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voir l'anneau & la couronne, témoigne ainsi qu'elle donne fon consente- Liv. VI. ment, & qu'elle accepte pour fon mari celui qui les lui préfente. CH. III.

La marraine de l'époufe l'amene dehors, & la place à la droite de l'époux. On étend fur leurs têtes un voile blanc, pour fignifier qu'ils font joints par une union chafte, pure & fainte. On chante quelques Répons, & on lit encore un Evangile, après quoi le Prêtre prononce la bénédiction fur l'un & fur l'autre, & à chaque fois qu'il prononce leurs noms il fait fur eux le figne de la croix. Puis il bénit de l'huile, & il en fait une onction fur eux: après quoi il bénit les couronnes, il dit une oraison, & il les leur met fur la tête, en difant: le Pere les couronne d'honneur & de gloire; le Fils bénit; le Saint Efprit couronne, defcend & acheve. On répond os, il eft digne. On trouve auffi une oraifon plus ample, qui est en forme de bénédiction, à peu près dans le même fens & dans les mêmes termes que celles des Rituels Grecs & Latins, après quoi on commence la Liturgie. Ce Rituel ne marque pas que les nouveaux mariés y reçoivent la Communion; mais il paroît que cela doit être fous-entendu, parce que les Auteurs cités ci-devant le marquent expreffément; outre qu'en divers Traités ou Offices il eft marqué qu'on ne la donne pas aux Bigames; ce qui fait juger que ceux qui fe marioient en premieres noces la recevoient.

felon

Abulbir

Abulbircat, dans les Chapitres où il traite du Mariage, rapporte les Les mémêmes cérémonies; ce qui devoit être ainfi, puifque cet Auteur a expli- mesto qué la créance & la difcipline de l'Eglife Cophte, dont Gabriel Patriar- cat. che d'Alexandrie étoit le Chef. Il feroit inutile d'en rapporter des extraits, puifque ce feroit répéter ce qui a été dit dans ceux qui ont été donnés ci-devant. Les cérémonies confiftent dans la bénédiction de l'anneau nuptial & des couronnes; dans la maniere de les donner, & dans la tradition, comme ils difent, que le Prêtre fait de l'homme à la femme, & de la femme à l'homme, en quoi confifte, après les fignes de confentement mutuel, ce qu'il y a de plus effentiel dans le rite extérieur, tant de la part des contractants, que de la part du Prêtre qui les conjoint. C'est ce qui eft clairement expliqué dans une derniere bénédiction d'un Office des Jacobites Syriens, en ces termes: Voyez, leur dit le Prêtre, que vous êtes ici devant Dieu, & devant la fainte Table, qui eft le trône de Jefus Chrift; & devant cette assemblée de perfonnes qui ne vous font pas inconnues. Dès ce moment donc nous vous donnons l'un à l'autre. Dieu en fera témoin entre res font vous & moi, & je ferai innocent des plaintes que vous pourriez faire contre moi dans la fuite.

Les prie

confor

mes entre elles &

bles aux

Les prieres, quoiqu'elles varient dans la difpofition des paroles, font femblanéanmoins toutes conformes entr'elles pour le fens, qui eft le même que Grecques.

LIV. VI. celui des prieres grecques & latines. Les paroles de l'Ecriture Sainte par CH. III. lesquelles nous prouvons que le mariage eft un Sacrement, particuliére

