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Ebnaffal.

liques pratiquent en pareilles occafions, comme le témoignent les Auteurs Liv. VII. qui ont décrit tout ce qui s'obferve dans l'Ordination des Patriarches CH. IV. avec le plus grand détail. Ils marquent qu'après qu'elle a été célébrée Pont Cop. felon les formes prefcrites dans le Pontifical, on célebre trois jours de Abulbirc. fête avec la Liturgie folemnelle. Le premier jour dans l'Eglife appellée Angelion, le fecond dans celle de S. Michel Archange, & le troifieme dans celle de S. Marc: où après la fin de la Liturgie le nouveau Patriarche prend le chef de ce Saint, & le tient devant lui. Ebnaffal ajoute que ce même jour, après la Liturgie, le Patriarche accompagné du Clergé & du peuple, fe rend à une maison appellée des enfants d'Elfokari, où est le chef de S. Marc Evangélifte: qu'après avoir fait quelques prieres on tire la châffe qu'on l'expofe fur une table de pierre, où on l'encenfe: qu'enfuite la châffe eft ouverte : & qu'après que le Patriarche en a tiré le chef du Saint & l'a baifé, on la referme, & que le peuple la baife. C'eft ce que témoignent les Auteurs Egyptiens Jacobites les plus confidérables, & on n'en peut citer aucun qui les contredife.

hométif

Le ravage des Mahométans a diminué le nombre des Reliques, & on Même dene trouve pas dans les Hiftoriens qu'il foit fait mention de la pratique ordi- puis le Ma naire ailleurs, de les porter dans les Proceffions publiques, ou de les me. exposer à la vénération des Chrétiens, parce que des reliquaires d'or & d'argent les auroient mises en péril d'être profanées par les infideles; mais on remarque l'ufage conftant de prier aux tombeaux des Saints, ou de ceux qui étoient réputés pour tels. Ainfi le concours a été toujours trèsgrand en Egypte au Monaftere de S. Macaire & à fon tombeau, comme à celui de plufieurs faints Anachoretes qui avoient vécu avant que l'Eglife fût divisée par les Jacobites. Ceux-ci avoient une dévotion particuliere au tombeau de Sévere Patriarche d'Antioche un des grands défenseurs de leur fecte. On y allumoit des lampes, & l'huile qui brûloit devant fon tombeau étoit employée à faire des onctions, ainfi qu'en plufieurs autres Eglifes.

Saints.

De plus le Calendrier de l'Eglife Cophte marque diverfes fêtes qui Fêtes des ont rapport à la vénération des Reliques des Saints. Le 16 du mois de Toth, qui eft le premier de leur année, ils célebrent l'invention des offements de S. Jean Baptifte : le 18 celle des Reliques de S. Thomas à Alexandrie le 25 la dépofition de celles des trois Enfants, c'eft ainfi qu'ils appellent ceux qui furent jetés dans la fournaife: leur tranflation le 17 de Paophi le 19 du même mois celle des offements de S. Ignace : le 29 la dépofition du chef de S. Jean. Les d'Athyr, la tranflation de S. Théodore à Chetab. Le premier de Tybi, l'invention des offements de S. Etienne. Le 5 de Mechir, celle des corps de quarante-neuf Martyrs à

LIV. VII. Sceté, & le 30 du même mois celle du chef de S. Jean Baptifte. Le 10 de CH. IV. Phamenot ou Barmahat, l'invention de la fainte Croix en Jerufalem. Le

Homélies

des Peres à la louange des

Saints.

