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Si quelqu'un dit que ces Sacréments ne font pas tous fept néceffaires, Liv. L mais feulement quelques-uns, & que fans eux on peut être justifié par la CH. VI. foi qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que ces Sacrements font feulement des marques extérieures de la profeffion chrétienne, pour diftinguer les fideles d'avec les infideles, ou que ce font des fignes extérieurs de la grace & de la justice qu'on reçoit par la foi; & qu'il ne confeffe pas qu'ils contiennent intérieurement la grace qu'ils fignifient, & qu'ils conferent à ceux qui n'y mettent point d'empêchement: qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que la grace produite par ces Sacrements n'eft pas toujours donnée, quand même ils font reçus avec foi & avec pureté de confcience; mais qu'elle eft donnée feulement quelquefois & à quelquesuns: qu'il foit anathême. !

Si quelqu'un dit que par le Baptême & par l'Ordination il ne s'imprime pas un caractere ineffaçable fpirituel dans l'ame de ceux qui reçoivent ces Sacrements, de forte qu'on ne les peut réitérer qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que tous les Chrétiens ont pouvoir de célébrer les Sacrements; en forte qu'un laïque fans Ordination peut les célébrer & les adminiftrer: qu'il foit anathêmé.

Si quelqu'un dit que les Evêques & les Prêtres, faifant leur miniftere dans les Sacrements, ne doivent pas néceffairement avoir l'intention convenable à chaque Sacrement, au moins celle de faire ce que fait l'Eglife: qu'il foit anathême. D

Si quelqu'un dit qu'un Evêque ou un Prêtre pécheur & méchant, obfervant tout ce qui eft effentiel & néceffaire pour faire le Sacrement, ne le fait pas, & n'opere pas le Sacrement: qu'il foit anathénie.

Si quelqu'un dit qu'on ne doit pas réitérer les Sacrements célébrés par un Laïque fans Ordination, & qu'ils ne laiffent pas d'être parfaits, & Sa.. crements: qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que le Prêtre ne confacre pas, & n'opere pas les Sa-crements par la grace du Saint Efprit, mais que c'eft la volonté, la foi & l'intention des affiftants: qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que les Chrétiens voulant, croyant & fe propofant de recevoir les Sacrements célébrés par des Laïques, ces Sacrements font véritablement parfaits qu'il foit anatheme.

Si quelqu'un entend ces paroles de S. Chryfoftome, le Saint Esprit n'ordonne pas tous les hommes, mais il opere par tous, comme fi elles: fignifioient qu'un méchant étant ordonné n'eft qu'un Laïque: qu'il foit: anathême..

Si quelqu'un dit que le Baptême des Orthodoxes, ou même celui qui

Liv. I, eft donné par les hérétiques au nom du Pere & du Fils & du Saint ElCH. VI. prit, avec intention de faire ce que fait l'Eglife, n'eft pas un véritable Baptême qu'il foit anathême.

Parmi les hérétiques qui reviennent à l'Eglise Catholique, il y en a qui ne différant en rien de véritables athées, font rebaptisés: d'autres ne le font pas, mais ils reçoivent feulement l'Onction du divin Chrême. On ne pratique ni l'un ni l'autre à l'égard de quelques-uns, qui font reçus en confeffant la foi de l'Eglife Catholique. Si donc quelqu'un dit que le Baptême des hérétiques eft une fouillure, & qu'il faut rebaptifer ceux qui reviennent à l'Eglife: qu'il foit anathême, comme enfeignant une doctrine contraire à celle des Saints Peres, & au feptieme Canon du fe cond Concile général,

Si quelqu'un dit que le Baptême conféré par un mauvais Prêtre, felon l'ordre de l'Eglife, n'eft pas parfait, & qu'il le faut réitérer : qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que celui qui reçoit les Sacrements du Baptême ou de l'Ordination, par les mains d'Evêques ou de Prêtres qui en fecret font hérétiques, les reçoit véritablement, non pas parce que la premiere cause efficiente des Sacrements eft le Saint Efprit: que le Prêtre eft un fimple inftrument, & moyen néceffaire par lequel le Saint Efprit tout - puissant opere également, foit que ce Prêtre foit jufte, & de même s'il eft pécheur ou hérétique; mais que cela fe fait par la foi des affiftants, & de ceux qui reçoivent les Sacrements: qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que celui qui étant ordonné Prêtre & fe trouvant indigne du Sacerdoce, par les péchés qu'il a commis avant ou depuis fon Ordination, opere les Sacrements qu'il célebre devant ceux qui ne le connoiffent pas, & qu'à l'égard de ceux qui le connoiffent, ce ne font pas des Sacrements, à caufe de leur doute, mais des abominations: qu'il foit anathême.

Si quelqu'un dit que le doute des affiftants fur la bonne ou la mauvaise vie du Prêtre empêche que les Sacrements ne foient parfaits : qu'il foit anathême.