Les demandes

bénédic

ment celles de S. Paul, Sacramentum hoc magnum eft in Chrifto dico & in Ecclefia, y font employées. L'union mystique de Jefus Chrift avec l'Eglife, dont le Mariage eft le symbole, y eft fouvent marquée & relevée par diverses expreffions orientales, qui dans le fens fimple fignifient qu'il est l'Auteur & le fanctificateur du Mariage Chrétien, qu'il a fanctifié par le mérite de fa Paffion, en époufant l'Eglife fur la croix, & en lui donnant fon fang pour dot. On connoît parmi les Théologiens cette parole auffi pieuse que grande de S. Augustin, que les Sacrements de l'Eglife font coulés du côté de Jefus Chrift transpercé fur la croix: ce qui fignifie que Jefus Christ les a inftitués, & qu'il y a attaché la grace qu'ils produifent. On trouve la même pensée tournée en diverses manieres dans les livres des Chrétiens Orientaux, particuliérement dans les parties de leurs Offices qui font en vers, dont ils ont un très grand nombre. Ainfi lorfqu'ils difent, que Jefus Chrift a épousé l'Eglife fur la croix, après l'avoir purifiée par fon fang précieux, & qu'auffi- tôt ils joignent cette expreffion avec les paroles par lesquelles ils demandent à Dieu qu'il répande fes graces fur ce Mariage, cela fignifie qu'ils le diftinguent entiérement de l'union naturelle de l'homme & de la femme, auffi - bien que du contrat civil, & qu'ils y reconnoiffent quelque chofe de plus excellent, qui eft la grace fanctifiante.

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De plus, comme on l'a obfervé en parlant des prieres qui fe trouvent dans les Rituels Grecs & Latins, quoiqu'on demande à Dieu pour les maregardent riés des bénédictions temporelles, comme Jefus Chrift nous a prefcrit de principalement les demander nos néceffités temporelles dans l'Oraison Dominicale: cependant tions fpila principale demande & la plus fouvent répétée, regarde les bénédictions rituelles. fpirituelles, la charité, la concorde pour s'aider & fe fortifier réciproquement, en marchant dans les voies du Seigneur, & pour obferver fes commandements: celle de donner des enfants à l'Eglife par la régénération du Baptême, de les élever chrétiennement, & d'en faire de dignes Miniftres des Autels. Ces biens n'appartiennent ni à la nature ni à la Loi, mais à l'Evangile, auffi bien que l'indiffolubilité du mariage: d'où on conclut que la grace fignifiée & produite par ces prieres eft une véritable grace évangélique, qui ne peut être produite que par les Sacrements; d'où il s'enfuit que felon les Orientaux, auffi-bien que felon les Grecs, le Mariage Vaines ob- eft un véritable Sacrement.

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Les Proteftants ne peuvent dire que nous devinons, & que nous dontants con- nons nos conjectures pour des raifons: ce font eux-mêmes qui tombent doctrine. dans ce défaut. Car ayant fait des définitions arbitraires des Sacrements, in

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connues

connues à toute l'Antiquité, & qui même ne conviennent pas exactement Liv. VI. aux deux feuls qu'ils reconnoiffent ; quand ils prétendent prouver que ceux CH. IV. qu'ils rejettent ne font pas Sacrements, ils ne prouvent rien à l'égard de l'Eglife universelle, qui a eu une idée fort différente, & de la définition & de la chose définie. Mais quand nous difons, fur des fondements auffi folides que font ceux de la conformité des rites & des prieres, que l'Eglise d'Orient reconnoît pour Sacrement ce que les Proteftants rejettent comme une fuperftition née dans l'Eglife Romaine, les Grecs s'expliquent affez eux-mêmes, pour qu'on n'en puiffe douter, après les témoignages de leurs Auteurs anciens & modernes qui ont été rapportés, & qui font entiérement conformes aux décifions de trois Synodes tenus à Conftantinople, & de celui de Jerufalem.

conforme

taux.