2 de Bayni, celle des offements de S. Jean-Baptifte: le 21 la dépofition
des Reliques de S. Etienne. Le troifieme jour d'Epiphi, l'invention des
corps de S. Cyr & de S. Jean. Le 19 de Mefori, la translation du corps de
S. Macaire dans le défert. On trouve quelques-unes de ces fêtes dans le
Calendrier que Selden a fait imprimer, & fur lequel M. Ludolf a en partie
compofé le fien. Mais il eft fi défectueux, qu'il ne faut
pas s'étonner que
quelques-unes ne s'y trouvent pas, outre que ceux qui ne le liront que
dans la Verfion n'y pourront rien comprendre. Car perfonne ne devi-
nera ce que veut dire le mot de planctus D. Maria, quoique le mot arabe
fignifie la même chofe que le grec noiμnois: & M. Ludolf l'a traduit d'une
maniere encore moins fupportable, par celui de pollinctura. Il a eu par-
tout une affectation finguliere d'employer des mots bizarres, & éloignés
du ftyle eccléfiaftique, particuliérement de celui qui eft en ufage parmi
les Catholiques, non feulement dans fon Hiftoire d'Ethiopie, mais jusques
dans fon Dictionnaire, comme fi ce même ufage, affez connu d'ailleurs,
n'en déterminoit pas le fens. Si quelqu'un trouvant le mot de xoμgov,
le traduifoit par celui de Dortoir, il ne s'éloigneroit pas de l'étymolo-
gie, mais il se rendroit ridicule : & il en eft de même de traduire les
mots confacrés, comme celui de Liturgie, d'Oblation & d'autres fem-
blables, de la maniere dont il les a traduits; en forte que ceux qui ne
favent pas la langue originale ne les peuvent entendre, fi ce n'eft dans
un faux fens, qu'il donne aux mots les plus connus, pour ne pas parler
de plufieurs fur lefquels il fe trompe. Car par exemple le mot Habis,
qui eft fouvent employé dans les livres des Chrétiens, fignifie certaine-
ment, un Religieux reclus, que les Grecs appellent yxλusos, & cet
ufage eft très-commun. 11 veut qu'on le traduife Deo devotus, comme
s'il n'y avoit que les Reclus qui fuffent confacrés à Dieu. Il prétend que
Kir qui fe trouve dans le Calendrier de Selden, fignifie le Supérieur d'un
Monaftere; & rien n'eft plus faux. Il étoit donc à propos d'avertir les
lecteurs qui ont quelque connoiffance des livres de Selden, & qui font
frappés de la vafte érudition de M. Ludolf, que le Calendrier qu'ils ont
suivi étant très-défectueux dans fon origine, parce que Selden ne fachant
pas la matiere ne l'a fouvent pu lire, & que les corrections de M. Ludolf
ne valent guere mieux, fi on en excepte quelques-unes, on ne s'y doit
point arrêter. On auroit perdu trop de temps à le réformer, & on en pourra
donner un entier dans quelqu'autre ouvrage.

Nous ajouterons à ce qui a été dit ci-deffus, que la plupart des Homélies anciennes des Peres fur les plus fameux Martyrs des premiers fie

cles,

"

cles, comme celles de S. Bafile, de S. Grégoire de Nyffe & d'autres, fur Liv. VII. les quarante Martyrs : les hiftoires des Tranflations; les récits de plufieurs CH. IV. miracles faits par les Reliques des Saints, font traduites en fyriaque, en arabe & en arménien & en presque toutes les langues, pour être lues dans les Eglifes, & que les Orientaux au lieu de les regarder comme des fables, y joignent plufieurs autres miracles, tant ils font perfuadés que Dieu eft admirable dans fes Saints, même après leur mort.

Siméon de Theffalonique que les Grecs regardent comme un de leurs Témoi plus grands Théologiens, & dont les ouvrages depuis l'impreffion que Siméon gnage de les Princes de Moldavie en ont fait faire, font entre les mains de tous de Theffales Eccléfiaftiques de l'Eglife Grecque, peut fuffire feul pour faire con- lonique. noître la grande vénération qu'elle a pour les Reliques des Saints. Dans fon premier Traité, parmi plufieurs autres preuves qu'il rapporte de la touté-puiffante protection de Dieu fur l'Eglife, il met les miracles qui fe font par les Reliques des Saints, que les impies voient & dont ils font obligés de reconnoître la vérité (b). Dans fon Traité de la dédicace des Eglifes il en parle fort au long, en expliquant la cérémonie qui fe fait de mettre fous l'Autel des Reliques des Martyrs. L'Evêque, dit-il, allant dans une ancienne Eglife, où ont été déposées les Reliques, dit deux prieres qui contiennent des actions de graces à Dieu, pour le don qu'il nous a fait des Reliques des faints Martyrs, & il les met fur fa tête, puis les ayant ainfi portées, il les dépofe felon la coutume. Car on ne peut pas confacrer une Eglife fans les Reliques des Martyrs ou d'autres Saints, parce que les Martyrs font les fondements batis fur le fondement du Sauveur. Il faut auffi que dans l'Eglife ils foient fous l'Autel: car l'Eglife eft un Autel étant le Trône de Dieu, & le monument de Jefus Chrift Dieu. C'est pourquoi l'Autel eft oint avec le Chréme, l'Evangile eft mis dessus & on met dessous avec raison les Reliques des Saints, fans lesquelles, comme les Saints l'ont déclaré, la dédicace ne peut être faite. On les met auparavant dans l'Eglife, comme étant fanctifiés & comme les membres de Jefus Chrift, enfin comme des Autels confacrés par le Sacrifice qui en a été fait pour lui. On les met dans le faint difque ou patene, parce que les Reliques des Saints qui ont combattu pour le Maître participent à l'honneur qui lui eft rendu. On les dépofe fur la Table confacrée, parce qu'ils font morts avec Jefus Chrift, & qu'ils affiftent à fon Trône divin. C'eft pourquoi l'Evêque les porte élevées fur fa tête avec le Difque, de même que les divins Myfteres, & les bonorant comme le corps & le fang de Jefus Chrift. Car fi S. Paul, parlant à tous les fideles, dit: Vous êtes le corps

(b) Πόθεν ἡ ἐν τοῖς ἁγίοις λειψάνοις τῶν ἰαμάτων ἐνέργεια, ἦν καὶ ἀσεβῶντες ὁρῶσι καὶ ἄκοντες καθομο λογεῖν ἀναγκάζονται. Sym. Theg. p. 12.

