qualité Comput. qu'il avoit dans fon Eglife. Il n'y a pas lieu de douter que ce mot ne Ethiop. vienne de Xúμn, & du génitif xauns, & il fignifioit un Prêtre chargé de la conduite d'une Eglife de Campagne, rufticani Presbyteri : car dans le Levant de tout temps les Curés ont été amovibles. Ainfi les Syriens dans le même fens ont mis en ufage le mot de Kouri de xaga, qui fignifie la même chofe, foit qu'ils l'aient abrégé du mot Xageniononos: car ils appellent présentement Couri les Prêtres qui gouvernent les Eglifes de la Campagne, que nos François établis en ce pays - là appellent Curés, ce qui a affez de rapport. Tels étoient ceux qui ont figné avec cette qualité plufieurs Atteftations fur l'Euchariftie, pendant l'Ambaffade de M. de Nointel.

riens pa

des vrais

Il femble néanmoins que les Neftoriens aient eu autrefois de véritables Les Nefto Chorevêques car on en trouve quelques-uns nommés dans l'Infcription roiffent fyriaque & chinoife, qui eft un monument certain de la Miffion qu'ils avoir eu envoyerent à la Chine, dont nous parlerons ailleurs amplement, entr'au- autrefois tres Izdbuzid Prêtre & Chorevêque de Cumbdan, c'eft-à-dire, Nanking. Choreve Mar Sergis, c'est-à-dire, Sergius Chorevêque, fans marquer de quel lieu. ques. Enfin on trouve le nom d'Adam Diacre du Chorevêque & Papas de la Chine. On n'a aucune connoiffance en détail de ces Eccléfiaftiques: mais puifque dans le dernier article la dignité de Chorevêque eft jointe à celle de Papas, qui fignifie la même chofe que Métropolitain de la Chine, on peut conjecturer avec fondement, que ces Chorevêques avoient la puiffance épifcopale pour ordonner des Prêtres, des Diacres & d'autres Miniftres inférieurs, ainfi qu'il étoit nécessaire dans le nouvel établissement d'une Eglife. Car la tradition des Portugais, que leurs Auteurs modernes Faria Afia ont fait trop valoir, touchant la Prédication de S. Thomas à la Chine eft Portug infoutenable, quoiqu'un de nos derniers Ecrivains l'ait voulu faire paffer comme conftante. Ainfi il y a tout fujet de croire que les premiers Chrétiens qui foient entrés dans la Chine, ont été ces Neftoriens dans le hui

LIV. V. tieme fiecle ; & on reconnoît par les autres Miffions qu'ils ont faites dans CH. IX. la Tartarie & aux Indes, qu'ils y envoyoient des Evêques, qui ordonPerp. T.4. noient enfuite des naturels du pays. On ne peut pas douter non plus 1. 1. c 7. qu'il n'y ait eu dans l'Eglife Neftorienne une Métropole de la Chine, puif

Les Coph

gardé la

comme un

qu'on la trouve marquée dans la Notice que nous avons des Eglifes dépendantes du Catholique, & que lorfque les Portugais arriverent aux Indes, ils y trouverent un Prélat auquel tous les Chrétiens du pays étoient foumis, qui avoit été ordonné par le Catholique ou Patriarche des Nestoriens, & qui prenoit la qualité de Métropolitain des Indes & de la Chine. Il y a donc tout fujet de croire que dans le huitieme fiecle ces Chorevêques Neftoriens avoient la puiffance épifcopale; mais nous ne voyons pas que cela ait fubfifté dans la fuite.

Les Syriens Jacobites n'ont connu les Chorevêques que dans le fens tes ont re- que nous avons marqué; de même que les Cophites ou Egyptiens ceux dignité de qu'ils ont appellés Comos. Il y a encore une différence de difcipline entre Comos ces deux Communions, en ce que les Syriens n'ont pas regardé cette Ordre dif-dignité comme un Ordre diftingué du Sacerdoce, en quoi ils fe font con- . tingué. servés dans l'ancien ufage : au lieu que les Cophtes en ont fait, ce femble, Ebnaffal, un Ordre diftingué du Sacerdoce & de l'Epifcopat. Car il est ordonné Pont. Cop. dans leurs Conftitutions, & la pratique en eft prouvée par divers exem

La dignité

ne & celle

même

ples, que quand un Patriarche d'Alexandrie eft ordonné, s'il n'est pas Komos ou Archiprêtre ou Igumenos, ce qu'ils regardent comme la même chofe, on lui donne cette dignité avec les cérémonies & les prieres dont il fera parlé ci-après, ce que les autres Jacobites ne pratiquent point, & ce que les Cophtes même n'obfervent point à l'égard de la dignité d'Archidiacre.

