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LIV. VI. dinaire. Auffi-tôt il touche le calice où font les Préfanctifiés, & il dit à CH. II. haute voix, les chofes faintes présanctifiées pour les Saints. On dit les orai

Communion don

fois aux

mariés.

P. 398.

fons ordinaires, puis il communie les nouveaux mariés, s'ils font préparés à recevoir la fainte Communion. Il faut, pourfuit-il, qu'ils y foient préparés, afin qu'ils foient couronnés dignement, & qu'ils foient mariés dans l'ordre. Car la fainte Communion est la fin de toute cérémonie facrée, & le fceau de tout divin myftere. (a) Et l'Eglife fait bien en préparant les faints dons pour la rémiffion des péchés, & la bénédiction des nouveaux mariés; parce que Jefus Christ est lui-même présent au mariage, lui qui donne les dons & qui les eft; comme aufli pour leur procurer une union pacifique & une parfaite concorde. C'est pourquoi il faut qu'ils foient dignes de recevoir la Communion; qu'ils foient mariés dans l'Eglife, qui eft la Maifon de Dieu, comme étant fes enfants & en fa présence, puifque par les faints dons il y eft lui-même facrifié & expofé, & qu'il est vu au milieu de nous. Puis il leur préfente la coupe ordinaire, difant: Calicem falutaris accipiam, à caufe des faints dons. Il marque en même temps qu'on ne donne pas la Communion aux bigames.

On a marqué ci-devant que ce même ufage de donner la Communion née autre. dans la célébration du Sacrement de Mariage, eft confirmé par de très-anciens Manufcrits, entr'autres celui de Grottaferrata, qui eft conforme à Euchol. ce que rapporte Siméon de Theffalonique, & dont le P. Goar a cité les paroles. La coupe, dans laquelle il n'y a que du vin ordinaire, eft plutôt une coutume qu'une cérémonie eccléfiaftique; puifque felon le témoignage des mêmes Auteurs, elle eft appellée xovor oτgov; & c'eft ordinairement un verre qu'on caffe auffi-tôt en le jettant à terre. C'eft pourquoi le même P. Goar a très-judicieusement remarqué que toutes les conjectures d'Arcudius fur cet article ne méritent pas la moindre attention.

Les autres prieres que Siméon rapporte, & dont il explique la fignification, ont toutes rapport à la grace facramentelle pour l'union des ames, plutôt qu'à celle des corps, par la foi & par les bonnes œuvres, & pour l'éducation chrétienne des enfants, qui eft le véritable fruit du mariage. Ainfi comme ces avantages regardent la fanctification d'une chofe naturelle, pour en faire un ufage fpirituel; que les Grecs font perfuadés, auffi - bien que les Catholiques, que les cérémonies, les prieres, la foumiffion à l'Eglife, devant laquelle & felon les loix de laquelle les mariés fe donnent la foi l'un à l'autre, produifent la grace, on ne peut douter que, felon Siméon

(α) Καὶ καλῶς ἡ ἐκκλησία ποιῆσα προετοιμάζει τὰ ἅγια δῶρα εἰς ἐξιλασμὸν τῶν συναπτομένων καὶ εὐλογίαν, ἐπεὶ αὐτὸς ἐν τῷ γάμῳ ἦν παραγεγονώς, ὁ δὲς τὰ δῶρα καὶ ὤν. Sim. Theg. p. 198.

Ὅθεν αξίας δεῖ εἶναι τῆς κοινονίας τὰς γάμῳ συζευγνυμένας καὶ ἐν ναῷ ἁγίῳ συνάπτεσθαι, τῷ οἴκῳ τοῦ θεῖ τὰ τέκνα τοῦ θεῷ ὡς ἐνώπιον αὐτῷ, ὅπο καὶ διὰ τῶν δώρων αὐτὸς ἱεραργάμενός ἐςι καὶ προτίθεται καὶ μέσος ὁρᾶται ἡμῶν. Ibid.

de Theffalonique & tous les Théologiens Grecs, ils ne reconnoiffent le Liv. VI. Mariage pour un véritable Sacrement de la nouvelle Loi.

CH. III.