Perpétuité de la Foi. Tome V.

Mm m

Liv. VI. de Jefus Chrift & une partie de fes membres, ceux qui ont combattu pour CH. IV. Ja gloire, & qui ont imité fa mort, font le corps de Jefus Chrift & fes membres. Par cette raison on transporte les Reliques d'une ancienne Eglife dans la nouvelle, en pompe avec des encenfements, des lumieres & des hymnes, pour faire voir que les Saints font toujours avec Dieu, mais qu'ils font auffi avec nous, par un renouvellement de la grace de Jefus Chrift envers nous (c).

Cap. 125. P. 124. &

P. 274.

Il dit à-peu-près les mêmes chofes en parlant des cérémonies pratiquées en pareille occafion à Conftantinople, ajoutant qu'on met les Reliques dans une boîte d'argent, de cuivre ou de pierre, ayant verfé dessus auparavant du Chreme, & qu'on les dépofe fous la fainte Table, qui eft le tombeau de Jefus Chrift; qu'enfuite l'Eveque enferme cette boite fürement, afin qu'on ne puiffe rien ôter des faintes Reliques.

Tous les Chrétiens Orientaux ont les mêmes ou de femblables pratiques, comme il eft marqué en divers Offices de la dédicace des Eglifes, & fuivant l'ancien ufage ils mettent des Reliques des Martyrs fous l'Autel avec de grandes cérémonies. C'eft ce qui eft expliqué en détail dans le Rituel du Patriarche Gabriel, dans Abulbircat & dans prefque tous les Canoniftes; & ils font tellement éloignés de ce que les premiers Réformateurs ont enfeigné & pratiqué fur ce fujet, qu'ils comprennent bien que des Juifs & des Mahométans puiffent brûler & fouler aux pieds les Reliques des Saints, mais on auroit de la peine à leur faire concevoir que des Chrétiens, & fur-tout des hommes qui prétendoient réformer l'Eglife, aient commis & juftifié de pareils excès.

(c) Εἰς τὸν ἅγιον τοίνην παλαιον ναὸν ἀπελθὼν ἔνθα προαπετέθη τὰ λείψανα καὶ εὐχὰς δύο εἰρηκὼς εν χαρισίαν ἐχέσας θεῖ ἕνεκα τῆς δωρεᾶς τῆς ἀπὸ μαρτυρικῶν λειψάνων, ἐπὶ κεφαλῆς φέρει ταῦτα. Καὶ ἐλθὼν κατατίθησιν ὅσπερ ἔθος, ἐδὲ γὰρ θέμις δίχα λειψάνων μαρτυρικῶν ἤ ὁσίων αγίων καθιερωσιν ἐνεργεῖν, ὅτι θεμέλιοι τῆς ἐκκλησίας εἰσὶν οἱ μάρτυρες ἐπὶ τῷ θεμελίῳ τοῦ σωτῆρος ἐπωκοδομηθέντες. Καὶ ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ δέον τέτες ὑπὸ τὸ θυσιαςήριον εἶναι, ἐπεὶ καὶ τᾶτο ἡ ἐκκλησία, ἐπεὶ καὶ θρόνος θεᾶ ἐςι, καὶ μνῆμα χρισ τοῦ θεῖ. Οθεν καὶ μύρῳ χρίεται καὶ τὸ ἐυαγγέλιον ἔχει. Καὶ ὑπ ̓ αὐτῷ καλῶς τῶν ἁγίων εἰσὶ τὰ λείψανα, καὶ χωρὶς λειψάνων & καθιερῶσαι δυνατὸν ὡς οἱ ἅγιοι ἀπεφήναντο. Τὰ λείψανον δὲ προαποτίθεται εἰς ναὸν ὅτι ἡγιασμένα καὶ μέλη χριςῆ, καὶ θυσιαςήρια ὡς τεθυμένα ὑπέρ αὐτῷ. Καὶ εἰς ἱερώτατον ἐμβαλλονται δίσκ κον, ὅτι τῆς ίσης μετέχεσι τῷ δεσπότη τιμῆς ὑπὲρ αὐτῇ διαγωνισμένοι. Καὶ ἐπὶ καθιερώμενης τραπέζης τί θενται, ἐπὶ συναπέθανον τῷ χριςῷ καὶ τῷ θείῳ τῆς αὐτῷ δόξης θρόνῳ τυγχάνεσι παρισάμενοι. Διὰ τότο, · καὶ ἐπὶ κεφαλῆς μετὰ τοῦ δίσκυ ὁ ἀρχιερεὺς αἱρει ταῦτα, ὡς αὐτὰ δὴ τὰ θεία μυςήρια τὸ τοῦ δεσπότε · σῶμα καὶ αἷμα τιμῶν. Εἰ γὰρ πρὸς πάντας πίςες τᾶτο Παῦλος Φησὶν, ὑμεῖς ἐτε σῶμα χρισᾷ καὶ μέλη ἐκ μέρος, πολλῷ γε μᾶλλον σῶμα χεις καὶ μέλη ἔσονται, οἱ ὑπὲρ τῆς δόξης τέτα ἠγωνισμένοι καὶ τὸν θανατὸν αὐτω μιμησάμενοι. . . Διὸ καὶ μετὰ προπομπῆς καὶ θυμιαμάτων, φώτων τε καὶ ὕμνῶν ἐκ παλαιοτέρα τοῦ προηγιασμένα ναὖ εἰς τὸν νεὸν ἄγονται, δείκνυντος τοῦ ἔργο, ὅτι μὲν οἱ ἅγιοι ἀεὶ εἰσὶ μετὰ τοῦ θεό, για νονται δὲ καὶ μεθ' ἡμῶν, καθὰ ὁ χρισὸς, καὶ ἐγκαινιζομένης τῆς αὐτῷ χάριτος ἐν ἡμῖν, Id. p. 120, 121.

