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LIV. VII. avec Maximus Margunius, Evêque de Cerigo. Cela fait connoître l'effronCH. VII. terie & l'impofture groffiere de Cyrille Lucar, qui difoit aux Hollandois dans fa Confeffion que l'Ecriture étoit claire par elle-même à toute forte de perfonnes, lui qui favoit que la moitié de fon Clergé ne l'entendoit pas en grec, & les Laïques fans lettres encore moins, puifqu'il n'y en avoit pas de traduction vulgaire. Il fe moquoit donc de Léger & de fes autres confidents, quand il leur faifoit une déclaration fi notoirement fauffe, puifqu'il eft impoffible que ceux qui n'entendent pas le texte puiffent pénétrer les mysteres profonds de l'Ecriture.

Réflexion

fervations

tes.

P. 84.

Dans ce qui a été dit ci-deffus il fe trouvera des chofes différentes de fur les ob- ce que de favants Critiques ont écrit touchant la même matiere. Mais précéden- nous n'avons rien dit dont nous n'ayions des preuves certaines, fondées fur un grand nombre de Manufcrits. Walton, qui a parlé des traductions fyriaques, arabes & perfiennes dans fes Prolegomenes de la Bible Polyglotte d'Angleterre, n'a donné que des extraits de ceux qui en avoient écrit avant lui, la plupart fans beaucoup de difcernement. Car Hift. Dyn. fur une fauffe traduction de M. Pocock, Walton & plufieurs autres avec lui, ont diftingué deux verfions fyriaques, l'une fimple felon l'hébreu, & l'autre figurée felon le grec. C'est ce qu'Abulfarage qu'il cite n'a jamais dit; mais des dernieres paroles, qui fignifient que la premiere fut faite fuivant l'opinion de quelques-uns en faveur de Hiram Roi de Tyr, qu'on appelle Tfour en arabe, Pocock a tiré ce faux fens, fur lequel d'autres ont établi cette verfion figurée. Il en eft de même de plufieurs obfervations fur les verfions arabes, comme entr'autres celle du même Pocock, qui croit fur un paffage mal entendu d'Abulfeda, que la Bible n'étoit pas traduite en arabe de fon temps; c'eft-à-dire, avant l'an 1345. Mais on a plufieurs Manufcrits beaucoup plus anciens que cette date. Nous pourrons dans un ouvrage à part donner des obfervations plus exactes fur cette matiere.

LIVRE

HUITIEM E,

De deux points de difcipline fondés fur la Tradition, qui font la Communion fous les deux efpeces, & la priere pour les morts.

LIV. VIII.
CHAP. I.

CHAPITRE

PREMIER.

De la Communion fous les deux efpeces fuivant la doctrine & la difcipline des Eglifes d'Orient.

testants

la Commu

LA A Communion fous les deux efpeces eft un de ces lieux communs Les Prefur lequel les Proteftants déclament avec le plus de force devant leurs préten. peuples, comme fi dans ce feul article tout l'effentiel de la Religion Chré- dent tirer tienne étoit compris, & que le retranchement du calice fait aux Laïques avantage de l'ufage étoit un obftacle invincible à leur réunion. Ils fuppofent que notre difci- des Orien pline présente détruit l'inftitution de Jefus Chrift, & que comme il a taux dans fait confifter le Sacrement en deux parties, le pain fymbole de fon corps, nion fous & le vin celui de fon fang, on doit recevoir l'un & l'autre, ou bien on les deux efpeces. manque à faire ce qu'il a prefcrit: de forte que la commémoration de fa mort demeure imparfaite, felon eux, quand on ne reçoit que l'efpece du pain, fous laquelle eft fon corps, qui a été livré & rompu pour nous, fans recevoir celle du vin, fous laquelle eft fon fang, qui a été répandu pour la rémiffion des péchés. Quoiqu'en prefque tous les autres points de Religion & de difcipline ils aient un grand mépris pour la Tradition, & encore plus pour le confentement des Eglifes Orientales; comme ils fe fervent de tout ce qui peut leur fournir des objections contre les Catholiques, ils font valoir fur cet article le confentement de l'Antiquité, & la pratique des Grecs & des Orientaux à l'égard de la Communion fous les deux efpeces.

tiere a déja été trai

nos Théo

Ce qui regarde la queftion en elle-même a été fi exactement traité Cette mapar plufieurs Théologiens Catholiques, & en dernier lieu par feu M. l'Evêque de Meaux, qu'il feroit inutile de la vouloir expliquer mieux qu'il tée par n'a fait. Car il a montré que l'Eglife Romaine n'avoit jamais eu aucun dogme logiens. qui conduifît à la féparation des deux efpeces, en forte qu'elle niât qu'il Traité de fût permis de donner le calice aux Laïques: mais que c'étoit un point fous les de difcipline, fur lequel il n'y avoit eu aucune contestation durant plu- deux efpe fieurs fiecles: que lorfqu'il y en avoit eu, on avoit fait une diftinction ces.

la Comm.