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De la créance & de la difcipline des Orientaux touchant le Mariage.

Comme

taux ont

même

Omme on reconnoît aisément quand on examine les Rites des Chré- Les Orientiens Orientaux orthodoxes, hérétiques ou fchifmatiques, qu'ils les ont fur le matous pris de l'Eglife Grecque, dans le temps qu'elle étoit entiérement unie riage la avec celle d'Occident, puisqu'on trouve la même conformité de discipline doctrine dans ce qui regarde la bénédiction nuptiale, il y a tout fujet de croire que & la même la doctrine eft auffi femblable. On voit en effet que tous ces Chrétiens difcipline que les Melchites, Neftoriens ou Jacobites ont les mêmes Rites & les mêmes prie- Grecs. res en substance que l'Eglife Grecque de laquelle ils font fortis, les mêmes loix & la même difcipline: ce qui eft une preuve certaine qu'ils ont confervé la même créance, & on le prouve par leurs Auteurs.

d'Ebnaf

&c.

Ebnaffal le Canonifte, dont l'autorité eft très-grande dans l'Eglife TémoiCophte, explique fur ce fujet la doctrine qui y étoit reçue en ces termes : gnage On ne peut célébrer le Mariage, & il n'eft point parfait, finon par la pré- fel, d'Afence du Prêtre, par la priere qu'il prononce fur les contractants & par l'obla- bufebah, tion de la fainte Euchariftie qui se fait pour eux en même temps qu'ils font couronnés, & que par cette cérémonie les deux personnes font unies en un feul corps, ou en une feule chair, comme dit le Seigneur. Si ces conditions ne concourent pas, cette union n'eft pas réputée mariage; car c'est loraison qui rend licite aux hommes l'usage des femmes, & aux femmes celui des hommes. Abusebah dans le Traité de la Science Eccléfiaftique a dit la même chose en peu de mots. Il faut, dit-il, que la femme avec l'homme qui eft fon chef, fe préfentent devant l'Autel du Dieu très - baut: qu'ils mettent dans leur mémoire l'inftruction que leur fait le Prêtre, & qu'ils communient au corps & au fang du Seigneur, afin qu'ils foient faits un même corps. Echmimi fameux Canonifte parle en cette maniere. Tout ce P. 2. c. 2. qui regarde le Mariage eft expliqué dans le premier Canon de S. Epiphane. Sect. 2. Celui qui prend une femme, fans que la priere (de l'Eglife) ait précédé, fera foumis à la même pénitence que les fornicateurs, & ils la recevront lui & la femme, après qu'on aura fait fur cux la priere: & il fera plus à propos qu'ils se séparent pour un temps. Car on ne doit pas regarder la fornication comme un mariage; & elle ne doit être jamais censée pour tel. Il·

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MS. Arab.

Liv. VI. vaut donc mieux qu'ils fe féparent, s'ils peuvent néanmoins fouffrir d'étre privés CH. III de Pufage du mariage: & en ce cas, qu'ils foient féparés & qu'ils foient

Remarque

nons de S.

foumis à la pénitence des fornicateurs, qu'on adoucira cependant pour éviter de plus grands inconvénients. Enfuite après avoir dit que cette pénitence devoit être de quatre ans, qui étoit celle qu'on impofoit ordinairement à ceux qui avoient eu commerce avant le mariage avec les femmes qu'ils époufoient, il conclut, par la même raifon qui eft alléguée par Ebnaffal, que le commerce avec une femme n'eft licite que par l'oraison & par la célébration de la Liturgie; c'est-à-dire, la bénédiction nuptiale. Abulbircat dit que le mariage doit étre annoncé & publié avant que d'être célébré; parce que les faints Canons défendent que perfonne foit couronné, c'est-àdire marié, fecrétement; mais il le doit être en présence de témoins. On ne peut contracter de mariage, & il eft nul, s'il n'eft pas célébré en présence du Prêtre qui prononce des prieres fur les mariés, & leur donne la Communion de la fainte Euchariftie, dans le temps du couronnement, par lequel ils font joints & deviennent un feul corps. S'ils font autrement, cela n'eft pas réputé à leur égard pour un mariage: car c'est la priere qui rend licite aux hommes l'ufage des femmes, & des hommes aux femmes. Les autres Auteurs n'en parlent pas différeniment.

