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» un semblable culte au précieux bois de la croix, comme à une chose Liv. VII.

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qui a porté fur foi Jefus Chrift, & qui a été fanctifiée par fon très-faint CH. V.

» corps & par fon fang qu'elle a touchés, & comme l'inftrument par

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lequel Notre Seigneur Jefus Chrift a accompli l'ouvrage le plus beau

,, & le plus agréable à Dieu qui ait jamais été..... Nous honorons de la même maniere les Images des Saints, non pas à cause de la matiere, » mais à caufe qu'en nous les repréfentant, elles nous rappellent leurs actions dans la mémoire, & nous excitent à imiter leurs vertus. C'est » pourquoi l'honneur qu'on rend aux faintes Images fe rapporte aux » Saints qu'elles repréfentent, & que nous invoquons feuls en honorant » ces mêmes Images, afin qu'ils nous fecourent dans nos befoins & dans » nos afflictions. Par cette raifon Dieu fait affez voir que le refpect que » nous avons de toute antiquité pour la croix, pour les Saints, pour leurs Reliques & pour leurs Images, ne lui déplaît pas, faisant jufqu'à préfent comme autrefois plufieurs miracles qui le confirment ".

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Il montre enfuite que le précepte du Décalogue n'a rapport qu'à l'idolâtrie, à la magie & à toutes les fuperftitions qui en font les fuites, non pas à la vénération des Images; que le culte qu'on leur rend n'eft pas de latrie, mais relatif, en forte qu'il fe rapporte à l'original, c'est-à-dire, à Jefus Chrift & aux Saints. Tels font les fentiments de tous les Grecs, qui n'ont pas varié depuis le fecond Concile de Nicée, & qui font expliqués fort au long par Siméon de Theffalonique en plufieurs endroits de fes ouvrages. Dans fon Traité contre les héréfies, il dit que de fon temps Sim. Thes. il n'y avoit que les Bogomiles, parmi ceux qui portoient le nom de cont. Hær. Chrétiens, qui condamnaffent la vénération des Images; & il le juftifie par les mêmes raifons qu'ont employé les autres Théologiens. Dans le Id. c. 253. Traité fur les Cérémonies Eccléfiaftiques, il prouve que c'eft avec raifon P. 254. qu'on les porte avec les croix dans les Proceffions, & ainfi du refte.

c.18.p 25.

ments des

Images.

Les Melchites ou Orthodoxes ont la même doctrine & la même dif- Senticipline que les Grecs touchant les Images; ainfi il n'y a rien de particu- Melchites lier à observer fur leur fujet, finon qu'ils favent très-peu le détail de fur le cull'histoire des Iconoclaftes, n'ayant pas en leurs langues les Actes du fecond te des Concile de Nicée, mais feulement un abrégé des décifions qui y furent faites, & leurs Auteurs n'en rapportant prefque rien, finon le récit trèsdéfectueux qui fe trouve dans Eutychius. Mais ils ont plufieurs Traités de S. Jean Damafcene, d'André de Crete, & de quelques autres pour la défense de la créance commune touchant la vénération des Images : & on apprend par les Relations de tous les Voyageurs que leurs Eglifes en font remplies; ce qui eft une preuve parlante & démonstrative, qui leur Perpétuité de la Foi. Tome V. Nan

LIV. VII. eft commune avec tous les autres Chrétiens de Levant. On fait affez que CH. V. les Mahométans ont été & font encore les plus grands ennemis de l'ido

nier.