LIV. VIII. de ceux qui demandoient le calice: que ceux qui le demandoient par CHAP. I. principe de piété, & pour leur plus grande confolation, fans croire

La Com

avec des

néanmoins que la Communion donnée fous une feule efpece ne fût pas entiere, mais croyant qu'on recevoit également fous une ou fous deux le corps & le fang de Jefus Chrift, méritoient quelque condefcendance, & qu'ainfi on leur pouvoit accorder le calice, comme on fit à l'égard des Bohémiens. Qu'à l'égard des autres qui couvroient de ce prétexte fpécieux une erreur groffiere, l'Eglife les avoit condamnés, fur- tout après l'expérience qu'on avoit faite du peu de fuccès qu'avoit eu la condefcendance pratiquée à l'égard des premiers. Enfin qu'au Concile de Trente, on avoit remis au Pape le pouvoir d'accorder le calice, lorfque cette conceffion pourroit contribuer à la réunion des Proteftants.

Ce favant Prélat a auffi fait voir que fi la Communion fous les deux munion efpeces avoit été autrefois la pratique commune, elle n'avoit pas été fi deux efpe- générale qu'en plufieurs occafions on ne la donnât fous une feule: ce ees a été qu'il prouve par les exemples de Sérapion, qui eft rapporté par Eusebe, la pratique géné de cette petite fille dont il eft parlé dans S. Cyprien, de Satyre frere de rale, mais S. Ambroife, de Sainte Gorgonie, & par quelques autres, comme auffi par la Meffe des Préfanctifiés, & différents ufages particuliers des Eglises. C'est auffi ce qu'ont enfeigné avant lui les plus confidérables Théologiens qui ont écrit parmi nous depuis le fchifme des Proteftants, entr'autres George Caffandre dans un Traité particulier qu'il a fait fur cette question, comme aufli dans fa Confultation, ouvrages qui ont été loués Confult. par les Proteftants mêmes, à caufe de la modération & de la maniere fimple dont l'Auteur traite les matieres controversées.

exceptions.

art. 12.

Erreur de

Théolo

On convient donc que durant plus de mille ans l'Eglife d'Occident, quelques auffi-bien que celle d'Orient, a adminiftré même aux Laïques la Comgiens fur munion fous les deux efpeces. On a remarqué que c'est une prodigieufe ce fujet. ignorance de s'imaginer que la Communion fous une efpece ait été orHofius de donnée au Concile d'Ephese pour confondre l'erreur de Neftorius, qui Com. fub enfeignoit, difent les Auteurs de cette pensée, que fous l'efpece du pain, Raguf. in il n'y avoit que le corps de Jefus Chrift fans le fang, & fous l'efpece

utr. Joan.

Concil.

-Bafil.

Variété de

difcipline

fur cet ar

ticle.

du vin, le fang fans le corps. On a prouvé très-clairément que les Décrets du Pape Gelafe, & ce qui le trouve dans un Sermon de S. Léon, avoient uniquement rapport aux Manichéens, & nullement aux Catholiques.

On a auffi fait voir que ce qui avoit d'abord été pratiqué feulement en des occafions extraordinaires, étoit devenu la pratique commune de l'Eglife d'Occident, après quelques changements qui étoient arrivés à l'ancienne difcipline. En diverfes Eglifes l'ufage s'introduifit de donner

t.2. p.432.

Ord. Rom.

p.94.Bona

Yvo. p. 2.

la Communion fous la feule efpece du pain trempée dans le calice, ce Liv. VIII. qui étoit appellé Communio intincta, & quelques-unes n'approuvoient CHAP. I. pas cet ufage, comme il paroît par un Concile de Brague, dans lequel eft citée la fauffe Décrétale du Pape Jules. Cependant il prévalut en Occident, & il fe trouve marqué dans les anciens Ordres Romains, ainfi qu'en plufieurs Sacramentaires, & dans la plupart des Auteurs qui ont Ernulf. écrit fur les Rites. Il paroît que cette coutume fut tolérée, & qu'il n'y Roff. Spic. eut fur cela que de légeres conteftations, en forte que fans rompre l'u- Mabill. nité, chacun fuivoit l'ufage de fon Eglife, & tout ce détail a été docte- Com. ad ment expliqué par de très-favants Théologiens, que chacun peut confulter; parce que comme cette matiere ne regarde pas notre deffein, Liturg.l.2. nous n'entreprendrons pas de la traiter plus au long; d'autant même C. 18. §. 3. que les Grecs & tous les Orientaux ont fur ce fujet la même difcipline. c. 19. Pour commencer par les Grecs, ils ont cette coutume fi ancienne Maniere qu'on n'en peut certainement marquer le commencement, que pour la de comCommunion des Laïques, ils rompent plufieurs particules du pain con- Laïques facré, qu'ils mettent dans le calice. Enfuite ils ont une petite cuiller avec parmi les laquelle le Prêtre prend une de ces particules trempée dans le fang pré- Goar. not. cieux, & il la donne ainfi aux Communiants. Il n'y a que les Prêtres & ad Euchol. les Diacres affiftants à la Liturgie auxquels on donne le calice. Les Grecs prétendent que S. Jean Chryfoftôme établit l'ufage de cette cuiller; mais il n'y en a aucune preuve certaine dans les Auteurs Eccléfiaftiques. Cependant on doit reconnoître que cet ufage eft fort ancien, & au moins avant le Concile d'Ephefe; parce que les Neftoriens, qui s'étant féparés de l'Eglife Catholique dans ce temps - là, conferverent la difcipline qui fubfiftoit alors, donnent la Communion de cette maniere, qui eft auffi en usage parmi les Jacobites Syriens & Cophtes, les Ethiopiens, les Arméniens & tous les Chrétiens du Rite Oriental.