Il n'y a que les Cophtes qui mettent au même rang la dignité de l'Igud'Igume- mene ou d'Archimandrite, & celle de Komos ou d'Archiprêtre; apparemd'Archi- ment parce que comme les Archiprêtres ou Curés ont la charge des ames prêtre la à l'égard des féculiers, de même les Archimandrites ont cette autorité à parmi les l'égard des Religieux, quoique depuis plufieurs fiecles il paroît que ce Cophtes. ne font que des marques d'honneur fans aucune fonction, puifque les Cophtes font des Archiprêtres ou Curés fans charge d'ames, & des Archimandrites ou Supérieurs de Monafteres fans Religieux.

Les Sy

Les Syriens n'ont pour leurs Archiprêtres aucune Ordination propreriens n'ont ment dite; ce n'eft qu'une bénédiction, quoique le mot de xagorovía y pas d'Or. dination foit employé. Suivant l'Office que le Pere Morin a donné, l'Archidiacre fpéciale préfente celui qui doit être promu à cette dignité, & il fe fert de ces paroles: Nous offrons à votre Sainteté, Pere faint & élu de Dieu, notre Evêque, ce ferviteur de Dieu qui attend l'Ordination divine, pour passer de

des Archi

prêtres.

POrdre des Prêtres à celui des Archiprêtres. L'Evêque dit: Gratia divina, Liv. V. &c. enfuite quelques autres prieres, dont le fens eft conforme aux Répons CH. IX. que chante le Choeur, pour demander que la grace du Saint Efprit descende fur celui qui eft préfenté. L'Evêque dit une oraifon qui eft presque la même en substance: il fouffle trois fois au vifage du nouvel Archiprêtre, mais il ne fait pas l'impofition des mains.

pas l'im

On pourroit foupçonner que le Manufcrit dont on a tiré la copie Ils ne reçoivent que le P. Morin a fuivie dans fa traduction, n'étoit pas entier : mais celui du Grand Duc, qui eft très-complet, confirme que l'impofition des mains pofition ne fe pratique pas à l'égard des Archiprêtres. Les oraifons font plus courtes, des mains. & ne fignifient qu'une fimple bénédiction, & non pas une Ordination proprement dite, ce qui fe prouve par deux raifons inconteftables. La premiere eft, que l'Evêque ne dit pas cette oraifon, ni les autres qui peuvent contenir la forme d'une Ordination vraiment facramentelle, fur la tête du nouvel Archiprêtre, ni étant tourné vers lui, comme il fe pra-, tique dans toutes les autres Ordinations, mais étant tourné vers l'Autel. La feconde raifon qui eft encore plus forte eft, que la même priere par laquelle finit l'Office, fe dit également pour bénir une Abbeffe, qui n'est pas un fujet capable des Ordres facrés. On peut encore ajouter, que fuivant ce Rituel du Grand Duc, on ne prononce pas la formule Gratia, divina, ni l'autre par laquelle il eft dit: un tel eft ordonné à tel ou tel miniftere Ecclefiaftique.

doit dire

Chorevê

ques pu

rin.