lâtrie, & qu'ils l'ont extirpée prefque par-tout; de forte même qu'ils portent la superstition jufqu'à ne vouloir pas fouffrir les figures & les portraits, quoique plufieurs fe foient relâchés de cette premiere févérité de leurs anciens zélés. Car non feulement en Perfe la peinture est trèscommune, & leurs livres font pleins de portraits; mais on trouve des monnoies d'argent & de cuivre de plufieurs Princes, même de Noraddin & de Saladin, dévots Mahométans s'il en fut jamais, avec leurs têtes. M. Ber- Cependant fuivant ce que nous avons oui dire à un des plus fameux Voyageurs de notre temps & le plus fincere, ces Infideles qui favent que les Chrétiens ont des images de Jefus Chrift & des Saints, & qu'ils les honorent, ne leur reprochent pas le crime de l'idolâtrie, que les Proteftants nous attribuent fi témérairement. Enfin on ne peut donner une preuve plus certaine de la conformité des fentiments des Melchites Syriens, que la fête qu'ils célebrent le 11 du mois Tifchrin premier, en commémoration du feptieme Concile général où furent assemblés les Evéques de toute la terre, & qui eft le fecond Concile de Nicée. Ce font les paroles de leur Horologe arabe. On trouve les mêmes éloges de ce Concile dans leurs Collections de Canons arabes & fyriaques.

Horol. Melchit.

Arab. MS.

Ce qu'ils

fecond

Dans celle de ces Collections qui eft la plus ample on trouve difent du paroles. Le Septieme Concile Ecuménique fut assemblé du temps de ConftanConcile tin, fils de Léon, fils de Copronyme & de fa mere Irene: on l'appelle auffi de Nicée. le fecond Concile Ecuménique de Nicée. Les Peres s'y trouverent au nombre Bibl. Reg. de trois cent foixante-fept, & ils prononcerent anathême contre les Icono

MS. Arab.

maques qu'ils excommunierent, ainfi que tous ceux qui n'honorereient pas les faintes Images, ou qui diroient que les Chrétiens leur rendent un culte divin.... Le Chef & le Président de ce Concile fut Tarafius, Patriarche de Conftantinople, avec deux Pierres Prêtres, Députés d'Hadrien le grand Pape de Rome: Jean Religieux Député de Chriftopble, Patriarche d'Alexandrie: Thomas Religieux Député du Patriarche d'Antioche: Jean Prêtre & Religieux Député du Patriarche de Jerufalem, & tous les Députés de la Province d'Orient. Ils établirent dans ce Concile la regle de la foi orthodoxe, & ils déclarerent qu'on devoit rendre un culte religieux, & exempt de tout reproche aux faintes Images, qui étoient la reffemblance de ceux qu'elles représentent: qu'on devoit rendre le même bonneur au figne de la croix & aux autres fignes facrés de l'Eglife. Enfin ils dirent que nous devions vénérer premiérement l'image de Notre Seigneur Jefus Chrift, puis celles de la Vierge Marie fa fainte Mere, puis celles des Anges & des Saints. Le mot arabe dönt fe fervent les Auteurs de cette Préface répond exacte

ment au grec gоosuvev; & quoiqu'il fignifie quelquefois adorer, auffi-bien Liv. VII. que l'autre, il n'eft pas néanmoins employé ordinairement pour fignifier CH. V. le culte qu'on rend à Dieu fignifié par le mot de Aárgua. Ainfi on doit faire à leur égard la même remarque qu'à l'égard des Grecs, dans l'usage qu'ils font du terme de προσκυνεῖν & de προσκύνησις, qu'ils diftinguent entièrement de celui de λατρέυειν.

de la vé

Mais il n'eft pas néceffaire d'entrer fur cela dans un grand détail, Exemples puifque la pratique de toutes les Eglifes d'Orient confirme affez qu'elles nération font d'accord avec les autres fur la vénération des Images. Il est marqué des Imadans le Pontifical des Cophtes parmi les cérémonies du facre des Patriar- ges. ches d'Alexandrie, que lorfque tout l'Office est achevé, & que le nouveau Patriarche eft conduit à la maison Patriarchale, on porte devant lui trois croix, des châffes & l'image de S. Marc. La Tradition de l'Eglife Pont. Cop. Cophte eft fi ancienne fur ce fujet, que dans leur hiftoire Patriarchale elle MS. fe trouve marquée dès les premiers fiecles de l'Eglife. Car on lit dans la Vie de Théonas feizieme Patriarche & prédéceffeur de Pierre le Martyr, que le pere & la mere du premier avoient obtenu fa naissance après d'ardentes prieres qu'ils avoient faites, dans la douleur de n'avoir point d'enfants, qui avoit été fort augmentée lorsqu'étant dans l'Eglife, ils avoient vu les autres Chrétiens préfenter leurs enfants devant les Images des Saints, & les frotter de l'huile des lampes qui brûloient devant ces Images. Les Orientaux ont encore cette pratique de dévotion.