Les Canons de S. Epiphane que cite Echmimi se trouvent dans une Colfur les Ca- lection qui est très - authentique parmi tous les Orientaux, au nombre Epiphane. de cent trente- fix, parmi lefquels il y en a plufieurs qui regardent le mariage. Ce n'eft pas l'Evêque de Salamine, mais celui qui étoit Patriarche de Conftantinople fous l'Empereur Juftinien. Il est étonnant que les Jacobites déferent à fa Collection de Canons, puifqu'étant orthodoxe, ils le devroient regarder comme hérétique, & non pas comme un Saint. On trouve néanmoins cette Collection dans toutes les Eglifes où la langue arabe eft en ufage; & ce qui lui donne autorité eft, que tous les Canons qu'elle contient font tirés des anciens Conciles reçus par toute l'Eglife. On parlera ailleurs de cette Collection, & des autres reçues dans les Eglifes Orientales. Il faut préfentement parler des prieres dont elles fe fervent pour la bénédiction nuptiale.

Les prieTes des

nédiction

Nous avons dit qu'elles font conformes aux Grecques, & par conféOrientaux quent à celles que nous trouvons dans les anciens Offices Latins. Elles conpour la bé- tiennent des demandes à Dieu pour obtenir sa bénédiction fur les perfonnuptiale nes qui entrent dans l'état de mariage, afin que non feulement ils y trouconfor- vent les avantages temporels, la paix, la douceur, une vie heureufe & longue, une lignée nombreuse; mais encore plus le véritable lien du mariage dans la concorde & l'union chrétienne; dans le fecours mutuel, pour s'encourager réciproquement à obferver les Commandements de Dieu, dans

mes aux

Grecques.

l'augmentation des enfants de l'Eglife, dans leur bonne éducation, & dans Liv. VI. l'éloignement de tout ce qui n'eft pas conforme à la fainteté du mariage Cн. III. chrétien. L'espérance d'obtenir ces graces qui appartiennent à la nouvelle Loi, eft fondée fur ce que Dieu a inftitué dès le commencement l'union de l'homme avec la femme, pour faire qu'ils fuffent deux en une même chair, ce qui rend ce lien indiffoluble: qu'il a béni les mariages des anciens Patriarches; que Jefus Chrift a honoré les noces par fa préfence, & que fon union myftique avec l'Eglife eft une des fources de la fanctification du mariage. Tel eft l'efprit de ces prieres, par lefquelles il eft aifé de reconnoître qu'on demande une grace fanctifiante, & par conféquent facra

mentelle. Il fera bon d'en donner quelques extraits.

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unes de

Dans un ancien Rituel Jacobite Syrien. Seigneur, vous avez créé notre Extrait de Pere Adam, & vous l'avez établi fur tout ce que vos mains ont fait vous quelqueslui avez donné une femme pour fon Secours : vous les avez bénis, & vous ces prieleur avez dit: croiffez & multipliez.... Vous avez dit dans votre Evan- res. gile, que l'homme quittera fon pere & fa mere & s'attachera à fa femme, & qu'eux deux ne feront plus qu'un feul corps : & de plus, que perfonne fur la terre ne pourroit féparer ce que Dieu avoit uni. Nous vous Supplions, Seigneur, que par la multitude de votre miféricorde vous béniffiez vos présents ferviteurs, qui viennent à votre faint Temple pour être unis en charité fpirituelle, & pour recevoir de votre grace & par notre miniftere la couronne nuptiale: que vous les combliez de biens durant leur vie, & qu'ils glorifient votre grand nom. Bénissez-les, Seigneur, comme vous avez béni Abraham & Sara, Ifaac & Rebecca, Jacob & Rachel..... Donnezleur des enfants qui ne leur caufent point de chagrin, & qui vivent fans péché, qu'ils puiffent les amener à votre Temple, & qu'ils foient recommandables par la pureté de leurs mœurs, comme les enfants d'Aaron. Que Dieu vous comble de fes bénédictions, dit le Prêtre en parlant aux mariés: qu'il mette dans vos cœurs la fermeté de fa foi, que vous foyez comme une bonne terre qui rapporte beaucoup de fruits: que vous passiez vos jours dans la félicité

dans la concorde. Que les bénédictions céleftes defcendent fur vous, afin que vous foyez de bons peres, point fâcheux à leurs enfants, que vous en aviez qui foient des enfants de bénédiction & de pureté, en forte que de leur nombre on faffe des Prêtres & des Miniftres du faint Autel.