Le P. Morin a donné un autre Office, qui a pour titre, l'Ordination Ce qu'on des Chorevêques, dans lequel cependant on ne peut remarquer aucune de l'Ordidifférence effentielle de celle des Archiprêtres; & la comparaison de celui- nation des ci avec les autres, fait voir que c'est la même cérémonie fous différents noms. S'il reftoit quelque difficulté, elle cefferoit entiérement par le té- bliée par moignage du Manufcrit de Florence, où il eft marqué que par les Cho- le P. Morevêques, les Jacobites Syriens entendent les Archiprêtres ou Curés de Campagne; & même dans l'Office donné par le P. Morin, ceux qui font appellés Chorevêques au commencement, vers la fin font appellés Couri. Il eft auffi très-facile de reconnoître par les prieres & par les rites, qu'on ne pourroit ordonner de cette maniere un Chorevêque, fuivant l'ancienne acception de ce mot dans les Auteurs Eccléfiaftiques. On ne peut alléguer au contraire les traductions orientales des anciens Canons, où le mot de Chorevêque eft fouvent employé: car les Traducteurs se sont contentés de rendre fidellement les paroles qu'ils trouvoient dans le texte grec, de même qu'ils ont fait à l'égard de plufieurs autres femblables, quoique les Offices qu'elles fignifioient ne fuffent plus en ufage dans leurs Eglifes.

LIV. V. On n'a trouvé jufqu'à préfent aucune Ordination des Archiprêtres, ni CH. IX. des Chorevêques, felon les Neftoriens: car quoiqu'il y ait quelque fujet de croire, fur ce qui a été rapporté de leurs Miffions à la Chine & aux trouve pas Indes, qu'ils ont eu des Chorevêques avec puiffance épifcopale, il ne tion felon s'en trouve aucun vestige dans ce qui nous refte de leur hiftoire, ni dans les Nefto- leurs Pontificaux.

On ne d'Ordina

riens.

blent les

ordonner

ment.

Les Coph- Les Jacobites Egyptiens ont une difcipline différente touchant les Artes fem- chiprêtres, Igumenes, Archimandrites ou Komos, ainfi qu'ils les appellent, & non pas Abigumenus, comme on pourroit fe l'imaginer fur la version véritable- qu'Allatius a inférée dans fes Symmilta. Ab fignifie pere en arabe comme en hébreu & en d'autres langues; & un Hegumene ou Igumenos comme ils prononcent, peut s'appeller Ab ou pere: mais cela ne fait pas qu'Abigumenos foit le titre qu'on lui donne. La différence confifte en ce que l'Evêque impofe les mains à celui qu'il ordonne Archiprêtre ou Igumene: qu'on dit l'oraison Gratia divina, & que l'Evêque faifant le figne de la croix fur le front de celui qu'il deftine à cette dignité, dit ces paroles: Nous appellons ou déclarons un tel Igumene au faint Autel de telle Eglife. Les Rituels Cophtes rapportent les mêmes paroles, ainfi que font les Auteurs qui ont expliqué les rites; de forte qu'on ne peut pas douter de la pratique de cette difcipline. Cependant ni les rites ni les prieres, ne contiennent rien qui faffe connoître que cette Ordination tende à conférer aucun pouvoir semblable à ceux des anciens Chorevêques ; mais feulement l'autorité pour conduire les ames, & pour faire les fonctions propres aux Pasteurs ordinaires qui ne font pas au deffus de l'Ordre Sacerdotal, fans entreprendre aucune fonction épifcopale. C'eft ce qu'on reconnoît par l'inftruction que l'Evêque donne au nouvel Archiprêtre, après que la cérémonie est achevée; puifqu'elle ne parle que de la conduite des ames, de la prédication de la parole de Dieu & du bon exemple.

En cela îls

ont une

autres

Eglifes.

On auroit donc peine à juftifier les Cophtes fur cette discipline, dans laquelle ils fe font éloignés de celle de l'ancienne Eglife, auffi - bien que difcipline contraire des autres Communions, même de celles avec lesquelles ils font unis par à celle des la foi d'une feule nature en Jefus Chrift. Les Melchites ou Orthodoxes Grecs, ont connu les Archimandrites, mais ils les ont diftingués des Archiprêtres, & n'ont pas eu pour les uns ni pour les autres des Ordinations diftinguées de celle des Prêtres. Ce qui peut avoir donné lieu à cette nouveauté parmi les Cophtes eft, que depuis le Concile de Calcédoine jufqu'à la conquête de l'Egypte par les Mahométans, les Jacobites furent Hift. Patr. prefque toujours gouvernés par des Religieux. Leurs Patriarches fe retiAlex. MS. rerent dans le Monaftere de S. Macaire, & les plus zélés défenseurs de Arab. l'héréfie des Monophyfites furent les Religieux, qui étoient souvent en

voyés

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