Si quelqu'un appelle Myfteres immaculés & fainte Communion de l'Euchariftie, ce qui feroit fait par un Laïque, mais qui ne le regarde pas comme une abomination immonde, étant plutôt la table des démons que la table du Seigneur: qu'il foit anathême.

CHAPITRE

LIV. I.

CHAPITRE

VII.

Examen des objections que les Proteftants, & même quelques Catholiques ont faites touchant la créance des Grecs fur les fept Sacrements.

CH. VII.

Nous joignons enfemble les objections des Proteftants & celles de Les objec

tions des

quelques Catholiques touchant la doctrine établie dans les Chapitres pré- Proteft. cédents, parce qu'elles viennent d'une même fource. Car les Proteftants, font tirées lorfqu'ils ont commencé à vouloir prouver que les Grecs n'avoient pas d'Auteurs la plupart les mêmes fentiments que nous fur les Sacrements, n'ont employé que Catholiq. des témoignages tirés d'Auteurs Catholiques, anciens ou modernes, dont la foibleffe eft préfentement trop connue, de forte qu'ils n'ont aucune autorité. L'animofité réciproque entre les Théologiens de l'une & de l'autre Eglife, a donné lieu à fe reprocher de part & d'autre beaucoup d'erreurs & d'abus, même dans les chofes les plus innocentes, parce que les Latins n'entendoient pas les Rites des Grecs, ni les Grecs ceux des Latins: outre que ceux-ci, ne connoissant point d'autre Théologie que celle de l'Ecole, ni d'autre difcipline que celle de leur temps, ont condamné trop facilement des pratiques & des cérémonies facrées que l'Antiquité mettoit hors de tout foupçon. Il eft inutile d'examiner ce que les plus anciens, comme Enée Evêque de Paris, Ratramne, Anfelme de Haversberg & le Cardinal Humbert ont écrit contre les Grecs: car la matiere n'étoit pas alors affez éclaircie, ce qui rend ces Auteurs excufables; & même ils ne les ont pas attaqués fur les points dont ceux qui les ont fuivis ont fait des erreurs capitales. Mais ceux qui ne méritent aucune excufe font les Modernes, qui ayant pu confulter les Livres Eccléfiaftiques des Grecs, ont avancé fans les examiner des accufations infoutenables, comme Guy le Carme, Prateolus & quelques autres, parmi lefquels celui qui avec raison a perdu toute créance parmi les Savants, est Antoine Caucus, Archevêque de Corfou.

Grecs

Il accuse les Grecs de ne pas avoir les Sacrements de la Confirmation Que les & de l'Extrême-Onction; & cette accufation n'eft fondée, que fur ce que ces deux Sacrements font adminiftrés & célébrés felon la difcipline par- Confirmaticuliere de l'Eglife Grecque, qui n'en auroit aucun, fi on les examinoit tion ni tous par ce principe de diverfité des cérémonies; mais elle ne fait aucun me-Onct. préjudice à l'intégrité des Sacrements, ce qu'on examinera en particulier en parlant de chacun.

Perpétuité de la Foi. Tome V.

G

P’Extrê

les réfutent euxmêmes.

P. 240.

Liv. I. De plus, il y a une réponse fort fimple à cette accufation : & elle CH. VII. confifte en ce qu'il eft inutile de prétendre prouver que les Grecs n'ont Les Grecs pas les fept Sacrements reçus dans l'Eglife Catholique, après tant de preuves authentiques qu'on a du contraire. Car Siméon de Theffalonique qui vivoit avant le Concile de Florence, s'eft expliqué fi clairement fur ce fujet, que les Grecs des temps fuivants jufqu'au nôtre fe font fervis de fon autorité pour fermer la bouche aux Luthériens, & fur-tout aux CalRefp. 2. viniftes. Le Patriarche Jérémie qui a cité fon témoignage fuit fa doctrine en tout les autres que nous avons cités parlent encore plus clairement, & tous ont condamné Cyrille qui prétendoit, felon la Confeffion de Geneve, réduire les Sacrements à deux. Enfin les Euchologes font foi que les Grecs ont les Offices de tous les Sacrements. Tout ce qu'on pourroit donc oppofer à des preuves fi claires & fi démonftratives eft, qu'ils ont à la vérité certaines cérémonies qui ont quelque rapport à ce qui est regardé comme Sacrement dans l'Eglife Romaine, mais que par plufieurs défauts effentiels, elles ne font pas des Sacrements, qui eft entiérement changer la question. Car quand cela feroit vrai, ce feroit une erreur ou un abus dans la difcipline; mais qui n'empêcheroit pas que les Grecs ne cruffent que ces mêmes cérémonies font des fignes facrés d'inftitution divine, qui conferent une grace particuliere à ceux qui les reçoivent dignement, & par conféquent ils croiroient fept Sacrements.

Cruf. Ep.

p. 105. &

131.

de Ecclef.