L'union mystique de Jefus Chrift avec l'Eglife eft exprimée en plufieurs endroits de ces prieres, dans lesquelles font inférés divers paffages du Cantique des Cantiques qui ont rapport à ce myftere, qui eft le fondement du Sacrement de Mariage; & par cette raison, ils chantent dans le même Office le Pfeaume XLIV, dont le fens myftique eft prefque femblable, fuivant l'explication des Peres.

LIV. VI. Dans une autre oraifon du Rite Jacobite on voit encore plus expreffément CH. III. marquée l'intention de l'Eglife, qui eft, que les bénédictions qu'elle demande

Cérémonies Orientales femblables

aux Grec

les des

Cophtes.

pour ceux qui fe marient regardent plus leur bien fpirituel que le temporel. Béniffez-les, Seigneur, & unissez vos ferviteurs ici présents qui s'unissent par le mariage: confirmez-les dans l'espérance, la charité & la foi, ainfi que dans les œuvres de juftice & de droiture, afin que leur mariage foit auffi louable que ceux des anciens Peres pieux & juftes, qui fe font unis par piété, dont la postérité a été comblée de bénédictions, & qui a été multipliée comme le fable de la mer & les étoiles du ciel: donnez-leur des fruits de juftice. & des enfants de bénédiction. Après cela on demande pour eux des bénédictions temporelles, comme ci-dessus.

Dans une derniere bénédiction. Epoux véritable des ames chaftes & pures, accordez à vos ferviteurs qui se joignent par le mariage, & qui par mon ministere vous en ont fait le médiateur, qu'il forte d'eux une odeur agréable de bonnes mœurs & de vertus, qu'il y ait entre eux une véritable charité, une paix, une tranquillité & une concorde que les paffions ne puissent troubler. Fortifiez-les, afin qu'ils confervent ensemble une parfaite chafteté de l'ame & du corps.

Les cérémonies que pratiquent les Orientaux font fort femblables à celles des Grecs. Les Cophtes fuivent le Rituel du Patriarche Gabriel qui les prefcrit de cette maniere. Après les Matines, & la priere du point du jour, l'époux fort de fa maifon avec fes parents & fes amis. Quelques ques. Cel- Prêtres & Diacres le reçoivent à la porte de l'Eglife, ayant des cierges & des fonnettes. On chante quelques Répons: & ayant mis l'époux au lieu où fe doit faire la cérémonie, on va de même recevoir l'époufe, qui est menée à l'endroit où fe mettent les femmes. Le Prêtre eft revêtu de fes habits facerdotaux, & le Diacre des fiens. On met cependant fur l'Autel, du côté de l'Evangile, une robe neuve, une ceinture, une croix, un anneau & de l'encens. On récite les Pleaumes pénitentiaux, puis quelques Répons, Kyrie eleifon, le Pfeaume XXXI, puis on dit l'Epître & l'Evangile en cophte, & enfuite en arabe avec les cérémonies de la Liturgie: l'oraison générale pour la paix, le fymbole, la priere d'action de graces & l'abfolution comme dans la Liturgie, Le parrain découvre les habits deftinés à l'époux que le Prêtre bénit, & les lui fait mettre: puis il le ceint de la ceinture, qui eft en Egypte depuis plufieurs fiecles la marque extérieure de la profeffion du Chriftianifme, il lui met l'anneau au doit, puis on va au lieu où fe doit faire le Couronnement. Enfuite on mene l'époux à l'endroit où font les femmes, & on le préfente à l'épouse qui eft affife à fa place : il lui met dans la main droite, l'anneau auquel eft attachée la couronne, après les avoir reçus du Prêtre, & l'époufe étendant fa main pour rece

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