LIV. VIL.
CH. V.

IL

CHAPITRE V.

De la vénération des Images.

Impuden

piété de Cyrille Lu

car fur cet

article.

L falloit être auffi impudent que Cyrille Lucar, pour ofer mettre dans une Expofition de foi qu'il donnoit au nom de toute l'Eglife Orientale, ce & imune explication fur le culte des Images pareille à celle qui fe trouve à la fin de cet ouvrage de ténebres. Car il ne pouvoit pas ignorer que la défense marquée dans l'Ecriture Sainte n'avoit aucun rapport à la pratique de l'Eglife, qui n'a jamais employé les mots de λárga & de Ogńσnua, pour fignifier la vénération des Images. Il eft vrai que par un refte de pudeur, il n'a pas attribué à l'Eglife d'Orient fes fentiments touchant cet article, comme il avoit fait fur les autres. Il femble même reconnoître le contraire, quoique d'une maniere obfcure & embarraffée, en difant, que ce qu'il expofuit étoit dans la crainte de Dieu & selon sa bonne conscience ; mais qu'il étoit au dessus de fes forces de s'opposer au torrent (a). C'étoit la même chose que s'il avoit dit à ceux pour lesquels il avoit compofé cette piece: Je crois en ma conscience qu'on ne peut, fans idolâtrie, honorer les Images; mais je ne puis pas empêcher que les Grecs, par une coutume générale qui les entraîne, ne confervent une pratique contraire; ce qui peut avoir auffi rapport à tout ce que contient fa Confeffion. Par conséquent ce Saint, ce généreux Athlete de la vérité, condamnoit ce qui étoit observé dans fon Eglife; & non feulement il ne s'y oppofoit pas, mais il pratiquoit tous les jours lui-même ce qu'il condamnoit par écrit. Car il est moralement impoffible que durant plufieurs années de Patriarchat, il n'ait pas officié les jours du Dimanche appellé de l'Orthodoxie, auquel on fulmine les anathêmes du deuxieme Concile de Nicée contre les Iconoclaftes comme hérétiques: qu'il n'ait pratiqué les cérémonies ordinaires en presque toutes fortes d'Offices, où on falue & on encenfe les Images: qu'il n'ait pas fait la dédicace de quelque Eglife, où on les porte & où on met les Reliques des Saints fous l'Autel, après les avoir expofées à la vénération du peuple. Par conséquent il commettoit une idolâtrie, felon fes propres principes ; & celui qui étoit prêt, fi on vouloit le croire, de mourir pour la Confeffion de Geneve, ne s'expofa pas à la moindre contradiction de la part de fon Clergé ou de fes peuples, en les détournant d'une superstition contraire, felon lui, au premier précepte du Décalogue.

(α) Οπερ ἐν φόβῳ θεν καὶ ἀγαθῇ συνειδήσει ἐκτιθέμεθα. Εἰ καὶ τῆσαι τὸν φορὰν κρεῖστον ἤ καθ' ἡμᾶς Sivas éμonay BMEV. Cyr. Quaft. 4. Conf.

M mm:。!!

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1

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