Dans la Vie d'Alexandre qui fut ordonné vers l'an 704 de Jefus Christ, il est rapporté que fous Abdel-Aziz Gouverneur d'Egypte qui perfécuta fort les Chrétiens, Afaba fon fils ainé étant entré dans l'Eglife de Holouan, y apperçut une image de la Sainte Vierge qui tenoit Jefus Christ entre fes bras, & qu'il demanda qui elle repréfentoit. Sur la réponse que lui firent les Chrétiens, il dit en blafphémant; qui eft Jefus pour que vous lui rendiez des honneurs divins? L'hiftoire ajoute qu'il cracha contre l'Image, & que la nuit même il eut une vifion terrible, dans laquelle il lui parut qu'on le menoit enchaîné devant un Juge affis fur un Tribunal, & entouré de plufieurs foldats vêtus de blanc: que Jefus Chrift fe préfenta, & demanda juftice de l'infulte qu'Afaba lui avoit faite, & qu'un de ces foldats le perça d'une lance. Il fut auffi-tôt faifi de la fievre, & mourut la nuit même. Makrizi Mahométan parle de quelques Images femblables qui fubfiftoient encore de fon temps.

Il est marqué dans l'hiftoire de Vazah fils de Rejah, rapportée par les Hiftoriens de l'Eglife d'Alexandrie, & célebre parmi les Jacobites, qu'il fut transporté miraculeufement du défert de la Mecque au Caire, dans

LIV. VII. l'Eglife de S. Mercure, par un Cavalier qu'il trouva, s'étant égaré de sa CH. V compagnie. Que le Sacriftain l'ayant trouvé, Vazah lui demanda où il étoit, & qu'après lui avoir dit qu'il étoit dans l'Eglife de ce Saint qui avoit fouffert le martyre & qui faifoit plusieurs miracles, il lui avoit montré fon image, & qu'auffi-tôt Vazah avoit reconnu que c'étoit celui qu'il avoit rencontré dans le défert.

P. 173.

Dans la Vie de Chaïl quarante-fixieme Patriarche qui mourut vers l'an 762 de Jefus Chrift, on trouve un autre miracle d'un Mahométan, qui étant monté fur une colonne, & ayant frappé d'un coup de lance un Crucifix, demeura comme fufpendu & le côté percé; & ayant demandé le Baptême, il fut guéri.

Abulfarage rapporte que Honaïn fils d'Ifaac Neftorien fameux Médecin, & traducteur de plufieurs livres de Médecine & d'autres fciences, Hift. Dyn. étant à Bagdad dans la maifon d'un Chrétien, vit une image de Jefus Chrift avec fes Apôtres, devant laquelle il y avoit une lampe allumée. Il dit à cet homme, pourquoi perdez-vous cette buile, puisque ce n'eft pas là Jefus Chrift ni fes Apôtres, mais feulement des images? Un autre Médecin fon ennemi, quoique Chrétien, lui dit: Si elles ne méritent pas de respect, crachez contr'elles, ce qu'il fit. Auffi-tôt après avoir obtenu la permiffion du Calife de l'accufer devant l'affemblée des Chrétiens, il produifit les témoins contre Honaïn: le Catholique de l'avis des Evêques l'excommunia, en figne de quoi fa ceinture, marque de Chriftianifme, lui fut coupée. Cette histoire n'eft pas rapportée dans les Vies des Catholiques ou Patriarches Neftoriens; mais Abulfarage mérite autant de créance: outre qu'il importe peu que le fait foit certain, puifqu'au moins il eft conftant par le récit de cet Auteur Jacobite, que parmi les Chrétiens les Images étoient honorées, qu'on allumoit des lampes pour marque de vénération, & qu'on avoit même de la foi jufqu'à fe fervir de cette huile pour s'attirer quelque bénédiction.

rée de

tion.