Pour ce qui regarde les Syriens Jacobites ou Orthodoxes, les Nesto- Qui eft riens, les Cophtes & ceux qui compofent la même Eglife, lorsqu'on a à celle des expliqué à ceux de ces derniers temps ce que nous entendions par le mot Oriende Sacrement, quoique leurs langues n'aient pas un nom commun pour les fignifier tous, comme la latine & la grecque, ils n'ont pas laiffé d'approuver notre créance fur ce fujet. Mais les anciens ayant dit clairement que le mariage célébré en face d'Eglise & la bénédiction qu'elle donne à fes enfants, qui s'uniffent ensemble, produit la grace convenable à cet état, grace toute fpirituelle, & qui tire fon origine de la Paffion de Jefus Chrift; & qu'ils ajoutent, qu'il n'est permis à aucun Chrétien de prendre une femme fans cette bénédiction de l'Eglife, il eft hors de doute qu'ils reconnoiffent que cette cérémonie eft un Sacrement. C'est ce qu'on expliquera encore dans le chapitre suivant.

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Réflexions fur la doctrine & la difcipline des Grecs & des Orientaux tou

LES

chant le Mariage.

fur la doc

Es réflexions qui peuvent fe faire fur la doctrine & la difcipline des Diverfes Grecs & des Orientaux touchant le Mariage, fe réduifent à trois chefs: les réflexions unes regardent les Proteftants: les autres ont rapport à ce que quelques trine des Catholiques ont écrit fur ce fujet : enfin d'autres peuvent fervir à donner Orien une idée jufte de la créance des Eglifes d'Orient, indépendamment des questions traitées par les Théologiens modernes fuivant les principes de l'Ecole.

Perpétuité de la Foi. Tome V.

Bbb

taux.

Protef

tants.

LIV. VI. A l'égard des Proteftants, ils difputent contre les Grecs & contre les CH. IV. Orientaux, ou contre les Catholiques, & leurs objections ne font pas les Par rap- mêmes contre les uns que contre les autres. Les Profeffeurs de Tubingue port aux difputerent ainfi contre le Patriarche Jérémie, en lui voulant prouver que le Mariage contracté en face d'Eglife, & béni par ses Miniftres, n'étoit pas un Sacrement: & cela en conféquence de la définition vicieuse qu'ils avoient pofée pour fondement de leur Théologie fur les Sacrements, & des conditions qu'ils fuppofoient néceffaires afin qu'une cérémonie facrée pût être regardée comme un Sacrement de la nouvelle Loi. Ce Patriarche réfuta tout leur fyftême; il maintint que l'Eglife reconnoiffoit fept Sacrements, du nombre defquels étoit le Mariage, citant & approuvant ce qu'avoit écrit fur le même fujet Siméon de Theffalonique; & dans la derniere Réponse qu'il leur fit, parmi les caufes qu'il allégua, en les priant de ne lui plus écrire fur des matieres de Religion, il marquoit celle-ci, qu'ils rejetoient les Sacrements reçus dans toute l'Eglife. Gabriel de Philadelphie,, Melece Piga, George Coreffius, Grégoire Protofyncelle ont maintenu la même doctrine, ainfi que les Synodes affemblés contre Cyrille Lucar & contre Jean Caryophylle: la Confeffion Orthodoxe, l'Enchiridion de Dofithée, l'ouvrage de Melece Syrigus & quelques autres, prouvent invinciblement que les Grecs ne font pas dans des fentiments différents de ceux de Siméon de Theffalonique & de Jérémie. On doit donc regarder comme fini le premier article de cette difpute, qui eft de favoir fi les Grecs reconnoiffent le Mariage Chrétien comme Sacrement: & puifqu'outre les témoignages de leurs Théologiens, les déclarations publiques de leur Eglife affemblée fynodalement le confirment, il n'eft pas poffible d'en douter. Par conféquent on ne doit pas avoir le moindre égard à ce que des Voyageurs prévenus ou mal informés, des Controverfiftes outrés, tant de faifeurs de Differtations & de Thefes Hiftorico - Théologiques ont écrit au contraire. Que fi quelques-uns, prenant un autre tour, ont voulu prouver que la cérémonie de la bénédiction nuptiale n'étoit pas un Sacrement, ce qu'ont tâché de faire les Théologiens de Wittemberg, ce n'est pas l'affaire des Catholiques, c'eft celle des Grecs, que de pareils adverfaires n'ont pas ébranlé, puisqu'à peine dans l'efpace de plus d'un fiecle ils en ont attiré trois ou quatre dans leurs opinions, & même ce n'a pas été par des raifonnements théologiques, mais par des moyens tout dif férents. Il s'enfuit donc que les Catholiques n'ont rien avancé que de véritable, quand ils ont foutenu que les Grecs reconnoiffoient fept Sacrements, & entre autres le Mariage; & que la conféquence qu'ils en ont tirée pour prouver la Perpétuité de la foi catholique fur tous les points