Les Luthériens ont avoué de bonne foi que les Grecs croyoient sept. ad Chytr. Sacrements. Septem Sacramenta faciunt, & talibus adftruendis Patrum fuorum teftimonia dvToλeže proferunt: ce font les paroles de Crufius, qui l'a El. Vejel. auffi marqué dans les notes marginales des Réponses de Jérémie, comme Græcan. d'autres l'ont reconnu. Il eft inutile de difputer, comme a fait un d'eux, hodierna, pour tâcher de montrer par la différence qu'il y a entre les rites de la Confirmation & de l'Extrême-Onction pratiqués par les Grecs, & entre Georg. ceux de l'Eglife Latine, que ce n'eft pas la même chofe; & il eft ridicule Fehlav. de fe fervir, comme il fait, d'un argument auffi faux & auffi frivole que Chriftoph. celui-ci. Mystere, μvsńgiov, ne fignifie pas, dit-il, ce qu'on entend par le mot Angelum, de Sacrement. Mais il le fignifie fi bien, qu'il n'y a pas d'autre mot en

P. 38.

not. ad

C. 14. P.

268.

ufage dans la langue grecque vulgaire & littérale pour le fignifier: ils n'appellent pas autrement le Baptême ni l'Euchariftie. Que s'il eft employé en d'autres fens, cela n'empêche pas que celui-là ne foit déterminé par l'ufage de toute l'Eglife Grecque, au même fens que le mot de Sacramentum parmi les Latins, quoiqu'ils s'en fervent auffi dans un fens plus étendu, comme Sacramentum regis abfcondere bonum eft, Tob. XII. 7. Nefcierunt Sacramenta Dei, Sap. II. 22. Super Sacramento ifto: Sacramentum hoc revelatum eft, Dan. II. 18. 30. Notum vobis facio Sacramen

tum, Eph. I. 9. Notum mihi factum eft Sacramentum difpenfatio Sacra- Liv. I. menti abfconditi, Ib. III. 9. Sacramentum feptem ftellarum, Apoc. I. 20. CH. VII. Sacramentum mulieris, lb. XVII. 2. On feroit ridicule de vouloir tirer de ces paffages, que quoique dans l'Eglife Romaine où cette verfion eft authentique, on appelle Sacrements certains fignes qui produisent la grace, ils ne le font pas néanmoins, parce que ce mot fignifie autre chose en latin, & dans le ftyle eccléfiaftique.

tions des

teurs mal.

Ces mêmes Luthériens, particuliérement ceux qui ont écrit depuis que Les objec l'ouvrage d'Allatius a paru, auffi - bien que l'Euchologe du P. Goar, Proteft. tin'ayant connoiffance d'aucuns Auteurs Grecs que de ceux qu'ils trou- rées de vent cités par ces favants hommes, cherchent à tourner en cent manieres nos Aules paffages qu'ils y trouvent, pour prouver qu'au moins les Grecs ne entendus. connoiffoient pas fept Sacrements avant le dixieme fiecle. Et quoique les bons Luthériens n'aient pas une déférence entiere aux lumieres des Calviniftes, cependant l'autorité du Miniftre Daillé, qui l'a ainfi avancé, leur paroît fi grande, qu'ils l'oppofent aux Grecs auffi-bien qu'aux Catholiques. Fehlavius va encore plus loin: car il prétend que les Grecs au Annot. ad Angel. treizieme fiecle prirent beaucoup de rites nouveaux des Latins, pendant c. 14. p. que ceux-ci étoient maîtres de Conftantinople, & que c'eft d'eux qu'ils 167. ont appris l'Extrême-Onction & la doctrine des sept Sacrements.

La premiere objection eft fondée fur un argument négatif, duquel, comme les Théologiens favent, l'autorité a des bornes, & fur lequel on fe trompe fouvent, particuliérement lorsqu'il s'agit de faits; puisque la découverte d'une feule piece a fouvent détruit un grand nombre de raifonnements & de conjectures qui n'avoient d'autre fondement que des arguments négatifs. Mais fans entrer dans cette difcuffion, on n'a qu'à demander aux Proteftants qu'ils marquent par des preuves pofitives, le temps & les circonstances de ces nouveautés introduites dans l'Eglife Grecque. S'ils n'en peuvent marquer l'origine, comme ils ne le peuvent pas certainement, ce qu'ils appellent abus & nouveautés, doit être regardé comme étant de Tradition Apoftolique, fuivant la regle certaine établie par S. Bafile, par S. Auguftin, par Vincent de Lerins & par tous les Peres: & c'eft auffi ce que les Grecs difent touchant la doctrine & la pratique des Sacrements. S'ils ne peuvent marquer le temps de ce changement qu'ils fuppofent, & qu'on reconnoiffe que toutes les Communions féparées de l'Eglife Romaine ont les mêmes pratiques, il faut de toute néceffité qu'elles foient plus anciennes que les fchifmes des Nestoriens & des Jacobites, & par conféquent qu'elles aient été en ufage dans toutes les Eglifes avant que ces hérétiques s'en fuffent féparés.

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