Preuve ti- On trouve une preuve bien certaine & généralement établie de cette l'Office de opinion, dans la difcipline commune de tous les Orientaux pour céléP'Extê brer le Sacrement de l'Extrême-Onction. Ils le célebrent comme les me-Onc- Grecs, en béniffant une lampe à fept branches, avec plufieurs prieres, & les Rituels marquent qu'on la place devant une image de la Sainte Vierge: c'est ce que prefcrit le Rituel du Patriarche Gabriel. Il y eft auffi marqué que lorsque le Prêtre va à l'Autel pour commencer la Liturgie, il encenfera trois fois les images de la Vierge & des Saints. On y trouve un Office particulier pour la bénédiction d'une image. Il y a dans les anciens Manufcrits une dispute fur la foi chrétienne entre deux Religieux Cophtes, & un Juif nommé Amram Lévite, qui fut converti & baptifé avec toute

fa famille, ce qui arriva fous le Patriarche Andronic, prédéceffeur de Liv. VII. Benjamin, qui fut celui fous lequel les Arabes fe rendirent maitres de CH. VI. l'Egypte. Celui qui a écrit cette conférence dit que lorfque l'Evêque ayant fait les prieres fur l'eau du Baptiftere, y verfa le faint Chrême & fit le figne de la croix fur l'eau avec fon doigt, on vit alors un miracle furprenant. Ce fut que la figure de S. Jean-Baptifte, qui le représentoit donnant le Baptême à Notre Seigneur Jefus Chrift, & qui étoit dans le même lieu, parut à tous ceux qui étoient présents faire le figne de la croix fur l'eau avec son doigt.

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Du figne de la croix & de plufieurs autres cérémonies supprimées par les Proteftants comme fuperftitieuses, & obfervées par les Grecs auffi - bien que par tous les autres Chrétiens Orientaux.

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font d'une

L n'eft pas nécessaire de s'étendre beaucoup fur ces articles, puifqu'il Les cérén'y a perfonne tant foit peu inftruit de l'Antiquité eccléfiaftique, & monies de l'état des Eglifes de Levant, qui ne fache que les pratiques religieufes grande anqui font obfervées par les Catholiques, & qui furent d'abord fupprimées tiquité. par la Réforme, étoient la plupart très-anciennes ; en forte que plufieurs se trouvoient en ufage dès les premiers fiecles de l'Eglife; ce qui fait connoître en même temps que les fchifmes & les héréfies qui l'ont divisée, n'ont donné aucune atteinte à des ufages pieux qui étoient regardés comme de Tradition Apoftolique.

croix.

Il n'y en a pas de plus ancien, & qui ait été plus univerfellement reçu, Le figne que celui du figne de la croix. On trouve que les anciens Chrétiens s'en de la fervoient en toute occafion, & c'eft ce que prouvent les Actes des Martyrs, les Saints Peres, les Hiftoriens, les Vies des Anachoretes, enfin tout ce qu'il y a de monuments d'Antiquités eccléfiaftiques. Ils commençoient toutes leurs actions par le figne de la croix, ils béniffoient, ils chaffoient les démons, ils faifoient des miracles, & c'étoit tellement la marque du Chrétien, qu'on commençoit, comme on le fait encore, toutes les cérémonies du Baptême, en imprimant le figne de la croix fur le front des Catéchumenes, ce qui s'eft confervé dans toutes les Eglifes de l'Univers (a).

(a) Euplius libera manu fignans fibi frontem... B. Euplius fignaculum Chrifti faciens in fronte fua. Act. Martyr. p. 319 & 34. Rurfus ergo perterrefacti Crucis fignum fuæ quisque impreffit fronti. p. 362. Totumque fuum corpus figno Crucis muniens. p. 364. Act. S. Theod. Hæc ubi dixit Chrifti miles figno Crucis fe muniens. Act. S. Gordii, p. 572.

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