controversés avec les Proteftants, par le confentement de tout l'Orient, Liv. VI. est incontestable.

CH. IV.

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C'est pour y répondre autant qu'il leur étoit poffible, que quelques-uns, Il eft inu. fe fervant de ce que divers Catholiques ont écrit contre les Grecs, ont ter contre tâché de prouver que la bénédiction nuptiale felon le Rite Grec ou Orien- les Grecs tal ne pouvoit être confidérée comme Sacrement. Mais il eft fort inutile des Aude ramaffer de pareils témoignages, ce que néanmoins les Savants du tins qui Nord, particuliérement Fehlavius, ont fait avec beaucoup de peine; puif- ont été que non feulement les Grecs & les Orientaux prétendent que la plupart de més. ces Cenfeurs leur imputent fauffement plufieurs opinions & abus qu'ils ne connoissent point, pour prouver que leurs Sacrements ne font pas valides mais auffi parce que les Théologiens les plus versés dans l'Antiquité Eccléfiaftique, ont reconnu que la plupart de ces objections étoient fondées fur des Rites mal entendus, ou fur de faux principes, de forte qu'on n'y a plus aucun égard. Quand ces accufations feroient plus folides, tout ce qui s'enfuivroit feroit que ceux qui font chargés du soin des Grecs unis à l'Eglife Catholique, ou les Miffionnaires devoient travailler à réformer les abus, s'il y en a, ou à éclaircir de pareilles difficultés ; mais cela ne prouveroit pas qu'ils ne croient point que le Mariage foit un Sacrement. Car quoiqu'on puiffe dire avec vérité que ceux qui nient la préfence réelle n'ont pas le Sacrement de l'Euchariftie, on ne pourroit pas dire néanmoins qu'ils ne la reconnoiffent pas pour un Sacrement.

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Pour ce qui regarde divers Auteurs Catholiques qui ont attaqué l'Eglife Quelques Grecque fur cet article, comme fur beaucoup d'autres, la plupart étant Catholi fans autorité, & n'ayant écrit que comme particuliers, ne peuvent don- injuftener atteinte à une difcipline à laquelle le Concile de Florence n'a pas ment contouché & s'ils citent le Décret pour les Arméniens, qui fut fait après Grecs. la conclufion de l'Union, il n'a aucun rapport aux Grecs, qui étant déja partis, n'en eurent point de connoiffance; auxquels il ne fut point propofé par les Légats qui furent peu de temps après envoyés à Conftantinople, & qui ne l'a pas été à ceux des Grecs qui fe font réunis depuis à l'Eglife Catholique. La profeffion de foi, dont la formule a été réglée fur celle qui fut dreffée par ordre de Pie IV après le Concile de Trente, & qui fut imprimée fous Clément VIII en diverses langues orientales, afin d'être proposée aux Orientaux qui voudroient se réunir, ne contient autre chofe que la reconnoiffance des fept Sacrements, du nombre desquels est le Mariage. Les difficultés qui naissent de la Théologie Scholaftique, & qui n'appartiennent pas à la foi, ne peuvent fervir de regle pour juger de celle des Grecs & des Orientaux ; d'autant plus que la cenfure qu'en ont faite quelques-uns de ces Théologiens, ne s'étend pas moins fur la dif

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