munier les

Grecs.

p. 171.

ques dès

Il s'enfuit donc d'abord qu'avant le cinquieme fiecle le calice a été D'où il retranché aux Laïques, fans aucun trouble & fans aucune plainte de s'enfuit que le caleur part; perfonne ne croyant que cette nouvelle difcipline fût contraire lice a été à l'inftitution de Jefus Chrift. On ne trouve pas qu'alors, ni pendant retranché plus de douze cents ans, ces paroles, buvez-en tous, que les Calvi- aux Lainiftes croient fi claires pour établir la néceffité de boire le calice, aient le cinquieété entendues dans le fens qu'ils leur donnent; puifqu'on ne peut nier que recevoir avec une petite cuiller une particule trempée n'eft pas boire le calice. Il eft vrai qu'en cette maniere les Grecs & les Orientaux reçoivent les deux efpeces, quoiqu'autrement que felon la premiere inftitution; mais on n'y peut trouver une entiere conformité avec cette Cene Apoftolique, dont les Proteftants parlent toujours, & fur laquelle ils

me fiecle..

Liv. VIII. n'ont jamais pu s'accorder, tant de formes fi différentes de l'adminiftraCHAP. I. tion de leur Cene faifant affez voir qu'ils ont une idée fort confufe de

Grecs

la communion eft

l'original.

La manie- Les Grecs conviennent que la maniere dont ils adminiftrent la Comre dont les munion aux Laïques, a été établie afin de prévenir l'effufion du calice: donnent donc ce ne font pas les Latins feuls qui ont eu de pareilles précautions pour empêcher la profanation de l'Euchariftie: & fi elles font une preuve pour pré- certaine de l'opinion de la préfence réelle, comme les Miniftres en convenir l'ef- viennent, & même ils en tirent un grand argument, parce qu'ils fuppofent qu'elles ne font ni fort anciennes, ni connues aux Orientaux, il faut que la préfence réelle ait été crue plufieurs fiecles avant toutes les époques qu'ils ont inventées d'un prétendu changement de créance, dont on leur a démontré l'impoffibilité.

fufion du

calice.

Les Pro

peuvent

valoir.

Sim. Thef.

Quoique les Grecs reprochent aux Latins qu'ils ne donnent que la teftants ne moitié du Sacrement aux Laïques; cependant les Proteftants ne peuvent s'en pré- fe prévaloir de cette difpute, puifque réglant, comme ils le prétendent, l'adminiftration de leur Cene felon la pure parole de Dieu, ils n'y peu Mel. Piga. vent pas trouver l'intinction du pain euchariftique, ni la cuiller, ni d'auOpufc. Gr. tres cérémonies pratiquées par les Grecs, entr'autres celle de mêler de l'eau avec le vin, celle d'en mettre de chaude dans le calice avant la Communion, qui eft un Rite particulier & moderne en comparaison des autres, puifque les Eglifes Orientales ne le connoiffent point. Qu'ils nous laiffent donc démêler ces difficultés avec les Grecs, & qu'ils ne prétendent pas tirer des Rites que la Réforme condamne comme fuperstitieux, des preuves contre la doctrine de la préfence réelle, puifqu'ils la fuppofent néceffairement.

Siméon de Theffalonique dé

Latins fur

Ces accufations des Grecs font exagérées par Siméon de Theffalonique, & par tous les modernes. Les Latins, dit-il, ne célebrent pas la Liturgie clame enfemble, & ne communient pas les Laïques du même pain & du même contre les calice, comme fait l'Eglife, mais d'une autre maniere (a). Melece Piga, ce qu'ils Patriarche d'Alexandrie, pouffe encore le raifonnement plus loin, & nous n'ont pas examinerons dans la fuite fes objections. Mais elles ne vont pas à prouver que la Communion donnée fous une feule efpece ne foit pas véritablement, & indépendamment de la réception, le corps & le fang de Jefus Chrift, qui eft la thefe des Proteftants. Au contraire en marquant la néceffité des deux efpeces, ils conviennent de la raifon de concomi tance, étant perfuadés que le pain confacré étant fait le corps de Jefus Christ, contient fon fang précieux, & que dans le calice fous l'efpece

le même Mfage.

(α) Επειτα εδ' ὁμὲ λειτεςγᾶσι Δατῖνοι ἐδὲ ἀπὸ τοῦ αὐτῷ ποτηρία, καὶ ἄρτε κοινωνᾶσι τὰς λαϊκὸς ὡς ἢ ἐκκλησία ποιεῖ. Ἀλλὰ καθ ̓ ἕτερον ἔθος. γ. 30.

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